Guide du Turkménistan : Arts et culture
La culture d'Asie centrale et ses productions artistiques sont nées d'un long brassage de civilisations, mélangeant les traditions turques et persanes parfois mâtinées d'influences chinoises, les techniques des sédentaires et les impératifs de la vie nomade. Toutes les productions artistiques et artisanales de la région reflètent cette longue et tumultueuse histoire.
Un voyage en Asie centrale est une véritable découverte architecturale, notamment grâce aux incontournables merveilles d'Ouzbékistan.
Bien peu de bâtiments du royaume de Khorezm ou des Sogdiens ont survécu aux terribles ravages des Mongols puis de Tamerlan. Seules quelques ruines plus ou moins identifiables témoignent des styles architecturaux du royaume de Bactriane ou de Sogdiane. L'un des rares rescapés de ces destructions massives est le mausolée d'Ismail Samanid à Boukhara. Il permet d'admirer l'architecture sogdienne utilisant le bois et la brique cuite, à la recherche d'une symétrie parfaite. Les décorations murales de cette époque sont exclusivement obtenues à partir d'une imbrication raffinée des briques. Le minaret de Kalon, à Boukhara, est un autre témoignage de cette architecture sobre mais délicate.
La ville de Khiva est pour sa part un témoignage vivant de l'architecture du royaume de Khorezm, qui a diffusé son style jusqu'au nord du Caucase. Les maisons de Khiva sont dotées de grands auvents destinés à lutter contre la chaleur, et ne comportent pas de séparation entre les quartiers des hommes et ceux réservés aux femmes, contrairement à l'architecture traditionnelle du reste du pays. Les sculptures sur bois, très présentes à Khiva, sont également un héritage de la tradition architecturale de Khorezm. Celle-ci a d'ailleurs imprégné les monuments construits quelques siècles plus tard à Khiva sous l'influence musulmane. Les mosquées y sont en effet dotées d'un auvent surmonté d'un toit plat, rappel de l'architecture locale.
La première civilisation avec laquelle l'islam a eu des contacts était celle des Persans. Tout naturellement, l'architecture islamique s'est largement inspirée des caractéristiques persanes, qu'elle a en partie reprises à son compte. Les mosquées sont ainsi construites autour d'une large cour, et dans un souci de symétrie. Elles sont dotées de minarets, d'un mirhab (petite niche dans la salle de prière qui indique la direction de la Mecque), et de dômes, qui ne sont intégrés à l'architecture islamique qu'à partir du VIIIe siècle. Les décorations murales sont conçues à partir de formes géométriques et de motifs floraux, l'islam interdisant la reproduction du visage humain.
L'époque de Tamerlan et de ses successeurs a constitué l'apogée de l'architecture islamique en Asie centrale et au-delà. Les monuments de Tamerlan, que l'on peut notamment admirer à Samarkand et à Turkestan au Kazakhstan, sont caractérisés par leur monumentalisme, leurs multiples minarets, leurs céramiques polychromes et l'utilisation fréquente de doubles dômes. Cette architecture timouride a inspiré l'école architecturale moghol, en Inde, ainsi que celle des Safavides et des Ottomans.
Les anciennes villes d'Ouzbékistan ont été bien protégées et restaurées, et sont les plus beaux témoignages architecturaux de la région. Dans le reste de l'Asie centrale, steppes livrées aux nomades ou déserts inhabités, l'architecture était un concept traditionnellement absent. Mais l'arrivée des Soviétiques est allée de pair avec l'apparition d'un réseau urbain diffus. L'architecture est conforme aux impératifs fonctionnels des communistes russes : les bâtiments d'habitation sont en matériaux bruts, privés de toute ornementation. Quelques bâtiments publics présentent néanmoins un intérêt architectural, théâtres ou universités construits dans un style plus russe que soviétique. Les églises orthodoxes construites à la fin du XIXe siècle apportent également une touche de bois et de couleurs dans des villes où on ne les attend pas forcément.
Depuis l'indépendance, certains pays ont entrepris de construire des villes nouvelles conformes à l'image de modernité qu'ils souhaitent donner d'eux. C'est notamment le cas à Achgabat, capitale du Turkménistan, et à Astana, la nouvelle capitale kazakhe. La première ville est une véritable démonstration de richesse de façade et de mégalomanie. Le centre est flambant neuf, les bâtiments publics sont tout en marbre blanc, les avenues gigantesques et vides. Achgabat est une ville en trompe-l'oeil, destinée non pas à ses habitants, mais à assouvir l'ambition du président. Celui-ci s'est d'ailleurs fait construire en plein centre-ville un énorme palais présidentiel tout en marbre et dorures, conçu et réalisé par... le groupe français Bouygues !
À Astana, le nouveau quartier d'affaires suit à peu près la logique turkmène, mais de manière un peu moins ostensiblement mégalomaniaque. Les bâtiments administratifs monumentalistes y succèdent néanmoins à de vastes complexes de bureaux tout en verre et pour l'instant totalement déserts. Les avenues s'étirent à perte de vue, et sont à peu près aussi animées que les steppes du pays. La nouvelle architecture d'Asie centrale se cherche une identité, mais les voies explorées à l'heure actuelle peuvent laisser perplexe...
C'est sous les Timourides que l'art de la céramique a atteint son apogée. Lors de ses conquêtes, Tamerlan épargnait les meilleurs artisans et les ramenait à Samarkand, où ils venaient grossir les rangs des bâtisseurs. La nécropole de Shah-i-Zinde, à Samarkand, est la plus éclatante illustration des compétences et des innovations de ces artisans : tuiles émaillées polychromes, motifs peints sur ou sous la glaçure, mosaïques de fines pièces de céramique glaçurée taillées au ciseau, ou encore terracotta moulée, sculptée puis émaillée. Les secrets de fabrication et de glaçure étaient transmis de père en fils, et chaque région possédait ses couleurs et ses motifs.
