Guide du Tibet : Survol de la Chine
La Chine est le troisième plus grand pays du monde après la Russie et le Canada, avec une superficie de 9 560 000 km². Mais les deux tiers du territoire sont presque exclusivement composés de montagnes : d'ouest en est, le pays est constitué de gradins successifs déclinants ainsi que d'une suite de bassins et de plateaux entourés de hautes montagnes. A partir du plateau tibétain, culminant en moyenne à 5 000 m, le relief ne cesse de perdre de l'altitude jusqu'à la mer.
Le point le plus haut du pays est l'Everest dont le sommet est à 8 848 m d'altitude. Les distances maximales d'ouest en est sont d'environ 5 000 km tandis que, du nord au sud, elles atteignent 5 500 km. La Chine a 32 000 km de frontières terrestres (avec la Russie, le Népal, la Birmanie, le Laos, le Vietnam, la Corée du Nord, la Mongolie, le Kazakhstan et le Kirghizistan) et 18 000 km de frontières maritimes.
Grands ensembles. On peut diviser le pays en six grands ensembles qui illustrent les différentes particularités géographiques chinoises. Les plateaux du Tibet sont surtout composés de steppes glacées. La cuvette du Xinjiang englobe les déserts du Tarim et de Djoungarie. Les déserts du nord-ouest comprennent ceux de Gobi, de la Mongolie intérieure, du Qinghai, du Gansu et du Ningxia. Une quatrième région inclut les plateaux de loess du Shanxi et du Shaanxi. Ensuite viennent les plateaux calcaires du Guangxi, du Yunnan et le bassin du Sichuan. Enfin, la grande plaine orientale s'étend de la Mandchourie au nord jusqu'au Guangdong au sud.
A la frontière de l'Inde, du Népal et du Pakistan se dressent les plateaux du Tibet et du Qinghai, plus connus sous le nom de " toit du monde ". Les sommets de l'Himalaya, du Kunlun et du Karakorum encerclent les bassins du Tarim, du Qaidam et de Djoungarie dont l'altitude est comprise entre 1 000 et 2 000 m. Ces bassins sont composés de dépressions dont le niveau est parfois inférieur à celui de la mer (Turpan - 154 m).
À cet espace succèdent les plateaux de Mongolie intérieure, de Chine orientale et du Sud. Si le plateau mongol est presque exclusivement recouvert de steppes ou, au sud, d'une épaisse couche de loess, ceux du Yunnan-Guizhou offrent un relief plus escarpé où coulent de puissants fleuves qui découpent les roches et y creusent de nombreuses cavités. Dans le bassin du Tarim se trouve le fameux désert du Taklamakan où se perdirent tant de caravanes qui empruntaient la route de la soie. Il s'agit du bassin intérieur le plus important au monde ; il comporte également le grand lac salé Lob Nor, connu de la communauté internationale comme étant le lieu où se déroulent les essais nucléaires chinois.
Au centre du pays, les plaines de Chine du Nord et celles du Chang Jiang (le Yangzi) descendent au-dessous de 1 000 m d'altitude. Ce sont les terres les plus fertiles du pays, son grenier à riz et le berceau de la majorité Han. Enfin, à proximité de la mer, dominée par une série de montagnes, la plaine de la Mandchourie s'étire selon un axe nord-sud.
Fleuves. Le réseau fluvial chinois compte environ 5 000 fleuves et rivières. Majoritairement issus des hauts plateaux tibétains, ils s'écoulent vers l'ouest et le sud en atteignant péniblement la partie orientale du pays où alternent déserts et marécages. Le niveau des cours d'eau varie en fonction de la saison des pluies (de juillet à septembre). Aussi les inondations sont-elles courantes car aux précipitations de la mousson s'ajoute, dans certaines régions, le surplus de la fonte des neiges (de mars à avril). Pour lutter contre les crues annuelles et mettre en valeur la richesse de son réseau fluvial, le gouvernement chinois a entrepris un vaste programme de constructions de digues (notamment en Mongolie intérieure), de barrages (qui, tout en irriguant une partie des terres arides, modifient le cours des fleuves et dénaturent parfois le paysage) et de canaux.
Les fleuves chinois les plus importants sont le Huang He (ou fleuve Jaune, 5 464 km) qui prend sa source au Qinghai pour achever son parcours dans la mer de Chine à l'est de Pékin ; le Chang Jiang (connu aussi sous les noms de fleuve Bleu ou Yangzi Jiang, 6 300 km), le cours d'eau le plus long de Chine ; le Lancang Jiang (nom chinois du Mékong, 4 200 km) qui traverse également le Laos et le Cambodge, et le Nu Jiang (ou Salouen, 2 600 km) dont 1 000 km s'écoulent au Myanmar (Birmanie).
Provinces et régions. La Chine se divise en vingt-deux provinces, cinq régions et quatre municipalités autonomes. En juillet 1997, un statut particulier a dû être créé pour permettre à Hong Kong d'intégrer le giron chinois : la ville est désormais qualifiée de région administrative spéciale. Macao a connu un sort identique en décembre 1999.
Mais la Chine n'a pas abandonné certaines prétentions territoriales vieilles de plus de 50 ans. Elle est toujours engagée dans des disputes avec le Vietnam et cinq autres nations asiatiques au sujet des îles Spratly et des îles Pescadores. Et le rattachement de Taïwan à la " mère patrie " est l'une des ambitions inébranlables du régime de Pékin, qui menace régulièrement " l'île rebelle " de représailles armées.
