Guide du Brésil Nordeste : Histoire
La terre brésilienne fut-elle la dernière peuplée par l'homme ? Les premiers Américains seraient venus d'Asie il y a plus de 20 000 ans après avoir franchi le détroit de Béring, pris par les glaces. Ils traversèrent le Yukon, et descendirent le long de la côte Pacifique. Après 10 000 ans, on en retrouve la présence dans le Nord-Est du Brésil, à Toca do Boqueiro de Pedra Furada, où ils peignaient des grottes de manière variée. Après 5 000 ans, d'autres Amérindiens viendront de Colombie. Claude Lévi-Strauss, dans Saudades do Brasil, fait état de traces de civilisation, qu'il estime remonter à 30 000 ou 40 000 ans dans le bassin de l'Amazonie. Il décrit une organisation et des pratiques sociales plus avancées que dans les Andes.
L'origine de ces hommes reste toutefois une énigme. L'isolement par des obstacles naturels tels que les Andes et l'Amazonie entretiendra longtemps un certain retard chez les habitants situés à l'est. Il y a 6 000 ans, alors que l'Europe se peuple de cultivateurs et que, dans le futur Pérou, on cultive le haricot et le piment, la région brésilienne aurait été quasi déserte. Il y a 2 000 ans, la Terre comptait 500 millions d'âmes, dont seulement 1 million aurait peuplé la région ; on cultivait alors le manioc en Amazonie et dans l'Orénoque, mais cette agriculture extensive ne permit pas le développement de population dense comme dans la plaine rizicole du Mékong, aux caractéristiques biogéographiques pourtant proches. En 1500, il n'y avait plus guère, avec les Esquimaux, les Algonquiens du Canada, que les peuples indigènes du centre du Brésil pour vivre de la chasse et de la cueillette. Avec les Bantous et les Indiens nord-américains, les Indiens brésiliens étaient les derniers à cultiver la terre de manière primitive. Pourtant, toujours selon Lévi-Strauss, ces civilisations étaient loin d'être archaïques. Elles ont, par exemple, légué des objets d'art (de belles pierres polies et de la céramique), plus avancés que ceux des Andes de la même époque. Malheureusement, ces civilisations ont été anéanties par la variole et les bandeirantes. Le bassin de l'Amazone aurait abrité en 1500 plus de sept millions de personnes, regroupées en villages denses aux huttes blanches.
Gaspar de Carjaval écrit en 1541 : " Il y avait tant de monde sur les rives défrichées que si j'avais lancé une flèche, elle serait retombée sur quelqu'un ". On sait aujourd'hui qu'au début du XVIe siècle, les Indiens n'avaient ni écriture ni monuments, et la végétation et la frénésie ont anéanti de nombreuses traces. Leur centaine de langues avait trois troncs communs. Les tribus principales étaient les Tupis, sur le littoral, et les Tapuyas, à l'intérieur, plus rebelles. Les Européens débarquant en 1500 et les Indiens les regardant arriver sur la plage sont donc les représentants issus d'un tronc commun qui s'était scindé cinquante mille ans auparavant. Cette évolution séparée avait rendu les Indiens particulièrement sensibles aux maladies des Européens, contre lesquelles leurs organismes n'étaient pas à même de produire des anticorps protecteurs.
La colonie (jusqu'en 1822)
1494> Le traité de Tordesillas est signé entre les trônes d'Espagne et du Portugal. Partageant l'Amérique du Sud entre les deux royaumes de la péninsule ibérique, il trace une ligne imaginaire, à 370 lieues à l'ouest de l'archipel du cap Vert, délimitant les futures possessions hispaniques (à l'ouest) et lusophones (à l'est).
1500> C'est la date officielle de la découverte du Brésil : le Portugais Pedro Alvares Cabral accoste au large de Porto Seguro, dans l'Etat de Bahia le 22 avril. On ne sait toujours pas si cette découverte fut intentionnelle ou non. Le peu d'intérêt manifesté par la puissance coloniale pendant plusieurs décennies pourrait incliner la balance vers la deuxième solution.
1502> Le roi Dom Manuel concède à un groupe de commerçants l'exclusivité de l'exploitation du pau brasil qui allait donner son nom au pays, alors appelé Santa Cruz.
1548> Tomé de Souza prend la tête du premier gouvernement général du Brésil, qui va favoriser une plus grande centralisation du pays depuis sa capitale, Salvador, qui est fondée en 1549 pour être le siège des capitaineries générales. La localisation de la ville est choisie tant pour son emplacement stratégique que pour les conditions naturelles propices à la culture de la canne à sucre. L'ère du sucre commence en effet et durera deux siècles, comme l'asservissement des Africains. Ceux-ci, lorsqu'ils s'enfuient, se regroupent dans les quilombos, villages dissidents d'esclaves en fuite, qui commencent à se développer à cette même époque.
1555> La France, au même titre que l'Angleterre ou la Hollande, n'a jamais reconnu le traité de Tordesillas et les Français envahissent la baie de Rio (Baia de Guanabara) dans le but d'y fonder la France antarctique. Peu nombreux et en proie à de nombreux conflits internes, les Français sont incapables de faire prospérer leur initiative et l'expérience tourne court. Les Portugais les chassent définitivement dix ans plus tard.
1568> Autres temps, autres moeurs : le gouverneur Salvador Correa de Sa officialise le trafic d'esclaves africains, une limite de cent vingt esclaves par an et par baron du sucre est fixée. Les esclaves noirs remplacent rapidement, dans les grandes plantations, les indigènes considérés inaptes au travail agricole ! Le commerce du sucre est alors très rentable. Les exploitations poussent les unes après les autres, autour du coeur du complexe sucrier (le Pernambouco et l'Alagoas). C'est l'apogée du cycle du sucre, qui dure de la fin du XVIe siècle jusqu'au milieu du siècle suivant, lorsque la soudaine concurrence des îles Caraïbes, plus compétitives, décime l'industrie sucrière brésilienne.
1612> La France mène un nouveau projet de conquête du sol brésilien et l'expédition conduite par Daniel de la Touche, qui débarque au nord-est du Brésil en 1612, a pour objectif de créer la France équinoxiale. La ville de Saint-Louis est fondée mais l'expulsion des Français en 1615 sonne le glas des ambitions françaises de former une vaste colonie en Amérique du Sud. La France devra se contenter d'un lot de consolation : la Guyane !
1624> Les Hollandais, frustrés des bénéfices du commerce du sucre par l'union des deux couronnes ibériques, passent à l'action et menacent la souveraineté lusophone dans la région jusqu'en 1654. Si Salvador est envahie mais rapidement reprise par les Portugais, l'occupation du Pernambouco est plus longue. L'expulsion des jésuites de São Paulo (de 1640 à 1653) et la recrudescence des expéditions de capture d'Indiens de la part des bandeirantes (ayant eux-mêmes une bonne part de sang indien) qui s'ensuivent limitent quelque peu cette dépendance.
1645> C'est une insurrection locale qui est à l'origine de l'expulsion des Hollandais du Nordeste, le Portugal, soucieux de s'assurer l'appui de la Hollande dans ses guerres contre l'Espagne, n'intervenant d'abord pas. La bataille des Guararapes (1648-49) consacre la victoire des forces locales et les Hollandais se retirent définitivement peu après, en 1654.
1669> Fondation de Manaus, au coeur de l'Amazonie.
1694> C'est après maintes attaques que surviennent la reddition et la destruction du quilombo de Palmares, le plus important de l'ère coloniale. Son dernier leader, Zumbi, survit mais meurt l'année suivante. Il est aujourd'hui le symbole de la résistance des Noirs à l'esclavage et demeure un personnage important dans l'imaginaire collectif brésilien.