Les couleurs et les motifs des plats en céramique proposés aujourd'hui par les artisans rappellent les coupoles et les frises décoratives des monuments timourides, et évitent ainsi aux touristes d'aller gratter la terre ou d'arracher les dernières décorations d'une madrasa, comme le fit d'ailleurs le fameux faux derviche Arminus Vambery sur l'une des mosaïques de Bibi Khanim : " la composition et le coloris me parurent d'une incomparable beauté ; elle est tellement bien cimentée qu'il me fallut prendre des peines incroyables pour en détacher le calice d'une fleur ", raconte-t-il dans son récit de voyage...
Les femmes du khan pouvaient être répudiées à tout moment et, comme les nomades, elles portaient donc leurs richesses sur elles : plusieurs robes et manteaux enfilés les uns sur les autres, mais aussi leurs bijoux, qui étaient censés les protéger. Les bracelets, boucles d'oreilles, diadèmes et pectoraux étaient en argent ciselé, dorés à l'or fin et incrustés de pierres semi-précieuses comme la cornaline, la turquoise, le corail, ou encore de perles et de rubis.
Les jeunes mariées étaient couvertes de bijoux. Diadème couvrant la coiffe de soie, elle-même ornée de pendentifs, bracelets, larges boucles d'oreilles, anneaux pour le nez, collier, amulettes et pectoral. Un dicton est célèbre en Asie centrale : " Quelle est la plus belle mariée ? - Celle qui ne peut se déplacer seule car elle est trop chargée de bijoux. "
Les tapis ont parfois été nommés d'après leur lieu d'origine, mais ils portent encore plus souvent le nom de la ville où ils ont été vendus. C'est le cas des boukharas, qui se vendaient au bazar de la ville du même nom, mais provenaient en général des tribus turkmènes. Boukhara était en effet l'un des plus grands centres de vente de tapis d'Asie centrale. La confection des tapis est réservée aux femmes et aux jeunes filles. Les techniques se transmettaient de mère à fille. L'enfant apprenait à tisser dès l'âge de 8 ans, et on considérait qu'il fallait 25 années d'expérience pour devenir une tisserande accomplie. La couleur rouge, symbole de la fertilité et de la prospérité, était la plus utilisée, non seulement pour sa valeur symbolique, mais aussi parce que la garance, colorant naturel, pousse en quantité en Asie centrale. Le décor était composé d'un champ central, en général à médaillons, et de bordures. Les motifs géométriques sont propres à une région ou une tribu au Turkménistan, ce qui permet aux spécialistes d'identifier leur provenance d'un seul coup d'oeil.
Les tapis les plus anciens ne possédaient jamais plus de 3 bordures, mais au XIXe siècle les tapis pouvaient avoir jusqu'à 12 bordures. La qualité des tapis baissa dès la fin du XIXe siècle avec l'apparition des colorants à l'aniline et l'augmentation du serrage obtenu en tassant la trame et le velours, et non en utilisant des fils plus fins. Les tapis perdaient ainsi la richesse des coloris naturels et leur souplesse. Les nomades devenant sédentaires et agriculteurs, la production a diminué et les traditions familiales se sont perdues, les motifs symboliques ont progressivement été remplacés par des motifs décoratifs. Le Turkménistan reste néanmoins le pays produisant les plus beaux tapis d'Asie centrale. La production mécanisée favorisée par les soviétiques y a largement été remplacée par un retour à la tradition du tissage à la main.
Dans les bazars d'Asie centrale, les soies ikatées sont progressivement remplacées par de pauvres imitations synthétiques importées de Chine. Au siècle dernier les becassab et les khan atlas de la vallée de Ferghana, de Samarkand et de Boukhara étaient l'une des marchandises les plus prisées des marchands russes. Après la révolution et l'arrivée des bolcheviques au pouvoir, les femmes " libérées " ainsi que les artisans étaient plus utiles dans les champs de coton que devant les métiers à tisser. Cet artisanat fut donc interdit, et les techniques ancestrales furent presque perdues. Il fallut attendre les années 1950 pour que les soviétiques relancent la production des soieries de façon industrielle dans la vallée de Ferghana. Aujourd'hui, il existe à nouveau des fabriques artisanales (dont celle de Yodgorlik, à Margilan, et du Tim Abdullah Khan à Boukhara qui utilisent les techniques traditionnelles de fabrication et vendent leur production). Les tissus sont faits à la main, les fils de chaîne sont colorés suivant un motif floral stylisé obtenu par réserves de ligatures avant le tissage. Les motifs des khan atlas sont inspirés de symboles ancestraux, à la fois géométriques et floraux, censés protéger du mauvais oeil : tulipes, poivre, pavots, papillons, queues de paon ou encore scorpions. Une légende raconte l'origine de ces tissus ikatés. Un jeune homme désirait ardemment épouser une jeune princesse. Mais le khan, père de la princesse, l'avait promise en mariage à celui qui serait capable de confectionner la plus magnifique des robes. Jour et nuit, le jeune homme tissait, les soieries qu'il proposait au khan étaient plus belles les unes que les autres, mais à chaque fois le khan les refusait. Alors, désespéré, il se rendit sur les bords d'un grand lac et voulu se noyer. Le sang qui coulait de ses doigts usés d'avoir tant tissé se mêla à l'eau du lac, au reflet des arbres et au bleu du ciel. Ces couleurs se mêlaient si harmonieusement qu'il décida de les reproduire sur son métier à tisser. Le khan, émerveillé par la beauté du tissu, lui donna sa fille en mariage.
