Guide du Péloponnèse : Histoire
La civilisation grecque a commencé en Crète. A cette époque, la grande île avait le quasi-monopole du commerce maritime en Méditerranée. Knossos, sa capitale, rassemblait des artistes de haut niveau et les maisons de son palais connaissaient un degré de confort et de raffinement aujourd'hui inimaginable. Dans le domaine des sports, une place spéciale était réservée à la tauromachie. A la tête d'une flotte importante, le roi Minos conquit les Cyclades et leur transmit certains aspects de la brillante civilisation crétoise dont la disparition subite et mystérieuse, vers 1500 av. J.-C., demeure une énigme de l'histoire. Elle est due soit à une invasion, soit, plus probablement, à un séisme qui aurait sa source dans la caldeira du volcan de Santorin.
A peu près à la même époque, la tribu des Achéens, venue du nord, conquiert une grande partie de la Grèce et y fonde plusieurs villes. Mycènes, la plus florissante, donnera son nom à leur civilisation. Ces guerriers sont éblouis par la civilisation crétoise. Ils invitent des artistes de cette île pour apprendre leurs techniques. Vers 1200, unies pour la première fois, toutes les tribus grecques partent à la conquête de la ville de Troie, dont le siège durera dix ans. Selon la tradition, l'objet de cette guerre est l'enlèvement de la belle Hélène, épouse de Ménélas, roi de Sparte, par Pâris, fils de Priam, roi de Troie. Homère a conté dans l'Iliade les détails de cette aventure, non confirmée par les découvertes archéologiques. On sait seulement que, vers le XIe siècle, des Grecs s'installent en Asie Mineure. A peu près à la même époque, les Doriens, une tribu plus guerrière que les Achéens, arrivent en Grèce. Les Doriens vont conquérir presque tout le pays, sauf l'Eubée et l'Attique, détruisant sur leur passage la civilisation mycénienne et introduisant un mode de vie basé sur la discipline militaire.
Dans les régions épargnées par les Doriens, les arts sont toujours florissants, comme en témoignent les vases à motifs géométriques qui datent de cette période. Vers 900, un alphabet est créé et au VIIe siècle, commence à se propager l'appellation hellène qui englobe toutes les populations d'origine grecque. Selon la mythologie, Zeus, fâché contre les hommes, provoqua pour les punir un cataclysme qui les fit tous périr, à l'exception du roi Deucalion et de son épouse Pyrrha, réfugiés dans une barque au sommet du mont Parnasse. Suivant les conseils de l'oracle de Delphes, les époux jetèrent derrière eux des pierres aussitôt transformées en être humains.
Le fils de Deucalion, Hellen, eut trois fils Doros, Eole et Xouthos et deux petits-fils Achéos et Ion qui ont donné leurs noms aux tribus grecques. C'est l'époque qualifiée d'archaïque. D'importantes colonies grecques se développent en Syrie, en Italie, en Sicile, en Egypte, au Pont-Euxin et en Ligurie. Vers cette époque, le gouvernement aristocratique laisse la place aux tyrans, tandis que Sparte et Athènes se disputent l'hégémonie sur les tribus grecques.
Grâce aux réformes de Solon, à l'administration magistrale de Pisistrate et à l'oeuvre de Clisthène, véritable fondateur de la démocratie, Athènes est en plein essor tandis que Sparte, disciplinée sous les lois austères de Lycurgue, est une puissante cité guerrière. L'empire perse en pleine expansion se heurte aux cités grecques. En 490, les Athéniens triomphent de l'armée de Darius, roi des Perses, à Marathon ; en 480, la flotte grecque détruit celle de Xerxès, successeur de Darius, à Salamine. Entre-temps, les Spartiates ont livré le combat héroïque des Thermopyles, où Léonidas et 300 hommes se battirent contre l'ennemi perse avec la certitude de mourir jusqu'au dernier. En 479, les Grecs triomphent des Perses à la bataille de Platées. Toutes ces victoires contribuent à faire d'Athènes le centre du monde grec. L'Acropole est dotée de temples merveilleux, les artistes créent des chefs-d'oeuvre, la philosophie est florissante avec Socrate et Platon.
