La bambouseraie d_Anduze a servi comme lieu de tournage au film Le Salaire de la Peur d_Henri-Georges Clouzot (1953) (c) Picturereflex -shutterstock.com.jpg

Peinture

Si aucun courant majeur de la peinture ne s'inscrit à proprement parler dans le Gard, grand nombre d'artistes y vivent et ouvrent leurs ateliers sous invitation ou font connaître leurs œuvres dans des galeries adjacentes, privées ou associatives. La ville de Sauve recèle des lieux d'artistes et les célèbre le 1er mai avec la Journée des créateurs et des ateliers ouverts. La galerie Vidourle, « chef-lieu » du célèbre dessinateur américain Robert Crumb, rassemble des expositions collectives pour tous les goûts.

Sculpture

De nombreuses galeries présentent leurs artistes locaux ou européens, mais en termes d'art contemporain, le Château de Bosc à Domazan à l'extrême est du département, entre le Pont du Gard et Avignon, se distingue lorsqu'il s'agit de sculpture. C'est Albert Féraud, sculpteur et membre de l'Académie des beaux-arts, qui encourage tout d'abord cette initiative par le don d'une de ses œuvres et en devenant parrain du parc du château en 2002. Depuis, plus de 200 artistes contemporains y ont exposé leurs œuvres monumentales en extérieur. Depuis 2022, Barjac rivalise en terme d'art contemporain, depuis l'ouverture au public de La Ribaute, l'atelier d'Anselm Kiefer qui fait parcourir les visiteurs en petits groupes à travers 80 espaces d'exposition des œuvres monumentales de celui qui est considéré comme un des plus grands plasticiens de notre époque. Parcours souterrains, hangars, serres, champs, la déambulation sur 40 hectares, vous font vivre une immersion directe dans son art et son univers. D'autres artistes contemporains tels que Laurie Anderson et Giovani Anselmo ont créé des installations permanentes à la demande de Kiefer.

Photographie

Depuis plus de 25 ans à Nîmes, le Centre d'art photographique Negpos est à la fois un laboratoire et un lieu d'exposition, un espace d'échanges et d'expérimentations qui favorise la recherche-création. Chaque année, le centre accueille un artiste français ou international en résidence, en l'invitant à porter son regard sur l'urbanité nîmoise, de ses quartiers ou des Ferias. Leur travail est ensuite présenté dans le cadre de l'événement Les villes invisibles qui, outre des expositions de photographies, réunit le cinéma et l'architecture avec des projections de films et des installations d'art public. La galerie de Negpos propose aussi une programmation étoffée toute l'année.

Parmi les artistes d'envergure qui ont choisi de s'installer dans le Gard, notons Rico D'Rozario, spécialiste des portraits de musiciens et du monde du showbiz. Anglais d'origine jamaïcaine ayant travaillé aux États-Unis et en Europe, il a photographié pendant 50 ans les stars de la pop, du rock, du blues et du jazz comme Zappa, Stevie Wonder, Prince, Grace Jones, Al Green, Iggy Pop, Roy Hargrove, et a signé plus de 150 pochettes d'album. Depuis qu'il est installé dans un village près d'Anduze, son travail est de plus en plus exposé dans le département, souvent en soutien à des initiatives culturelles locales.

Cinéma

Par la diversité de ses paysages, le Gard a été le lieu d'accueil de nombreux tournages, et ce, depuis 1910, à Vauvert en Camargue pour les westerns de Jean Durant. Le salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot, Palme d'Or en 1953, se sert de la bambouseraie d'Anduze pour recréer la végétation luxuriante du Guatemala. Les Mistons en 1957, court-métrage de François Truffaut tourné à Nîmes, marque la première apparition de Bernadette Lafont, originaire de la ville et enterrée en 2013 à son mas familial de Saint-André-de-Valborgne. En 1975, les communes de Belvezet et Valléragues, non loin d'Uzès, accueillent Serge Gainsbourg et l'équipe de Je t'aime moi non plus. En 1986, c'est à Sommière que sera recréé partiellement la Provence de Marcel Pagnol pour les adaptations de Jean de Fleurette et Manon des Sources de Claude Berri, avec Daniel Auteuil, Gérard et Elizabeth Depardieu, Yves Montand et Emmanuelle Béart. La même année, Gérard Depardieu poursuit sa présence dans le département avec le tournage du film de Francis Veber, Les Fugitifs, avec Pierre Richard. Des reconstitutions historiques plus anciennes s'inscrivent aussi dans la région : à Uzès en 1990 pour une partie du Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, à Beaucaire en 1994 pour Le Hussard sur le toit du même réalisateur, et également au château d'Aujac pour certaines scènes de Michael Kohlaas d'Arnaud des Pallières en 2013, qui montre les Cévennes dans toute leur magnificence sauvage. C'est aussi à Beaucaire que sont filmées certaines parties d'Indigènes, de Rachid Bouchareb, en 2006. En 2013, Katell Quillévéré choisit Alès pour réaliser Suzanne, avec Adèle Haenel dans le rôle-titre. En 2022, c'est Michel Grondy qui tourne au Vigan et à Saint-Sauveur-Camprieu un grande partie de son film Le Livre des solutions, avec Pierre Niney dans le premier rôle. Et la liste est beaucoup plus longue ! Quelques festivals célèbrent le 7e art dans le Gard, dont les plus importants sont Itinérances à Alès et DOC-Cévennes à Lasalle, qui offrent des projections toute l'année dans les villes et villages avoisinants. Finalement il ne serait pas possible de conclure cette partie sans évoquer un grand du cinéma qui avait choisi le Gard pour résidence depuis de longues années, Jean-Louis Trintignant, décédé à Uzès en 2022.

Street Art

Réappropriation de l'espace public, démocratisation de l'art, quelque part entre l'underground et le grand public par son accessibilité, l'art urbain est un mouvement artistique majeur depuis le XXe siècle. Grâce à cette forme d'expression et au travail de M.I.A.O.U. (Musée Intercommunal d'Art Ouvert et Urbain) en Cévennes, la ville de Bessèges a retrouvé des couleurs, voire une vitalité nouvelle. L'ancienne ville minière qui a connu une longue période d'inactivité et même de pauvreté accueille depuis quelques années diverses initiatives originales. Avec des fresques ou des œuvres monumentales sur les résidences HLM, bâtiments publics, portes de hangar ou usines désaffectées, on peut parcourir un circuit muséal à ciel ouvert qui s'agrandit chaque année. Les street artistes L'insecte, Grumo, Foa, Ted Nomad, Nubian et des collectifs Iretge ou Lettres Capitales, pour ne nommer que ceux-là, ont transformé la ville et le regard que les habitants et les visiteurs y portent par plus d'une trentaine d’œuvres. Évoquant le passé ouvrier et nous plongeant en même temps dans des univers souvent psychédéliques avec un côté animalier (tigre, baleine, renard ou bien sûr chat s'affichent), les créations font le pont entre hier et aujourd'hui. Par des ateliers participatifs offerts aux jeunes comme aux résidents de l'Ehpad, la démarche s'assure d'être inclusive, ouverte et actuelle.