Les femmes passaient des années entières à broder d'immenses panneaux de tissus. Elles travaillaient de longues bandes qu'elles assemblaient par la suite. Les points de broderie les plus courants étaient le bosma (point satin), le yurma (chaînette), l'iroki (point de croix) et le khamdouzi (point satin double). À l'origine, les suzani et les gulkurpa étaient confectionnés pour recouvrir le lit des jeunes mariés, et constituaient les pièces indispensables de la dot qu'apportait la femme à son mariage. Par la suite, ils furent utilisés comme panneaux muraux.
Les symboles représentés variaient suivant les régions, mais avaient toujours un rôle protecteur. Sur les couvre-lits des jeunes mariés, l'arbre de vie était souvent représenté, accompagné d'un coq ; l'arbre était symbole de fertilité, et le coq, celui qui annonce le soleil, la fin des ténèbres, et repousse les esprits malins. Un autre symbole se retrouve fréquemment dans les oï-paliak : le cercle, symbole zoroastrien de l'univers, inscrit dans un rectangle. De même que pour les tissus ikatés, on retrouve dans les panneaux brodés tout un bestiaire stylisé d'animaux protecteurs contre le mauvais oeil : serpents, scorpions, grenouilles...
Le musée du palais Sitora-i-Mokhi-Khosa, près de Boukhara, possède une importante collection de suzani et de gulkurpa dont certains sont de véritables chefs-d'oeuvre.
Les khalat de velours et de soie brodés au fil d'or étaient réalisés par des brodeurs hommes qui seuls avaient le droit de travailler le précieux fil.
Tak-ia-touzi : ornement de tiubetek (calotte).
Zoulfi-tilla, touf, soch-popouk : pendentifs décorant la coiffe, argent et nattes de coton.
Bibichok : pendentif ornant le diadème. Gajak, tilla-koch, osma-touzi, tilla-bargak, manglaï-touzi : différents types de parures et de diadèmes.
Cholika : ensemble de bijoux du Khorezm, comprenant diadème, pendentifs frontaux, collier à plusieurs rangées, souvent émaillé avec des motifs stylisés d'oiseaux.
Sooukila : coiffe du Karakalpakstan richement ornée de perles de corail et d'argent.
Kachkar-boldok : larges boucles d'oreilles rondes.
Ouï-oussirga : boucles d'oreilles à pendentifs.
Kozik-issirga : boucles d'oreilles en forme de bâtonnet d'argent, ornées de corail et de turquoise.
Arabek : anneau pour le nez.
Kouchkorchor : ou la corne de bélier, l'un des plus anciens motifs d'Asie centrale, que l'on retrouve sur certaines calottes.
Tavk, jevak, tanga-touzi, nozi-gardan : larges colliers.
Toumor : amulette de forme triangulaire ou rectangulaire.
Bozouband : amulette en forme de tube.
Kamar : ceinture.
" Le terme ikat désigne un vêtement teint et fabriqué selon une méthode consistant à cacher certaines parties du tissu en le liant. D'origine indonésienne, le terme est devenu générique en Occident pour décrire un processus de fabrication. En Ouzbékistan, la technique est appelée abrbandi, ce qui veut dire "bande de nuage".
La première étape consiste à disposer les ballots de fibres autour de planches à une distance d'environ deux mètres, permettant ainsi le marquage des dessins par le superviseur. Les fibres sont ensuite liées selon le marquage, de façon à résister à la teinture. Une fois teintes, les fibres sont réinstallées sur les planches, les liens sont défaits et on recommence le processus avec une deuxième couleur, puis une troisième et une quatrième. Le tissage actuel repose sur un processus beaucoup plus simple. Un des traits distinctifs du vêtement résidait dans sa finition vernie faite à base de blanc d'oeuf, qui procurait au tissu sa brillance. Cette technique a été abandonnée au profit du calandrage qui, au moyen d'un système de rouleau chauffé, lisse le tissu et lui donne un aspect lustré. La fabrication des ikat résulte d'un long procédé, la préparation des fibres pour le tissage pouvant prendre jusqu'à six semaines, selon la complexité des motifs et le nombre de couleurs. "
Collectif, Au fil des routes de la soie, éd. Transboréal.
L'Ouzbékistan a été le premier pays d'Asie centrale à s'intéresser au cinéma. La première projection s'y est déroulée en 1897, et le premier studio de cinéma, Uzbekfilm Studio, a ouvert ses portes dès 1924. Les autres pays de la zone ont suivi le mouvement : Turkménistan et Tadjikistan se dotaient d'un studio en 1926, le Kazakhstan en 1936 et le Kirghizistan en 1942. Les débuts du cinéma en Asie centrale sont évidemment fortement marqués par leur contexte historique. La plupart des productions sont des films ou documentaires de propagande, en faveur du communisme et de l'émancipation des femmes notamment. Les réalisateurs sont en général des Russes, et non pas des cinéastes locaux : ceux-ci ne feront leurs premières armes cinématographiques que des années plus tard, après avoir été formés dans la prestigieuse académie de cinéma de Moscou.
