Guide du Bangladesh : Mode de vie
Le Bangladesh n'existe comme une unité géographique et sociale distincte que depuis 1971. Sa structure sociale est donc dictée par son histoire, étroitement liée à celle de l'Inde et aux nombreuses conquêtes qui se sont déroulées au fil des siècles. La région du Bengale est passée de mains en mains pendant plus d'un millénaire et s'est forgée une identité sous l'emprise de diverses religions et influences culturelles. Jusqu'à la partition de l'Inde en 1947 et la naissance du Pakistan, la région du Bengale était sous influence hindoue, même si la population était minoritaire en nombre. Les marchands, zamindars et les élites étaients souvent hindous. Une grande partie des hindous ont fui vers l'Inde au moment de la partition, laissant le pays à sa majorité musulmane. Pour ceux qui sont restés, 75 % font partie des hors-castes ou des intouchables. N'étant pas liés à un métier particulier, ils ont interragi plus largement avec les sphères politiques et socioéconomiques. Pour ces raisons, le système de caste n'a jamais vraiment pris racine au Bangladesh, contrairement au reste de l'Inde, où il joue un rôle structurel social extrêmement rigide. Au contraire, l'organisation de la société s'est faite autour des principes égalitaires de l'islam et les distinctions entre classes sociales sont plus fonctionelles que structurelles. Les différentes classes sociales sont parfaitement perméables et sont basées sur la richesse et l'influence politique plus que sur le métier ou la hiérarchie religieuse. La société bangladaise est particulièrement ouverte sur certains aspects et ne tient guère compte de la distinction de classes traditionnelle dans la société musulmane. Ainsi, les mariages entre nobles et personnes issues de classes populaires ne sont pas proscrits. Seule compte l'alliance entre un homme et une femme et le bénéfice immédiat que pourront en tirer les deux familles.
La famille constitue le noyau central de la vie sociale. Elle est l'unité de base de la puissance économique, de la propriété terrienne et de l'identité sociale. En d'autres termes, on ne regarde que ce que gagne votre famille, ce qu'elle possède et votre individualité n'est reconnue qu'à travers elle. Traditionnellement, les fils restent vivre avec leurs parents, quand les filles rejoignent leur belle-famille. Dans les campagnes, l'unité domestique est le chula, qui rassemble plusieurs membres d'une même famille sur une propriété (oncles, cousins, frères, etc.) avec la cuisine en espace commun. La famille est placée sous l'autorité du père. A sa mort, le fils aîné prend l'autorité sur le foyer et donc sur sa mère. S'il y a plusieurs fils dans le cercle familial, les frères créent à ce moment-là leur propre noyau familial, tout en demeurant sur la propriété. Selon la loi musulmane, les filles héritent d'une partie des biens du père, mais dans la pratique elles ne la réclament pas, permettant ainsi une transmission linéaire de la propriété et s'assurant aussi la bienveillance de ses frères.
La mère joue le rôle de ciment social au sein de la famille. C'est elle qui est chargée de maintenir les liens familiaux avec les membres éloignés (beaux-frères, oncles et tantes). Elle est aussi responsable de sa ou de ses belles-filles et a autorité sur elles. La belle-fille est souvent considérée comme une étrangère dans sa nouvelle famille. La mise au monde d'un garçon lui assure respect, reconnaissance et sécurité au sein de sa belle-famille. Les garçons bénéficient d'une attention et d'une éducation plus souple que les filles. Ils sont chéris par l'ensemble de la famille, quand les filles participent aux tâches dès leur plus jeune âge.
La famille constitue une assurance dans un pays qui ne connaît ni sécurité sociale, ni système de retraite. Elle prend soin de ses membres jusqu'à leur mort. La façon dont les Occidentaux vivent leurs rapports familiaux ne manquent pas de surprendre, voire de peiner les Bangladais qui ne comprennent pas qu'on abandonne sa famille et qu'on ne prenne pas soin de ses aînés.
L'urbanisation galopante tend à modifier ces liens familiaux et désormais, dans les villes, les couples de classes moyennes ont tendance à vivre séparés de leur famille et de se rapprocher de la conception occidentale du foyer.
Le mariage et le divorce sont régis par les lois religieuses au Bangladesh. Ainsi, la répudiation est possible chez les musulmans, mais pas chez les hindous. Le mariage est généralement organisé par les familles des époux. La famille du mari va lui choisir une épouse quand elle estimera qu'il est temps qu'il se marie. En général, le futur époux a son mot à dire, mais pas la future épouse. Les familles négocient les termes du mariage et une somme d'argent ou des cadeaux peuvent être versés par la famille de l'épouse. Il semble que le système de dot soit plus pratiqué dans les familles pauvres que les familles de classes moyennes ou de milieux aisés. Dans ce cas, un mariage peut sévèrement grever les finances des familles de l'épouse, car il leur revient de payer la cérémonie. Ces grandes fêtes réunissent en général le ban et l'arrière-ban et peuvent coûter très cher, obligeant les familles les plus pauvres à s'endetter pour de longues années. Si les mariages ont souvent lieu entre personnes d'une même classe sociale, une bonne situation financière ou une nature souple et travailleuse sont préférés à une bonne naissance. Dans les mariages arrangés, les futurs époux ne se rencontrent qu'une fois ou deux avant la cérémonie, en général en compagnie de leurs familles. Les familles recherchent la meilleure personne pour perpétrer la lignée familiale, plus que le meilleur compagnon ou la meilleure compagne.