1699> C'est au cours d'une bandeira que l'on découvre de l'or dans le Minas Gerais. La ruée vers l'or commence et durera un siècle.
XVIIIe siècle> Intensification du trafic négrier. Colonisation de l'intérieur du pays. Apparition du coton, du tabac, du riz et du cacao. Or noir à Ouro Preto, or vert (café) à Rio.
1754> Les jésuites arment les Indiens contre les armées portugaises.
1763> L'économie aurifère favorise le transfert de la capitale de Salvador à Rio.
1785> Soucieux de conserver son emprise sur le Brésil et de continuer à tirer profit du commerce bilatéral, le Portugal interdit l'installation de tout type d'industrie au Brésil.
1788> Le souffle des révolutions atteint le Brésil. Les velléités d'indépendance dans le Minas Gerais (inconfidencia mineira), largement inspirées des Lumières, échouent. La pendaison de Tiradentes, chef des indépendantistes et personnage historique mythique, très présent dans l'imaginaire collectif brésilien, doit servir de symbole à la population. Dans le même temps, le filon aurifère s'épuise.
1808> Pressé par l'avancée napoléonienne sur Lisbonne, le prince régent du Portugal, Joao VI, entouré de sa cour, se réfugie au Brésil et promeut le décollage économique du pays, en ouvrant les ports à l'Angleterre et en permettant l'installation de manufactures et d'usines. Il consolidera également l'unité brésilienne.
1817> La présence de la cour portugaise à Rio renforce le pouvoir de la ville, au détriment de celui des provinces, par ailleurs pénalisées par les difficultés grandissantes de l'industrie sucrière.
C'est dans ce contexte qu'intervient la révolte pernambucaine, largement inspirée des mouvements indépendantistes des Etats-Unis et de l'Amérique hispanique.
1821> Joao VI revient au Portugal lutter contre la révolution. Il laisse le Brésil en régence à son fils aîné, le prince Dom Pedro.
1822> Dom Pedro refuse de rejoindre son père au Portugal et se déclare empereur d'un Brésil indépendant.
L'Empire (1822-1889)
1824> La première Constitution brésilienne consacre la séparation entre l'ancienne colonie et la métropole lusitanienne.
1831> Dom Pedro, dont l'attitude ambiguë vis-à-vis du trône portugais contribue à ternir le prestige auprès de ses sujets brésiliens, abdique en faveur de son fils, Pedro II, alors âgé de cinq ans. La régence s'ouvre et permet l'avènement du parlementarisme, au cours d'une période de forte instabilité politique et de grande agitation sociale, qui s'étendra jusqu'à 1840.
1840> Stabilité politique et développement économique sous le règne cinquantenaire de Dom Pedro II. Basculement économique définitif du pays vers le sud.
1888> Abolition de l'esclavage.
1900> La culture du café s'étend vers São Paulo. On produit 13 millions de sacs de café, contre 130 mille en 1830. Forte immigration européenne, et japonaise. Dissensions entre les coroneis (colonels), les féodaux, et le pouvoir central. Révoltes paysannes dans le Nordeste.
Le XXe siècle
1917> Le Brésil entre en guerre contre l'Allemagne. La communauté germanique reste loyale.
1930> Coup d'État de Getulio Vargas, soutenu par les militaires.
1930> Création d'industries brésiliennes de produits de substitution aux importations.
1937> Vargas s'inspire du fascisme italien, décrète l'état d'urgence et institue l'Estado Novo.
1943> Par opportunisme, le Brésil entre en guerre aux côtés des Alliés.
1955> Élection de Juscelino Kubitschek, mise en oeuvre de Brasilia.
1964> Les militaires renversent le président Goulart. Le régime militaire durera jusqu'en 1985.
1985> Les militaires laissent la démocratie gérer la crise économique, et se placent en réserve de la dictature. Election de Tancredo Neves, puis de José Sarney. Adoption de l'élection au suffrage universel et tentative, interrompue en 1988, de réforme agraire.
1992> Élection de Collor, qui confisque les dépôts des Brésiliens. Il est destitué en 1994 pour corruption.
1994> Intermède d'Itamar Franco, puis élection de Fernando Henrique Cardoso, ex-sociologue et ministre de l'Économie.
1994> Lancement du plan Real, fixant la valeur du réal par rapport à celle du dollar. L'inflation est jugulée et l'économie brésilienne retrouve une certaine stabilité.
1994> Les grands blocs commerciaux sont à la mode : création du Mercosur, traité signé entre le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay.
1998> Réélection de Fernando Cardoso, face à Lula, le candidat du PT (le Parti des travailleurs), au milieu d'une tourmente financière et monétaire.
2001> Crise énergétique. Les faibles précipitations ne permettent pas au pays de produire l'énergie suffisante et il est décidé un rationnement énergétique qui durera un an et perturbera les performances économiques du pays.
Le Brésil aujourd'hui
2002> Élections présidentielles. Ayant assuré deux mandats consécutifs, Fernando Henrique Cardoso ne peut se présenter. Son dauphin, José Serra, a du mal à décoller dans les sondages tandis que son principal adversaire, l'éternel candidat de gauche Lula, a modéré son discours et a le vent en poupe.
1er janvier 2003> Prise de fonction de Lula, premier président brésilien de gauche.
Du 10 au 14 septembre 2003> La cinquième Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du Commerce a lieu à Cancún (Mexique). Les négociations se soldent par un échec suite à l'opposition de Lula qui réclame des rapports plus équitables avec les États-Unis. Cette prise de position lui vaut une grande popularité dans toute l'Amérique du Sud.
Le 16 juin 2005> Démission de ministre José Dirceu, bras droit et ami de Lula ainsi que plusieurs dirigeants du PT suite à des affaires de corruption. Des pots-de-vin auraient été versés à des parlementaires en échange de leur soutien politique.
Octobre 2006> Lula, grand favori de l'élection présidentielle au deuxième tour contre le social-démocrate Geraldo Alckmin, est réélu. Pourtant les espoirs que le peuple avait misés en son champion ne se sont pas tous mués en réalisations concrètes.
Octobre 2010> Élections présidentielles. Après deux mandats, Lula ne peut plus se présenter. C'est sa candidate et ministre Dilma Rousseff qui lui succédera. Elle obtient 56 % de voix au deuxième tour de l'élection présidentielle et rentre dans l'histoire en tant que première femme présidente de la République du Brésil.
Juin 2014 > Coup d'envoi de la Coupe du monde. Après d'énormes manifestations, le climat festif n'est visible qu'à la veille de la compétition, mais il finit par s'y installer. 600 000 touristes du monde entier débarquent au Brésil durant trente jours mémorables de fête. La crainte de manifestations violentes et du manque d'infrastructure pour accueillir les visiteurs ne se concrétise pas et le championnat se déroule sans incidents majeurs, malgré la débâcle historique de l'équipe brésilienne en demi-finale de la compétition.
Octobre 2014 > Dilma Rousseff arrive en tête du premier tour des élections présidentielles et finit au deuxième tour avec une mince avance sur son rival Aécio Neves. Son début de deuxième mandat s'annonce compliqué avec une grave crise de corruption à la Petrobras.
2015 > Le second mandant de Dilma Rousseff n'est pas de tout repos : la chute du cours des matières premières la pousse à adopter une politique économique d'austérité qui s'avère inefficace, les accusations de corruptions et de manipulations comptables se multiplient à l'encontre des membres du gouvernement puis de la présidente elle-même, si bien que dès le mois d'octobre, on parle déjà de la destituer.
31 août 2016> Le Sénat vote la destitution de Dilma Rousseff. Michel Temer, alors Vice-président, vient la remplacer au poste de président du Brésil.
