Guide du Brésil Nordeste : Population et langues
La population s'est fortement accrue et aujourd'hui elle est de 207 millions d'habitants (2017), malgré une maîtrise croissante de la fécondité. Le Brésil est un pays jeune où 22 % de la population a moins de 15 ans. L'espérance de vie progresse, mais reste encore inférieure à celle des pays du Nord : 78 ans pour les femmes brésiliennes contre 85 pour les françaises ; la mortalité infantile a régressé de 16 % les vingt dernières années, mais y est encore de 17,5 ‰. L'analphabétisme, bien qu'en régression, demeure élevé.
Le Brésil est le géant latino-américain et l'un des pays les plus peuplés au monde. La population brésilienne représente plus de la moitié de la population d'Amérique du Sud. Pour continuer avec les comparaisons, la population brésilienne représente plus de trois fois celle de la France ou encore celle de l'Italie, de l'Espagne et du Portugal. Malgré son poids démographique incontestable, le pays demeure, compte tenu de son immensité, largement sous-peuplé. En effet, la densité du pays, pris dans son ensemble, se situe à environ 24 habitants par kilomètre carré, ce qui est particulièrement faible comparé aux pays européens, mais représente une moyenne plutôt honnête, comparé à ses principaux voisins américains. En fait, plus que la densité moyenne du pays, il convient de se pencher sur les densités régionales pour avoir une vision plus fidèle de la réalité. En effet, en matière d'occupation, le maître mot est encore celui d' " inégalité ".
Ainsi, pour s'en tenir aux extrêmes, on peut opposer un Sudeste présentant de bons indices de peuplement (et de développement) et des espaces pionniers au nord et à l'ouest du pays sous-peuplés, voire non peuplés et largement à l'écart de l'agitation du monde moderne.
Densités régionales. On trouve les densités les plus fortes dans le petit district fédéral (Brasilia) et dans l'État de Rio de Janeiro, qui présentent une densité supérieure à 300 hab./km². À l'autre bout de l'échelle, les États du nord et de l'ouest présentent des indices particulièrement faibles (Roraima, Amazonas, Acre, etc.).
Les villes les plus peuplées du Brésil sont aujourd'hui São Paulo, Rio, Salvador, Brasilia et Fortaleza. Les chiffres généraux cachent mal, néanmoins, les fortes inégalités régionales d'urbanisation. La pyramide des âges ressemble encore quelque peu à une pyramide de PVD, mais la récente chute de la natalité creuse les bases et assimile de plus en plus le pays aux pays européens. Ici encore, il existe de fortes inégalités régionales, le Sud et le Sudeste affichant des comportements proches de ceux des pays européens. On remarque également de fortes inégalités de classe, le comportement des ménages de cadres n'ayant rien à voir avec celui des favelas.
Immigration. Les chiffres mettent en évidence d'importantes migrations internes partant des zones en déclin économique (Nord et Nordeste) vers les zones dynamiques du Sudeste et du Sud.
Le vaste mouvement de peuplement et de conquête des régions pionnières du Nord et de l'Ouest est cependant secondaire.
Le Brésil est un creuset où toutes sortes d'influences se rencontrent. Aujourd'hui, les différences dans la population retracent ces différentes évolutions historiques. Les vagues d'immigration européennes successives font ainsi du Sud la région du Brésil à la plus forte proportion de Blancs tandis que Bahia demeure le pays où les descendants d'Africains sont les plus nombreux, et que la population d'Amazonie et du Nord est en majeure partie indienne ou cabocla (mélange d'Indiens avec les Portugais ou autres Blancs).
À Bahia, la musique et le rythme sont omniprésents, tout comme les rites religieux, qui cultivent le mystère de cette terre sublime. À Belém, on est plutôt fier et les Paraenses se considèrent facilement comme le centre du monde, mais ils seront ravis de vous faire découvrir leur terre et ses merveilles. Plus que ses paysages, Amazonie mystérieuse, plages de rêves du Nordeste, plus que sa culture et son architecture contrastée, plus que ses villes et ses villages, c'est le peuple du Brésil qui fait sa richesse.