Le développement du cinéma dans les cinq pays d'Asie centrale est fortement lié à l'histoire du XXe siècle. Durant la Seconde Guerre mondiale, les principaux studios russes sont délocalisés vers les capitales d'Asie centrale. Le célèbre film d'Eisenstein, Ivan le terrible, est ainsi tourné dans les studios d'Almaty. Plusieurs réalisateurs russes de renom s'installent en Ouzbékistan, d'où ils peuvent continuer à travailler en évitant les remous de la guerre. Cette période permet aux réalisateurs locaux de côtoyer des cinéastes expérimentés, et de profiter en même temps des équipements modernes dont les studios étaient jusqu'alors dépourvus. Cette expérience sera mise à profit dans les années 1960, lorsque la détente idéologique instaurée par Khrouchtchev permet aux artistes une expression plus personnelle. Les premiers grands réalisateurs d'Asie centrale font leur entrée sur la scène cinématographique à cette période : Tolomush Okeev, considéré comme le père du cinéma kirghiz fait alors ses débuts, de même qu'Elyer Ishmukhamedov, originaire d'Ouzbékistan. Dans les années 1980, l'innovation vient du Kazakhstan, dont les réalisateurs, inspirés par leurs homologues français, lancent une " nouvelle vague " cinématographique. L'Aiguille, film consacré à la toxicomanie tourné en 1988 par Rashid Nugmanov, inaugure cette période de production de films sociaux et subjectifs, très éloignés du réalisme soviétique qui était jusqu'alors imposé dans toute la région. Ce n'est qu'au début des années 1990 que le cinéma d'Asie centrale commence à se faire connaître sur la scène internationale. En 1990, sept films de jeunes réalisateurs kirghiz sont présentés au festival de Sundance, aux États-Unis. Plusieurs cinéastes de la région percent à l'étranger : il s'agit notamment des Tadjiks Bakhtiyar Khudoynazarov et Mairam Usupova, des Kirghiz Aktan Abdykalykov et Beyzhan Aidkuluev, des Turkmènes Eduard Redzhepov, Murad Aliev et Usman Saparov, et des Ouzbeks Dzhanik Faisiev et Zulfikar Musakov.
Malheureusement pour ces jeunes réalisateurs en pleine ascension artistique, la chute de l'URSS met un brusque coup d'arrêt à leur carrière. Les studios, jusqu'à présent financés par des fonds publics, se retrouvent sans ressources. Les nouveaux États indépendants, focalisés sur leurs transitions politique et économique, relèguent la création artistique au second plan. Une seule académie de cinéma parvient à se maintenir au Kazakhstan, alors que l'accès à l'académie de Moscou devient impossible pour les prétendants d'Asie centrale. Au Tadjikistan, la guerre civile fait fuir la plupart des réalisateurs, alors que les studios turkmènes sont démantelés par le président Niazov. La production cinématographique disparaît complètement pendant quelques années.
Le renouveau du cinéma d'Asie centrale commence à se faire sentir à la fin des années 1990. La plupart des productions traitent de thèmes sociaux, liés à la culture et la tradition locales, et la recherche d'une identité que la période soviétique avait tenté de gommer. L'Ouzbékistan mène encore une fois le mouvement, et reste aujourd'hui le pays le plus productif : le cinéma ouzbek est très populaire en son pays, les studios nationaux ont été remis en fonction, et sont désormais épaulés par une myriade de petits studios indépendants. Yusuf Razikov, réalisateur d'Orator en 1999 et de Women's Paradise en 2000, est à l'heure actuelle le cinéaste ouzbek le plus connu à l'étranger, ces deux films ayant été récompensés dans plusieurs festivals internationaux. Ali Khamraev, un réalisateur formé à Moscou, s'est également fait connaître à l'étranger en tournant Bo Ba Bu (1999) en coproduction avec la France et l'Italie, et avec Arielle Dombasle en actrice principale ! Pour compléter le renouveau cinématographique du pays, une académie de cinéma a été créée, dont la première promotion a été diplômée en 2002.
Le Kirghizistan a connu une explosion de sa production cinématographique en 1992 (douze films tournés dans l'année !) avant un effondrement total en 1995 et 1996. La production reprend doucement, grâce à la remise en service des studios nationaux, la création de quelques petits studios indépendants et d'une académie de cinéma dont la première promotion a été diplômée en 2001. Le chef de file du cinéma kirghiz est Aktan Abdykalykov, auteur de films récompensés à l'étranger, tels Swing ("La balançoire", 1993), The Adopted Son ("Le fils adoptif", 1998) et The Chimp ("Le Singe", 2001, une coproduction avec la France). Quant à Darejan Omirbaev, il est notamment l'auteur de The Road ("La Route", seul film kazakh tourné en 2001), The Killer ("Tueur à gages", 1998) et Heartbeats ("Kardiogramma", 1995). Des petits studios indépendants, souvent soutenus par des aides internationales, ont récemment été créés au Kazakhstan, et permettent à une nouvelle génération de réalisateurs (Amir Karakulov, Ardak Amirkulov et Murad Nugmanov) de produire quelques films.
Tadjikistan et Turkménistan sont les deux pays où le cinéma a le plus souffert après l'indépendance. La plupart des réalisateurs tadjiks se sont exilés à cause de la guerre civile. Aucun film n'a été tourné dans le pays entre 1990 et 2000, et le seul réalisateur tadjik connu, Bakhtiar Khudojnazarov, auteur de Luna Papa en 1999, et Le costume en 2003, ne tourne pas ses films dans son pays, et il les finance et les produit également à l'étranger. Une nouvelle génération de réalisateurs tadjiks commence à travailler aujourd'hui, mais se contente souvent, faute de moyens, de courts métrages tournés en vidéo, dont les thèmes principaux sont le désarroi de la société tadjike contemporaine. Enfin, au Turkménistan, le cinéma est largement tombé sous le contrôle du gouvernement, et les réalisateurs les plus connus, Khodzakuli Narliev et Sergei Shugarev, ont de plus en plus de difficultés à obtenir des autorisations de tournage. Les studios officiels financent quatre films par an, tournés en vidéo faute de matériel en 35 mm. Se pose également le problème de la langue : le gouvernement impose que les films soient tournés en turkmène, excluant toute la population russophone du pays de l'accès à la production cinématographique locale.
Ouzbékistan : Orator (1999) et Women's Paradise (2000), Erkak (2005), de Yusuf Razikov.
Kazakhstan : The Road (2001) et The Killer (1998), de Darejan Omirbaev.
Kirghizistan : The Chimp (2001) et The Adopted Son (1998), d'Aktan Abdykalykov.