7 avril 2018 > L'ancien président Lula se constitue prisonnier alors même qu'il demeure le favori de l'élection présidentielle de 2018. Deux semaines plus tard, il autorise son parti le PT à choisir un autre candidat.
A partir du XVe siècle, la redécouverte des travaux d'Hérodote et de Ptolémée, l'apport scientifique des musulmans révolutionnait la conception du monde. On abandonnait peu à peu en Europe l'idée d'une terre plate dont les lointaines vagues seraient tombées vers des abîmes infernaux. Les théories sur la rotondité de la terre se diffusaient rapidement. On ne doutait même plus qu'il existât un monde inconnu. En 1494, le traité de Tordesillas repousse la limite vers l'ouest les terres accordées aux Portugais, à 50° de longitude, c'est-à-dire sur la ligne imaginaire qui traverse les futures villes de Belém et Florianópolis. Les Espagnols n'imaginent pas encore qu'ils hériteront d'un empire s'étendant sur des milliers de kilomètres carrés. Cette fin de XVe siècle est marquée par la course aux épices, et chacun cherchant une route par l'ouest vers les Indes rencontrera par hasard les Amériques. En 1499, Manuel Ier le Grand, roi du Portugal, accueille avec fastes et récompenses le retour de Vasco de Gama. Il se presse de profiter de " la porte ouverte sur un monde nouveau ", d'autant qu'au même moment, l'Espagne poursuit son action vers les Indes, et que Christophe Colomb prépare son troisième voyage. Il nomme Pierre Alvarez Cabral, 32 ans, fils de navigateur, à la tête de treize bâtiments commandés par l'élite des navigateurs lusitaniens de l'époque : Barthélemy Diaz venait à peine de rentrer de Guinée et désirait fougueusement se mesurer à nouveau aux fureurs du géant Adamostor, dont il avait le premier violé les solitudes australes.
Diego Diaz et Nicolas Coelho, équipiers de fraîche date de Vasco de Gama, étaient également désireux de repartir à l'aventure. Les équipages comptent alors mille cinq cents soldats et dix-sept ecclésiastiques en charge des âmes. Les instructions du roi sont doubles : rapporter des épices et prêcher le christianisme. Le départ a lieu mais dans la joie et l'excitation. Le 22 avril 1500, au terme d'une périlleuse traversée, Cabral, aperçoit à l'ouest une terre inconnue où il mouille l'ancre. Il la prend pour une île et la nomme Terra de Santa Cruz. A l'emplacement du futur Porto Seguro, entre Bahia et Rio, il venait par hasard de découvrir le Brésil. La plage n'est pas déserte. Des hommes cuivrés, peints de rouge et de noir, armés de flèches, observent, intrigués, l'arrivée de ces étranges personnages revêtus d'écailles dures et brillantes. Le contact est plutôt amical. Les indigènes ont " de bons visages, bien faits... un os dans la lèvre, une coiffe de plumes jaunes ". Ils mangent avec circonspection, dorment sur le pont et repartent le matin avec des cadeaux, accompagnés de quelques Portugais, qui seront à leur tour bien accueillis. On danse, on rit, on dépose les armes, on troque. C'est le début à la fois d'une grande histoire et d'une grande tragédie.
En 1537, le pape Paul III reconnaît que les Indiens sont des hommes à part entière et interdit l'esclavage. Les jésuites se chargent de protéger les Indiens, en créant des missions et en les accueillant par milliers. Mais en les sédentarisant de la sorte, ils les éloignent progressivement de leur culture. A la suite des guerres franco-portugaises du milieu du XVe siècle, les Tupinambas sont décimés et les Tupis réduits en esclavage ; tous sont victimes d'épidémies. Pour leur bonheur ou leur malheur, les Indiens sont de piètres esclaves, rétifs, fragiles, incompréhensibles, indisciplinés, nés pour être libres. On choisit rapidement de leur substituer des Africains. Dès lors, ils ne seront plus que des gêneurs et seront progressivement chassés de leurs terres. En 1650, des expéditions portugaises déciment les Indiens d'Amazonie. Les missionnaires jésuites pourchassent les pajés, sorciers indiens. L'esclavage indien se perpétue en effet malgré tout. La Bandeira est cette bannière chrétienne qu'arboraient les bandeirantes, qui partaient du littoral et longeaient les fleuves vers l'intérieur des terres, ramenant en esclavage les Indiens rescapés de leurs massacres. Deux thèses s'affrontent au sujet du sort des Indiens : celle du génocide et celle du métissage. Lévi-Strauss évoque un génocide indien par les Portugais, du XVIe au XIXe siècle. Aux bandeirantes ont succédé les chercheurs de caoutchouc, les spéculateurs s'engageant à livrer un territoire " libéré " (de tout habitant), et les chercheurs d'or ou de diamants. Les tenants d'une histoire plus pacifique observent que les cinq cent mille Portugais venus au XVIe siècle étaient trop peu nombreux pour avoir peuplé seuls le Brésil à la place des Indiens. Jusqu'en 1800, ils notent une forte progression de la population brésilienne sans grand courant d'immigration : les Indiens étaient devenus Portugais, les Portugais étaient devenus Indiens. On peut observer en effet aujourd'hui, à Belém ou à Manaus, une prédominance du type indien.
Les dignitaires portugais sont vivement déçus : ni soieries, ni épices, ni métaux précieux. Cabral ne ramène qu'une paire de perroquets et un peu de bois ! Malgré tout, ce bois paraît digne d'être expédié en Europe, pour sa faculté à teindre les étoffes et les oeufs de Pâques en rouge. On en tire également une laque et une peinture carmin, la rosette, que les Portugais nomment arbre-brasier, pau brasil. La Terra de Santa Cruz devient le Brésil.
La suite démontre le pragmatisme lusitanien, déterminé, selon l'historien Gilberto Freyre par sa miscibilité et sa mobilité. Le Portugal ne compte à l'époque que deux millions d'habitants et les Portugais qui traversent l'Atlantique - colons de vocation, juifs convertis, mais également criminels et proscrits - sont en trop petit nombre pour peupler cette grande terre. Ils procéderont à son assimilation, en s'unissant aux Indiennes.
En 1542, l'Espagnol Orellana, parti de Quito sur la côte Pacifique, traverse les Andes avec ses hommes en casque de fer, et, redescendant par la rivière Coca, rejoint un immense fleuve. Affamés, les conquistadors mangent jusqu'à leurs chaussures. Ils sont attaqués, selon les sources, par des Indiens Cumuris, imberbes, qu'Orellana prend pour des femmes et pour de vraies guerrières, armées d'arcs et allant nues. Gaspar de Carvajal, le père de l'expédition, relate qu'il rencontrera une tribu vouant un culte à une autre tribu, de femmes celle-là, en glissant du vin dans la maquette en bois d'un village et en leur offrant des plumes pour orner les toits de leurs temples.
Il baptisera ce fleuve " Amazone ", du nom des guerrières de la mythologie grecque. D'autres Blancs en butte avec de vraies femmes et même certains qui ne les rencontreront jamais, comme le pourtant scrupuleux Charles de La Condamine, conforteront cette belle légende.
Pour administrer et défendre les nouveaux territoires, le roi Joao III crée des " capitaineries héréditaires " confiées à des nobles risquant leurs biens. Ceux-ci y transposent le modèle féodal tandis que la Couronne portugaise prélève un cinquième des richesses.
Après s'être désintéressés du bois au profit des épices venues de l'autre côté de la planète, les Portugais placent le XVIIe siècle sous le signe du sucre. En vertu du pacte colonial, l'économie des Indes occidentales est dirigée dans le seul intérêt de la métropole. Aux XVIe et XVIIe siècles, le Brésil est donc une plantation de canne à sucre, selon le modèle transposé de l'île de Madère. Sa production est organisée autour des engenhos (moulins), dont les maîtres exploitent tout ou partie du domaine et louent le reste aux lavradores.