La cité peut enfin consolider des institutions démocratiques non seulement exemplaires pour l'époque, mais sans précédent dans l'histoire du monde occidental.
C'est le fameux siècle de Périclès. La démocratie grecque instaure un système fiscal qui essaie de prendre en compte les différences de niveau économique des citoyens et de donner aux citoyens pauvres les moyens de s'instruire et de suivre les manifestations culturelles aux frais de la cité. Tout citoyen libre est autorisé à participer à l'administration publique, mais peut aussi exercer un contrôle sur le bon fonctionnement des institutions. On comprend qu'une telle société ait vu naître des hommes tels qu'Hérodote, Eschyle et Phidias. Malheureusement les miracles ne peuvent pas durer et la guerre meurtrière du Péloponnèse, avec la victoire de Sparte (en 400), change définitivement la civilisation athénienne.
Unir la Grèce a été l'un des rêves de Philippe II, roi de Macédoine. Mais ce qu'il ne pourra accomplir - Philippe II est mort assassiné -, son fils Alexandre le réalisera. Quand les dures conditions de la vie de soldat causeront sa mort, en 323 av. J.-C., à l'apogée de sa gloire, Alexandre le Grand n'a que 33 ans. Ce jeune roi a su, en très peu de temps, conquérir et unir la Grèce, puis mener contre les Perses une campagne qui le conduira en Asie Mineure, en Syrie, en Egypte, en Perse et en Inde, autant de pays où l'on trouve encore les traces de son passage et l'influence de la civilisation grecque.
L'unité des cités grecques ne survivra pas à Alexandre le Grand. Le monde grec entre dans une période de décadence dont les Romains profitent.
Rivalisant entre eux, les généraux d'Alexandre créent de nouveaux royaumes où l'on voit rayonner des villes comme Alexandrie et Pergame.
Autant de centres en plein essor qui attirent de nombreux hommes de science et artistes tout en appauvrissant le pays en ressources humaines. C'est l'époque d'Epicure, de Zénon, père du stoïcisme, et des statuettes de Tanagra.
Les conflits internes et l'émigration vers les colonies de l'Asie Mineure ont laissé la Grèce affaiblie, proie facile pour la nouvelle puissance naissante, Rome. Corinthe, dernier bastion, tombe en 146 av. J.-C. Cependant, la civilisation grecque attire les nouveaux conquérants qui l'acceptent, l'adoptent et aident à sa propagation.
L'empereur Hadrien notamment contribue de manière essentielle à l'essor du pays, tandis que des mécènes comme Hérode Atticus construisent d'importants monuments. En 50 apr. J.-C., l'apôtre Paul visite la Grèce et introduit le christianisme dans le pays. Les Evangiles, écrits en langue grecque, vont rapidement détrôner le panthéon olympien.
A la mort de Théodose le Grand, l'Empire, déjà affaibli par les invasions barbares, est partagé entre ses deux fils. Naissent ainsi l'empire d'Occident et l'empire d'Orient (ou byzantin) dont la capitale est Constantinople et auquel appartient la Grèce.
Fondateur de Constantinople en 330, l'empereur Constantin met en place les bases du grand Empire byzantin qui, durant quelque onze siècles d'existence, devra affronter maints ennemis : les Perses, les Arabes, les Turcs, les Huns, les Slaves...
Fer de lance de cet empire, l'Eglise byzantine - sa rupture avec Rome date de 1054 - est très puissante et ses monastères étonnamment prospères.
Au cours des siècles, les législateurs byzantins vont prendre certaines mesures favorables aux femmes : ils leur garantissent notamment la jouissance de leurs biens, interdisent la répudiation, et accordent à la mère les mêmes droits qu'au père sur les enfants. Les oeuvres sociales sont aussi encouragées avec la création d'hôpitaux, d'hospices et d'orphelinats.