Tadjikistan : Petit Frère (1991), Luna Papa (1999), le Costume (2003), de Bakhtiar Khudojnazarov.
Turkménistan : The Smell of Desire (1996), de Sergei Shugarev.
Jusqu'au début du XXe siècle, la littérature d'Asie centrale transcende les frontières que l'on connaît aujourd'hui, pour se diviser en deux catégories linguistiques : turque ou persane. Certains auteurs classiques sont revendiqués à la fois par l'Iran et le Tadjikistan (qui partagent la même culture d'origine persane), ou par le Tadjikistan et l'Ouzbékistan (les khanats de Boukhara et Samarkand ayant longtemps appartenu à la sphère culturelle tadjike). Au Kazakhstan, Kirghizistan et Turkménistan, trois pays marqués par les pratiques nomades, la tradition littéraire a longtemps été orale, apanage des bardes itinérants qui mettaient en musique les anciens poèmes épiques.
Les pays à tradition nomade possèdent tous un répertoire de poèmes épiques, transmis oralement. Ces poèmes maintes fois remaniés, souvent mis en musique, et enrichis par les longues improvisations du récitant, constituent un ciment culturel commun. Ils étaient également l'un des moyens d'éducation les plus efficaces à une époque où la majeure partie des populations d'Asie centrale était illettrée.
Mythes et légendes, traditions et histoire, identité et sentiment national étaient véhiculés par ces poèmes remis à l'honneur depuis l'indépendance.
Le plus célèbre d'entre eux est probablement le Manas, né au Kirghizistan aux environs de l'an 995. Treize versions de cette épopée, dont on a enregistré plus de quatre millions de vers, étaient récitées par les manaschis, bardes spécialistes du genre, et la première a été écrite en 1856. Le poème raconte les aventures de Manas, un grand guerrier considéré comme le symbole de la nation kirghize. D'autres récits plus mineurs sont également populaires au Kirghizistan : le Jayin-Bayis, le Kurmanbek et le Er Tabildi. Tous relatent les exploits de guerriers plus ou moins mythiques.
La langue persane, alors commune au Tadjikistan et à l'Ouzbékistan (ainsi qu'à l'Iran et à l'Azerbaïdjan) a également donné naissance à deux poèmes épiques aujourd'hui intégrés dans le patrimoine culturel des deux pays. Il s'agit du Livre d'Alexandre le Grand (Iskandar-Nâmeh), composé par le poète persan Nizami (né sur le territoire de l'Azerbaïdjan contemporain) dans la seconde partie du XIIe siècle. Le Livre des Rois (Shah Nâmeh), compilé au XIe siècle par le poète persan Ferdowsi, appartient à la même lignée culturelle commune au monde persan.
Le poème intitulé Alpamish, formalisé à la fin du premier millénaire, est considéré comme l'oeuvre épique nationale ouzbèke, et aujourd'hui célébrée en tant que telle dans le pays.
Au Turkménistan, les dastan, poèmes épiques chantés par les bardes, ont été très importants pour la transmission de l'histoire, de la culture et des traditions locales. Ils sont aujourd'hui remis à l'honneur en tant que symboles de la culture turkmène. Les deux principaux représentants de ces dastan qui incorporent des éléments de la culture turque préislamique et des influences musulmanes sont le Gorgut Ata et le Göroglu.
Les principaux auteurs à caractère national apparaissent à la fin du XIXe siècle. Les poèmes sont à l'honneur devant toute autre forme littéraire dans tous les pays de la région. Au Turkménistan, Fragi Magtymguly, poète du début du XIXe siècle, est aujourd'hui encore considéré comme le père de la littérature nationale. Ses poèmes exhortaient les tribus turkmènes à oublier leurs dissensions pour promouvoir l'unité nationale. À la même période, Kemine écrivait des poèmes satyriques contre les classes dirigeantes. Mollanepes perpétuait pour sa part la tradition des poèmes lyriques populaires.
Au Kazakhstan, le XIXe siècle littéraire est monopolisé par la personnalité d'Abaï Koumanbaïev, considéré comme le fondateur de la langue littéraire kazakhe. Abaï a traduit de nombreux ouvrages russes en langue vernaculaire, et couché par écrit bon nombre de poèmes épiques jusqu'alors seulement transmis par oral.
Au Tadjikistan et en Ouzbékistan, de nombreux poètes se sont révélés au sein du mouvement Jadid au début du XXe siècle. Mais à l'instar de Sadridin Aini, l'un des auteurs les plus connus du Tadjikistan contemporain, la plupart se sont ensuite convertis au communisme. Dans le cas contraire, ils ont été victimes des purges de Staline dans les années 1930, période durant laquelle la majeure partie de l'élite intellectuelle d'Asie centrale a disparu. Les auteurs qui ont pu publier sous le contrôle communiste ont dû se plier aux impératifs de la propagande et du réalisme socialiste. Les critiques du clergé musulman par l'Ouzbek Abdullah Qahhar, les poèmes réalistes du Tadjik Abdul-Qasem Lahuti ou les romans sociaux de Sadridin Aini, ceux du Turkmène Berdi Kerbabayev sont autant d'ouvrages inscrits dans la culture soviétique imposée à la région pendant plusieurs décennies.
La Perestroïka a permis aux auteurs ouzbeks de s'émanciper un peu de la tutelle soviétique. Le mouvement Birlik a rassemblé quelques auteurs attachés à la préservation de la langue et de la culture ouzbèkes, critiques envers les politiques soviétiques et la nomenklatura. Ces auteurs ont notamment milité pour la promotion de l'ouzbek en tant que langue nationale, mesure entérinée par la constitution de 1992. Mais la plupart des membres du mouvement Birlik, opposés au système politique post-soviétique et de ce fait en opposition au Président Karimov, ont rapidement perdu leur influence après l'indépendance.