Malheureusement, le succès aidant, l'expérience est étendue aux Antilles et, vers 1680, le Brésil commence à sérieusement pâtir de cette concurrence. La Couronne portugaise interdisant aux colons de réinvestir les profits du sucre dans d'autres industries, les conséquences sont lourdes pour des régions, prisonnières de cette monoculture, et pour les hommes, apathiques pendant des siècles. Les plants de tabac servent alors de monnaie d'échange contre les esclaves.
Les Français tentent en vain de s'approprier les terres portugaises. Ils sont divisés par des querelles religieuses. Il leur en aura peut-être coûté ce pays-continent. Venus avec des principes, ils repartent avec des désillusions. Dès 1503, des marins de Dieppe et de Honfleur embarquent des animaux, de l'ambre, du coton. La guerre navale éclate contre les Portugais. François Ier, se moquant du traité pontifical de Tordesillas, se réfère au testament d'Adam et Eve.
En 1555, à Rio, c'est sous la bannière de la France antarctique que le vice-amiral breton, Villegaignon, célèbre brute épaisse, puis son neveu Bois-le-Comte, se font bouter hors du Brésil. Leurs alliés Tupinambás, rebelles aux Portugais, sont décimés. A l'inverse, Jean de Lery fraternise avec les indigènes, et trouve ainsi les éléments de son livre, Voyage en terre du Brésil, la bible de tous les futurs.
Sympathique et malheureuse sera l'intervention à São Luis, sous la bannière de la "France équinoxiale", des hommes de Daniel de La Touche, que les Indiens appellent les perroquets jaunes (papagaios amarelos), comme ils sont blonds et bavards. Ils libèrent les Indiens du servage, mais, abandonnés par la Couronne, en 1615, ils rendent les armes. C'en est fini des rêves de l'hégémonie française en Amérique du Sud.
Le temps des négriers dure plus de trois siècles, du XVIe au XIXe siècle. En remplacement de la force de travail indienne, on importe trois millions d'esclaves de Guinée, du Dahomey, de l'Angola, du Soudan, du Mozambique ou du Nigeria. Dans les plantations de canne à sucre, puis dans les mines d'or, les esclaves meurent, en moyenne, huit années après leur arrivée. Huit ans, c'est donc la durée choisie pour calculer leur amortissement. Leur nombre exact est inconnu, Rui Barbosa, député de l'époque, ayant fait détruire les archives de la traite en 1890. Un pilori se dresse toujours à Alcantara. Ce sort peu reluisant amène les esclaves à s'enfuir et à se regrouper en villages dissidents dans la forêt : les quilombos résistent pendant plus d'un siècle, menant parfois des expéditions punitives contre les villes. Le quilombo le plus célèbre, celui de Palmarés, dans l'Alagoas, résiste 90 ans avant de tomber sous les assauts des Portugais, en 1694. Son roi, Zumbi, encore révéré aujourd'hui, est capturé deux ans plus tard, et l'on exhibe sa tête au bout d'une pique, pour l'exemple. Le tricentenaire de cette date a été intensément commémoré à Bahia.
Au XVIIIe siècle, la ruée vers l'or intensifie le besoin de main-d'oeuvre et le trafic négrier explose. Carelli cite Hercule, observateur du XIXe siècle : " Les pauvres nègres ont le courage de s'enfoncer dans les bois, à plusieurs jours de marche, exposés aux tigres et à la férocité des Indiens sauvages, qui, en ne les prenant pas pour des hommes, sont encore plus impitoyables pour eux que les Blancs. "
En 1850, sous la pression anglaise, la traite des Noirs est abolie ; le Brésil est le dernier pays à abolir officiellement l'esclavage, le 13 mai 1888. A cette époque, le café constitue 61 % des exportations, complétées par le coton et le sucre, dont les plantations nécessitent alors une abondante main-d'oeuvre, que la princesse Isabel délivre du servage. La crise du café s'en suit et Isabel abdique, payant de sa couronne la libération de son peuple. Les Noirs libérés, les Blancs pauvres n'ont d'autres ressources que de travailler pour des patrons rétribuant le fruit de leur sueur et de leur sang à des prix fantaisistes. Ainsi sont morts jusqu'au début du siècle, par dizaines de milliers, les saigneurs de caoutchouc, les planteurs de canne à sucre et de café.
En 1699, les bandeirantes de São Paulo s'enfoncent vers l'intérieur des terres et découvrent leur Eldorado, le Minas Gerais (Mines générales). Le cycle de l'or dure jusqu'en 1800, et, dans un certain sens, il dure encore, bien qu'à une échelle bien moindre et plus industrialisée, le Brésil étant depuis trois siècles l'un des premiers producteurs d'or du monde.
Venues d'Europe, les idées d'indépendance germent dans le Minas Gerais, dont les habitants supportent de plus en plus mal la forte fiscalité portugaise, alors même que les revenus de l'or se tarissent. Des révoltes anticoloniales ne tardent pas à apparaître, menées par Tiradentes (littéralement " tireur de dents ", il était dentiste). C'est l'épisode de l'inconfidencia mineira, dont le héros est pendu en 1792. D'autres révoltes ont lieu en 1798 à Bahia.
En 1817, à Recife, les natifs s'opposent aux colons nés au Portugal. La révolte républicaine défie le pouvoir durant trois mois, et est durement réprimée par les troupes royales. C'est par une curieuse pirouette de l'histoire que le Brésil gagne son indépendance et il n'y a finalement ni grandes révolutions ni sanglantes batailles, comme c'est le cas dans le reste de l'Amérique latine.
Au début du XVIIIe siècle, le roi Joao VI du Portugal, jusqu'alors attaché par sa fonction à l'intégrité des conquêtes lusitaniennes, doit fuir Lisbonne, menacé par les armées de Napoléon, et s'installe à Rio avec sa cour.
Dans un premier temps, il s'emploie à la fois à renforcer et à émanciper la colonie. Sa présence contribue grandement à éviter l'éclatement du Brésil, à l'époque juxtaposition sans logique d'intérêts particuliers. Les ports brésiliens s'ouvrent au commerce étranger. Des institutions administratives, artistiques et scientifiques sont créées à Rio, qui en font une véritable capitale.
Joao VI doit toutefois repartir, dès 1820, car une autre révolution survient à Lisbonne. Il laisse son fils, le prince régent Dom Pedro Ier, à Rio. Celui-ci, tel Brutus, le 7 septembre 1822, trahit la royauté lusitanienne aux cris de Fico, " Je reste ", et " l'indépendance ou la mort ! ". Il abdique en faveur de son fils Dom Pedro II, " Brésilien dans l'âme " et despote éclairé, de 1831 à 1880. L'empire prend fin avec la fin de l'esclavage.
La France a eu de grandes ambitions de conquête du territoire brésilien. Toutes ses tentatives se sont néanmoins soldées par de cuisants échecs et seule une petite parcelle du territoire sud-américain reviendra à la France, la Guyane. Plus tard, au XVIIIe siècle, le Français Charles de La Condamine effectue un travail scientifique en Amazonie. En 1816, le roi invite les artistes français Tauney, Debret, Ferrez, de Montigny à enseigner à l'Académie des beaux-arts de Rio. C'est le début de la mission culturelle française. Ils inaugurent un siècle de prédilection brésilienne pour Paris. On lit, parle, pense, construit, s'habille, boit, s'amuse ; on aime " français ". Rio est aménagée par des urbanistes français, pour ressembler à un Paris tropical.
