Guide du Brésil Nordeste : Arts et culture
En guise d'architecture précolombienne, citons les constructions des indigènes, qui étaient des habitations ou ensembles d'habitations le plus souvent temporaires, en raison des matériaux utilisés, sujets à la décrépitude (ce qui est l'une des principales raisons de la quasi-inexistence de legs architecturaux précolombiens dans cette région du continent, à l'inverse des temples incas du Pérou notamment). On pourra néanmoins être témoin, dans les forêts reculées de l'extrême-nord du pays et du sud du Venezuela, de l'existence des shabono, ces logements communautaires édifiés par les Yanomami à partir de feuilles de palmiers et de bois. Ces unités de logement sont construites côte à côte autour d'une place centrale laissée au grand air où la vie de la communauté se tient.
L'habitat était jusqu'en 1500 celui des indigènes ; en 1600, des bourgades sont nées sans rues, autour de l'église et de la casa grande, celle du seigneur local. On importe les azulejos, carreaux de faïence bleue d'influence maure. De cette période subsistent quelques véritables bijoux éparpillés tout au long du pays, notamment le centre historique de Salvador de Bahia, ceux d'Olinda ou de São Luis dans le Nordeste, dont les centres historiques sont classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, des exemples riches de l'architecture baroque portugaise. Parmi la centaine d'églises à visiter à Salvador, les bâtisses recouvertes d'azulejos, d'or et de bois sculpté ne manquent pas (celles de Nosso Senhor do Bonfim et de São Francisco flanquée de son couvent comptent parmi les plus remarquables). Dans les villes côtières l'on retrouve encore des églises de style colonial, plus simples et petites, mais également mémorables : l'église de Nossa Senhora do Amparo, celle de la Misericórdia et le couvent de São Francisco à Olinda, l'église de Santo Antônio ou le Palácio dos Leões à São Luis, mais aussi l'église de São Matias et celle de Nossa Senhora do Carmo à Alcantara, parmi tant d'autres... Dans le centre-ville de Salvador, cohabitant avec les églises monumentales, il reste encore les maisons colorées joliment restaurées. Les azulejos venus de Portugal sont également omniprésents dans le centre historique de São Luis.
Au XVIIe siècle, l'école française est présente à São Luis. Au XIXe siècle, le positivisme fait la part belle à l'architecture et à l'art français et aux bâtiments imposants. Une mission culturelle française est invitée à Rio par João VI dès 1816 pour développer l'enseignement des Beaux-Arts et transformer Rio en un petit Paris : sous la houlette inspirée du peintre Jean-Baptiste Debret et des architectes Granjean de Montigny et Levasseur, cette mission laissera une indéfectible empreinte.
Enfin, entre 1880 et 1910, l'Europe des arts se donne rendez-vous à Belém et à Manaus. On y retrouve le faste de l'époque du caoutchouc et une architecture inspirée de la " Belle Époque " française. À Belém, la structure en fer de l'incontournable marché Ver-o-Peso, par exemple, est venue d'Europe en 1899. Le projet du Teatro da Paz, inauguré un peu plus tôt, en 1878, a été basé sur celui du Teatro Scala de Milan. Quant à l'opéra de Manaus, le Teatro Amazonas, de 1896, il possède un style éclectique avec une coupole unique recouverte de 36 000 pièces de céramique et de tuiles vitrifiées. Elles ont été achetées à la maison Koch Frères, à Paris.
Au XXe siècle, le Corbusier, Gropius, Mies von der Rohe inspireront le plus grand architecte brésilien de l'époque contemporaine, Oscar Niemeyer, responsable de nombreux édifices surtout à Brasilia, São Paulo, Rio et sa région (Niterói notamment). Si la région Nord du pays n'a cependant pas réellement bénéficié de l'inventivité du prolifique architecte, la Nordeste abrite une dizaine de ses oeuvres. Citons ici la Estação Cabo Branco, un centre d'art inauguré en 2008 à João Pessoa, le Museu de Arte Popular da Paraíba, situé dans le même état et inauguré en 2012, ou encore le Memorial Teotônio Vilela, trônant depuis 2005 à Maceió (Alagoas), en hommage à l'homme politique natif de l'état et abritant une statue représentant ce dernier dressée sous une voûte de béton blanchi, interdisant à la lumière du soleil d'atteindre ladite statue à n'importe quelle heure de la journée. Dans un tout autre style, le centre culturel Dragão do Mar de Fortaleza, oeuvre des architectes Delberg Ponce de Leon et Fausto Nilo inaugurée en 1999, est un ensemble de constructions hétéroclites au lignes arrondies qui contrastes avec l'allure plus traditionnelle des édifices alentour.
