Guide de Papouasie-Nouvelle-Guinée : Mode de vie
Les enfants qui ont vu apparaître les premiers hommes blancs dans les montagnes papoues utilisent aujourd'hui des téléphones portables pour demander à leur petit-fils de leur effectuer un transfert bancaire... Le monde change, mais surtout en Papouasie, où la marche forcée vers le " progrès " entraîne bien des bouleversements.
La plupart des femmes en Papouasie ont perdu au moins un enfant au cours de leur grossesse ou durant ses deux premières années de vie. Faute de moyens, faute d'infrastructures, les enfants sont encore nombreux à naître dans la case de leurs parents, autour d'un feu de bois. Dans les hautes terres, le père se tient prudemment à l'écart de sa femme et du nouveau-né pendant quelques jours, voire quelques mois, afin de ne pas perdre de son pouvoir. En général, l'enfant reçoit un prénom chrétien, accompagné d'un prénom traditionnel. Une fois adolescent, il s'en choisit souvent un troisième, qu'il emploiera au quotidien. Il est plus difficile d'édicter une règle pour les noms de famille qui, selon les régions, existent ou pas. Parfois, on emploie simplement le prénom du père, parfois le nom du clan, tandis que dans d'autres ethnies le nom de famille existe. Aujourd'hui, les enfants sont souvent baptisés au cours de petites fêtes. Dans certaines régions, comme chez les Huli, les premiers anniversaires sont célébrés avec faste ; dans d'autres, comme chez les Baining, de grandes cérémonies collectives célèbrent la première coupe de cheveux des garçons, vers 4-5 ans. Il arrive fréquemment que, pour diverses raisons, les enfants soient confiés à une autre famille ou soient élevés par une tante ou un oncle. La famille est très élargie en Papouasie. Si les filles restent avec leur mère jusqu'à leur mariage, les garçons quittent souvent la maison familiale à l'adolescence. Ils rejoignent alors la maison des hommes dans laquelle réside leur père ou bien se réunissent entre adolescents pour cohabiter dans des cases qu'ils construisent eux-mêmes. Pratiqués autrefois dans tout le pays, les rites d'initiation des adolescents, qui marquaient leur accession à l'âge adulte, n'existent plus que dans le Sepik et dans certaines régions très reculées.
En ville, chaque enfant peut fréquenter l'école, d'autant que les premières années sont relativement peu onéreuses. Bien qu'elle ne soit pas obligatoire, les Papouasiens y attachent une grande importance, étant convaincus qu'une bonne scolarité permettra à leurs enfants d'accéder à un monde meilleur. A la campagne, pour qu'un enfant puisse aller à l'école, il faut que soient réunies plusieurs conditions. Il faut d'abord disposer d'un établissement scolaire distant de moins de 3 heures de marche, ce qui est tout de même très souvent le cas. Là encore, les Papouasiens, attachés à l'éducation, construisent eux-mêmes l'école nécessaire. Il faut aussi trouver un professeur, ce qui devient plus compliqué quand il s'agit de villages isolés et sans moyens de communication. L'Etat envoie bien des professeurs dans tout le pays, mais ceux-ci s'enfuient fréquemment des lieux où la vie leur paraît trop compliquée. Enfin, il faut avoir de la chance, les parents de familles nombreuses choisissant souvent de scolariser seulement une partie de leur progéniture.
D'autres problèmes apparaissent à partir du collège, quand les frais de scolarité augmentent sensiblement. Il devient alors impossible pour beaucoup de payer ces sommes, de l'ordre de 70 ou 80 € par an. De plus, pour les habitants des villages, l'entrée au collège implique souvent l'obligation de s'éloigner de la cellule familiale, ce qui ajoute à la difficulté. Enfin, le lycée, qui coûte environ 300 € par an, est hors de portée pour la plupart des parents, d'autant que, dans 80 % des cas, il est synonyme d'internat, ces établissements ne se trouvant pratiquement que dans les centres urbains. Ainsi, en 2012, si 80 % des enfants étaient scolarisés au niveau du primaire, 40 % seulement l'étaient au niveau du lycée. Quant aux universités, très chères, de l'ordre de 1 000 € par an, elles sont très rares et situées uniquement à Port Moresby, Lae, Madang et Goroka.