Au VIe siècle, Justinien et son épouse Théodora contribuent à l'essor des arts et des lettres (on doit à Justinien la construction de la magnifique église Sainte-Sophie, à Constantinople). Un deuxième âge d'or s'ouvre pour Byzance avec la dynastie macédonienne (867-1056). Le commerce, l'artisanat, les sciences et les arts prospèrent, et le faste de la cour, malgré ses intrigues, fait rêver les Européens, tandis que le danger permanent des invasions bulgares rend la société de Constantinople palpitante et créative. En 972, la princesse Theophano, soeur de Basile II, épouse l'empereur allemand Othon ; elle emmène avec elle des savants, ce qui permet d'établir un contact fructueux entre la civilisation byzantine et l'Occident. En 1204, lors de la quatrième croisade, les croisés prennent Constantinople et y fondent un empire latin qui va durer jusqu'en 1261. Ces quelques années suffiront à détruire la cohésion de la civilisation byzantine et à créer les circonstances propices à sa décadence.
L'affaiblissement de l'empire byzantin sera vite perçu par les Ottomans : en 1453, Constantinople tombe aux mains des Turcs, un événement aujourd'hui encore ressenti tragiquement par beaucoup de Grecs.
En 1669, après une occupation de 22 ans, les Turcs conquièrent la Crète et dominent l'île pendant 200 ans. Ils imposent de lourdes taxes et pratiquent une politique d'enrôlement de force des enfants pour en faire de redoutables soldats, les janissaires. Pour autant, ils font montre d'une grande tolérance envers la religion orthodoxe, ce qui explique peut-être que l'identité nationale grecque ait pu survivre durant une aussi longue occupation. Dans les montagnes, des bandits, les klephtes, jouent les Robin des Bois contre les Turcs. En 1814, des commerçants grecs d'Odessa fondent la Filiki Etairia, société secrète pour la libération du pays. Le 25 mars 1821, au monastère d'Aghia Lavra, à Kalavrita, le patriarche Germanos lève le drapeau révolutionnaire, donnant le signal du commencement des combats pour l'indépendance. Les affrontements sont sanglants et plusieurs héros ont un destin tragique, à l'instar d'Athanassios Diakos qui meurt embroché et rôti après avoir combattu l'armée turque avec seulement 40 hommes. Ces exploits ayant réussi à toucher l'opinion publique européenne, plusieurs personnalités déclarent leur soutien à la cause grecque : le poète anglais Lord Byron se rend sur place, Chateaubriand, Lamartine, Hugo, la duchesse de Plaisance prennent publiquement parti pour la Grèce indépendante. Devenu Premier ministre à Londres, Lord Canning persuade la France et la Russie d'intervenir avec l'Angleterre pour mettre fin à la guerre. En juin 1827, les trois puissances signent un traité reconnaissant l'autonomie de la Grèce. Après deux autres années de guerre, en 1829, les Russes, vainqueurs des Ottomans, obligent le sultan à signer le traité d'Andrinople qui garantit l'indépendance grecque. La Grèce indépendante ne comprend qu'une partie de la Grèce centrale, l'Attique, le Péloponnèse et quelques îles des Cyclades.
Les autres parties de son territoire lui seront rendues au fur et à mesure des événements historiques qui suivent.