L'artisanat au Brésil est riche et varié. Dans la région Nord il est produit par les Indiens et par les populations vivant dans les îles plutôt isolées au bord des rivières. Paniers en osier, bijoux et autres objets utilisant des matières premières venues de la forêt sont très courants. La traditionnelle céramique marajoara produite par les Indiens de l'île de Marajo, dans la région de Belém, est aussi très répandue. Dans le Nordeste, en plus des objets en osier, gri-gris, poupées et figurines folkloriques, les nappes et vêtements en dentelle, tissés manuellement, sont très appréciés par les Brésiliens.
Des hamacs en toile de coton.
Des dentelles, réalisées devant vous dans le Nordeste.
Des pierres semi-précieuses et précieuses : améthystes, aigues-marines, diamants, tourmalines, émeraudes, saphirs, opales, turquoises, cristaux...
Un berimbau : instrument typiquement africain en forme d'arc que l'on frappe avec une baguette. Il ne faut pas qu'il ait l'air d'avoir été fabriqué spécialement pour les touristes ! Ceux utilisés par les capoeiristes ont des couleurs sobres et mates. Certains, plutôt volumineux, ne sont pas faciles à transporter.
Une figa : porte-bonheur. Représente une main fermée, avec le pouce émergeant entre l'index et le majeur. À l'origine, symbole africain de fertilité au XVIIe siècle.
Des carrancas : amulettes de bois - sortes de mini-totems répulsifs - destinées à éloigner le percepteur ou la police des moeurs. Ce genre d'amulettes ornait la proue des bateaux sur le São Francisco. Elles les préservaient des démons aquatiques en mugissant lorsqu'ils apparaissaient.
Un saci-pererê : il figure un petit Noir unijambiste, au chapeau rouge et fumant la pipe. Au XIXe siècle, c'était un gnome farceur, disparaissant avec le vent dans la forêt et signalant sa présence par des coups de sifflet. Si on parvenait à lui prendre son chapeau rouge, il devait vous accorder un voeu.
Les fitinhas do Senhor do Bonfim ou de ND de Nazaré : petits bracelets en tissu, qu'on enroule autour du poignet et donne trois noeuds, porte-bonheur vendus partout, et qui se cassent d'eux-mêmes, autorisant un voeu.
Un petit tableau d'art naïf acheté dans les rues de Salvador ou d'Olinda.
Une bouteille de cachaça, l'eau-de-vie brésilienne.
Une paire de tongs Havaianas aux couleurs du Brésil.
Un maillot de foot de la Seleção ou d'une équipe du Nord ou du Nordeste.
Des disques bien sûr, en pagaille !
Depuis le cinema novo des années 1960-1970, le cinéma brésilien semblait s'être plongé dans une douce léthargie sur fond de régime militaire puis de crise économique. Une loi de 1993 qui rend l'investissement dans l'industrie cinématographique déductible des impôts pour les sociétés ou les particuliers a contribué à l'émergence d'une nouvelle génération de metteurs en scène et d'acteurs et a boosté la production cinématographique. Depuis une décennie, une incontestable reprise s'est opérée avec des affiches comme Central do Brasil de Walter Salles, La Cité de Dieu de Fernando Meirelles ou encore L'Aveuglement (2008) en compétition officielle à Cannes. Carnet de voyage et Une famille brésilienne (Linha de Passe), autres opus de Walter Salles, ou encore le controversé Tropa de Elite d'Hector Babenco, qui raconte sans complaisance les méthodes des forces spéciales de la police brésilienne, ont été salués par la critique internationale. Mais beaucoup de chemin reste à faire pour consolider cette petite industrie et diffuser les films au sein même du pays.
Voici quelques films pour rentrer dans l'imaginaire du Nordeste et de la forêt Amazonienne :
On reverra les films de Glauber Rocha. Cinéaste né dans l'Etat de Bahia (1939-1981), toute son oeuvre est axée sur le Nordeste dont il dépeint les moeurs. Il est nommé plusieurs fois pour la Palme d'or à Cannes dans les années 1960, pour des films tels que Deus e o diabo na terra do sol (Dieu et le diable sur la terre du soleil) ou Terra em transe (Terre en transe), ce dernier étant considéré comme son chef-d'oeuvre.
Abril Despedaçado (Avril Brisé), de Walter Salles (2001). Le film tourné dans les terres de l'État de Bahia raconte l'histoire de deux familles, entre vengeance et dure vie dans le sertão du Nordeste. Très belle photographie.