La revue Autrement, en janvier 1890, relate que l'empereur Dom Pedro Ier lui-même a fauté et a eu un enfant avec une modiste parisienne, madame Saisset, dont le mari discret a fait (du même coup) d'excellentes affaires. Le 14 juillet 1889, on chante La Marseillaise en ville. Sarah Bernhardt et Anatole France, dans leurs petits souliers, sont reçus en grande pompe.
" Tu étais un étranger mais le Brésil t'accueille. " La pancarte, écrite en portugais, en allemand, en tchèque et en russe, qui se balançait au début du siècle dans le port de Rio, a dû réchauffer le coeur de plus d'un immigrant. En 1819, des Européens s'installent dans le froid des montagnes du sud : des Suisses fondent Nova Friburgo. En 1824, le médecin allemand Blumenau organise le premier regroupement des " Teutons-Brésiliens ". En 1884, après l'échec européen des Allemands, des intellectuels libéraux viennent grossir la vague germanique. Les Allemands restent loyaux au Brésil en 1917, alors que le pays s'engage aux côtés de la France. Par prudence, le gouvernement accélère les démarches de naturalisation pendant la Seconde Guerre mondiale. Au début du XXe siècle, les besoins de main-d'oeuvre des exploitations caféières du sud attirent 1,5 million d'immigrants italiens. L'ampleur du mouvement migratoire est telle, que le gouvernement italien l'interdit dès 1902. Ils sont suivis de centaines de milliers d'Allemands, Espagnols, Polonais, Russes, Proche et Moyen-Orientaux (baptisés " Turcs ") et, à partir du XXe siècle, de Japonais. Ces derniers sont devenus horticulteurs ou maraîchers, et on rencontre leurs descendants à São Paulo et à Santa Catarina. Certains ont bâti des empires dans le secteur primaire, l'industrie ou les services. Les Français seront moins nombreux. Parmi eux, le grand-père de Marcel Pagnol, qui travaille sur les bateaux. L'écrivain ne le connaîtra jamais car " il fit comme tout le monde ", en mourant peu après son arrivée de la fièvre jaune. Le Brésil a fermé ses frontières aux non Portugais dans les années 1980, après avoir accueilli plus de 5 millions d'Européens.
Dans le Sertão, les paysans jetés sur les routes par la sécheresse se regroupent, au XIXe siècle, pour vivre d'expédients, parfois sous la férule d'un illuminé. A Canudos, devenu leur repaire, les troupes impériales essuient deux échecs avant de venir à bout des républicains. Les paysans décapitent les soldats et plantent les têtes sur des piques, à gauche et à droite de la route, et décorent les buissons avec les uniformes et les musettes, afin de mettre un peu de gaieté dans le paysage et souhaiter la bienvenue aux troupes suivantes.
Au début du XXe siècle, la violence continue dans les campagnes et le système féodal, hérité des capitaineries du XVIe siècle, perdure ; les coroneis succèdent aux " capitaines ", agissant souvent pour leurs propres intérêts. De nombreuses révoltes éclatent dans le Nordeste, réprimées dans le sang.
A la fin du XIXe siècle, des bandes armées - les cangaçeiros - parcourent la région semi-aride du Nordeste brésilien et s'opposent violemment aux grands propriétaires terriens. Ce phénomène du cangaço, qui prendra fin à la mort, en 1940, du dernier grand chef de bande - Corisco, le diable blond - ne tardera pas à devenir une légende. Dès le début du siècle, les poètes populaires nordestinos immortalisent les prouesses des cangaçeiros à travers une littérature régionale, sorte de chanson de geste, le cordel (en référence aux cordes sur lesquelles les feuillets fraîchement imprimés sont mis à sécher). Sur les marchés et les foires, on chantera ou on lira à haute voix l'épopée tragique de ces héros d'autrefois, notamment de Lampião, le plus connu d'entre eux.
Face à l'Enfer vert, au paludisme, au béribéri, à la malaria, l'homme s'est senti pendant longtemps bien modeste et démuni. Au début de l'époque du chemin de fer, on veut entreprendre la construction d'une voie ferrée entre Porto Velho et Guajará-Mirim, dans l'extrême ouest, vers le Rio Madeira. Une société nord-américaine décide de relever fièrement le défi. " Le pays est un abattoir ", déchante rapidement un ingénieur. " Les ouvriers tombent comme des mouches. Ici, les marécages alternent avec les falaises de porphyre. Avec tout le capital et la main-d'oeuvre du monde, ce serait impossible ". L'entreprise est abandonnée, après avoir tracé seulement 8 km, sur les 400 km prévus. L'expérience suivante se solde également par un cuisant échec, un ouvrier sur deux meurt dans l'aventure. Il est même décidé d'importer d'Australie le bois destiné aux traverses, car la jungle, pourtant riche en essences de qualité comparable, est inexploitable sur place ! Le jour arrive enfin où une locomotive entre triomphalement dans Porto Velho. Des volets de bois protègent le conducteur des éventuelles flèches des Indiens. Malgré les beaux rubans d'inauguration du chemin de fer, les cours du caoutchouc ne tardent pas à chuter et tant de sang et de larmes n'y font rien : la ligne tombe aussitôt en désuétude.
L'hévéa n'a poussé qu'en Amazonie, vers la Guyane française, durant des millions d'années. La sève de ce grand arbre ressemble à du lait, et, une fois coagulée à l'air libre, ou cuite dans l'eau bouillante, elle donne une matière insoluble dans l'eau, qui ramollit en chauffant. " Les natifs d'Amérique en faisaient déjà des balles ", rappelle Michel Rival, dans Les grandes inventions (Larousse). " C'est Charles de La Condamine qui lui donnera son nom occidental à partir de l'indien cahuchu ". Sous cet état, le caoutchouc n'est pas pratique : " Les Espagnols ont remarqué ce défaut lorsqu'ils ont voulu imperméabiliser leurs manteaux : par forte chaleur, ceux-ci se sont mis à fondre ! " En 1839, l'Américain Goodyear, après une longue recherche empirique pour ôter la sensibilité à la chaleur du caoutchouc, constate qu'il suffit pour cela de le chauffer avec du soufre. Le pneu naîtra cinquante ans plus tard des mains du vétérinaire écossais Dunlop. Il s'ensuivra un nouveau cycle, celui du caoutchouc. Il devient indispensable, le monde entier est un client de la jungle. La fortune vient aux Brésiliens saigneurs de caoutchouc, les seringueiros, dont l'origine tient à la pratique des Indiens, qui se servent du caoutchouc pour confectionner des sortes de seringues.
Le roi de l'automobile, l'Américain Henri Ford, fait même une tentative d'implantation en Amazonie. Il se heurte vite à des difficultés imprévues. La main-d'oeuvre (des gens du Nordeste, si doux de prime abord) se révolte contre le régime de corn-flakes importé par les patrons américains et Ford met vite la gomme. En 1911, arrivent de mauvaises nouvelles des antipodes. En Malaisie, des hévéas sont apparus.
Un Anglais, Wickham, qui avait collecté discrètement des graines dans la région, a réussi à les faire sortir du Brésil en prétendant aux douaniers qu'il s'agissait de curiosités destinées à la reine d'Angleterre. Il met en serre les rescapées du voyage et les fait replanter en rangs serrés en Asie. Les cours s'effondrent en quelques mois. Puis Collins invente en 1931 un dérivé artificiel plus performant, le néoprène, qui scelle définitivement la fin d'une époque.
En 1910 est créé le SPI, Bureau de protection des Indiens, sans plus de moyens que la FUNAI, qui lui succédera.