Le socle de la société papouasienne n'est pas le même que celui des sociétés européennes. La notion de famille nucléaire, composée d'un père, d'une mère et des enfants, semblerait bien restrictive à des gens qui appellent " maman " toutes leurs tantes, et " papa " tous leurs oncles. Un enfant peut d'ailleurs être aussi bien élevé par ses propres parents que par ses tantes et oncles. L'enfant intériorise vite la notion de clan, des gens qui ne sont pas forcément des parents mais qu'il appellera malgré tout " oncle ", " tante ", " frères " et " soeurs " et avec qui il devra tout partager.
Au sein de sa famille, l'enfant reçoit l'éducation de base, et, après quelques années de totale liberté, c'est à lui qu'échoient la plupart des tâches domestiques, surtout s'il s'agit d'une fille. La différenciation sexuelle des tâches s'effectue très tôt : rapidement, le garçon suit son père et partage ses travaux, tandis que la petite fille s'attache à suivre les pas de sa mère. Généralement, c'est aux hommes qu'incombent les gros travaux : coupe des arbres, construction des maisons, défrichage, bois de chauffage... La femme prend soin du jardin, des cochons, de la maison, des tâches ménagères et des repas quotidiens. Dans les sociétés matriarcales, ce sont souvent les oncles maternels qui prennent en charge l'éducation des garçons, puisque ceux-ci appartiennent à la lignée de leur mère.
Dans une famille polygame, les épouses vivent en général éloignées les unes des autres et leurs enfants n'ont, paradoxalement, que peu de contacts. Chaque épouse doit bénéficier du même traitement de la part de l'époux, ainsi que d'une maison et des jardins de même dimension. Malgré cela, les bagarres, souvent violentes, entre co-épouses sont très fréquentes. Le chef de famille reste l'homme. Cela est particulièrement vrai dans les sociétés patriarcales, avec des extrêmes comme chez les Huli, mais c'est également le cas dans les sociétés matriarcales. Si les femmes gèrent alors comme bon leur semble leur argent et leurs terres, l'homme dirige son foyer. Les personnes âgées sont prises en charge par leurs enfants ou neveux, indifféremment garçons ou filles, jusqu'à leur mort. La belle-famille représente beaucoup, pratiquement autant que sa propre famille. Un mot générique en Papouasie définit cette notion : " tambou ". Ce terme s'applique à toute personne du clan de son conjoint. Ces personnes ont des droits plus ou moins importants suivant les ethnies, on les traite avec respect et considération. On leur doit également aide et assistance en toute circonstance.
La diversité géographique induit forcément une grande variété d'habitats. Traditionnellement, les hommes vivaient ensemble dans des " maisons des hommes ", alors que les femmes vivaient, elles, chacune dans sa case, au milieu des jardins. Certaines ethnies avaient toutefois conçu de grandes maisons communautaires dans lesquelles cohabitaient plusieurs familles, mais toujours en respectant a minima la séparation homme/femme.
Dans les hautes terres, les maisons sont généralement posées à même le sol, rondes ou carrées suivant les régions, petites, sans fenêtre, avec d'épais toits de chaume composés de joncs sauvages. Le feu se trouve au milieu de la maison et sert à cuisiner et à se chauffer. Les maisons actuelles comprennent habituellement une ou deux chambres, les cloisons étant faites de bambou tressé. Les gens vivent parmi leurs jardins, sans créer de vrais villages, l'habitat étant plutôt dispersé. Sur la côte et sur les basses terres, les maisons sont souvent bâties sur pilotis, pour plus de fraîcheur, avec de nombreuses ouvertures. Elles sont plus grandes que dans les hautes terres, avec des toits en feuilles de sagoutier. Le feu se trouve dans un coin de la maison, posé sur un foyer de terre ou de pierre. L'habitat, plus regroupé, forme de vrais villages.