L'âge légal pour se marier est de 21 ans pour les hommes et 18 ans pour les femmes, et ce depuis 1929. Néanmoins, l'âge moyen d'une femme qui se marie est de 16,4 ans et 30 % des femmes mariées l'aurait été avant 15 ans. Les familles les plus démunies voient souvent d'un bon oeil le mariage de leurs adolescentes, car elles ne représenteront plus un coût financier pour elles. D'autre part, dans les foyers où le père est décédé, seul le mariage donnera une existence sociale à la jeune fille.
Et l'amour dans tout ça ? Le mariage d'amour est loin d'être la règle, même s'il est de plus en plus fréquent dans les milieux éduqués. Les futurs mariés se rencontrent sur les bancs de l'université et flirtent sagement pendant plusieurs mois ou plusieurs années. Les familles donnent en général leur accord si elles estiment que le mariage sera fructueux.
Le taux d'alpahabétisation en 2015 était de 61,5 %, avec un taux légèrement supérieur pour les hommes que pour les femmes. Il s'agit d'un des taux les plus bas d'Asie du Sud. L'école est gratuite pour les enfants entre 6 ans et 18 ans, mais la famille doit payer l'uniforme, les fournitures et les manuels scolaires. Ceci coûte cher et les familles les plus pauvres décident alors parfois de ne scolariser qu'un de leurs enfants.
Le système d'éducation général est divisé en quatre cycles d'apprentissage :
le niveau primaire (années 1 à 5).
le niveau junior (années 6 à 8).
le niveau secondaire (années 9 et 10).
le niveau secondaire supérieur (années 11 et 12).
Le dernier cycle permet d'intégrer par la suite un cycle universitaire (médecine, droit, comptabilité, etc.).
Parallèlement à l'enseignement publique professé en bengali, il existe un enseignement privé, dont les cours sont souvent enseignés en anglais, et qui vont du primaire au niveau universitaire. Un troisième système éducatif, celui de la madrasa, existe parallèlement aux autres. Cette école coranique concentre son enseignement sur le domaine religieux, même si la loi l'oblige à enseigner les cours du système général. Les cours religieux sont dispensés en arabe et ceux de l'enseignement général en bengali. Ces écoles fournissent souvent la nourriture et un abri aux enfants les plus pauvres.
Malgré leurs saris lumineux et leurs bijoux éclatants, les femmes n'ont malheureusement pas le beau rôle dans la société bangladaise. Dès son plus jeune âge, la petite fille fait l'objet de moins d'attention que ses frères et doit se plier aux corvées ménagères.
Dans les campagnes, son éducation reste le plus souvent limitée aux premières années d'école. Ses parents se soucient surtout de lui assurer une dot qui nécessite parfois plusieurs années d'économie et qu'ils verseront à sa belle-famille lors du mariage. La jeune épouse ira en effet vivre chez ses beaux-parents. Vivant au service de son époux et de sa belle-famille, la jeune femme aura pour mission principale de faire des enfants, des garçons de préférence, et de les élever. Dans les familles rurales, elle s'occupera aussi du petit bétail et des corvées de bois et d'eau. Dans les milieux aisés conservateurs, elle vivra recluse dans une partie de la maison, selon la règle de la purdah, et ce, sans jamais pouvoir croiser d'hommes autres que ses serviteurs ou les membres rapprochés de la famille. Elle doit alors s'adresser à ces hommes de manière formelle. Si la femme sort de la maison, c'est accompagnée et vêtue d'un voile intégrale qui la dissimule au regard des autres. Dans les campagnes, la règle de la purdah était plus difficile à mettre en place, car la main-d'oeuvre des femmes était indispensable dans les champs. Il était alors communément admis qu'elle ne porte pas le voile dans son village, mais qu'elle le revêtisse dès qu'elle s'en éloignait. Cette règle tombée en désuétude avec la Guerre de Libération et l'indépendance semble reprendre vigueur avec la montée de l'intégrisme musulman, même si les motivations sont désormais éminemment religieuses quand elles étaient culturelles. Les femmes entièrement voilées dans les rues du Bangladesh ne sont cependant pas si fréquentes.
Les moeurs ont notamment évolué dans les milieux urbains et aisés. Les jeunes filles vont à l'université et entrent dans le monde du travail, même si parfois leurs études ne leur servent qu'à trouver un meilleur conjoint ! Elles se marient de plus en plus tard, rarement après 22 ans toutefois, et éventuellement avec quelqu'un de leur choix !
Avec intelligence et âpreté à la tâche, elles rivalisent désormais avec succès auprès des hommes dans toutes les entreprises commerciales. Des femmes travaillent dans tous les domaines de l'économie bangladaise.