Amarelo Manga, de Claudio Assis (2002). Tourné avec très peu de moyens, ce film est devenu une référence du cinéma brésilien. L'histoire se passe dans la périphérie de Recife et raconte la vie de divers personnages bien réels et rongés par un quotidien assez difficile.
Amazônia, de Thierry Ragobert (2013). La forêt amazonienne vue à travers les yeux d'un singe capucin dans une sorte de documentaire fictionnel.
Aquarius, de Kleber Mendonça Filho (2016). L'histoire touchante et troublante de Clara, sexagénaire résidant dans une bâtisse à l'architecture années 1940 nommé L'Aquarius, en front de mer de Recife, et qui, pressée par des promoteurs immobiliers peu scrupuleux, est amenée à reconsidérer sa vie. Une fable critique, en compétition officielle pour la palme d'or à Cannes en 2016, et qui a été nommé pour le césar du meilleur film étranger en 2017.
L'équipe du film a fait parler d'elle sur le plan politique en dénonçant ouvertement l'éviction de l'ex-présidente Dilma Rousseff.
Canudos, de Sérgio Rezende (1997). L'épopée du Conselheiro et de ses adeptes, reconstituée grâce à d'importants moyens et avec un grand souci d'exactitude.
Capitães da Areia, de Cecilia Amado (2011). Basé sur le livre homonyme de Jorge Amado. Pedro Bala et sa bande ont été abandonnés par leurs familles respectives et essayent de survivre comme ils peuvent dans les rues de Salvador.
Casa de Areia (La maison de sable), de A. Waddington (2005). Un film sublime qui raconte la vie d'une femme obligée par son mari de déménager avec sa mère dans le désert brésilien du côté des Lençois maranhenses. Durant 59 ans elle essaye d'échapper à son sort.
Central do Brasil, Walter Salles, 1998. Dora, ex-institutrice, gagne sa vie comme écrivain public à Rio, en aidant les migrants nordestins, souvent analphabètes, à écrire leur courrier. À la fin de la journée, lorsque Dora rentre dans son petit appartement de banlieue, elle fait le tri des lettres de la journée. Certaines sont envoyées, d'autres sont détruites et d'autres enfin sont conservées dans un tiroir. C'est ce qui arrive par hasard à la lettre de Josué. Josué demande à Dora de l'aider à retrouver son père après que sa mère est décédée dans un tragique accident. D'abord insensible, Dora finit par accepter de l'aider. Commence alors un magnifique road movie vers le Nordeste et l'arrière-pays de Recife.
Cinema, Aspirinas e Urubus (Cinéma, aspirines et vautours), de Marcelo Gomes (2005). Prix de l'éducation nationale à Cannes en 2005. Un road movie dans le sertão du Nordeste. Le film raconte l'histoire d'un Allemand qui a fui son pays et d'un Brésilien, qui cherche une vie moins dure.
Ó Pai Ó, de Monique Gardenberg (2007). Un portrait de la vie dans le Pelourinho de Salvador, à travers une multitude de personnages. Le film, plein de vie, est servi par de très bons acteurs (notamment Lázaro Ramos, étoile du cinéma brésilien).
O som ao redor (Les bruits de Recife), de Kleber Mendonça Filho (2012). Le film retrace le quotidien des habitants d'un quartier de la classe moyenne de Recife et les tensions occasionnées suite à la mise en place de services de vidéo-surveillance proposés par une entreprise privée. Une bonne dose de critique sociale.
Serra Pelada, de Heitor Dhalia (2013). Le film traite de la réalité de la Serra Pelada (Pará) dans les années 1980, site le plus emblématique de la ruée vers l'or contemporaine dans le Nord du Brésil. Terre sans loi, dure et impitoyable, elle transforme les hommes et les amitiés. Scénario accrocheur et très bon casting.
Taina, une aventure en Amazonie, de Sergio Bloch (2000). Ce film pour les enfants raconte les aventures de la petite Indienne Taina, qui habite en Amazonie avec son grand-père. Deux suites ont aussi été tournées : Taina, l'aventure continue et Taina 3, l'origine.
The Lost City of Z, de James Gray (2016). Inspiré du livre éponyme du New-Yorkais David Grann publié en 2005, le film raconte la véritable histoire de cet officier de la Couronne devenu explorateur au début du siècle dernier, fasciné par ce qu'il découvre au fond des jungles tropicales inexplorées à la frontière Brésil-Bolivie. Persuadé de découvrir une antique cité oubliée, il finira, après plusieurs expéditions, par ne plus jamais revenir.