Les soins médicaux sont encore très limités et de mauvaise qualité en Papouasie, c'est pourquoi, en cas de problème de santé, un voyageur ou un expatrié devra se faire évacuer au plus vite. Les hôpitaux importants se trouvent uniquement dans les grands centres urbains, les meilleurs étant à Port Moresby et à Goroka. La plupart des organisations internationales tirent la sonnette d'alarme concernant l'état sanitaire des centres de soins. Dans les campagnes, les dispensaires sont généralement gérés par les missions religieuses et équipés de quelques lits et de goutte-à-goutte... On y distribue quelques antibiotiques à spectre large, des antipaludéens, des cachets d'aspirine et c'est à peu près tout. Les maladies les plus fréquentes sont le paludisme, les infections cutanées et les problèmes de peau. La concentration humaine dans les bidonvilles autour des centres urbains ne cesse d'augmenter, sans que les infrastructures sanitaires ne suivent. De nouvelles épidémies apparaissent, comme celle du choléra qui a frappé la côte nord du pays fin 2009. Mais le vrai danger vient du Sida. Déjà alarmants, les chiffres actuels qui annoncent 36 400 cas dépistés doivent pourtant être considérés comme très en-dessous de la réalité, vu le faible taux de dépistage. Les prévisions les plus optimistes estiment que près de 48 000 personnes seraient porteuses du virus, soit 0.9 % de la population ; les plus pessimistes parlent de " pandémie à l'africaine " si rien n'est fait.
La médecine traditionnelle papouasienne repose plus sur des formules magiques que sur de réelles utilisations de pharmacopée traditionnelle. Seuls les peuples restés chasseurs-cueilleurs des basses terres semblent avoir acquis une connaissance profonde des plantes qui leur permet de soigner quelques maladies. Mais, comme pour les anciens rites religieux, une grande partie du savoir a sans doute disparu sans laisser de traces, lors de l'arrivée des missionnaires trop empressés de remplacer l'ancien mode de vie des Papouasiens par une vie " chrétienne ".
Sauf pour les fonctionnaires, il n'existe aucun système de retraite dans le pays. Les personnes âgées sont prises en charge par leur famille. Elles participent aussi longtemps qu'elles le peuvent aux tâches quotidiennes puis restent à la maison jusqu'à la fin. Ceux qui travaillent en ville prennent soin de ne jamais oublier ceux qui sont restés au village, en leur envoyant régulièrement de l'argent et en participant à toutes les cérémonies ou compensations. C'est à ce prix qu'ils seront bien accueillis à leur retour et qu'à leur tour les gens du village prendront soin d'eux dans leurs vieux jours.
Pour les Papouasiens, la mort ou les maladies ne sont jamais " naturelles ". Elles proviennent nécessairement d'un mauvais sort ou d'un empoisonnement. Aussi, la plupart des soins prodigués à un malade sont destinés à combattre le sort plutôt qu'une maladie précise. Il s'agit d'abord de trouver le coupable et de chasser le mauvais esprit à l'aide de formules magiques. Certains, sans être réellement des chamans ou des sorciers, sont spécialisés dans ces " traitements ". Pour se prémunir contre les mauvais sorts, de nombreux Papouasiens portent sur eux en permanence des objets magiques chargés de forces positives. Chaque année, des chasses aux sorcières ou aux sorciers font plusieurs morts, le plus souvent dans les régions reculées.
Traditionnellement, la société mélanésienne est polygame. Si sur la côte et dans les basses terres la monogamie chrétienne s'est imposée, la polygamie reste la norme dans les hautes terres. Les mariages n'y donnent jamais lieu à une déclaration officielle, les familles se contentant d'échanges traditionnels. Seuls les mariages célébrés à l'église sont une assurance contre la polygamie. Le choix des conjoints dépend entièrement d'eux-mêmes, bien que les mariages soient généralement conclus très rapidement, sans que les concernés n'aient pris le temps de se connaître. Il serait très mal vu pour un couple de se fréquenter ouvertement sans être marié. C'est généralement la femme qui vient vivre dans la famille du mari, sauf dans les sociétés matriarcales où c'est alors l'inverse. La virginité n'est pas une vertu spécialement recherchée chez une jeune fille, mais un homme prêtera attention à la réputation de la jeune fille qui l'intéresse, à ses manières et à sa force de travail. Une femme se montrera attentive à la capacité de l'homme à travailler, à son humour et au nombre de cochons qu'il possède... Bien entendu, aujourd'hui l'argent entre également en ligne de compte. L'homme verse une dot à la famille de sa femme, plus ou moins importante (parfois folle) suivant les régions. Le divorce existe mais peut s'avérer extrêmement compliqué, voire cause de guerre. Dans certaines régions comme chez les Huli, un homme qui coucherait avec une femme sans l'épouser risquerait littéralement sa vie ; dans d'autres, si elle est faite avec discrétion, la chose est admise... L'âge légal du mariage est de 18 ans, mais comme l'état civil n'existe pas...