Métis. Stefan Zweig a dit : " La formation de la nation brésilienne repose uniquement, et cela depuis des siècles, sur le principe du mélange libre et sans obstacles, sur l'égalité absolue des Noirs et des Blancs, des Jaunes et des Bruns... S'est créé un type qui n'a aucune des caractéristiques de " décomposition " que les fanatiques de la " pureté " des races dénoncent... il est difficile de rencontrer des femmes et enfants plus beaux que chez les métis. " La population présente une palette de variations passionnantes autour du métissage entre les Indiens, les Africains et les Blancs. Certains Blancs peuvent difficilement certifier qu'ils n'ont pas une goutte de sang noir ou indien dans les veines. Vers Recife et Natal, entre autres, on observe un métissage égal entre les trois groupes.
Descendants d'esclaves. Les Noirs sont restés dans les aires sucrières et aurifères : à Salvador et dans le Minas Gerais. Leur proportion a décru dans la population brésilienne pour être d'environ 10 % aujourd'hui. Les descendants des Noirs en fuite pendant les siècles derniers, réfugiés dans les quilombos, sont en conflit avec l'État pour la reconnaissance de leurs terres.
Malgré une pseudo-égalité affichée, il reste évident qu'en règle générale, plus la peau est foncée, plus on est pauvre.
Dans les appartements bourgeois des villes, quelle que soit leur taille, la chambre de la bonne est toujours petite. Le football et la samba seraient de puissants facteurs de reconnaissance mutuelle. Cela reste à voir ! À Salvador, les blocs de carnaval sont nettement différenciés. Sur la plage, les matchs ont lieu entre personnes de même catégorie sociale. Les affinités restent globalement sélectives, mais pas totalement : on observe des groupes noirs, des groupes blancs, mais également des amis de toutes teintes de peau, surtout lorsque les contrastes ne sont pas marqués, ou que les gens ne sont pas totalement blancs ou totalement noirs. Noirs et Blancs ont pourtant pratiquement les mêmes comportements. Cause ou conséquence, lorsque deux personnes se rencontrent, elles se considèrent souvent en tant que Brésiliens et s'aperçoivent éventuellement ensuite de leur différence de couleur. Les dialogues sont faciles, responsables et cordiaux. C'est là l'incontestable réussite du Brésil. Aucun parti politique ne repose sur le racisme. Le président de la République, Joao Pessoa, demandait en 1925 à ce qu'il n'y ait pas de Noirs dans l'équipe de football brésilienne ; il a dû friser l'infarctus en voyant l'équipe de 1958, victorieuse avec Pelé.
Plus un rêve et une civilisation qu'un type ethnique. Il faut distinguer les Indiens de culture, avec leur mode de vie ancestral et les types ethniques, majoritaires dans le Nord du pays et au Pantanal. Ils ont changé, se sont parfois métissés pour donner des mamelucos ou caboclos, le mélange entre Portugais et Indiens, ou encore des cafuzos, mélange avec les Africains. Mais ce sont bien eux que l'on croise, dans l'Amazonie et dans le Mato Grosso.
Les Indiens qui vivent de chasse dans des réserves en autosubsistance, ceux qui sont les témoins de civilisations passées, parfois esthétiquement supérieures, et conservées grâce à la tradition orale, ceux qui parlent au vent et à la forêt, ceux-là sont menacés.
Ils étaient environ 6 millions en 1500, ils sont aujourd'hui minoritaires. Ils ont été décimés par les chercheurs d'or et de caoutchouc, par la grippe, la faim, les maladies vénériennes, la tuberculose, la verminose, le paludisme " blanc " venu de la côte via les insectes transportés dans les bagages, la rougeole, l'onchocercose et le mercure déversé dans les rivières par les orpailleurs.