La période contemporaine ressemble à un vaste trou noir pour la littérature d'Asie centrale. Le seul auteur qui ait acquis une certaine notoriété internationale est le Kirghiz Tchingiz Aïtmatov, dont les romans à la fois symboliques et empreints de tradition, ont été traduits dans plusieurs langues.
Tous les pays de la région sont en outre confrontés à un problème linguistique majeur : la plupart ont adopté leur langue vernaculaire comme langue officielle, et la maîtrise du russe s'estompe petit à petit (bien qu'une très large partie de la population le parle encore couramment). Or les parutions en langue vernaculaire restent en nombre très limité, faute de moyens investis dans ce domaine depuis l'indépendance. L'accès à la littérature devient donc de plus en plus difficile, et les auteurs qui pouvaient autrefois être lus dans toute l'Union soviétique ne peuvent aujourd'hui plus s'adresser qu'à un public local.
La musique d'Asie centrale est un mélange d'influences arabes, turques et persanes, la dernière étant largement dominante dans les cultures sédentaires du Tadjikistan et de l'Ouzbékistan.
Kazakhstan et Kirghizistan ont donné naissance à des musiques liées au nomadisme, avec un répertoire dédié à la nature, chanté par des bardes itinérants qui diffusaient en même temps des chansons épiques liées à l'histoire et aux mythes locaux.
Les instruments sont en grande partie similaires à ceux que l'on retrouve dans le monde arabe. Les instruments à cordes peuvent être classifiés en fonction du nombre de cordes et de la présence ou non d'archer. Les petites guitares à deux cordes (dont la forme rappelle un peu les banjos) sont appelées dotar au Turkménistan, dombura au Tadjikistan, Kazakhstan et en Ouzbékistan. Celles à trois cordes sont nommées tanbur en Ouzbékistan, komuz au Kirghizistan et setar au Tadjikistan. Une dernière catégorie d'instruments à cordes se joue avec un archer : il s'agit du sato en Ouzbékistan, du gijak dans tous les autres pays de la zone.
Les instruments traditionnels comportent également toute une série de flûtes, droites ou traversières. Les premières sont baptisées sibizgi au Kirghizistan, choor au Kazakhstan, tuyduk au Turkménistan et karnay en Ouzbékistan. La version traversière est appelée dila tuyduk au Turkménistan, qoshnay au Tadjikistan, surnay ou salaban en Ouzbékistan.
Les tambours et tambourins complètent la panoplie musicale d'Asie centrale. Le daira, également appelé chilmanda, childirma ou dapp est le principal instrument de percussion, issu de la tradition chamaniste. La présence de guimbardes dans les traditions nomades du Kazakhstan et du Kirghizistan est également un héritage du chamanisme.
Le maqâm, spécialité de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan que l'on retrouve également dans le monde arabe jusqu'en Iraq, est né au XVIIIe siècle à la cour des Khan de Boukhara, Khiva et Kokand. C'est la forme la plus célèbre de musique classique en Asie centrale, et sa version tadjike, le Shash Maqâm est enregistrée à l'Unesco en tant que patrimoine oral de l'humanité. Il s'agit de six modes vocaux et instrumentaux, dont les textes sont largement inspirés de la culture soufie. Brièvement rabaissé au rang de folklore local par les soviétiques, le maqâm connaît une période de renouveau accompagnée d'une recherche d'authenticité, particulièrement au Tadjikistan où une académie de Shash Maqâm a récemment ouvert ses portes. Le ghazal est né d'une forme poétique persane qui était au Xe siècle le fleuron de la littérature d'Asie centrale et d'Iran. Le terme ghazal, d'origine arabe, signifie littéralement " conversation avec une femme ". Les ghazal ont donc généralement pour thème l'émoi amoureux, exprimé sous une forme très codifiée : les poèmes sont composés de cinq à quinze couplets de deux vers, aux rimes très riches et fortement structurées. Ces poésies chantées ont eu leurs grands auteurs persans, comme Rumi, Sadi et Hafiz. Elles sont aujourd'hui très présentes dans les cultures indienne et pakistanaise. Le sozanda est une spécialité tadjike que l'on retrouve également au Turkménistan. C'est une forme musicale réservée aux femmes, qui ponctue les événements importants de leur vie, naissance et surtout mariage. Ces chants sont interprétés par des groupes de femmes que l'on nomme dasta.
Les chants de cour étaient traditionnellement interprétés par des poètes et compositeurs, qui livraient durant les fêtes les grands morceaux classiques, mais également leurs propres créations. Ces poètes étaient appelés akin.
Dans les cultures nomades, les chansons épiques et religieuses étaient souvent interprétées par des bardes chamanistes, que l'on appelait les bakshi. Ceux-ci ont progressivement été supplantés par les mollahs, devenus les véhicules de la tradition orale après l'introduction de l'islam dans la région.
Un voyage en Asie centrale va de pair avec une découverte auditive. Les bazars résonnent de sonorités fortement orientales, inspirées des traditions musicales classiques. Mais les jeunes sont davantage tournés vers la Russie, et de nombreux groupes tentent d'incorporer dans leurs créations les différents styles musicaux qui ont imprégné la région ces dernières années. Il en ressort une création musicale originale, intégrant une nouvelle culture musicale importée de Russie.
Central Asia, Rough Guide, Harmonia Mundi, 2005.
La route de la Soie, Accords croisés, Harmonia Mundi, 2004.
L'art du dotâr, Ocora Radio France, 1997.
L'art du Shash Naqâm, Buda Record, Universal Music, 2000.
Maqâm Dugâh : le Shash-Maqâm Ouzbek-Tadjik, Naïve, 2003.
Tadjikistan : Musique savante et populaire, Naïve.
