Guide du Péloponnèse : Politique et économie
Fidèle à son cliché mythique d'inventeur de la démocratie, le peuple grec aime discuter politique et refaire le monde... mais de manière dilettante, dans les kafenio ! Athènes, la capitale, focalise les enjeux nationaux et internationaux les plus houleux puisque c'est dans l'enceinte de son Parlement, le Vouli, que se prennent les décisions politiques. Les débats sont bien alimentés et les sessions s'achèvent traditionnellement, par un vote, au petit matin !
La Grèce est une république parlementaire depuis le 8 juillet 1974. La Constitution actuelle fut votée en 1975, amendée en 1986 et révisée en 2000-2001. Le Parlement, le Vouli, est élu pour 4 ans au suffrage universel : 300 députés y représentent 50 circonscriptions. Son bâtiment domine la place de la Constitution (Syntagma) au coeur d'Athènes. Le président de la République est élu par le Parlement pour une période de 5 ans, renouvelable une fois. Aux pouvoirs limités, son rôle est plutôt représentatif. Depuis le 12 mars 2005, le président de la République est Karolos Papoulias, reconduit en 2010. Le Premier ministre, actuellement Georges Papandreou du PASOK, est élu, de manière indirecte, par le peuple. Il forme et dirige le gouvernement. Officiellement, le pouvoir exécutif est aux mains des ministres. En réalité, les 13 régions du pays jouissent d'importantes responsabilités administratives. Culture politique oblige, le suffrage en Grèce est obligatoire. Tout citoyen de plus de 18 ans a droit au vote, mais ne peut être éligible qu'à partir de 25 ans. Le pays est membre de l'Union européenne depuis 1981 et a en a ratifié la Constitution en 2005.
Le PASOK. Ce parti socialiste, mouvement socialiste panhellénique, fondé par Andréas Papandréou, exerce le pouvoir de 1981 à 1990, puis de 1993 à 2004. De nouveau, élu en octobre 2009, son leader Georges Papandréou, fils du fondateur, est aujourd'hui l'ancien Premier ministre du pays puisqu'il a démissionné en novembre 2011.
La Nouvelle Démocratie. Ce parti conservateur de droite fut fondé par Constantin Caramanlis, élu Premier ministre de 1974 à 1981 puis de 1990 à 1993. En mars 2004, après plusieurs années de règne socialiste, Costas Caramanlis, neveu de Constantin, accède à la tête du gouvernement pour 4 ans, et sera reconduit en 2007. Mais 2 ans plus tard, en octobre 2009, il convoque des élections législatives anticipées, qu'il perd. Il démissionne alors de la tête de son parti et disparaît de la scène politique. Il est remplacé par Antonis Samaras.
Le KKE. Parti communiste, crédité de 7,54 % des voix aux élections de 2009 et dont la secrétaire est Aleka Papariga.
Le Syriza (Synaspismos). La coalition de gauche radicale est représentée au Parlement avec 4,60 % des voix et dirigée par Alexis Tsipras.
Le LAOS. Ce parti d'extrême droite a fait son entrée au Parlement grec en 2007. Il représente aujourd'hui 5,63 % des voix. Il est représenté par Georges Karatzaferis.
Oikologi Prassini. Le mouvement des Verts, dirigé par Nikos Chryssogelos, a récemment investi la scène politique nationale. Le parti n'a pas encore obtenu de siège au Parlement.
L'Alliance Démocratique. Fondée par Dora Bakoyianni, ancienne maire d'Athènes et députée de Nouvelle Démocratie et ministre des Affaires étrangères.
Demokratiki Aristera. Petit parti fondé en 2011 par 4 députés Siriza, dont Fotis Kouvelis. Il dispose du coup de sièges au Parlement.
Le nouveau gouvernement mené par Loukas Papademos depuis le 10 novembre 2011 est un gouvernement d'union nationale comprenant le PASOK, la Nouvelle Démocratie et le LAOS.