Le général Rondon, adepte de Gandhi, mort en 1958, et dont un Etat du Nord porte le nom, est un officier chargé de faire poser des lignes télégraphiques dans le désert du Mato Grosso. Tâche peu aisée. L'histoire officielle rend hommage à Rondon, qui, pris de compassion pour les Indiens nomades, aurait eu envers eux une politique respectueuse. " Mourez, mais ne tuez jamais. ", telle était sa devise. Sa légende raconte qu'il a intégré une douzaine de tribus sans perdre un homme.
La déforestation et, depuis 1970, les percées de l'Amazonie par de grandes routes et travaux ont été dramatiques pour les tribus. En 1992, les Indiens d'Amazonie et de Colombie se sont réunis en congrès à Caruru, à la frontière de la Colombie et du Brésil.
Certains ont voyagé plusieurs jours à pied et en pirogue et arrivent peu amènes. Ils se plaignent de devoir payer l'équivalent d'un an de pêche pour une carte d'identité qu'ils n'ont jamais demandée. Ils ont commémoré le 500e anniversaire de " l'invasion de leur pays " et scellé la sécession, tous concepts ravissant moyennement le consentement des militaires des deux pays. Les plus optimistes voient aujourd'hui une amélioration des conditions de vie des Indiens, tant en termes économiques que politiques. La lutte pour la reconnaissance de leurs droits continue.
Barão do Rio Branco (1845-1912). Ce professeur, politique, journaliste et historien, né à Rio de Janeiro en 1845, a été une figure emblématique dans l'histoire politique du pays. En effet, le baron a défendu le territoire brésilien en négociant avec les pays limitrophes les frontières du Brésil moderne, surtout en Amazonie. Aujourd'hui il est considéré le père de la diplomatie brésilienne. Le premier des traités signés a été avec la Bolivie, au début du XXe siècle. Il a ainsi mis fin au conflit de longue date et a empêché ce pays d'occuper la zone où se trouve actuellement l'État de l'Acre, dans le Nord. Il a également signé des accords concernant les frontières avec l'Équateur, le Suriname, la Colombie, le Pérou et même l'Argentine en 1910.
Percy Fawcett (1867-1925). Ce britannique né à Torquay entame une carrière militaire en tant qu'officier en 1886. Après diverses missions sur l'île de Ceylan, en Afrique du Nord et à Malte, il est contracté en 1906 par la Société de géographie de Londres pour régler un différend territorial sur une zone frontalière entre les gouvernements bolivien et brésilien, alors que dans ces régions tropicales la course au caoutchouc fait rage. En sept ans, il organise six expéditions dans des zones jusqu'alors inexplorées par les gouvernements centraux, détaillant minutieusement la topographie des lieux ainsi qu'une faune et une flore encore non-répertoriées. Des rumeurs de cité perdue lui parviennent, qui ne convainquent pas ses créanciers londoniens, poussant Fawcett à poursuivre ses recherches et expédions mais cette fois-ci pour son propre compte. Le récit d'un Portugais datant de la moitié du XVIIIe siècle faisant état de l'existence des ruines d'une cité située dans la Serra do Roncador, à l'est du rio Xingu, termine de la convaincre. Après la Première Guerre mondiale, à l'occasion de laquelle il réintègre l'armée britannique, l'explorateur monte une nouvelle équipe composée de son fils Jack et d'un ami de ce dernier, avec pour objectif de rallier ce qu'il a nommé le " point Z ". Les trois explorateurs quittent Cuiabá, dans le Mato Grosse, en avril 1925 en direction de la Serra do Roncador et Fawcett laisse un dernier message le 29 mai. Aucune nouvelle n'émane de l'équipe l'année qui suit, ni la suivante, si bien qu'une expédition de secours est montée en 1928, puis d'autres dans les années 1930 et 1940, en vain. Dès lors, les légendes entourant la disparition de Fawcett se multiplient et alimentent l'imaginaire : il se serait marié avec une princesse indienne, aurait trouvé la fameuse cité et aurait décidé de ne jamais rebrousser chemin, se serait fait assassiner par la féroce tribu des Kalopalos... En 2005, un journaliste de New York, David Grann, enquêtant sur la disparition de l'explorateur dans un village Kalopalo de la région de Xingu découvre qu'une tradition orale continue d'être entretenue autour de cet homme blanc (un film de James Gray, The Lost City of Z, a été adapté de ce livre en 2016). Quoi qu'il en soit, le mystère reste entier.
Lampião (1897-1938). Né le 7 juin 1997, dans le village de Serra Talhada, Virgulino Ferreira da Silva, connu comme " Lampião " (qui signifie " lanterne " en brésilien), fut peut-être l'un des plus célèbres chefs de cangaçeiros, ces bandits nomades errant dans les vastes plaines du sertão dans les années 1920 et 1930. Alors qu'il a une vingtaine d'année et travaille comme artisan du cuir, son père, paysan, est abattu par la police brésilienne durant un conflit entre deux familles du village. Animé par un esprit de vengeance, il rejoint le cangaço et entame une vendetta de 19 années qui le rendra célèbre, jamais accompagné de plus de 50 équipiers à cheval. Les cangaçeiros, en raison de leur attitude charitable envers les couches les plus pauvres de la population, avaient, malgré leur mode de vie en marge de la loi, plutôt bonne réputation parmi les habitants pauvres du Brésil, et étaient même souvent aidés par ces derniers. C'est par cette figure de héros-bandit que Lampião gagna les surnoms de Senhor do Sertão (" Seigneur du Sertão ") et de Rei do Cangaço (" Roi du Cangaço "). C'est un indicateur qui en 1938 donna à la police l'emplacement du campement de Lampião, sa femme Maria Bonita et dix de ses hommes. Tous se sont fait massacrer.
Chico Mendes (1944-1988). Francisco Alves Mendes Filho, né en 1944 dans une famille de seringueiros (ouvriers récupérant le latex des plantations de latex en Amazonie) de la ville de Xapuri, dans l'État de l'Acre, il commence lui-même, dès 11 ans, en travaillant comme seringuero. Dans les années 1960, le marché mondial est inondé de caoutchouc synthétique et de latex asiatique, moins cher, provoquant la faillite de nombreuses petites productions brésiliennes. Les grands propriétaires terriens rachètent alors les terres des paysans plus modestes et des Amérindiens à bas prix, mettant ces derniers dans une position économique préoccupante. Chico Mendes entame alors un mouvement de lutte et de défense à la fois des ouvriers, des communautés traditionnelles et de l'environnement que les grands propriétaires saccagent en élevant de gigantesques troupeaux de bétail destinés au marché nord-américain. Sous la bannière du Parti des Travailleurs (PT), Chico Mendes propose de créer de réserves forestières dans lesquelles les zones de pâturages seraient limitées. Il devient finalement président d'un syndicat de défense des travailleurs du caoutchouc et organise des manifestations non-violentes pour la protection de l'environnement. Ses actions en viennent petit à petit à couvrir un spectre bien plus large que la sauvegarde des hévéas et parviennent aux oreilles des ONG internationales et du grand public. En 1988, il lance une campagne de résistance pacifique contre la déforestation en Amazonie, s'attirant les foudres d'un grand propriétaire nommé Darly Alves Da Silva. C'est ce dernier qui le fera assassiner le 22 décembre 1988, chez lui à Xapuri, provoquant un émoi international et faisant de Chico Mendes une figure essentielle de la protection de l'Amazonie, de sa flore, de sa faune et de ses habitants. Après sa mort, de nombreuses réserves sont créées, et le commanditaire de son meurtre est jugé et emprisonné. La lutte pour l'environnement semble malgré tout loin d'être terminée.
En 1865, la victoire sur le Paraguay fait prendre conscience aux militaires de leur force, ce qui scelle l'avènement de fortes implications de l'armée sur les hautes sphères du pouvoir. Prenant prétexte de la " crise caféière ", celle-ci dépose Pedro II le 15 novembre 1889. Appuyée par les grands propriétaires, partisans de l'esclavage, elle décrète la " république du café ", sous la bannière positiviste Ordem et Progresso. En 1891, le Brésil se dote d'une inutile Constitution laïque, inspirée de celle des Etats-Unis, que sept autres suivent. En 1910, l'armée fait élire Da Fonséca.