On lit peu au Brésil : 16 millions de Brésiliens (sinon davantage) sont analphabètes. Pourtant, le pays a fourni un grand nombre d'écrivains, de poètes et de penseurs. La variété de la production littéraire contemporaine est à l'image du pays, immense et variée.
Jorge Amado (1912-2001). Il a écrit 30 romans, picaresques et carnavalesques, qui ont façonné une image exotique, forte et sensuelle du Brésil. C'est un enfant de Bahia (né à Itabuna, dans le sud de l'État), dont il restitue l'ambiance des bas-fonds. Á peine âgé de vingt ans, il part étudier le droit à Rio de Janeiro, qui lui inspire son premier roman, Le Pays du Carnaval, avant de retourner dans son Bahia natal. A 30 ans, il rejoint les rangs communistes, et se voit alors contraint à l'exil le temps de quelques années. À son retour, il divorce de sa première femme avant d'être élu membre de l'Assemblée nationale brésilienne. Il jouit alors déjà d'un prestige considérable, pour son oeuvre poétique, ses biographies mais surtout pour ses romans, dont Les Chemins de la faim, qu'il publie à cette époque. Le Parti communiste rentre dans la clandestinité en 1947, le poussant à s'exiler à nouveau, cette fois-ci en France, où il fait notamment la connaissance de Picasso et d'Aragon, puis en Tchécoslovaquie et en URSS. Après 5 ans, il retourne finalement au Brésil et va se consacrer à l'écriture pendant une trentaine d'années et bon nombre de ses oeuvres vont être traduites dans le monde entier et adaptées au cinéma et à la télévision. Le président Mitterrand le fera commandeur de la Légion d'honneur en 1984. Yeux désabusés et menton sarcastique, Jorge Amado compte parmi les auteurs les plus importants du Brésil (un musée lui est dédié dans la Pelourinho, à Salvador). Quelques titres : Bahia de tous les Saints, Le vieux marin, Tocaia grande et Gabrielle, Girofle et Cannelle, peut-être son meilleur roman. Doña Flor et ses deux maris et Tieta do Agreste ont été adaptés au cinéma, ainsi qu'A morte e a morte de Quincas Berro d'Agua et Capitães da Areia, plus récemment.
Euclides da Cunha (1866-1909). Il a vécu à São Paulo et à Rio où il écrivit, en 1902, Os Sertões (Les Terres de Canudos), relatant les luttes paysannes du Nordeste, menées par un illuminé, Antoine le Conseiller, contre le pouvoir. Cet ouvrage lui valut un siège à l'Académie brésilienne des lettres.
Gilberto Freyre (1900-1987). Sociologue originaire de Recife, membre de l'UNESCO en tant qu'expert en sciences humaines, il a décrit la colonisation sous un angle anthropologique, dans Maîtres et esclaves (Casa grande e Senzela, 1933). Même si l'analyse semble aujourd'hui quelque peu dépassée, ce livre reste une oeuvre majeure pour la compréhension des racines de la société brésilienne.
Clarice Lispector (1925-1977). Née en Ukraine, elle vécut à Recife. À 17 ans, elle a publié Près d'un coeur sauvage, roman d'une grande densité psychologique, annonçant les qualités d'un Joyce ou d'un Faulkner. Mariée à un diplomate, elle ne fréquentait que les enfants, les vieux, les pauvres et les vagabonds.
Une vaste bibliographie sur le Brésil est disponible : romans, carnets de voyage, livres culinaires, photographies, architecture, essais politiques... il suffit de faire un tour dans une bonne librairie ou sur le net pour en trouver et pas uniquement des récits écrits par des Français. Le nombre d'ouvrages traduits du portugais dans la langue de Molière est large, variant de grands noms de la littérature comme Jorge Amado à d'autres moins connus. Plusieurs d'entre eux abordent les thématiques du Nordeste et de l'Amazonie.
Ouvrages généraux
Saudades do Brasil, Claude Lévi-Strauss, Plon, 1995. Des carnets photographiques de 1935, éclairant les Tristes tropiques. On y découvre les Nambiquaras. Des textes empreints de nostalgie les commentent.
Le Brésil, terre d'avenir, Stefan Zweig, 1942.
Brésil, architectures contemporaines, Anna Mainoli, Actes Sud, 2009. Une sélection d'édifices contemporains les plus marquants.
Amazone : un monde en suspens, Patrick Bard et M.B. Ferrer, Seuil, 2009. Un beau voyage photographique sur le plus grand fleuve du monde.