Au niveau national. Un gouvernement de coalition, en place depuis novembre 2011, a la charge de prendre les mesures nécessaires à la réunion des conditions d'obtention de l'aide du 26 octobre 2011 prévue par l'Europe. Les mesures d'austérité se multiplient depuis deux ans et la population, excédée par les mesures d'austérité, a vu baisser dramatiquement ses salaires et retraites. L'enjeu pour l'Etat est de diminuer les dépenses de l'Etat et d'en augmenter les recettes pour tenter d'éviter la faillite. Mais après avoir saigné la population, la consommation est en chute libre et les capitaux des plus riches ont déjà quitté le pays.
Au niveau international. Située au centre d'un triangle d'influence constitué par les Balkans, l'Europe de l'Ouest et le Proche-Orient, la Grèce a une position stratégique, notamment pour l'OTAN. Membre de cette dernière, elle se voit tolérer ses relations rapprochées avec la Russie, la Syrie et les pays arabes. Mais cette position géographique et culturelle n'est pas sans tension avec ses voisins. Une minorité de Grecs revendique toujours à l'Albanie du Sud ce qu'elle appelle l'Epire du Nord. En Macédoine, les frontières restent bien gardées, d'autant plus que l'immigration albanaise cherche refuge. Formant un bloc orthodoxe revendiqué avec la Roumanie, la Bulgarie et la Serbie, la Grèce eut un rôle quelque peu inconfortable pendant la guerre du Kosovo. En 1992, quand la jeune République de Macédoine choisit d'apposer sur son drapeau l'étoile à 16 branches de Vergina, symbole associé à Alexandre le Grand, les Grecs le prennent comme une provocation et manifestent en masse pour qu'elle retire de son drapeau un symbole aussi fort. Le nom du pays pose également problème car c'est le même que la région grecque et qu'il renvoie également à Alexandre le Grand, de langue et de culture grecques. En 1995, la Grèce obtient de l'ONU que le pays ne soit pas reconnu internationalement sous le nom de Macédoine mais sous la dénomination FYROM (Former Yougoslav Republic of Macedonia) et l'étoile de Vergina est retirée du drapeau. Avec la guerre au Kosovo, le terme Macédoine pour désigner le pays se répand, ce qui exaspère les Grecs préférant l'appellation République de Macédoine ou République de Skopje. Très pointilleux sur la question, ils ne manqueront jamais de reprendre le distrait qui utilise l'appellation Macédoine pour parler du pays. Enfin, la Grèce a toujours eu des rapports mouvementés avec la Turquie qui occupe encore le nord de Chypre. Des contentieux portent aussi sur la souveraineté de certaines îles de la mer Egée en raison d'une extension des eaux territoriales grecques près des côtes turques. D'après le traité de Lausanne, la Turquie ne reconnaît pas les 6 milles nautiques de la Grèce. La Grèce accueille des réfugiés kurdes, une position mal vue par les autorités turques. Néanmoins, les relations entre les deux pays, quoique toujours fraîches, sont sur une bonne voie.
Côté immigration, la Grèce reste une des principales portes d'entrée de l'Europe pour les clandestins venus des pays arabes, asiatiques et africains. Incapable de faire face à cet afflux incessant, et considérant qu'il s'agit d'un problème européen, il a fait appel à l'aide de l'Europe et de l'agence Frontex.
Depuis bientôt deux ans, la Grèce est le maillon faible de l'Europe. Au bord de la faillite depuis la découverte de ses comptes falsifiés et de sa dette abyssale, sa survie dépend du bon vouloir de ses créanciers, que sont le FMI et l'UE. En échange d'une faramineuse aide financière (sous forme de prêt), les dirigeants du pays ont été contraints d'adopter des mesures draconiennes d'austérité (baisses des salaires, des retraites, augmentation des taxes...) qui n'ont eu comme résultat que la chute de la consommation et l'entrée en récession. Le parti socialiste au pouvoir depuis 2009 a laissé la place à un gouvernement de coalition, à la tête duquel un économiste chevronné a été parachuté : Loukas Papademos. Le scénario d'une sortie de l'euro, évoqué un temps, semble se dissiper mais la tâche s'avère rude pour sortir le pays de ce marasme économique qui ne laisse entrevoir aucun avenir à personne. En effet, les caisses de l'Etat sont vides et celui-ci est incapable, dans l'état actuel des choses, de percevoir les taxes qui lui sont dues. La rumeur court d'ailleurs que la plupart des Grecs ont déjà depuis longtemps viré leurs petites économies vers l'étranger...