Cet acharnement au travail et ce dévouement ont conduit les femmes bangladaises à se distinguer dans les diverses sphères de la vie sociale en tant que politicienne, oratrice, avocate, médecin, administratrice... Il n'y a guère de domaines auxquels elles n'ont pas pris part et témoigné de leur valeur, ce qui montre bien ce qu'elles ont gagné en liberté et en égalité avec l'avènement du Bangladesh.
Les rapports entre personnes de même sexe sont illégaux au Bangladesh et punis de lourdes amendes et de peine d'emprisonnement pouvant mener à la perpétuité. L'homosexualité est un sujet hautement tabou et et les homosexuels suspectés ou avérés subissent toutes sortes de discrimination engendrant souvent les violences verbales et physiques. Xulhaz Mannan, le rédacteur en chef du premier magazine LGBT au Bangladesh a été assassiné dans son appartement le 25 avril 2016. Le meurtre a été revendiqué par Daesh.
La religion joue un rôle social essentiel au Bangladesh. Si l'islam est la religion largement majoritaire, il est très mal vu de ne pas avoir une religion. Les athés avérés et libres penseurs subissent actuellement de lourdes pressions et des attaques sauvages pouvant entraîner leur mort.
L'islam
L'islam est la religion officielle du Bangladesh. Il y aurait environ 90,2 % de musulmans, dont une très grande majorité de sunnites. Les chiites et les ahmadis ne constituent qu'une infime minorité présente uniquement dans les grandes villes.
Les origines. Le prophète Mahomet (son nom signifie " le louangé ") est né dans la ville de La Mecque en 570. Issu du clan hachémite de la tribu des Qoraïchites au pouvoir à La Mecque, Mahomet était un homme simple, conducteur de caravanes de chameaux, qui avait traversé beaucoup de contrées lors de ses périples commerciaux. C'est sans doute au cours de ses voyages qu'il a découvert les contenus de la Torah et du Nouveau Testament, en discutant avec des tribus qui ont embrassé l'une ou l'autre de ces religions, juive ou chrétienne. Rien ne le prédestine à devenir le " Rasul Allah ", " l'envoyé de Dieu ", lorsque, à l'âge de 40 ans (on date l'événement de 610), dans une caverne du mont Hira, il reçoit de l'archange Gabriel ses premières révélations : le Dieu des juifs et des chrétiens l'a choisi comme messager auprès des populations arabes. Mahomet sort converti de cette rencontre fantastique et commence à prêcher contre les cultes idolâtres pratiqués par sa tribu, les Qoraïchites. Il s'en prend notamment au pèlerinage païen à la Kaaba, pratiqué par la majorité des populations arabes. Il est menacé de mort par les siens et émigre (l'Hégire) vers la ville de Yathrib, qui prendra le nom de " Medinat al-Nabi " (" la ville du Prophète "). Le prophète Mahomet reçoit, en deux temps, la révélation du texte sacré, le Coran (qui vient de qaraa, qui signifie " lire "), révélation descendue sur Mahomet par l'intervention de l'archange Gabriel. Le texte sacré sera dicté au jour le jour à des scribes, qui l'écrivent sur des ostraca (tessons de poterie servant de support à l'écriture). C'est au VIIIe siècle que le texte sera décrété complet. La première des révélations, à La Mecque, est plus spirituelle ; la deuxième des révélations, à Médine, est plus juridique. Le Coran est la source de la loi musulmane, la charia, en même temps qu'il indique le sens de l'islam (qui signifie " soumission à Dieu "). S'inscrivant dans la tradition de la " religion du Livre ", le Coran se pose d'emblée comme venant conclure une révélation " falsifiée " par les religions juive et chrétienne. De Médine, Mahomet lance le djihad contre La Mecque et ses idolâtres. Proche des juifs de Médine au début de son séjour à Tathrib, Mahomet décrète que c'est tourné vers Jérusalem que l'on doit prier. Ses relations avec la communauté juive devenant tendues, puisque ses membres refusent d'embrasser l'islam, il indique de manière définitive que la prière doit se faire dans la direction de La Mecque (qibla). La victoire du " fossé ", en 627, contre La Mecque, permet aux musulmans de reprendre la ville et la destruction de ses trois cents idoles est ordonnée par Mahomet. Les premiers pèlerinages s'organisent et la majorité des habitants de la péninsule Arabique se convertissent. Le prophète Mahomet meurt le 8 juin 632, à Médine, au retour d'un dernier pèlerinage à La Mecque. Après sa mort, sa gloire ira en s'amplifiant dans le monde entier, où les musulmans sont actuellement plus d'un milliard. Mais alors qu'il a fait montre durant sa vie d'un génie politique hors du commun, qui a permis à l'islam de se répandre très rapidement, le prophète Mahomet ne s'est pas désigné de successeur. Il n'y a pas de calife (le " lieutenant de Dieu sur terre ") désigné et sa disparition soudaine laisse les fidèles désemparés. Aux premières rivalités entre ses proches, on invoque la tradition bédouine et c'est au groupe que revient la responsabilité de la désignation du calife.