Colonisation et pacification ne datant que de 80 ou 70 ans, elles n'ont pas empêché les guerres tribales, très fréquentes dans les montagnes papouasiennes. Les Occidentaux qui ont pénétré sur leurs territoires étaient les premiers étrangers que voyaient les Papouasiens. En guerre perpétuelle contre tous leurs voisins, ils ne sortaient en effet jamais de leurs terres. Cette mentalité est encore d'actualité et les conflits éclatent toujours pour les raisons traditionnelles : terres, cochons et femmes. Raisons auxquelles s'ajoutent aujourd'hui bagarres d'ivrognes, accidents de voiture, rançonnage. Dans une société sans Etat fort pour imposer loi et ordre, la violence reste le seul moyen pour les tribus de se faire respecter et de veiller à ce que l'on ne leur vole pas ce qui leur appartient. C'est, en tout cas, la façon de voir des Papouasiens, qui réagissent par l'agression à tous les problèmes : non paiement d'une dot, vol d'un cochon, dispute pour des terres. Mais une guerre papouasienne n'obéit pas aux mêmes lois qu'une guerre européenne. Ici, elle est contenue et codifiée : les combats sont plutôt des escarmouches, des raids éclairs de destruction de jardins ou de maisons, des embuscades. Et quand la bataille devient rangée, elle cesse aux premières blessures ou aux premiers morts. Toutefois, le coût de ces conflits est énorme : écoles brûlées, champs de caféiers détruits, jardins ravagés, bus et véhicules attaqués, business interrompu. Les gens ne peuvent plus se rendre en ville, les enfants ne vont plus à l'école. Mais les Papouasiens semblent éprouver une grande passion pour ces guerres inutiles dont ils perpétuent la tradition coûte que coûte.
... et compensation
Dans les hautes terres, où la guerre fait partie de la vie de tous les jours, les compensations qui y sont liées sont encore plus importantes. Chaque mort, chaque blessure, chaque perte matérielle doit être compensée à la fin d'une guerre, afin de la clore réellement. Une guerre mal compensée recommencera inévitablement très vite. Souvent, les compensations n'interviennent qu'une fois que les belligérants se sont infligé des pertes équivalentes. Mais les compensations sont aussi pratiquées au sein des clans alliés, entre ceux qui ont provoqué la guerre et ceux qui ont perdu des hommes au combat. Le système de compensation intervient également pour régler des affaires privées. On fait alors appel aux cours villageoises traditionnelles - qui sont des sortes de " jurys " constitués d'hommes expérimentés et respectés pour leur sagesse -, qui en définissent les modalités. On peut ainsi régler une bagarre, un vol de cochon, un viol ou même un meurtre, en restant en dehors de la justice gouvernementale. Dans certaines régions, la dot que le marié verse à la famille de son épouse est aussi considérée comme une compensation pour la femme que l'on enlève à son clan et pour la douleur de la mère qui perd sa fille. Aujourd'hui, ce système intervient aussi dans des conflits modernes. Si un accident de bus fait des blessés ou des morts, le propriétaire du bus devra compenser les familles de chaque victime. Si un policier blesse quelqu'un, il lui devra également une compensation.