Mulheres : femmes du Brésil, Titouan Lamazou, Gallimard, 2008. Des portraits de femmes croisées lors d'un parcours aléatoire dans une partie du pays.
Terres du sucre ; Maîtres et esclaves, Gilberto Freyre, Gallimard, 1978. Deux études de moeurs sur le Nord-Est du Brésil. Des épopées passionnantes.
Littérature
Les ouvrages de Jorge Amado. L'auteur bahianais a une trentaine de livres traduits en français. Certains sont édités en édition de poche, comme Bahia de tous les saints (1981), Suor, Le vieux marin, Les terres du bout du monde (1991) ou encore le classique Gabriela, girofle et cannelle (1984). Son oeuvre qui envoûte le lecteur dans les couleurs et parfums de la Bahia, a même donné lieu à un autre livre La Cuisine bahianaise dans l'oeuvre romanesque de Jorge Amado (de Paloma Jorge Amado, 1996).
Gastronomie
Cozinha de origem, Thiago Castanho, Publifolha, 2014. En plus de son histoire de famille et parcours en cuisine, le chef Thiago Castanho, de Belém, présente sa cuisine intimement liée à la culture et aux produits de l'Amazonie. Version en anglais disponible (Brazilian food, 2014).
A comida baiana de Jorge Amado, Paloma Amado, Panelinha, 2014. Paloma Amado, fille de Jorge Amado, propose dans son dernier beaux livre de cuisine un voyage gastronomique dans le monde littéraire de Jorge Amado. Les recettes publiées dans cet ouvrage ne sont pas moins celles dégustées par les personnages les plus connus de l'écrivain.
Contrairement à la France, au Brésil la plupart des grandes villes éditent leurs propres journaux, même si O Globo et la Folha de SP restent des références nationales incontournables.
A Tarde (www.atarde.com.br), quotidien édité à Bahia depuis plus d'un siècle. Appartient au groupe de même nom et qui possède d'autres médias.
Diario de Pernambuco (www.diariodepernambuco.com.br) : publié depuis plus de 185 ans, c'est un journal traditionnel dans l'état éponyme.
Diario do Para (www.diarioonline.com.br), journal édité à Belém. Bonne source d'information locale.
O Globo (www.oglobo.com), édité par le groupe de médias éponyme, le plus puissant d'Amérique Latine. O Globo est le quotidien de référence, à Rio en particulier.
Folha de São Paulo (www.folha.uol.com.br), le premier quotidien du Brésil en tirage (plus de 1,4 million d'exemplaires vendus par jour). Très présent dans la capitale pauliste, naturellement.
Jornal do Brasil (www.jb.com.br) est le plus ancien quotidien du pays, mais il a beaucoup perdu de sa superbe (et des lecteurs) depuis une vingtaine d'années. Il édite néanmoins lui aussi un supplément culturel, le vendredi, baptisé Programa, de qualité.
La presse magazine brésilienne est dominée par deux grands groupes. Abril édite une multitude de titres dans toutes les thématiques imaginables. Citons en particulier Veja (www.veja.com.br), le premier newsmagazine du pays, qui édite tous les ans des suppléments régionaux dédiés aux bonnes adresses pour se restaurer (Recife, Salvador, Belém et Natal). Son parti pris conservateur et anti-luliste primaire peut néanmoins parfois agacer... Abril édite également un excellent magazine de voyages, Viagem (www.viajeaqui.com.br) ou Exame (www.exame.com.br), peut-être le plus complet des magazines économiques. Globo (encore !) publie Epoca (www.epoca.com.br), un hebdomadaire concurrent de Veja, et bien d'autres magazines (dont la version brésilienne de Marie-Claire).
La télévision au Brésil est une institution, le passe-temps favori de ses habitants, une véritable drogue nationale. Ses principales chaînes gratuites sont TVGlobo (la chaîne à la plus forte audience), Record ! Bandeirantes et SBT. Selon certains, le contenu de celles-ci est franchement indigent, telle la TVGlobo qui fabrique des novelas dont les scénarios s'élaborent selon les thèmes du moment et que les gens regardent bouche bée. Selon d'autres, ses feuilletons peuvent être de qualité, inspirés d'écrivains d'envergure, comme Amado lui-même, dont on a adapté Tocaia Grande, en 1995. Les informations nationales penchent quand même franchement vers le sensationnel, dans un mélange de téléréalité et de populisme de bas étage. Certaines chaînes sont la propriété d'hommes publics, telle Record ! qui appartient à Edir Macedo, l'une des plus grandes fortunes du pays et accessoirement fondateur de l'Eglise Universelle du Royaume de Dieu... Parfois, on donne un bon film en version originale. Avec cinq coupures de publicité, on a le temps d'avoir soif. Quant au football, c'est le dimanche à 16h. Le réalisateur filme les deux vestiaires avant la rencontre ; on entend les instructions de l'entraîneur aux joueurs, en rond, main dans la main. On repasse les buts sous plusieurs angles à vitesse réelle et au ralenti. Le Brésilien est scotché à son poste, il y en a partout dans les bars, les restaurants, jusqu'aux pharmacies de quartiers qui affichent fièrement leur telão (écran de TV) !