Les quatre premiers califes sont appelés " les bien guidés ".
Le premier est Abou Bakr Al-Siddiq (632-634) ; il est le père d'Aïcha, la femme préférée du prophète Mahomet. Ce vieillard apprécié pour ses qualités humaines va mettre en place la première administration du calife, le divan, pour l'armée et les villes. Le deuxième calife est Omar ibn Al Khattab (634-644) ; le prophète Mahomet avait épousé sa fille Hafsa. Il est considéré comme l'organisateur de l'État musulman ; il se fait nommer " commandeur des croyants ". Il dirige les campagnes de conquête de la Syrie, de l'Irak, de l'Égypte et de la Perse. Il expulse les chrétiens et les juifs d'Arabie, et crée deux impôts pour les non-musulmans : le gyziyah (l'impôt de capitation, individuel) et le kharaj (l'impôt foncier), qui deviennent d'importantes sources de revenus dans l'organisation des États nouvellement envahis. Omar ibn Al Khattab est assassiné dans la mosquée de Médine.
Le troisième calife, désigné par un conseil formé par Omar ibn Al Khattab, est Ossman ibn Affan (644-655) ; il épouse deux des filles du prophète Mahomet. Issu des milieux d'affaires de La Mecque, il ne ressemble guère à ses deux prédécesseurs de Médine. On lui reproche vite un népotisme sans retenue. La contestation de son gouvernement est telle qu'il doit fixer le texte coranique de manière définitive et ainsi interdire à quiconque de réclamer le califat au nom de la Révélation du livre. Il est assassiné sur les ordres du fils d'Abou Bakr Al Siddiq, le premier calife. Le quatrième calife est Ali ibn Abi Talib (656-661) ; c'est le gendre et le cousin germain du prophète Mahomet. Son élection n'est pas reconnue par l'ensemble des musulmans. La Syrie, la tribu d'Ossman ibn Affan et Aïcha ne lui prêtent pas allégeance. En 656, à Bassorah, il est obligé de livrer la première des batailles entre musulmans. Il cantonne Aïcha à Médine jusqu'à sa mort. Il livre une autre bataille célèbre sur l'Euphrate, où ses adversaires, pour cesser le combat et réclamer un arbitrage moins sanglant, hissent au sommet de leurs lances des pages du Coran. Mouawiya et ses sunnites rencontrent alors Ali et ses chiites. Un des lieutenants d'Ali, Abou Moussa Al Achari, est convaincu d'avoir participé à l'assassinat d'Ossman ibn Affan ; Ali est dépossédé de son titre de calife et remplacé par Mouawiya, qui créera la lignée des Omeyades. Ali, à qui on laisse le gouvernement de l'Irak, part en guerre contre la tribu de Mouawiya. Il sera finalement assassiné en 661.
Les écoles juridiques et spirituelles. Outre les dynasties politiques régnantes, l'islam est à comprendre selon une déclinaison de ses écoles juridiques, apparues entre les VIIIe et IXe siècles. Quatre écoles sunnites se développent alors, s'appuyant sur le principe que la charia doit être interprétée : on recourt soit à la sunna (qui signifie aussi " pratique intérieure "), soit aux pratiques traditionnelles antérieures, à l'analogie ou bien encore à l'istihsan (qui signifie " pratique personnelle ").
L'école hanafite naît en Irak au VIIIe siècle et privilégie le recours à l'opinion personnelle. Son créateur, Abou Hanifa, est très libéral et accorde beaucoup d'importance aux circonstances en tant qu'éléments modérateurs ou aggravants. Un de ses disciples, Abou Youssef, écrira un traité fameux relatif aux finances publiques, à la fiscalité et au droit pénal. Il éclaire de ses propos le sort réservé aux prisonniers, le partage des biens ou encore les règles de la guerre et de la paix. La plupart des sunnites afghans appartiennent à l'école hanafite.
L'école malikite est aussi appelée " l'école du hadith ". Les hadith (ou " traditions ") sont les premiers commentaires du Coran, écrits par Ibn Al-Abbas, cousin du prophète Mahomet, et qui interprètent la théologie, le droit et commentent parfois l'exégèse. Une grande partie de ces hadith n'a pas été retenue par la théologie et la science juridique musulmanes. Seuls certains commentaires considérés comme conformes à la pensée du Prophète ont été conservés. Cette école, créée aussi au VIIIe siècle par Malik ibn Anas, à Médine, ne retient pas la libre opinion, que ce dernier considère comme erronée. Son interprétation est donc plus prudente, plus proche des textes sur lesquels il s'appuie, et il ne recourt pas à l'extrapolation. Les adeptes de cette école se trouvent principalement en Afrique du Nord.