Tadjikistan : Maqâm Nava, Ocora Radio France, 1997.
Music from Central Asia : Uzbekistan on the silk road, Arc Music, 2005.
Ouzbékistan, musique du Khorezm, Unesco, Naïve, 1996.
Ouzbékistan, écho des cours d'antan, Unesco, Naïve, 2005.
Ouzbékistan, musique classique instrumentale, Gallo, Integral Distribution, 2001.
Chant épique turkmène, Unesco, Naïve, 1994.
Turkménistan, chant des femmes bakhshi, Inédit, Naïve, 1995.
La peinture en Asie centrale a été fortement influencée par les différentes religions qui ont dominé la région au cours de l'histoire. À partir du IIe siècle, les représentations picturales ont pour thème principal le bouddhisme. Mais les images du Bouddha sont un mélange stylistique d'art grec et oriental, comme le montrent les rares reliques parthes ou héritées de l'empire de Koushan que l'on a retrouvées à Merv ou Termez.
À partir du VIIIe siècle, l'art sogdien s'exprime essentiellement sous la forme de fresques murales, visibles dans les palais ou les monuments religieux. Les peintures murales retrouvées dans les maisons sogdiennes de Pendjikent et les palais d'Afrosiab, de Toprak-Kala ou de Varakhsha rendent hommage à la perfection technique et artistique des artisans de l'époque préislamique. Les murs des halls de réception, des aïvan, étaient habituellement décorés d'une longue fresque représentant des scènes de chasse, des processions, des épopées guerrières.
Avec l'arrivée de l'Islam en Asie centrale, les peintures figuratives disparaissent au profit de motifs floraux ou géométriques, la religion musulmane interdisant la reproduction du visage humain. Les panneaux décoratifs qui ornent les murs et les niches de rangements représentent des vases aux formes alambiquées, ornés d'harmonieux et parfois immenses bouquets d'iris ou de roses symbolisant l'arbre de vie. Les plafonds des mosquées sont couverts d'un complexe assemblage de coffrages et de poutres de bois peint, ornés de motifs végétaux et d'inscriptions du Coran.
Avec l'arrivée des Soviétiques, les formes de peinture traditionnelles sont entièrement bannies, et beaucoup d'oeuvres d'art sont endommagées ou détruites. Les peintres sont initiés à l'art pictural, jusqu'alors banni par l'Islam. Mais ils doivent également se plier aux thèmes imposés par Moscou : c'est l'époque du réalisme socialiste. Les peintures se font désormais sur toile, et sont consacrées aux représentations de la vie quotidienne et du développement industriel. Les spécificités nationales tendent à s'estomper au profit d'une glorification commune du travail. La plupart des musées des beaux-arts de la région sont consacrés aux toiles de la période soviétique.
Depuis l'indépendance, rares sont les artistes qui peuvent se consacrer à leur peinture. Les impératifs économiques et sociaux sont aujourd'hui bien éloignés de la production culturelle. Les quelques oeuvres réalisées depuis l'indépendance explorent de nouvelles voies : représentations de la culture traditionnelle nationale par des peintures réalistes, ou découverte de l'art abstrait. La scène artistique d'Asie centrale est en train de chercher une nouvelle identité. En Ouzbékistan, Babur Ismaïlov est le seul peintre à percer à l'international. Il est aussi décorateur et a notamment apporté sa touche aux chaleureux restaurants Caravan à Tachkent ou Samrakand, le premier restaurant Ouzbek de France.
Plusieurs dates sont célébrées en commun dans toute l'Asie centrale. Il s'agit soit de fêtes religieuses, soit de fêtes héritées de la période soviétique et de l'histoire commune des pays.
Les festivités les plus animées dans toute la région sont celles organisées à l'occasion de Navrouz, la fête du printemps célébrée le 21 mars et qui représente l'équivalent du nouvel an dans la tradition orientale. Cette période de fête sert de prétexte à de multiples banquets, durant lesquels sont servis les plats traditionnels d'Asie centrale, plov et besh barmak (au Kirghizistan et Kazakhstan). Un plat particulier, exclusivement préparé par les femmes, se déguste pour l'occasion : il s'agit du sumalak, mélange de blé, farine, huile et sucre cuit pendant près de 24 heures. Cette fête, interdite durant la période soviétique, est à nouveau célébrée en grandes pompes dans tous les pays d'Asie centrale.
Les fêtes religieuses musulmanes sont également respectées dans toute la région, bien qu'elles ne donnent pas nécessairement lieu à de grandes festivités. Trois dates sont néanmoins célébrées de façon presque généralisée : le Ramadan, mois de jeûne clos par la fête de l'Ayt, et la fête du sacrifice, que l'on appelle Qurban Ayt. Les dates de ces fêtes religieuses varient d'une année sur l'autre. En 2007, le Ramadan débutera dans la nuit du 12 au 13 septembre pour se clore par l'Ayt dans la nuit du 12 au 13 octobre. La fête du sacrifice sera célébrée le 20 décembre.
Des jours fériés communs à tous les pays rappellent l'histoire soviétique locale. Ainsi, le premier mai (Fête du travail) et le 8 mai (Journée internationale de la femme) sont célébrés dans la région. Le 9 mai marque la fête de la victoire et la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'indépendance est également célébrée dans tous les pays, mais à des dates légèrement différentes : 31 août au Kirghizistan, 1er septembre en Ouzbékistan, 9 septembre au Tadjikistan, 16 décembre au Kazakhstan, 27 et 28 octobre au Turkménistan. Chaque pays (sauf le Turkménistan) a également dédié un jour à sa Constitution : 5 mai au Kirghizistan, 8 décembre en Ouzbékistan, 6 novembre au Tadjikistan, 30 août au Kazakhstan.
Le premier janvier est férié dans toute la région.