La radio est également un média de forte écoute au Brésil, mais surtout pour la musique très commerciale. A l'instar de la télé, beaucoup de coupures publicitaires.
En 1824, Jean-Ferdinand Denis, historien français spécialiste du Brésil, déclarait : " J'ai vu des hommes accablés sous la servitude retrouver une sorte de liberté avec leurs chants. Les esclaves ne font rien sans chanter, ceux qui portent des fardeaux règlent leur pas sur la mesure répétée d'un chant monotone et lent auquel se joignent des chansons dont les paroles sont presque toujours improvisées. " Le Brésil occupe dans la musique populaire contemporaine la même place que celle qu'occupe son football dans le monde du sport. Pas une soirée musicale sans bossa-nova ou samba. Après le jazz et le rock'n'roll, les rythmes brésiliens ont été l'innovation du siècle. Mais le Brésil s'est trahi. La bossa-nova s'efface au Brésil même. On ne l'entend plus que rarement. Elle a été remplacée par une soupe métronomique sans âme, imagination ni technique. Il faut croire que, là aussi, le Brésil est une terre de disparités, que la bossa-nova n'avait pas d'assise populaire et n'a pas survécu à ses créateurs.
Le samba date du début du siècle. Ici, ce mot est masculin. Son nom, d'origine africaine, est né dans le port de Rio, parmi les esclaves libérés du Nordeste, venus chercher du travail dans la capitale. Sa musique se caractérise fréquemment par un rythme à deux temps, avec un coup de grosse caisse (le tambour s'appelle le surdo), sur le deuxième, une exceptionnelle richesse de percussions, un chant collectif et extraverti, et la gaieté lumineuse de son thème. La danse est très sautillante et emmène les carnavals de tout le pays. Citons : Mas que Nada, la samba de Salgueiro, reprise par les hooligans du monde entier (O lé lé ; O la la, Pega no Ganzé, pega no ganza), Brazil pais tropical, Bri-gi-tte-Bar-dot-Bar-dot...
La bossa-nova est née à la fin des années 1950. Pour la définir, disons que c'est une samba en plus intimiste et sophistiquée, avec des accords jazzy, c'est-à-dire qu'on y trouve des altérations. Une chanson toute en quintes diminuées et septièmes majeures s'appelle Desafinado (désaccordé). Ça sonne juste. On doit sa création, entre autres, au Bahianais João Gilberto.
Le forró, originaire du Nordeste, se joue avec un accordéon et des percussions dont une grosse caisse (le zamia). On trouve également ce type de formation envoûtante à Saint-Domingue, où elle fraie avec la biguine. Plusieurs sortes de forró existent, certains plus cadencés que d'autres. On le danse toujours à deux, telle la lambada. Ce rythme est très répandu au Ceará, mais aussi au Pernambuco et dans le Nordeste globalement.
Le tropicalisme, aux influences de pop rock, de blues passés dans le shaker de la samba ou de la bossa-nova, est né à la fin des années 1960 en réaction à la répression militaire. Ses principaux représentants sont les Bahianais Caetano Veloso (Canção de Amor) et Gilberto Gil (Toda Menina Baiana), accompagnés de Gal Costa, Tom Zé ou encore Os Mutantes. Du courant tropicaliste est issu le grand mouvement dit du MPB (Musica Popular Brasileira), dont les principaux noms sont Jorge Ben Jor (Pais Tropical, Taj Mahal), Chico Buarque (Essa moça 'ta diferente), Djavan (Pedro Brasil) et encore beaucoup d'autres.