Ioannis Kapodistrias, un Grec de la diaspora, Premier ministre du tsar en Russie, devient le premier gouverneur de la Grèce indépendante, mais meurt assassiné en 1831 à Nauplie, alors capitale de la Grèce. Deux ans plus tard, commence le règne d'Othon de Bavière. Mais la vie politique du pays reste influencée par les grandes puissances, ce qui crée des mécontentements et conduit à la destitution d'Othon en 1862. Son successeur est Georges Ier, prince du Danemark. Deux ans plus tard, les îles Ioniennes sont annexées à la Grèce. En 1878, le traité de Santo Stefano rend la Thessalie et une partie de l'Epire à la Grèce. En 1911, Venizélos, un homme à la forte personnalité qui va marquer l'histoire du pays et sera adoré par ses partisans, est nommé Premier ministre. Durant la guerre des Balkans (1912-1913), l'armée grecque commandée par Venizélos libère la Macédoine et l'Epire, la Crète et les îles de la mer Egée. A la fin de la Première Guerre mondiale, le traité de Sèvres signé le 10 août 1920 attribue à la Grèce, qui était du côté de l'Entente, la Thrace orientale, les îles Imbros et Ténédos aux dépens de la Turquie ainsi qu'une vaste région en Asie Mineure qui comprend, entre autres, Smyrne. Les grandes puissances finalement inquiètes des conséquences de ce traité laissent la Grèce s'imposer seule. En 1922, les forces grecques sont défaites par l'armée turque en Asie Mineure, et la situation prend des dimensions catastrophiques. La plupart des Grecs de l'intérieur de la Turquie se réfugient à Smyrne. Sous l'oeil des Français, Anglais et Russes qui n'interviennent pas pour cause de neutralité, beaucoup de Grecs sont massacrés, le métropolite Chryssostomos se fait lyncher sur la grande place. Le 13 septembre, Smyrne est incendiée par l'armée turque. Le feu détruira presque toute la ville et fera 100 000 morts. L'armistice de Moudania signé en octobre 1922 reconnaît la souveraineté de la Turquie sur toute l'Asie Mineure. Un échange de population est convenu entre les deux pays, forçant un million et demi de Grecs d'Asie Mineure à partir vivre en Grèce. Cet événement est ressenti comme une des plus grandes tragédies de l'hellénisme avec la chute de Constantinople. Le visage économique et social de la Grèce s'en trouve bouleversé. Alors que les hostilités de la Seconde Guerre mondiale ont déjà commencé en Europe, Mussolini lance un ultimatum à la Grèce lui intimant de laisser passer ses troupes sur le territoire grec. Le 28 octobre 1940, la Grèce répond ochi c'est-à-dire " non ". Les troupes italiennes avancent dans la région d'Epire. La Grèce résiste et, après un combat héroïque, repousse les forces fascistes en Albanie. Mussolini doit appeler Hitler pour l'aider à mater la résistance. Le 27 avril 1941, un drapeau portant le symbole de la croix gammée flotte sur l'Acropole. Les Crétois résisteront encore un peu, puis tomberont à leur tour. S'en suit l'occupation allemande, période extrêmement dure pour la population qui meurt littéralement de faim. La résistance s'organise alors. La Grèce est le seul pays occupé à ne pas avoir cédé au Service du travail obligatoire. Churchill lui-même rendra hommage aux Grecs pour leur résistance héroïque, une des plus importantes qui fut opposée à l'Axe avec celle de la Yougoslavie. En 1947, le traité de Paris rend à la Grèce Rhodes et le Dodécanèse. Le pays n'est pas au bout de ses souffrances puisque, aussitôt, commence la guerre civile entre libéraux et communistes dont les conséquences seront tragiques pour le pays. Cette guerre civile durera trois ans (1946-1949). Avec l'aide des Britanniques, l'armée grecque vainc l'armée communiste, l'ELAS. Ses partisans sont exilés ou emprisonnés. La division du pays laissera des séquelles qui influenceront considérablement la vie politique du pays jusqu'à une époque récente. Le parti communiste a d'ailleurs été interdit jusqu'en 1974 et la question de savoir qui était avec qui pendant la guerre civile est encore aujourd'hui taboue.
En 1952, le Premier ministre Constantin Caramanlis doit affronter une situation difficile pour moderniser l'économie du pays. Cette période est marquée par le début de l'émigration des populations rurales vers les grandes villes, surtout Athènes. Dans la capitale, le boom immobilier entraîne la destruction de plusieurs beaux quartiers anciens. En 1963, l'Union du centre prend le pouvoir. C'est le début d'une période d'instabilité politique qui aboutit, en 1967, à un coup d'Etat conduit par les militaires. La junte gardera le pouvoir sept longues années, réprimant par la violence la révolte des étudiants, en novembre 1973, et contraignant à l'exil de nombreux intellectuels et opposants.
En 1974, les militaires commettent l'erreur de vouloir renverser le président chypriote Makarios, ce qui donne un prétexte à l'armée turque pour envahir 37 % de l'île de Chypre afin, dit-elle, de protéger ses minorités.
