Guide des Parcs nationaux américains : Arts et culture

Cinéma

Le cinéma américain a été un véhicule important du mythe des grands espaces américains à travers le monde. Mettant en scène certains grands événements fondateurs des Etats-Unis, comme la conquête de l'Ouest, la ruée vers l'or ou le développement de la West Coast, Hollywood a célébré les paysages du pays, et particulièrement ceux de son Sud-Ouest. Western et road movies sont devenus les synonymes de ces grands espaces américains. Dans ce contexte, les parcs nationaux ont souvent servi de décor à des films phares de la légende américaine. Leurs paysages parfois hostiles, lunaires et souvent intemporels ont également servi de décor à des oeuvres de science-fiction devenues cultes. Voici quelques exemples :

Le Mount Rushmore dans le Dakota du Sud servit de décor pour la scène finale et vertigineuse de La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock (1959).

La région du Badlands National Park, dans le Dakota du Sud, a été le théâtre de nombreuses scènes du film Danse avec les loups de Kevin Costner (1990), dont les scènes épiques de chasse aux bisons. Le parc a aussi accueilli le tournage de Coeur de Tonnerre, de Michael Apted avec Val Kilmer (1991).

Le Zion National Park, dans l'Utah, avec ses paysages évocateurs de canyons arides, a été utilisé pour de nombreux westerns comme La Ruée sanglante avec John Wayne (1943).

Monument Valley, dans l'Utah, est devenu la carte postale du genre western grâce à John Ford, qui y tourna une dizaine de westerns dont La Chevauchée fantastique (1939), ou le célèbre Fort Apache (1948), avec John Wayne et Henry Fonda. Sergio Leone y tourna également certaines scènes de son mythique Il était une fois dans l'Ouest (1968).

La Death Valley, en Californie a accueilli le tournage de nombreux films, dont La Vengeance aux deux visages (1961), avec Marlon Brando, Les Professionnels (1966) avec Burt Lancaster, certaines scènes de Star Wars (1977), ou encore Zabriskie Point (1970) d'Antonioni.

C'est au White Sands National Monument, au Nouveau-Mexique, que fut tournée une grande partie de Mon nom est Personne (1973) avec Terrence Hill, ainsi que Pendez-les haut et court, de Ted Post avec Clint Eastwood.

Le Glen Canyon, dans l'Utah, s'est fait passer pour l'Inde dans le classique L'homme qui voulut être roi (1975), avec Sean Connery. Le canyon et le Lake Powell ont aussi été aperçus dans La Planète des Singes (1968).

Le Yosemite, en Californie, a servi de décor pour une partie de l'épopée Le Dernier des Mohicans (1991), de Michael Mann. Dans Star Trek 5 : l'Ultime Frontière (1989), on peut également voir Capitaine Kirk escalader El Capitan.

Arches National Park et Canyonlands, dans l'Utah, ont servi de décor au road movie Thelma et Louise (1991) de Ridley Scott. A noter que la mythique scène de fin n'a pas été tournée au Grand Canyon, mais dans le Dead Horse Point State Park.

Le Glacier National Park, dans le Montana, fut le lieu de tournage de La Rivière sauvage (1994) avec Meryl Streep ainsi que The Shining, de Stanley Kubrick avec Jack Nicholson (1978).

C'est dans le Denali National Park, en Alaska, que le personnage d'Into the Wild, de Sean Penn (2007), est allé se perdre.

Katmaï National Park, en Alaska. Le film Grizzly Man, de Werner Herzog, sorti en 2005 retrace l'histoire de Timothy Treadwell, écologiste controversé qui a dédié sa vie à l'observation des grizzlys jusqu'à sa mort en 2003 suite à l'attaque de l'un d'entre eux dans le parc national de Katmaï.

Le Wupatki National Monument et le Painted Desert, en Arizona ont vu défiler les bolides d'Easy Rider (1969), de Dennis Hopper.

Le Big Bend National Park au Texas et le Mojave Desert en Californie ont accueilli le Paris, Texas (1984) de Wim Wenders et quelques scènes de No Country for Old Men (2007), des frères Coen.

Le Crater Lake National Park en Oregon a quant à lui servi de lieu de tournage pour le film Wild de Jean-Marc Vallée (2014), qui rend un hommage majestueux à la nature américaine.

Le Redwood National Park et ses forêts, en Californie, ont servi de décor à deux films cultissimes : E.T. l'extra-terrestre (1982) réalisé par Steven Spielberg et Star Wars, épisode VI (1983) de George Lucas.