Le maracatu et le Mangue beat. Plus qu'une musique, le maracatu est une manifestation culturelle afro-brésilienne dont l'origine se situerait entre le XVIIe et le XVIIIe siècle dans la région où se trouve actuellement l'État de Pernambuco. Le maracatu serait une représentation des cérémonies de couronnement du " roi du Congo ", une pratique permise durant l'esclavage. Ces rois et reines au Brésil étaient les représentants des esclaves face au colonisateur. Dans le maracatu, cette cérémonie est devenue une procession folklorique dansante et colorée, toujours accompagnée des percussions. Durant le XXe siècle la pratique est devenue décadente, mais elle a connu un nouveau souffle dans les années 1990 avec l'ascension du mouvement noir et du Mangue beat, ou " le rythme du marais ". Ce dernier est en effet un mouvement musical de contre-culture initié principalement par le musicien natif d'Olinda Chico Science et le groupe Nação Zumbi. Ils ont mélangé au maracatu des éléments du rock, du hip-hop, du funk et de la musique électronique pour créer un style nouveau. Le groupe Mundo Livre S/A a aussi été responsable de l'impulsion nationale du Mangue beat. Le vocaliste du groupe, Fred Zero Quatro a écrit en 1992 le manifeste Caranguejos com Cérebro (Crabes avec un cerveau) où il conceptualise le mouvement.
La musique axé est apparue dans l'État de Bahia dans les années 1980 (à l'occasion du carnaval), et mélange, dans un style très dynamique, les rythmes latins et caribéens : frevo, forró et calypso (lui-même dérivé du reggae).
Le frevo. Élu patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO en 2012, le frevo est le rythme musical et la danse par excellence du Pernambouc. Apparu à la fin XIXe siècle, c'est un rythme accéléré et dynamique joué par une orchestre de cuivres accompagné de quelques éléments rythmiques (surdo et caisse claire principalement). Joyeux et festifs, les morceaux peuvent être uniquement instrumentaux ou bien chantés. Les danseurs vêtus d'habits colorés et d'un petit parasol répètent la chorégraphie dont l'origine puise ses mouvements dans la capoeira. Le Galo da Madrugada, traditionnel bloc de carnaval de Recife suivi par des centaines de milliers de personnes, joue un rôle primordial dans la diffusion du frevo.
Maria Bethânia. Soeur cadette de Caetano Veloso, née en 1946 à Santo Amaro, près de Bahia, Maria Bethânia a suivi la carrière musicale, tout comme son frère. C'est justement à ses côtés qu'elle se lance dans la chanson dans les années 1960 lors des débuts de la bossa-nova, puis dans le mouvement Tropicalismo. Depuis Bethânia a pris son envol et est aujourd'hui une des artistes les plus réputées du pays. Surnommée la Reine des Abeilles (Abelha-rainha), elle arrive en tête des ventes de disques MPB.
Gilberto Gil. Né en 1942 à Bahia, il explore les racines africaines de la musique brésilienne et participe à la création du Tropicalisme. Gilberto Gil a été le ministre de la Culture du gouvernement Lula du 2 janvier 2003 au 30 juillet 2008, mais voulant se consacrer pleinement à sa carrière d'artiste, il abandonne la politique pour redonner la priorité à ce qui est le plus important pour lui.
João Gilberto. Né en 1931 à Bahia, c'est l'un des créateurs de la bossa-nova. Poète, introverti, solitaire, au mauvais caractère, c'est un artiste aux arrangements sublimes doté d'une voix superbe et éraillée. Disque recommandé : Ao Vivo (Sony Music), enregistré en public, accompagné d'une simple guitare et des applaudissements qui suivent. Pour les inconditionnels.
Caetano Veloso. Né en 1942 dans un petit village proche de Salvador. Caetano débute sa carrière artistique dès les années 1960. Chanteur et compositeur célèbre, il compte parmi les artistes les plus réputés du Brésil. Sa carrière lui a rendu aussi plusieurs récompenses et partenariats à l'étranger. On peut le voir dans le film d'Almodovar Parle avec elle.
Le berimbau servait à l'origine à avertir les combattants de la capoeira des arrivées inopportunes. Il est toujours utilisé aujourd'hui pour rythmer les chorégraphies des capoéristes. C'est un instrument typiquement africain qui ressemble à un arc, où le fil tendu est relié à une calebasse. Frappé par de courtes baguettes, il sonne comme une guimbarde, et résonne grâce à une calebasse ou une noix de coco évidée, dont on fait varier le son en appliquant l'ouverture sur le ventre et en faisant varier la longueur de vibration de la corde avec une pierre plate. Avec ces mêmes notes, Baden Powel en a tiré une chanson du même nom, reprise par Claude Nougaro, merveilleusement accompagné par Eddy Louis.