Aujourd'hui, ils seraient au Brésil un peu plus de 897 000 (vivant dans les réserves et en ville), répartis en 305 ethnies et parlant un langage différent. Les tribus sont réparties dans les 505 terres indigènes selon la FUNAI, représentant 12,5 % de la surface du pays, soit 106,7 millions d'hectares. On verra au musée de l'Indien, à Manaus, une carte du CIMI (Conselho Indeginesta Missionario), datant de 1985, montrant des concentrations sur les frontières, sur plus de cinq cents points. On voit ainsi quelques Kambiwas et Kapînawas dans le Pernambuco, vers Pesqueira ; beaucoup de Tupis Guajajara le long des rivières Pindaré et Grajau, vers São Luis do Maranhão ; enfin des tribus sur toutes les frontières. On compte autant de tribus que de cours d'eau, le nom étant souvent le même : Indiens Boras, Desanas, Iranches, Macuxis, Muras, Parecis, Terenas.
La Constitution stipulait que les terres indigènes devaient être délimitées en cinq ans. Au terme échu de 1993, la moitié restait en chantier. L'organisme chargé de les protéger, la FUNAI, ne dispose que de moyens dérisoires.
Les Yanomamis. Découverts en 1800, dans les villages à des journées de marche en Enfer vert, à l'ouest de Boa Vista, dans l'État amazonien de Roraima, à l'extrême nord du Brésil, à la frontière vénézuélienne. Ils vivent pratiquement nus, ont un beau sourire et de grands yeux, un type asiatique, se parent de feuilles d'arbres et de fleurs, se reconnaissent aux trois fins bâtonnets qui les transpercent autour de la bouche, aux peintures sur la figure et à leur coiffure en frange. Leur territoire est grand comme la Suisse. Ils sont semi-nomades, vivent de la chasse et de la cueillette, d'un peu de manioc et de larves d'insectes grillées.
Ils se déplacent par groupes de cinquante dans un territoire peuplé de pumas, de singes et de perroquets, rendu difficile d'accès par la végétation et le climat, séparés en tribus parfois rivales. Ils sont confiants, malgré ce qui leur tombe sur la tête. Ils méprisent l'or et ont peur des vaccins. Ils habitent de grandes huttes circulaires, le shabonoo, se reposent dans des hamacs de sisal, cultivent un potager, le mocal, leurs enfants jouent avec de petits pécaris.
Depuis 1970, on sait que ces aborigènes vivent sur des terres riches en or, fer, étain, uranium, pierres précieuses et pétrole. Leur territoire a été réduit au dixième. Le plus souvent, les garimpeiros (chercheurs d'or clandestins) échangent des babioles contre la force de travail des Indiens rencontrés.
Les garimpeiros apportent les maladies, font fuir le gibier, détruisent en quelques jours un mode de vie unique et ancestral. En 1990, Collor passe en treillis léopard, à Mesa de Surucucu, rappeler que les aborigènes ont un droit du sol et des droits de citoyens.
En 1991, 400 Indiens sont morts. En 1992, à l'occasion du sommet mondial de Rio sur l'environnement, les Indiens obtiennent devant l'Assemblée nationale la reconnaissance de leur territoire, avec une organisation chargée de veiller à son respect, un budget de 2,5 millions de dollars, un service de 300 personnes et un petit objectif : tous les 2 km, un écriteau précise : " Territoire Yanomani, zone protégée, ministère de la Justice ". Depuis lors, personne ne peut pénétrer dans ce territoire sans l'autorisation de Brasilia.
Les Toucanos. C'est l'autre grande tribu de l'Amazonie nord, vivant entre le sud de la Colombie et le nord du Brésil, le long du Rio Negro. Leur population est aujourd'hui estimée à un peu plus de 6 000 individus, dont la grande majorité se trouve au sein des frontières colombiennes, vivant principalement de la chasse, pêche, cueillette et agriculture. On verra au musée de l'Indien à Manaus de beaux colliers et parures.