En 1922, Bernadès est élu et les tenentes se chargent de mener la rébellion de l'armée à Rio. En 1930, les militaires et les gauchos viennent à cheval du Rio Grande do Sul jusqu'à Rio porter Getúlio Vargas au pouvoir et instaurer un régime populiste. En 1937, prétextant un complot communiste, Vargas décrète l'état d'urgence, suspend la Constitution et institue l'Estado Novo, régime inspiré du fascisme italien, tout en entrant en guerre contre l'Axe par opportunisme en 1942. En 1935, Olga Benário et son ami brésilien Luís Carlos Prestes tentent un coup d'Etat communiste. Ces politiciens aventuriers, personnages de légende, ont inspiré un roman à Amado, Le Chevalier de l'espérance. Les grands yeux clairs d'Olga, juive allemande, sont toujours à la une des librairies de Rio. Tous deux se rencontrent à Moscou en 1934. Olga avait enlevé du tribunal de Berlin un militant communiste.
En 1935, ils sont investis par le parti communiste pour aller faire la révolution au Brésil. Carlos mène durant deux ans son régiment mutiné contre la dictature, en une longue marche dans tout le Brésil, et effectue dix ans de prison. Olga, livrée à la Gestapo de Rio par le gouvernement Vargas, est gazée, en 1942, à Bernburg.
En 1954, les militaires ont le regret d'annoncer à Vargas sa déposition, et lui tendent fort civilement un revolver. Désappointé, cédant à la pression de ses nombreux " amis ", il se suicide.
En 1955, Juscelino Kubitschek, président élu par les députés, fait édifier ex nihilo, dans un souci de rééquilibrage économique nord-sud, une capitale futuriste, Brasilia, au centre géographique du pays, et lance d'ambitieux programmes d'industrialisation, interrompus en 1964. En 1960, l'armée impose Goulart et un régime parlementaire, plus faible, puis, en 1963, alors que l'agitation sociale est à son comble, un régime présidentiel ; enfin, le 1er avril 1964 marque la fin des plaisanteries : le président Goulart, aux lubies de gauche, est renversé et le maréchal Castello Branco lui succède. La politique économique suivie par l'armée favorise la prédation des ressources naturelles et humaines et renforce l'inégalité des revenus. L'accent est mis sur les exportations et l'industrialisation à tout va, au prix d'un endettement important. De cette période noire subsistent encore trois choses : les escadrons de la mort, qui exécutent les plus pauvres encore aujourd'hui ; l'Eglise, qui en soutenant les pauvres, y ancre son influence, laquelle ne sert pas toujours à bon escient ; et le FMI, qui impose plus tard, suite à l'endettement excessif, des conditions austères de retour à l'équilibre et tient le pays sous sa coupe.
Le Brésil suit la conjoncture du reste du monde : après trente ans de forte croissance, le renchérissement du pétrole en 1974 marque la fin des quelques vaches grasses du " miracle économique " brésilien. L'armée, sous le poids du mécontentement populaire, lâche du lest et organise des élections législatives ; les députés se retourneront contre le pouvoir. Marquées par un vent de liberté, ces élections amèneront au pouvoir des hommes devant gérer la crise économique : en 1980, le FMI présente l'addition. L'armée, tout en se retirant, ne peut s'empêcher de laisser un bon souvenir, en se livrant à quelques exactions et attentats contre l'opposition, en 1981, ou en aidant à réprimer les grèves en 1980. En 1985, l'opposant du parti du Mouvement démocratique brésilien, José Sarney, essuiera les plâtres de la démocratie.
Le 7 mai 1985, on donne le droit de vote aux analphabètes (30 % de la population). Aujourd'hui encore dans les campagnes, on voit des miséreux avec, pour tout bien, des hardes de t-shirts délavés, arborant sur la poitrine le nom et la photo d'un candidat député, afin que les " clients " n'oublient pas leur candidat. Le suffrage universel est adopté pour l'élection présidentielle.
En 1989, on élit pour la première fois le président de la République au suffrage universel. Fernando Collor de Mello, 40 ans, beau et jeune, s'impose grâce à son image. Sa présidence sera désastreuse. En 1992, le désordre est à son comble. L'inflation atteint les quatre chiffres, alors même que la demande est atone, l'épargne est confisquée, les investissements sont nuls et le produit national en pleine régression. Fernando Collor est destitué pour corruption, ce qui marque une première dans l'histoire du pays. Il se retire dans son fief, l'Etat nordestin d'Alagoas, toujours aujourd'hui sous la coupe de sa famille, et sans surprise l'un des plus pauvres du pays.
Suite à la longue histoire de lutte paysannes et de la demande croissante pour une reforme agraire, les paysans se sont regroupés dans les années 1980 au sein du Movimento dos Sem Terra ou MST (Mouvement des sans-terre), formé par ces paysans ne possédant pas de terre et ne pouvant ainsi pas vivre de l'agriculture. Au fil des années, le MST est devenu un des mouvements politiques et sociaux les plus importants de l'histoire du Brésil et ses actions ont surement impacté l'avancée de la réforme agraire. Toutefois, l'opinion publique est aujourd'hui partagée sur ce mouvement ; cela est dû aux actions très musclées menées par une partie du groupe et à son étroite liaison avec le Parti des Travailleurs. Sans dénigrer la cause, on accuse le MST d'être devenu trop violent (sacages de bâtiments publics lors de manifestations à Brasilia, par exemple) et ses leadeurs de manipuler les paysans les plus humbles.
Née en 1958, revigorée en 1985 avec la démocratie, la réforme agraire rencontre immédiatement l'opposition de l'oligarchie des grands propriétaires terriens, dont les milices empêchent toute répartition des terres inexploitées, pourtant attribuées au domaine public. Elle repose sur une loi de 1967 réquisitionnant contre indemnité toute terre sous-exploitée et l'attribuant à des démunis. En 1995, 1 % des propriétaires possèdent 45 % des terres et 5 millions de familles vivent sans terre dans les campagnes, parfois dans des campements. Le Nordeste est la principale région de conflits agraires. Au Parlement brésilien, quatre députés sur cinq possèdent une propriété grande de centaines d'hectares. C'est pourquoi, entre autres choses, les programmes de redistribution des terres improductives envers les plus pauvres ont peu de chances d'aboutir. En 1967, les militaires ont promulgué un inutile " statut de la terre ", avec expropriations à la clé. Entré en charge le 1er janvier 1995, le président brésilien Fernando Cardoso a annoncé un programme portant sur 280 000 lots en quatre ans. Après avoir fait exproprier un million d'hectares liés à 148 fazendas réparties sur 21 Etats, il a chargé l'INCRA de les répartir entre 217 familles de paysans sans terre, dans le cadre du Programme national de réforme agraire (PNRA). 17 000 des 40 000 familles pour lesquelles une redistribution de terre était prévue en 1995 ont obtenu satisfaction. Depuis, de nombreuses fazendas ont été occupées par le Mouvement des Sans-Terre (MST), dans plusieurs États différents. Des supermarchés et de nombreux camions de marchandises ont été attaqués ; ainsi le 21 mai 1998, 300 militants attaquent un convoi de camions pour nourrir 2 400 familles de sans-terre du Pernambuco. L'objectif affiché du MST est de changer le modèle de société : " Nous voulons une société socialiste et égalitaire. Il y en a à qui ça ne plaît pas ? Il y en a 100 millions qui le veulent. " Leur théorie est un mélange de marxisme, tendance guévaro-maoïste (à Bahia par exemple, une école porte le nom du Grand Timonier), et de christianisme révolutionnaire de la théologie de la libération. Le gouvernement Lula, mésestimant certainement le poids politique des grands propriétaires, n'a que très partiellement répondu à l'attente des paysans les plus démunis. Le MST et l'aile gauche des " pétistes " se sont désolidarisés d'un gouvernement que d'aucuns jugent trop timoré pour être réellement efficace. Aujourd'hui le mouvement a perdu de la force - certains accusent les leaders de manipuler les plus démunis - et il est, hélas, très souvent lié à des actes de vandalisme.