Peinture Hollandaise. Au XVIIe siècle, suite à l'invasion hollandaise dans le Nordeste, plusieurs peintres flamands se rendirent au Brésil. Le plus réputé d'entre eux fut Frans Post, qui réalisa une série de tableaux dans la tradition hollandaise des paysages, représentant notamment la faune et la flore de la région. En plus de sa beauté esthétique, son oeuvre a aussi valeur de document historique. Plusieurs de ses tableaux sont exposés à l'Instituto Ricardo Brennand à Recife.
Academia Imperial de Belas Artes - Aiba. La création de l'Académie impériale des beaux-arts, en 1826 à Rio de Janeiro, fait émerger dans la deuxième moitié du XIXe siècle une scène picturale, avec des artistes talentueux comme Victor Mereilles (Panorama de Rio, 1890) ou Pedro Americo (Batalha de Avai, 1879). Les années 1920 voient les artistes brésiliens " succomber " à la vague moderniste. Ses principaux représentants en sont Lasar Segall (d'origine lituanienne) et le Carioca Emiliano Di Cavalcanti, célèbre pour ses originales peintures de métisses. Plus récemment, Candido Portinari (1903-1962) s'est avéré être un peintre néoréaliste talentueux et prolifique (plus de 5 000 oeuvres). L'universalité de son oeuvre lui a valu plusieurs commandes, parmi lesquelles les peintures murales du siège des Nations Unies à New York.
Le modernisme brésilien. Le modernisme brésilien est un mouvement clé de la culture artistique du pays. Dans l'Europe d'avant-guerre, les courants d'avant-garde tels le futurisme, le dadaïsme ou le cubisme secouent la création artistique. Au Brésil, leur influence se fera sentir dans les années 1920. Les Brésiliens ne se contentent pas de copier ces courants, ils veulent créer un art s'appuyant sur des éléments de leur propre culture, ce mélange de leurs racines africaines et indigènes. Une véritable rupture pour l'époque. Le modernisme brésilien se veut un mouvement anthropophage, où on se nourrit des influences étrangères, on les avale pour mieux les régurgiter dans un style national ensuite. Les arts plastiques et la littérature sont les principaux champs d'expression. Dans l'oeuvre du peintre Anita Malfatti et du sculpteur Victor Brecheret, précurseurs du mouvement, on verra la manifestation des valeurs expressionnistes. Tarsila do Amaral et Vincente do Rego Monteiro, tous deux peintres, puiseront dans le courant cubo-futuriste.
A l'époque, São Paulo est le centre de l'effervescence culturelle et le lieu de rencontre des jeunes intellectuels, à l'opposé de Rio qui concentre la bourgeoisie traditionnelle. La Semana de Arte Moderna, ou Semana de 22 (1922), pensée par Di Cavalcanti, marque le début du modernisme où les bases théoriques du mouvement sont développées. Les artistes de la première phase du mouvement A Primeira Geração (La première génération) développent un art expérimental, selon le projet des écrivains Mario et Oswald de Andrade. Cette première phase est la plus radicale, brisant les moeurs de la société. La deuxième et la troisième phase, dites postmodernes, exerceront leur influence sur le mouvement jusque dans les années 1960.
Romero Britto : le pop art. Né à Recife en 1963, Britto représente le pop art, créatif et vif du Brésil actuel. Inspiré par les maîtres de l'art moderne, il utilise beaucoup de couleurs et de thématiques populaires dans ses travaux. Ses peintures et sculptures ont déjà été exposées dans plus d'une centaine de pays, notamment au musée du Louvre à Paris. Certaines de ses créations font partie de plusieurs collections de prestige comme celle du Guggenheim. L'art de Britto ne se limite pas aux lieux et aux moyens d'expression classiques, l'artiste signe aussi une collection d'objets comme des jouets, des valises, des tongs, des canettes de soda ou encore des emballages de gâteaux.
Découverte du pays
- Les plus du Nordeste et de l'Amazonie
- Le Nordeste et l’Amazonie en 25 mots-clés
- Survol du Nordeste et de l’Amazonie
- Cuisine brésilienne
- Les personnalités célèbres : Brésil
Infos pratiques
- Argent
- Bagages
- Décalage horaire
- Électricité, poids et mesures
- Formalités, visa et douanes
- Horaires d'ouverture
- Internet
- Langues parlées
- Poste
- Quand partir ?
- Santé
- Sécurité et accessibilité
- Téléphone
Histoire & culture
Autre
- Bem-vindo ao Brasil !
- Fiche technique
- Idées de séjour
- Comment partir ?
- Histoire
- Mode de vie
- S'informer
- Rester
Galerie Photos