De nos jours, les religions d'autrefois semblent n'avoir plus de place en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un pays qui s'est placé par sa Constitution dans les mains du Dieu des chrétiens. Aujourd'hui encore, des missionnaires de différentes Eglises viennent chercher des âmes chez des Papouasiens toujours croyants, mais de plus en plus dubitatifs. Il n'y a pourtant pas que du négatif dans le travail effectué par les missions actuelles.
Depuis longtemps convertie sur les côtes, plus récemment dans les hautes terres, la population papouasienne actuelle est chrétienne à plus de 90 %. Cette christianisation extraordinairement rapide s'explique par l'énorme influence exercée sur les Papouasiens par les premiers missionnaires, grâce notamment à tous les avantages technologiques dont ils disposaient. L'interruption de la transmission orale pendant une génération, a ensuite suffi pour faire oublier aux populations leurs anciens rites et croyances. Dans ces sociétés sans écriture ni image, où tout le savoir se transmettait de façon orale, le champ était devenu libre pour le nouveau Dieu. Un nombre impressionnant, et sans cesse croissant, d'Eglises existe en Papouasie, mais les quatre courants principaux sont les suivants (en 2000) : les catholiques romains pour 27 %, les luthériens évangéliques de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour 19,5 %, l'United Church (une Eglise protestante) pour 11,5 % et les adventistes du 7e jour pour 10 %.
Très souvent, les missions sont appelées à remplacer un Etat défaillant, avec la bénédiction de celui-ci. De nombreux établissements scolaires de tous niveaux sont gérés et financés par des missions, le gouvernement se contentant de payer les professeurs. L'enseignement y est le même que dans les écoles strictement gouvernementales. Les centres de soins, les dispensaires et les hôpitaux sont également fréquemment financés, équipés et gérés par les missions, qui parfois ouvrent ces établissements là où l'Etat papouasien n'a jamais mis les pieds. Représentant souvent le seul contact avec le monde extérieur, la compagnie aérienne des missionnaires, la MAF, dessert à la demande jusqu'au plus petit village, pour peu que son aérodrome dispose d'une chaussette à vent. Enfin, la religion propose des repères moraux à la population, très utiles à une époque où ils se font rares. Les Eglises, qui détruisirent par le passé les structures sociales traditionnelles du pays et les croyances ancestrales, se trouvent aujourd'hui dans le rôle de canalisateur, dans un contexte où ne règne pour l'instant ni la loi ni l'ordre. Les discours religieux sont donc écoutés avec attention et, dans les villages reculés, le jour de travail hebdomadaire consacré à la mission présente au moins l'avantage de réunir tout le groupe et de lui assigner un but commun.
Des 4 plus importantes Eglises du pays, seule l'Eglise adventiste n'est pas très connue des Européens, l'United Church (Eglise unie) étant une mouvance du protestantisme. Issu donc du protestantisme, ce mouvement religieux, assez important aux Etats-Unis, fut fondé en 1860, dans le Michigan, par Joseph Bates et James White et sa femme. Il s'agit d'une religion millénariste qui attend (adventisme) le retour du Christ. Le samedi, jour de Shabbat, les membres de l'United Church ne travaillent et consacrent ce jour à l'église et à la prière. L'Eglise unie interdit à ses ouailles de boire, de fumer, de manger du porc et de mâcher du bétel. Malgré ces obstacles à la diffusion de cette doctrine en Papouasie, l'Eglise unie est sans doute celle qui connaît actuellement le plus grand essor. Dans une société en déliquescence, il est possible que la rigueur de ses règles semble attirante. Les adventistes, qui s'affichent comme étant très attachés à la liberté de culte, sont généralement des travailleurs ou des businessmen fiables et sérieux et des gens agréables à fréquenter, en dehors de toute considération religieuse.
De nouvelles Eglises apparaissent chaque année en Papouasie, avec leur lot de missionnaires. Ce sont des Eglises pentecôtistes diverses, des baptistes, des témoins de Jéhova, l'Eglise du Christ, l'Eglise des " quatre coins en feu ", celle du " Christ vivant ", etc. Bien que le travail de terrain des missions déjà bien implantées les rende indispensables, les nouveaux arrivants, venus pour la plupart d'Amérique, commencent à agacer les Papouasiens.