Le PIB s'élève à environ 228 milliards d'euros en 2011. 3,4 % des activités économiques proviennent de l'agriculture, 13,6 % de l'industrie, 7 % de la construction et 76 % des services (dont le tourisme et la marine marchande). L'économie parallèle représente une part importante des activités, on l'estime à 30-40 % du PIB.
Les principales productions agricoles grecques sont le blé, le maïs, l'orge, le sucre de betteraves, les olives, les tomates, le vin, le tabac, les pommes de terre, le boeuf et les produits laitiers.
L'industrie se concentre sur la transformation du tabac et d'aliments, le textile, les produits chimiques, les métaux issus de la mine, et le pétrole.
Le pays importe plus qu'il n'exporte, avec en 2010, 17 milliards d'euros d'exportation contre 45,36 milliards d'euros d'importations de biens.
Avec 15 000 km de côtes (dont les deux tiers sont insulaires), le littoral grec permet une activité touristique unique en Europe et en Méditerranée, constituant l'une des principales ressources du pays. On estime que 60 % de la population vit directement ou indirectement (avec les services par exemple) des revenus du tourisme. Tous les ans, la Grèce accueille plus de touristes que le nombre de sa population nationale ! Ce secteur représente 15,5 % du PIB et emploie environ 850 000 personnes (dont beaucoup au noir et saisonnier), soit 1 actif sur 5.
Touchée par la crise, la saison 2010 a eu toutes les peines à démarrer. Suite aux nombreuses grèves et manifestations du printemps, beaucoup y ont même annulé leur venue. Le bilan a pourtant été satisfaisant puisque la fréquentation globale est restée stable, surtout grâce aux promotions offertes par les hôteliers dont les revenus ont chuté.
Selon la mission économique de France en Grèce, l'ensemble de l'année 2010 a progressé de 9,95 %. La saison touristique 2011 a, elle, été marquée par une grève générale des taxis dans le centre d'Athènes pendant plusieurs semaines, protestant contre la libéralisation de leur profession. Et le squat de la place Syntagma par les " Indignés " grecs et leurs tentes. Pour ne pas gêner les touristes, la municipalité a fini par les en déloger à la fin du mois de juillet. De janvier à juillet 2011 le tourisme en Grèce a montré une hausse de 13 % des arrivées au niveau national. Les 13 principaux aéroports du pays sont en hausse, seule Athènes montre une baisse de 2,74 % des arrivées qui est largement compensée par les aéroports régionaux (source : mission économique).
Si la croissance comique s'est maintenue à 4 % pendant les années qui ont suivi les Jeux olympiques, la Grèce traverse aujourd'hui une période de récession. La crise a débuté lors de l'avènement du PASOK au pouvoir en 2009 et la découverte d'une dette et d'un déficit abyssaux. Contrainte par l'Europe et le FMI à prendre des mesures d'austérité sans précédent pour obtenir un prêt financier de 110 milliards d'euros, la Grèce s'est retrouvée prise dans une spirale de récession. Suite aux baisses des salaires et à l'augmentation des taxes votées au Parlement, la consommation a chuté ainsi que la production. Les rentrées fiscales n'ont pas été à la hauteur des espérances. Le gouvernement a été dans l'obligation de quémander un deuxième plan d'aide, en échange duquel il poursuit sa cure d'austérité et lance un gigantesque plan de privatisations. Notée à la baisse par les agences de notation internationales, la Grèce ne peut plus se financer sur les marchés et dépend de cette aide internationale. En 2011, le déficit public est revu à la hausse à 10,5 % du PIB et la dette atteint 152 % du PIB. En constante augmentation, le taux de chômage atteint 14,6 % en 2011, et 40 % chez les jeunes, malgré les mesures d'incitation à l'embauche prises au cours de l'année, renforçant la flexibilité du marché et la précarité des salariés.
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