Terrence Malick et les grands espaces

Le réalisateur américain le plus rare (il a réalisé neuf films des années 1970 à nos jours) est aussi un chantre des grands espaces américains et de la nature. Il s'est fait connaître par deux films qui glorifient l'immensité des espaces du Midwest américain, projetant dans sa façon lyrique de filmer ces paysages une dimension mystique. Badlands (1973) met en scène la fuite de deux jeunes amants depuis le Dakota du Sud. Les Moissons du ciel (1978), où Richard Gere tient son premier rôle, filme de manière sacrée les immensités du Texas Panhandle, en mettant en scène une immense exploitation céréalière, dans laquelle se jouent des destinées tragiques. Trente ans plus tard, il mêle lyrisme et foi dans quatre films où la nature est presque une religion : Le Nouveau Monde, The Tree of Life, Knight of Cups et Voyage of Time.

The National Parks : America's Best Idea

Ce film documentaire en six épisodes a été diffusé sur PBS entre le 27 septembre et le 2 octobre 2009. Réalisé par le scénariste américain Dayton Duncan, il raconte l'histoire des parcs nationaux et les origines du National Park System en revenant sur les personnalités qui ont permis leur développement et sur la place qu'ils occupent au sein de la société américaine. Une dizaine de célébrités, dont Tom Hanks et Andy Garcia, ont prêté leur voix et endossé le rôle de narrateurs. Cette série de documentaires est essentielle pour qui souhaite avoir une meilleure compréhension de ce concept fondamentalement américain que sont les parcs nationaux.

Littérature

La nature américaine a été une source d'inspiration majeure de ses écrivains.

La figure emblématique de la littérature naturaliste américaine est Henry David Thoreau (1817-1962), dit le "poète-naturaliste", qui passa sa vie, en science comme en fiction, à observer la nature, la botanique, l'environnement. Son oeuvre phare est Walden, une oeuvre utopiste prônant la vie "naturelle" et rejetant la civilisation occidentale. Il écrivit également des récits de voyage, dont Les Forêts du Maine, qui décrivent de manière romantique la forêt sauvage du Nord-Est américain, comme elle est encore préservée dans l'Acadia National Park.

Thoreau est le père d'un courant littéraire appelé nature writing, qui mêle réflexion philosophique, poésie, fiction et observation de la nature. C'est un courant qui perdure, avec par exemple dans une version historicisante Danse avec les loups de Michael Blake (1988), qui s'inspire du Dakota de la pré-colonisation et vante un mode de vie en harmonie avec la nature contre la brutalité occidentale. Le Bison de Coeur-Brisé de Dan O'Brian (2007) ou bien encore Indian Creek : un hiver au coeur des Rocheuses (1993), de Pete Fromm, en sont des exemples encore plus récents.

En partie dans cette veine, et d'une manière novatrice, le chantre de la Beat Generation Jack Kerouac a bâti son oeuvre en s'inspirant de la nature américaine. Ses livres, comme sa vie intime, sont hantés par les grands espaces. Sur la route (1957) est une ode surréaliste à l'espace, thématique récurrente de tous les arts américains, le cinéma bien sûr, mais aussi les chansons (blues, country, rock), qui situent souvent l'homme dans le contexte des grands espaces américains.

Peinture et arts graphiques

La création même des parcs nationaux fut au XIXe siècle intimement liée à l'activité de peintres, lithographistes et photographes qui furent des documentaristes acharnés de la vie sauvage américaine qui simultanément était détruite par la conquête de l'Ouest.

On peut citer les oeuvres de George Catlin, peintre et lithographiste (1796-1872), qui peignit toute sa vie les Amérindiens, leurs coutumes et leur environnement, et plaida en premier la cause d'une protection de ces espaces.

Plus tard, William Henry Jackson (1843-1942), peintre et premier photographe du parc de Yellowstone, poursuivit cette oeuvre de sauvegarde et de témoignage par ses nombreuses photos, qui participaient d'un projet de recensement des espaces sauvages américains.

Georgia O'Keeffe (1887-1986), peintre moderniste, trouva l'inspiration dans les paysages désertiques du Nouveau-Mexique, où elle s'installa de manière permanente en 1946 et y passa la fin de sa vie. Un musée est dédié à l'artiste à Santa Fe, et il est possible de visiter son ancien studio et résidence à Abiquiu, au nord de l'Etat.

Le photographe Ansel Easton Adams (1902-1984) fut son digne héritier. Ecologiste militant, il sillonna l'Ouest américain pour l'immortaliser dans ses clichés en noir et blanc, comme la Sierra Nevada et le Yosemite National Park. Il photographia de nombreux parcs (notamment Glacier et Teton), fournissant un regard poétique, romantique et militant sur la nature du continent préservée dans les parcs.

On notera qu'au Canada voisin, un réel courant pictural, le Groupe des Sept, naquit dans les premières décennies du XXe siècle pour imaginer une peinture mieux à même de retranscrire la majesté des grands espaces sauvages du Canada.

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