Un désastre qui permettra le retour au pouvoir d'une personnalité respectée par toute la classe politique, Constantin Caramanlis, jusqu'alors exilé à Paris. Un référendum est aussitôt organisé pour décider que la Grèce serait une monarchie constitutionnelle ou une république : 69,2 % des votants ayant opté en faveur de la république, la Constitution prévoit des élections pour la désignation des 300 membres du Parlement qui à leur tour élisent Caramanlis président de la République. Farouchement pro-Européen, Caramanlis sera l'artisan de l'entrée de la Grèce dans la CEE (1981). Cette même année, le Parti socialiste (PASOK) d'Andréas Papandréou remporte les élections. Papandréou restera au pouvoir pendant sept ans. En 1988, son gouvernement est impliqué dans une série de scandales économiques majeurs. Le PASOK perd la majorité des sièges au Parlement. Tzannis Tzannetakis, une personnalité de la droite, grâce à une coalition avec le Parti communiste, entreprend le processus de catharsis (épuration) qui aboutit à la poursuite judiciaire de plusieurs personnalités du PASOK, dont Andréas Papandréou lui-même.
En 1990, après trois élections consécutives, Konstantin Mitsotakis, chef du parti libéral de la Nouvelle Démocratie, devient Premier ministre, et Constantin Caramanlis retourne à la présidence de la République.
Le gouvernement actuel doit gérer la question de Chypre toujours divisée, l'instabilité potentielle de la région des Balkans qui entraîne un flux de réfugiés dans le pays, et la crise économique. Afin de freiner l'inflation et réduire le déficit budgétaire, le gouvernement impose une politique d'austérité symbolisée par un gel des salaires dans la fonction publique et une augmentation significative du prix des services publics. La Grèce se lance en parallèle dans un programme de privatisation à grande échelle visant plus de 700 entreprises dont la société de télécommunications (OTE), la compagnie aérienne (Olympic Airways) et la compagnie d'électricité. Si ces mesures sont indispensables pour sauver l'économie du pays, elles suscitent de nombreux désaccords reflétés par une série de grèves immobilisant une partie du pays de 1990 à 1992. Mais la situation du pays ne s'améliore que lentement, et des rumeurs de corruption en 1992 et une affaire d'écoute téléphonique en 1993 finissent par déstabiliser le gouvernement de Mitsokakis qui perd sa majorité parlementaire à la fin 1993. Les élections anticipées en octobre 1993 redonnent la majorité parlementaire au PASOK de Papandréou, qui malgré son mauvais état de santé dirigera le parti jusqu'à sa mort le 26 juin 1996. Costas Simitis, opposant ouvert à Papandréou, prend alors la tête du PASOK et le réoriente politiquement. Appartenant à la même école politique que Tony Blair, Simitis fait pencher le PASOK vers le centre et arrive même à s'accorder avec la Nouvelle Démocratie sur les grandes orientations à suivre. Il approfondit également les liens de la Grèce avec l'Union européenne et s'efforce de la faire participer à l'Union monétaire. La Grèce rejoint la zone Euro en janvier 2002 comme les autres pays participant à l'Euroland. En outre, c'est sous la présidence grecque, en 2003, que le traité d'adhésion des 10 nouveaux membres de l'Union européenne a été signé à Athènes. En politique locale, les relations avec la Turquie restent très délicates, la guerre menaçant d'éclater en 1996 avec l'affaire des petites îles d'Imia, ce qui fragilise la stabilité politique. Costas Simitis et son ministre des Affaires étrangères Georges Papandréou ont réussi à déplacer le conflit gréco-turc à une affaire turco-européenne avec le traité de Copenhague de 1999. En 2004, la Nouvelle Démocratie reprend à nouveau la main. Costas Caramanlis (le neveu du restaurateur de la démocratie) est élu le 7 mars 2004 pour 4 ans. Il devient à 47 ans, le plus jeune Premier ministre de l'histoire politique de la Grèce. Au cours de l'été 2007, juste avant la réélection de la droite au pouvoir en septembre, le pays est ravagé par d'incontrôlables incendies. 250 000 hectares de terres et de forêts partent en fumée et une soixantaine de personnes meurent calcinées. En novembre 2007, malgré la défaite de son parti aux élections nationales, Georges Papandréou est reconduit au poste de leader du PASOK.