Le hanbalisme est la troisième école, créée à Bagdad au IXe siècle, de manière un peu plus tardive, par Mohammed ibn Hanbal. C'est l'école la plus rigoriste de l'islam. Son créateur défend la tradition et la sunna. Ses disciples prônent l'épuration de la doctrine et la réforme de la société et de la politique des États musulmans. Opposé aux innovations, figé sur la question des moeurs, le hanbalisme ferme la porte à toute interprétation. Au XIVe siècle, à Damas, un de ses disciples se fera le chantre des antichrétiens et des antijuifs. S'il déclare que leur religion est imparfaite, il demande aussi que tout non-musulman soit écarté des fonctions publiques de l'État. Cette école donnera naissance au wahhabisme saoudien et aux autres formes du fondamentalisme islamique. La quatrième école est chafiite ; elle a été fondée par un disciple de Malik ibn Anas, au IXe siècle. Lui aussi accorde une grande importance aux hadith se rapportant directement au Prophète. S'il respecte le consensus des savants en matière coranique, il n'est pas pour le développement du jugement personnel. C'est son école qui a écrit le traité le plus important de droit sunnite, Al Ahman al-Soultanniya, qui fait encore référence aujourd'hui.
L'ismaélisme est un courant de l'islam chiite. Les ismaéliens seraient près de 15 millions, répartis dans le monde entier.
Le soufisme est une sorte de philosophie, un mouvement de spiritualité de l'islam. " On pourrait définir le soufisme comme l'ensemble des efforts personnels pour aboutir à la connaissance de Dieu et à l'accomplissement de soi dans l'oeuvre divine. " (Le Carrefour afghan, de Bernard Dupaigne et Gilles Rossignol). Les soufis méditent, contemplent et s'extasient. Ils se regroupent en communautés ou confréries. Dans chaque confrérie, un maître est entouré de ses disciples. Le soufisme a fortement imprégné la culture bangladaise et notamment la secte baul.
La pratique religieuse. En terre islamique, croyances, superstitions, crainte et foi sont encore indissociables ; elles ordonnent la vie.
On appelle les " cinq piliers de l'islam " les règles fondamentales qui s'imposent à tout musulman :
La chahada est la profession de foi monothéiste dont la seule répétition sincère (en arabe) suffit pour s'affirmer musulman : " Il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah et Mahomet est son prophète. "
La zakat, l'aumône légale, est un devoir pour chacun de donner aux pauvres et aux combattants pour la cause de l'islam. Quand ce ne sont pas des espèces sonnantes et trébuchantes, cela peut être un couscous qu'on dépose à la mosquée pour les nécessiteux.
Le hadj, le pèlerinage à La Mecque, est considéré comme l'apothéose d'une vie pieuse. Tout musulman devrait l'accomplir une fois dans sa vie. Cependant, tous ne le peuvent pas et l'islam prévoit des dispenses. La période préconisée correspond au dernier mois de l'année (de l'Hégire), une époque où des musulmans venus du monde entier se retrouvent à La Mecque ou dans ses environs. Sept pèlerinages vers la ville sainte de Kairouan, la première ville fondée par les Arabes en Tunisie, remplacent le hadj.
La sala, ou salat, la prière rituelle qui doit s'effectuer cinq fois par jour après ablutions. Si la prière commune à la mosquée, appelée par la voix du muezzin, est la plus importante, on peut toutefois prier n'importe où et même dans le désert où, à défaut d'eau, on fera ses ablutions avec du sable ; il suffit de se tourner vers La Mecque. Le jour plus particulièrement consacré à Allah est le vendredi. Ce jour-là, les fidèles se rendent traditionnellement à la mosquée.
Le sawn, le jeûne du Ramadan, commémore la révélation du Coran à Mahomet. Durant le neuvième mois du calendrier islamique, chaque musulman adulte et en bonne santé doit observer un certain nombre de règles entre le lever et le coucher du soleil. Il lui est interdit de fumer, de boire, de manger et d'avoir des relations sexuelles. Il règne durant ce mois-là une ambiance particulière. L'activité habituelle est désorganisée. Banques, administrations et commerces travaillent au ralenti. Les musulmans s'économisent le jour ; le soir, ils font la fête. C'est une période de grande ferveur, intéressante à observer. Le Ramadan se termine par la fête de rupture de jeûne, l'Eid ul-Fitr.
L'hindouisme représente 8,2 % de la population au Bangladesh soit environ 20 millions de personnes. Les hindous sont présents sur tout le territoire et notamment dans la région de Sylhet, dans les plantations de thé. Les ouvriers sont traditionnellement des femmes hindoues.
Pour les hindous, le but de notre passage sur terre est de " réaliser la divinité de l'âme "... Une telle visée mystique laisse entrevoir une grande diversité d'enseignements et de doctrines. Cette tolérance étonne souvent les visiteurs occidentaux habitués aux religions dont les dogmes sont définitifs, tel le christianisme ou l'islam. Les principes sous-jacents de l'hindouisme ne sont pas facilement descriptibles : il n'y a pas de philosophie unique. L'hindouisme est peut-être la seule confession religieuse dont les principes théoriques et les pratiques sont si variés. Cette religion ne peut pas être imputée à un fondateur spécifique, elle n'a pas non plus un livre saint servant de guide scriptural de base. Rig Veda, Upanishad et Bhagwad Gita peuvent tous être décrits comme les textes sacrés des hindous.