Fernando Henrique Cardoso, ex-sociologue de gauche ayant enseigné à Nanterre, auparavant banni par les militaires et interdit de séjour aux États-Unis, est élu président en 1995 avec un parcours le rapprochant de celui de François Mitterrand. Sa principale réussite est la relative stabilisation de la monnaie, le réal, malgré la crise de 1999 et l'endiguement de l'inflation. En revanche, sa politique sociale demeure limitée et, durant ses deux mandats, les inégalités se creusent, pour faire du Brésil le pays le plus inégal au monde. En 2002, Lula da Silva est finalement porté à la présidence du pays, avec comme priorité absolue la lutte contre la pauvreté, endémique il est vrai au Brésil (un tiers de sa population vit avec moins d'un dollar par jour). L'ancien métallurgiste récupère les espoirs des classes les plus défavorisées. Son programme Fome zero (faim zéro) soulève l'enthousiasme des foules. Lula, dont la cote augmente lors du forum social de Porto Alegre en 2001, affirme alors que sa première priorité est de " donner aux habitants du Brésil la possibilité de faire trois repas par jour ". Il met en oeuvre, tout au long de ses deux mandatures, des mesures sociales fortes : Fome zero au sein duquel la Bolsa Familia attribue jusqu'à 95 R$ par jour aux familles les plus pauvres - sous condition d'éducation des enfants et de vaccination des membres de la famille - et qui aujourd'hui bénéficie à plus de 11 millions de familles brésiliennes ; augmentation du salaire minimal, qui est passé de 200 R$ en 2002 à plus de 724 R$ en 2014 (soit une augmentation hors inflation de plus de 60 %) ; mise en oeuvre d'un grand Programme d'accélération de la croissance (PAC), mené par sa " ministre de la Maison civile ", Dilma Rousseff, présidente du pays de 2011 à 2016, visant à améliorer les infrastructures publiques (500 milliards de reais investis entre 2006 et 2010) ; " Minha casa, minha vida " (Ma maison, ma vie), programme de création de plus d'un million de maisons pour loger les plus déshérités... La bonne image dont jouit Lula au Brésil et à l'étranger va être régulièrement mise à mal. La corruption éclabousse les collaborateurs de l'ancien syndicaliste. Les ramifications du pouvoir central atteignent encore rarement l'intérieur des terres, où le sous-développement et le clientélisme sont endémiques. Le 14 mai 2004, la revue Veja révèle que Roberto Jefferson, le président du Parti travailliste brésilien, trempe dans une sombre histoire de corruption. Ce dernier contre-attaque en dénonçant le versement de pots-de-vin par le gouvernement en place à des parlementaires en échange de leur soutien politique. L'homme visé est le ministre José Dirceu, bras droit et ami du président Lula. Un tollé médiatique suit immédiatement entraînant la démission du numéro deux, José Dirceu, ainsi que plusieurs dirigeants du PT. Bien qu'éclaboussé par ces histoires de corruption et de financement occulte, Lula obtient un deuxième mandat en octobre 2006 contre le social-démocrate Geraldo Alckmin. Janvier 2007, Lula entame son deuxième mandat. Cette même année les Brésiliens sont en extase, la Coupe du monde de football aura lieu pour la deuxième fois au Brésil. En effet, le pays est choisi pour organiser la coupe de 2014. Un grand plan d'investissement est prévu et les travaux commencent dès 2010. Douze villes dans toutes les régions sont concernées. En 2009 lors de la crise économique mondiale le Brésil est l'un des pays les plus épargnés et s'en sortira plus tôt que les autres. Les investisseurs étrangers sont rassurés et Lula saura imposer sa présence lors des grandes rencontres mondiales. Le G20 remplacera le G8, augmentant la participation des pays émergents dans les décisions économiques mondiales. Le Brésil devient un des représentants les plus importants de cette nouvelle scène internationale. L'image du pays se consolide à l'étranger. La ville de Rio est choisie, parmi celles de Madrid, Chicago et Tokyo, pour accueillir les Jeux olympiques d'été, une première en Amérique du Sud. Mais si le pays se réjouit de sa bonne image internationale, la situation est encore critique pour de nombreux Brésiliens. Le degré de liberté du président de la République d'un pays démocratique est paradoxalement limité. Les mesures fortes qui auraient pu réduire la misère n'ont pu être réellement mises en place. Le petit peuple ne voit que peu de changement dans ses difficultés quotidiennes. Si les résultats probants en termes d'accès à la nourriture et de lutte contre la pauvreté sont loués par les grandes OIG et certaines ONG, la société brésilienne reste une des plus inégalitaires au monde. La violence, la misère, l'éducation et la santé restent toujours de grands défis qui sont avec la croissance les grands défis de la présidente suivante, Dilma Rousseff, candidate adoubée par Lula pour les élections présidentielles de 2010.
Dilma Rousseff est la première femme à la tête du pays ; son mandat débute en janvier 2011. Depuis lors, dans un contexte de crise internationale et de scandales de corruption concernant plusieurs de ses ministres, Dilma Rousseff a réussi à maintenir l'économie stable mais ses détracteurs lui reprochent une certaine lenteur à réformer et réclament un renouveau de son entourage. En 2014, à la veille de la Coupe du monde et à deux ans des J.O., la présidente est confrontée à d'importants mouvements sociaux. Le peuple souffre d'un coût de la vie dans les métropoles de plus en plus exorbitant. L'ascenseur social est en panne, les escaliers de secours encombrés, la croissance économique doit plus que jamais se retranscrire en développement. C'est bien aujourd'hui le défi de l'émergence. Une fois la Coupe du monde achevée, débute la course à la présidence de 2014. Dilma Rousseff est en tête, mais le candidat du PSDB Aécio Neves n'est pas en reste. Un troisième candidat est en lice, mais Eduardo Campos, jeune homme politique prometteur du Pernambuco (49 ans), meurt dans un accident aérien tragique à deux mois du scrutin. Le débat démocratique s'en trouve sans doute affaibli. Marina Silva, colistière d'Eduardo Campos, le remplace dans la course à la présidence et bénéficie un temps d'une aura qui la propulse au sommet des sondages. Elle échoue finalement au pied du podium et Dilma Rousseff, qui arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle, affronte Aécio Neves au second tour. Avec une mince victoire, Dilma débute son deuxième mandat face à un grave scandale de corruption à la Petrobras, qui ne va pas en s'arrangeant. L'année suivante en effet, le projet de sa destitution se répand sur fond de politique d'austérité visant à amortir la crise mondiale du cours des matières premières (sans résultat, en 2016, le Brésil enregistre sa plus basse croissance depuis 25 ans). Le 31 août 2016 c'est chose faite, Michel Temer, alors Vice-président, est chargé d'assurer l'intérim. Alors que les élections présidentielles de 2018 approchent, Lula, lui aussi éclaboussé dans de multiples affaires de corruption, restait malgré tout le favori dans les sondages. En avril 2018 néanmoins il se constituait prisonnier, en guise de bonne foi, laissant les coudées franches à son parti, le PT, pour choisir un autre candidat.
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