Nous ne possédons que très peu d'informations concernant les cultes antérieurs à l'arrivée des Européens, les choses étant rendues encore plus compliquées par la diversité des cultures présentes en Papouasie. Il est cependant possible de dégager quelques traits généraux caractérisant ces religions aujourd'hui oubliées.
L'absence d'un grand Dieu, créateur et maître de toutes choses. Plutôt que d'inventer une cosmogonie pour expliquer la création du monde, les Papouasiens se transmettaient des légendes qui parlaient d'un héros civilisateur venu mettre de l'ordre dans le désordre et donner au monde l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui : " D'un coup de hache, il fonda une montagne ", " Urinant ici, il créa un lac ", etc. Les esprits étaient généralement multiples et pas forcément tout-puissants.
Un ancêtre commun sous forme animale est évoqué dans de nombreuses mythologies papouasiennes. Différents suivant les ethnies, les animaux cités le plus souvent étaient le casoar, l'aigle, le calao, le crocodile, le chien, le cochon...
Le culte des ancêtres, du moins sous une certaine forme. Toutes les sociétés croient en la présence des morts parmi les vivants et leur reconnaissent la faculté d'influencer le cours des événements.
Une forme d'animisme était également pratiquée. On attribuait des esprits aux arbres, aux lacs, aux animaux...
De manière générale, les peuples des grands fleuves et ceux des îles possédaient à l'origine une mythologie bien plus importante que celle des habitants des montagnes, mythologie composée de nombreuses légendes, d'esprits variés, de rites divers...
Ces deux sigles désignent deux gigantesques organisations religieuses, très actives dans le domaine de l'étude des langues indigènes. Elles ont trouvé en PNG un terrain de recherche idéal... Toutes deux effectuent un travail titanesque et très utile : le recensement des langues de Papouasie, leur étude et la normalisation de leurs grammaires et de leurs écritures. Mais, si le Summer Institute of Languistics offre des gages de sérieux (présence dans le monde entier, diverses sources de financement, partenariat avec des universités et des chercheurs, publications régulières et ouvertes à tous), il n'en reste pas moins une organisation basée sur la foi chrétienne. Aussi, malgré sa volonté affichée de proscrire tout prosélytisme, on peut douter de ses motivations véritables. Quant à la New Tribes Mission, elle a au moins le mérite d'afficher clairement son ambition : porter la bonne parole à tous les peuples du monde dans leur propre langue ! Cette mission n'hésite pas à envoyer ses membres dans les communautés les plus reculées jusqu'à ce qu'ils soient suffisamment familiarisés avec la langue locale et puissent s'en servir pour traduire la Bible...
Souvent, sur les marchés, de vieux Papouasiens proposent aux touristes de passage de petites ou de grosses pierres, polies par le temps et parfois encore recouvertes d'ocre rouge. Si elles ne paient pas de mine, ces pierres racontent une belle histoire, pleine de plumes, de danses et de chants puissants. Généralement accompagnées d'une autre pierre plus grosse, en forme de bol, ces pierres représentaient l'esprit protecteur du clan ou de la tribu. Le plus souvent, elles étaient enterrées sous la maison des hommes. Parfois elles réclamaient des sacrifices de porcs aux chamans ou aux chefs chargés de veiller sur elles. Parfois aussi une maladie frappait le clan, ou il fallait s'assurer une bonne récolte ou encore force, courage et protection pour faire la guerre. Il fallait alors sacrifier des cochons à ces esprits, afin de s'attirer leurs faveurs. Toute la tribu était mise à contribution, au cours des cérémonies complexes et longues accompagnées de danses et de grandes réunions. Une fois les porcs sacrifiés, les chamans recouvraient les pierres de graisse de l'animal, les peignant souvent d'ocre rouge, le tout accompagné de formules magiques puis on les enterrait de nouveau. Il faut donc prêter un peu plus d'attention à ces " cailloux ", même si, aujourd'hui, conscients de leur valeur symbolique, les Papouasiens sont tentés d'en vendre un peu plus qu'il n'y en a eu réellement...
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