Pour les hindous, le chemin religieux le plus important est la dévotion (bhakti) envers des divinités personnelles. On peut choisir parmi une large variété de divinités et, bien que l'adhésion à une secte révérant plusieurs divinités soit répandue, la dévotion à un seul dieu (ishta devata) de son choix est largement accepté. La plupart des fidèles sont donc polythéistes, adorant tout ou partie du vaste panthéon des divinités dont certaines descendent des temps védiques. En pratique, un adorateur a donc tendance à adresser ses prières à un dieu, ou plusieurs, dans un rapport personnel très étroit.
Veda et polythéisme. Le Veda (" vision " et " connaissance ", en sanskrit) est une " connaissance révélée ". Ce savoir été transmis oralement de brahmane à brahmane au sein du védisme, du brahmanisme, et de l'hindouisme, jusqu'à nos jours. Cette connaissance, rassemblée en un ensemble de textes, aurait été révélée par l'audition (shruti) aux sages indiens nommés rishi. Les hindous pensent que le Véda est éternel et singulier. Les premiers textes de la tradition védique s'écrivent entre 1800 et 1500 av. J.-C. et sont réunis en collections nommées Samhita.
Trinité hindoue. Brahma, le dieu créateur de la trinité, symbolise l'aspect de la Réalité Suprême qui porte en avant la création. Les hindous l'appellent le Créateur de l'univers. Il est le premier membre de la trinité hindoue qui inclut aussi Vishnu et Shiva. Son épouse divine est Saraswati, la déesse des études et de la connaissance. Saraswati fournit à Brahma la connaissance nécessaire au processus de création.
Brahma est d'habitude représenté par les hindous comme une divinité barbue, à quatre visages et quatre mains. Sur les images populaires, il est représenté assis sur un lotus (symbole d'existence glorieuse). Il tient un chapelet dans la main droite supérieure, un livre dans la main gauche supérieure, un kamandalu (" pot d'eau ") dans la main gauche inférieure et accorde sa grâce de sa main droite inférieure. Ses quatre visages représentent la connaissance sacrée des quatre Veda (Rig, Yajur, Sama et Atharva) et c'est l'aspect le plus marquant de toutes les représentations de Brahma. Ses quatre visages symbolisent donc le fait que Brahma est la source de toute la connaissance nécessaire à la création de l'univers. Ses quatre bras représentent les quatre directions ainsi que l'omniprésence et l'omnipotence de Brahma. Ses quatre mains représentent les quatre aspects de la personnalité humaine : esprit (main droite arrière), intellect (main gauche arrière), ego (main droite de devant), moi empirique ou conscience conditionnée (main gauche de devant). Le chapelet symbolise le cycle du temps par lequel le monde va de la création à la conservation, de la conservation à la dissolution, et de la dissolution à une nouvelle création. Ce dieu est peu répandu en Inde, excepté chez ceux qui cherchent la connaissance, comme les étudiants, les enseignants, les savants et les scientifiques...
Vishnu est considéré comme le dieu principal de l'hindouisme et de la mythologie indienne. Il est le conservateur de l'univers. Les deux autres dieux hindous majeurs, Brahma et Shiva, sont considérés respectivement comme le créateur et le destructeur de l'univers.
On ne connaît pas exactement l'origine de l'adoration des conquérants aryens ou des habitants drâvidiens pour Vishnu. Dans les Veda et la littérature sacrée des Aryens, Vishnu est classé parmi les dieux mineurs. Dans une certaine littérature puranique, Vishnu est dit éternel, c'est un esprit unique associé aux eaux primitives, omniprésentes avant la création de l'Univers.
Dans l'hindouisme, la représentation de Vishnu en tant que sauveur du monde est tardive. Selon une croyance, les puissances du Bien et du Mal (dieux et démons) sont en lutte pour la domination du monde. Quand l'équilibre de ces puissances est détruit, Vishnu ou son avatar descend sur Terre pour rétablir leur égalité. On dit que neuf descentes ont déjà eu lieu, la dixième devant encore arriver. Celles de Râma et Krishna étaient les septième et huitième. Vishnu est peint en bleu ou en noir et a quatre bras. Il a mille noms et leur répétition est un acte de dévotion.
Shiva, le Destructeur, mais qui présente aussi un aspect de régénération. En tant que destructeur, il apparaissait comme un ascète nu accompagné par un train de démons affreux, entouré de serpents et portant un collier de crânes. En tant que puissance propice et reproductrice, on l'adore sous la forme du lingam ou phallus. Shiva est peint en blanc, avec une gorge bleu foncé. Il a plusieurs bras et trois yeux. Il porte un trident et monte un taureau blanc. Contrastant avec la représentation de Vishnu, Shiva symbolise aussi la renonciation. Il apparaît alors comme un ascète pratiquant la méditation, seul dans l'Himalaya, assis sur une peau de tigre, vêtu d'un simple pagne et couvert de cendre sacrée. Ce qui donne une couleur grise à sa peau. Son trident est planté en terre à côté de lui. Un serpent est enroulé autour de son cou. De ses cheveux emmêlés, noués en chignon sur le sommet du crâne, la rivière Gange coule... jusqu'à la terre. Son cou est bleu, un rappel du temps où il but le poison qui émergea alors que les dieux et les démons rivalisaient pour baratter l'océan de lait.