En septembre 2007, la Nouvelle Démocratie obtient un nouveau mandat de 4 ans auprès de la population grecque. Mais seulement deux ans plus tard, le gouvernement, qui ne dispose pas de majorité absolue au Parlement, n'a plus les mains libres pour faire passer les réformes nécessaires au pays dont les indicateurs économiques sont au plus bas. De plus, il a perdu toute légitimité, miné par des scandales et affaires de pots-de-vin. Début septembre 2009, Costas Caramanlis demande donc la tenue d'élections anticipées. Et le 4 octobre 2009, les socialistes remportent le scrutin haut la main avec 43,92 % des voix. Georges Papandréou prend donc la tête d'un gouvernement qui bénéficie de la majorité absolue au Parlement avec 160 sièges. La tâche s'annonce ardue car le monde entier découvre alors l'ampleur de la dette du pays : 300 milliards d'euros, soit 113 % du PIB et son déficit budgétaire de 13 % du PIB... Des chiffres qui seront d'ailleurs revus à la hausse dans les mois qui suivent. Le chômage et l'inflation sont en hausse et la croissance est à 0 %. Proche de la faillite, le gouvernement est contraint d'imposer une cure d'austérité sans précédent, provoquant la colère des citoyens. En échange de ces mesures drastiques, le FMI et l'UE acceptent de verser un prêt de soutien de 110 milliards d'euros. L'année 2010 est donc une année extrêmement difficile pour les habitants du pays qui voient leurs salaires diminuer, le taux de chômage et les licenciements exploser, les petits commerces mettre, tour à tour, la clé sous la porte. Lors de nombreuses manifestations, plus ou moins violentes (morts de 3 personnes en mai 2010), la population se plaint que, seuls les plus pauvres soient touchés par les mesures d'austérité mises en place par le gouvernement, sous la pression de la " troïka " (FMI, BCE et UE), tandis que ceux à qui profitent la corruption et l'évasion fiscale demeurent intouchables. L'année 2011 s'avère pire que la précédente et les bas et moyens revenus continuent de faire les frais d'une politique de rigueur sans précédent. Le Premier ministre, littéralement conspué par la population, est obligé de procéder à un remaniement de son gouvernement. Le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, est remplacé par Evangelos Venizelos. Malgré la multiplication de nouvelles taxes et des coupes de salaires, le pays ne parvient pas à renflouer ses caisses, créant la panique au sein de la zone euro. La population en proie au chômage, à la baisse des salaires et des retraites ainsi qu'à l'augmentation du coût de la vie, suffoque alors que les services publics remplissent de moins en moins leur rôle (école, santé...). Le gouvernement n'a plus aucune marge de manoeuvre et le pays se laisse guider à vue par la " troïka " et les marchés financiers.
Malgré les efforts de l'ensemble de la population grecque, le pays s'enlise dans la crise et la faillite menace. La question de la sortie de l'euro commence même à être évoquée par les économistes et certains Grecs, pris à la gorge financièrement. Alors qu'un ultime plan de sauvetage est concocté par le duo Sarkozy-Merkel le 26 octobre 2011, Georges Papandréou, conspué par l'opposition et une grande partie de la population, l'accusant d'être la marionnette de la troïka et de ne faire payer la crise qu'à la classe moyenne grecque, propose la tenue d'un référendum. L'énorme tapage médiatique qui s'en suit, tant au plan national qu'international, l'oblige à opérer un revirement. Après l'obtention d'un vote de confiance, il négocie avec l'opposition la création d'un gouvernement de coalition temporaire dirigé par Loukas Papadimos, technocrate proche des socialistes et économiste de renom, ancien vice-gouverneur de la Banque centrale européenne. Des élections nationales interviendront lorsque le gouvernement de transition aura achevé la mise en place du programme permettant l'obtention de l'aide négociée le 26 octobre.
La Grèce est actuellement membre de l'ONU, de l'OTAN, de l'OCDE, du FMI, de l'UEO du Conseil de l'Europe, de la CSCE et bien sûr de l'Union européenne.
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