Les Jake Apalaie. Leur réserve est dans le Nord, vers le Rio Paru et Macapa, à la frontière du Suriname. Ils sont étonnamment accueillants, se dessinent le corps avec un extrait de fruit genipapo. Ils vivent de pêche, de fabrication de paniers en paille. Ils sont pratiquement nus. " Bonjour ! " se dit Apakane !
Les Kayapos (ou Kaiapos). Ils vivent dans le Pará, sur le Rio Xingu, près de Redenção, dans une réserve grande comme le tiers de la France. Ils placent des disques dans leur lèvre inférieure et se peignent de noir et de rouge. En l'honneur d'un " beau nom " donné à un enfant élu, ils partent un mois durant dans la forêt et rapportent des centaines de tortues fixées sur des bâtons. Ils fêtent alors ce retour avec d'incroyables masques de lianes, figurant des animaux et des sexes féminins.
À Maria Bonita, à 15 km de Borotiré, on a découvert de l'or en 1982, d'une valeur de 40 millions de dollars par an, 3 000 aborigènes Kayapos ont investi l'endroit, effectuant une impressionnante danse de guerre. Ils le contrôlent depuis, fouillant chacun des milliers de garimpeiros qui repartent, afin qu'ils n'emportent pas d'or. Forts de leur réputation de tueurs, ils font régner trois lois à la mine : pas d'armes, pas de femmes, pas d'alcool. La tribu prélève une taxe de 15 % sur l'or. Le mercure polluant la rivière Xingu, les Indiens disent vouloir fermer la mine et retourner à leurs traditions. Mais difficile de renoncer au confort qu'ils ont acquis : à Gorotire, leurs maisons sont en dur, avec groupe électrogène, antenne parabolique et aérodrome et ils surveillent leur territoire en avion. Ils filment leurs rituels ou les négociations avec les Brésiliens. Paulino Paiakan, cacique de la tribu, a obtenu le prix Global 500 de l'ONU en 1989 pour son travail à long terme avant de voir son image ternie par une affaire judiciaire exploitée par l'hebdomadaire Vejà en 1992. Le magazine tentait ainsi de préparer l'opinion publique à la submersion du territoire protégé par un barrage hydroélectrique sur la rivière Xingu, le fameux barrage de Belo Monte. Les conflits portant sur la construction de ce barrage durent depuis plus de 25 ans et, même si sa construction a été autorisée par le Ministère de l'environnement en 2010 et que les travaux ont débuté, les actions en justice entre les indiens et le gouvernement se poursuivent toujours aujourd'hui. Autre chef emblématique des Kayapos, Raoni Metuktire parcourt le monde pour sensibiliser opinions et gouvernements à la protection de la forêt. Citons ici les travaux anthropologiques et documentaires de l'écrivain-réalisateur belge Jean-Pierre Dutilleux, qui explorent les modes de vie de divers peuples premiers, dont celui des Kayapos. Il a réalisé en 1977 un documentaire sur le sujet intitulé Raoni, du nom du chef de tribu aujourd'hui célèbre, nominé dans la catégorie " meilleur documentaire " lors de la cérémonie de Oscars de 1979. De cette aventure est née une amitié indéfectible entre les deux hommes, Dutilleux soutenant Raoni dans sa lutte depuis plus de 40 ans, via ses ouvrages Amazonie, lutte pour la vie (1989) et Raoni - mémoires d'un chef indien (2010) notamment.
Le portugais est la langue officielle du Brésil. C'est une langue romane, ainsi que le français, car elle est issue du latin. L'accent se distingue de celui du Portugal et devient plus chantant sous les tropiques. A l'intérieur du pays les tonalités changent aussi et avec un peu de pratique on peut aisément différencier un Carioca d'un Bahianais. Quant aux langues amérindiennes, on estime à présent que 180 sont encore pratiquées au sein des tribus indigènes connues.
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