Souvent, Shiva apparaît comme un être antisocial, qui brûla Kama, le dieu d'amour, d'un seul regard.
Mais cette image en cache une autre. Bien qu'il semble difficile à atteindre, Shiva est une déité aimante qui sauve les fidèles qui lui sont dévoués. Son épouse est Parvati (Devi) et ils ont deux fils : Karttikeya (ou Skanda, dieu de la Guerre) et Ganesh, qui a le corps d'un homme à quatre bras et la tête d'un éléphant. C'est le dieu de la sagesse, de l'intelligence, de l'éducation et de la prudence, le patron des écoles et des travailleurs du savoir. C'est le dieu qui lève les obstacles des illusions et de l'ignorance.
Déesses hindoues. Le divin est souvent féminin dans l'hindouisme. Voici les déesses les plus connues et répandues au Bangladesh.
Lakshmi, épouse de Vishnu, a un certain nombre d'incarnations bien connues, et chacune se voit adresser un culte en propre. Au moment de la grande fête de Diwali, Lakshmi est célébrée lors de feux d'artifice et les gens implorent succès et richesse pour l'année à venir.
Parvati, la Divine Mère, sous ses formes variées, est une des divinités la plus vénérées. L'épouse de Shiva présente deux facettes principales : une personnalité bienveillante, qui apporte de l'aide, et une personnalité puissante et dangereuse, qui doit être apaisée. Elle apparaît sous son aspect bienveillant dans beaucoup de temples dédiés à Shiva, où la déesse a son autel propre qui est en pratique le plus fréquenté par les dévots. Lors de festivités quand dieux et déesses sont menés en procession hors des lieux saints, c'est souvent la déesse la plus attendue.
Kali, la Noire, est la Déesse Mère destructrice et créatrice de l'hindouisme. Elle offre souvent une image encore plus terrifiante du divin, avec une langue sanglante lui sortant de la bouche, des guirlandes de crânes humains autour de son cou, une tête coupée à la main et des armes brandies ruisselantes de sang - une image qui tente de capturer la capacité destructrice du divin, la souffrance du monde et l'ultime retour de toutes les choses à la déesse, lors de la mort.
Rituels. La puja (" respect ") des dieux consiste en un ensemble d'offrandes rituelles (fleurs, nourriture, objets, argent...) et de prières quotidiennes ou lors de certaines occasions spéciales. Elle peut aussi prendre la forme d'une simple prière adressée à l'image d'une divinité. Il est courant de voir des gens s'arrêter un instant devant un lieu saint au bord d'une route, joindre leurs mains et invoquer les dieux.
La maison est le lieu où la plupart des hindous pratiquent leurs prières et les rituels religieux. Les moments les plus propices sont l'aube et le crépuscule, même si les familles particulièrement dévotes s'y livrent plus souvent. Après un bain, vient l'adoration personnelle des dieux devant l'autel familial, qui implique toujours l'éclairage d'une lampe et l'offrande de nourriture devant les images saintes, tandis que des prières en sanscrit ou en bengali sont récitées.
Le bouddhisme était la religion principale du Bengale au VIIIe siècle. L'avènement de l'hindouisme et la progression de l'islam ont presque fait disparaître cette religion du pays. Elle n'est aujourd'hui plus pratiquée que par certaines minorités ethniques des Chittagong Hill Tracts et de la région de Cox's Bazar. Il y'aurait environ 0,6 % de bouddhistes au Bangladesh qui pratiquent le bouddhisme theravada, appelé aussi doctrine du Petit Véhicule, et qui incite chaque fidèle à atteindre le nirvana. Cette école représente le bouddhisme tel qu'il est pratiqué au Sri Lanka mais aussi en Thaïlande, au Viêtnam, au Cambodge, au Laos et en Birmanie.
Les fondements du bouddhisme. Originaire du nord-est de l'Inde, le bouddhisme est l'une des principales croyances au monde avec plus de 300 millions de pratiquants. Son principe repose sur l'enseignement de Siddharta Gautama, plus connu sous le nom de Bouddha, qui signifie " celui qui a reçu la lumière ". Il est fondé sur un triptyque appelé les Trois Joyaux : les bouddhistes y déclarent prendre refuge dans le Bouddha (le fondateur du bouddhisme), dans le Dharma (la doctrine de Bouddha) et dans le Sangha (la communauté des croyants).
Généralement, le bouddhisme en soi n'est pas considéré comme une religion mais comme une philosophie, une manière d'appréhender l'existence et d'atteindre un niveau spirituel supérieur en se détachant de ses contingences. A présent, cependant, le comportement des fidèles se rapproche plus de la dévotion (prières, offrandes, etc.) que du respect de l'éthique prônée par Bouddha.