Les fêtes nationales sont en général récentes, destinées à rappeler des épisodes précis de l'histoire des nouveaux pays indépendants. Le Kirghizistan et l'Ouzbékistan célèbrent leurs armées le 29 mai. L'Ouzbékistan organise tous les ans le dernier samedi d'avril une fête du cheval, que l'on retrouve également au Turkménistan le 27 avril. Le Tadjikistan considère désormais le 27 juin comme le jour de l'unité nationale, commémorant la signature des accords mettant fin à la guerre civile. Au Kazakhstan, le 10 juin est la fête de la nouvelle capitale Astana, alors que le 25 octobre marque l'anniversaire de la république. Mais le calendrier festif le plus incongru reste celui du Turkménistan. Deux célébrations particulièrement importantes pour le pays doivent être prises en compte par les touristes, car l'accès au pays semble un peu plus restreint que d'habitude durant cette période : il s'agit de la fête de l'indépendance, fin octobre, et de la date de l'anniversaire du président, mi-février. Les autres jours fériés sont, comme leur nom l'indique, hautement folkloriques. Il va sans dire qu'ils ont été créés depuis l'indépendance, par le président Niazov.
Le mot signifie littéralement " anges innombrables ". L'histoire de ce plat remonte au temps d'Ali, le gendre du Prophète, dont les fils jumeaux affamés, Hassan et Hussein, imploraient leur mère Fatima de leur donner à manger. La fille du Prophète demanda à Dieu de lui apporter de quoi les nourrir, ou de donner à ses enfants la patience d'endurer leurs estomacs vides. Et elle semit à faire chauffer de l'huile et de la farine, les seuls ingrédients dont elle disposait. Dieu, en guise de réponse, envoya un ange mettre de " l'herbe du ciel " dans le mélange. Il y ajouta sept cailloux qui empêchèrent l'herbe d'attacher au récipient, et recommanda à Fatima de tourner sans cesse jusqu'à ce que le premier oiseau ait chanté. Il fallait tourner si longtemps que Fatima finit par s'endormir, et Dieu envoya des anges tourner à sa place. Lorsque Fatima se réveilla, à l'aube, elle vit des anges innombrables tenant les spatules et tournant le mélange. Le premier oiseau du matin chanta, et les anges s'en retournèrent au ciel. Fatima appela Ali, et celui-ci goûta trois fois le plat. Il déclara que celui qui ferait de même serait guéri de toutes ses maladies. À l'occasion de la fête du printemps, Navrouz, le sumalak est préparé dans toutes les maisons. L'herbe du ciel est remplacée par de jeunes pousses de blé germées dans l'obscurité entre trois jours et une semaine.
1er janvier. nouvel an.
7 janvier. Noël orthodoxe.
8 mars. Journée internationale de la femme.
21 mars. Navrouz. Fête du printemps, qui tient lieu de nouvel an oriental. Pendant les trois mois qui suivent, on cuisine le traditionnel sumalak, autour duquel se réunissent amis, famille, gens du quartier.
1er mai. Fête du travail.
9 mai. Célébration de la victoire de la Grande guerre patriotique. Dans toute l'ex-URSS, la fin de la Seconde Guerre mondiale est célébrée le 9 mai, date de la signature de la paix entre la Russie et l'Allemagne, survenue un jour plus tard que les alliés.
Fêtes à date variable. Comme tous les pays musulmans, les pays d'Asie Centrale fêtent le ramadan et la fin du ramadan. Les dates étant calculées selon le calendrier lunaire, elles varient chaque année.
4 avril. Pâques orthodoxe.
22 avril. Fête de la terre.
10 juin. Fête de la capitale (Astana).
30 août. Jour de la Constitution.
16 décembre. Fête de l'indépendance.
24 mars. Fête de la " Révolution populaire ", un nom plus pompeux donné à la " révolution des tulipes " de 2005 à l'issue de laquelle Kurmanbek Bakiev succéda à Azkar Akiev, président du Kirghizistan depuis l'indépendance. Compte tenu de la nouvelle révolution survenue en 2010, il est peu probable que cette fête soit reconduite si Bakiev ne parvient pas à revenir au pouvoir.
5 mai. Fête de la Constitution.
29 mai. Fête de l'Armée.
31 août. Fête de l'indépendance.
14 janvier. Jour des défenseurs du pays.
1er mai. Fête du Travail.
29 mai. Fête de l'Armée.
1er septembre. Jour de l'Indépendance.
1er octobre. Fête des Professeurs. L'islam dit : " Respecte ton professeur encore plus que ton père. " Compte tenu de l'estime accordée au père, c'est dire l'importance du professeur dans la société musulmane !
23 octobre. Fête de la Langue nationale. Célébrations autour de la langue et de la littérature ouzbèkes.
18 novembre. Fête du Drapeau.
8 décembre. Jour de la Constitution.
22 avril. Fête de la terre.
28 avril. Fête de l'unification.
19 août. Jour de l'an Farsi (date variable selon les années).
9 septembre. Fête de l'indépendance.
6 novembre. Jour de la Constitution.
9 novembre. Fête de la réconciliation nationale.
12 janvier : Journée du souvenir de la bataille de Gok-Depe.
19 février : Fête du drapeau.
6 avril : Fête des céréales.
18 mai : Fête de la renaissance et de l'unité.
19 mai : Fête de la poésie de Magtymguly.
Dernier dimanche de mai : Fête du tapis.
21 juin : Fête de l'élection du Président.
10 juillet : Fête du melon.
14 juillet : Fête du Turkmenbashi.
6 octobre : Journée du souvenir du tremblement de terre de 1948.
17 novembre : Fête des étudiants.
30 novembre : Fête du pain.
7 décembre : Journée du bon voisinage.
12 décembre : Fête de la neutralité.
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