La doctrine de base, commune à toutes les différentes formes de bouddhisme, englobe les quatre " nobles vérités " : toute existence est souffrance (dukkha) ; la souffrance a des causes, qui sont le désir et l'attachement (samudaya) ; il y a un terme à la souffrance (nirodha), et il y a un chemin menant à la fin de la souffrance (magga), chemin respectant huit principes : une vision juste de la réalité, une pensée juste, un discours juste, une action juste, un mode de vie juste, un effort juste, un esprit juste et une attention toujours en éveil. La dernière étape du chemin est la sagesse, qui passe par l'attention en éveil, c'est-à-dire une vision directe de la réalité.
Chaque bouddhiste est responsable de son karma qui obéit à la loi de la causalité : chaque renaissance, qui entraîne un nouveau cycle de vie, est le résultat des actions de l'individu. L'accès au nirvana, qui signifie la fin des renaissances, est l'objectif ultime. C'est la seule réalité dans un monde où tout est illusion.
Le culte dans la vie de tous les jours. Les bouddhistes se rendent généralement au temple quatre fois par mois pour chaque poya, qui sont les changements de phase de la lune. Les jours de pleine lune sont l'occasion d'actes de ferveur. Les fidèles apportent en offrandes des fleurs au temple, brûlent de l'encens en signe de pureté et allument de petites lampes à huile qui sont le symbole de la sagesse. Après la puja (les offrandes) généralement effectuée à l'aube, le fidèle poursuit sa journée au temple avec des séances de méditation. Faire des donations aux moines, continuer sur la voie d'une moralité irréprochable et pratiquer la méditation, tel est le devoir de tout bouddhiste qui aspire au nirvana.
Le christianisme est arrivé avec les Portugais qui envoyèrent des missionnaires pour évangéliser les foules aux côtés des marchands venus faire des affaires. Beaucoup plus tard, après l'indépendance du Bangladesh en 1971 et l'intensification de l'aide internationale pour oeuvrer au développement du pays, des congrégations protestantes ont envoyé des missionnaires. Les pasteurs ouvraient le plus souvent des écoles et dispensaient en parallèle de l'enseignement général des cours de religion chrétienne. Les chrétiens ne représentent que 0,3 % de la population bengladaise et ce taux bondit auprès de certaines minorités ethniques, qui peuvent avoir plusieurs temples dans leurs villages : pentecôtiste, adventiste, catholique, etc.
Publié en arabe en 634, deux ans après la mort de Mahomet, le Coran (Al Quran) est le seul livre sacré des musulmans. Il est constitué d'un mélange de doctrines puisées dans les fondements de l'islam, mais aussi dans ceux de la religion juive et chrétienne (dans la Torah et dans l'Evangile). Le Coran reprend les paroles de Dieu, rapportées à Mahomet par l'archange Gabriel (Jibraîl). La juste lecture et sa connaissance sont le fondement de l'éducation musulmane traditionnelle (écoles coraniques).
Le Coran a été écrit dans un alphabet archaïque, sur des omoplates de chameau, du vivant du Prophète, et sa structure a bien évolué depuis. Seul le contenu des textes est resté inchangé. L'ouvrage recèle de très nombreuses difficultés d'interprétation, qui ne peuvent être comprises que par les plus grands érudits. Il est composé de 114 sourates (sûras), ou chapitres, et est divisé, pour des raisons pratiques de lecture, en 30 parties (juz'i). Chaque sourate est encore divisée en versets (aya), au nombre de 6 211. Au cours du VIIe siècle, deux grands théologiens ont tenté de le moderniser quelque peu afin de le rendre plus accessible à tous : Mohammad Abdu (Egypte) et Abû Kalam Azad (Inde).
Le but avoué du Coran est de régir la vie sociale de la communauté des croyants, tant sur les plans militaire et politique que religieux. C'est pourquoi on a vu fleurir des républiques islamiques partout dans le monde musulman basées politiquement sur le Coran. Le Coran joua aussi un rôle majeur dans l'histoire de la littérature arabe. Il imposa le dialecte arabe comme langue associée au triomphe de la doctrine.
L'islam connut à ses débuts une séparation des fidèles en deux courants : les sunnites et les chiites. La rupture entre les deux mouvements résulta de la lutte qui opposa Ali, le gendre de Mahomet, à Mouawiya, le fondateur de la dynastie des Omeyades. Après un conflit qui coûta la vie à un nombre considérable d'hommes, Ali, quatrième calife, fut vaincu en 661 par son rival de Damas, qui lui succéda dans ses fonctions.
Les sunnites sont des musulmans " orthodoxes " revendiquant leurs origines dans la branche des chevaliers omeyades. Ces partisans reçurent le nom de sunnites car ils puisent le nom de leur courant religieux dans la sunna, qui signifie " tradition ". Les chiites, pour leur part, ne reconnaissent que les descendants d'Ali.
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