Tibet
Du Xinjiang au Sichuan d'ouest en est, et de sa frontière avec le Népal et l'Himalaya au sud, aux monts Kunlun au nord, le Tibet s'étend sur une superficie qui représente presque sept fois la France. Avec une altitude moyenne de 4 000 m et des routes qui traversent des cols pouvant atteindre 5 600 m, le pays forme le plus haut plateau du monde.
Le Tibet historique couvre environ 4 millions de km². Il comprend les provinces du U-Tsang (Tibet central), du Kham, de l'Amdo et du Tibet occidental. Créée en septembre 1965, la région autonome couvre quelque 1,27 millions de km². Elle comprend le U-Tsang, le Tibet occidental et une toute petite partie du Kham. Les " restes " du Tibet historique sont intégrés aux provinces avoisinantes du Qinghai, du Yunnan, du Sichuan et du Gansu.
Ressources : l'eau (les plus grands fleuves d'Asie prennent leur sources au pays des neiges éternelles), le pétrole, le cuivre, le plomb, le fer, le borax, la bauxite, le lithium, l'uranium...
Population : 6 millions de Tibétains sur l'ensemble du territoire selon le gouvernement de la RPC. La province autonome en compterait à elle seule la moitié selon les même autorités.
Xinjiang
La province du Xinjiang est la plus grande des provinces chinoises. Elle couvre plus de 1,66 millions de km2 dont une grande partie est couverte par un désert aride et hostile : le désert du Taklamakan. Parmi ses particularités géographiques, on pourra parler de la dépression de Turpan qui est le point le plus bas de la Chine et qui se situe à 155 mètres sous le niveau de la mer. C'est un région géologiquement jeune et elle est soumise à des tremblements de terre fréquents, comme le dernier en date en février 2014.
Ressources : le Xinjiang est surtout connu pour sa production agricole et également pour ses ressources naturelles qui font grandement défaut au reste du territoire chinois : gaz naturel, pétrole et minérais rares tels que le zinc ou l'uranium...
Population : la province abriterait pas loin de 20 millions d'habitants, dont 11 millions de Ouighours et apparentés, et pas loin de 9 millions de Han. Ce changement de population (la part des Han croît très vite) provoque des affrontements interethniques éparses.
Cette immense étendue implique différents climats, selon les régions et les saisons. Toutefois, la vallée du fleuve Chang Jiang (Yang-Tsé) qui se jette dans la mer à Shanghai, coupe le pays en son centre et délimite deux types de climat :
Au nord, un climat continental. Il fait chaud l'été, froid durant l'hiver qui est généralement sec et très beau. A Pékin, de mi-novembre à février, la température descend nettement en dessous de zéro, mais le ciel bleu et le soleil réchauffent l'atmosphère dans la journée.
Au sud, moins de différences de températures entre hiver et été, mais le climat est très humide. L'extrême sud, subtropical, est soumis au régime des moussons, avec des hivers doux et des pluies abondantes l'été. Dans le centre, les étés sont très chauds : Wuhan et Chongqing sont surnommées les " fours de la Chine ". En général, le printemps et l'automne sont les meilleures saisons pour voyager en Chine.
La Chine de l'Ouest bénéficie d'un climat continental, comme tout le nord de la Chine. Ainsi, si l'hiver est frais (-10 °C) sur le plateau tibétain, il n'est pas pour autant glacial. Au Xinjiang par contre, la température dans le coeur du désert du Taklamakan peut brusquement chuter jusqu'à atteindre les 20 degrés en dessous de zéro. L'été est sec, de Lhassa à Kashgar avec des brusque montées de températures dans la dépression de Turpan. Une seule chose à noter : le climat peut changer très vite sur le plateau tibétain et il n'est pas rare d'avoir froid le matin et d'étouffer l'après-midi...
La croissance très rapide du pays depuis la fin des années 1970 a fait une victime de taille : l'environnement. Pollution de l'air et de l'eau, désertification, disparition d'espèces rares, déforestation... La Chine commence tout juste à prendre conscience des méfaits de l'industrialisation forcée et se trouve confrontée à une situation environnementale catastrophique. L'une des principales menaces est la désertification. La Chine est recouverte de déserts sur plus d'un quart de son territoire, et ces zones, qui progressaient déjà de 1 500 km² par an dans les années 1950, avalent aujourd'hui 2 500 km² de territoire chaque année. La désertification menace désormais 400 millions de personnes.
300 millions de personnes boivent une eau impropre à la consommation, ce qui rend malades près de 190 millions de personnes par an. 26 millions de Chinois ne peuvent satisfaire leurs besoins en eau. Les villes du nord du pays sont les plus touchées : plus de 300 agglomérations frôlent la pénurie d'eau, et de violentes tempêtes de sable balaient régulièrement le nord de la Chine, dont Pékin. Autre symptôme de cette désertification, les eaux du fleuve Jaune, le berceau de la civilisation chinoise, n'ont pu atteindre la mer pendant 226 jours consécutifs en 1997. Du coup, la Chine s'est lancée dans un ambitieux programme de construction de trois canaux reliant les Yangzi au fleuve Jaune, afin de réalimenter ce dernier. Les travaux ont débuté en décembre 2002 et coûteront 156 milliards de yuans au pays. Mais cette pénurie se double d'importantes pollutions : à l'heure actuelle, un tiers des rivières du pays sont " très polluées ", ainsi que 75 % des lacs et 25 % des eaux côtières. Plus de 17 000 villes n'ont pas de système d'égouts. Depuis maintenant trente ans, la Chine est par ailleurs engagée dans un projet pharaonique de reforestation, en particulier au nord-ouest du pays. Certaines provinces comme le Gansu ou la Mongolie-Intérieure ont ainsi été l'objet d'immenses campagnes avec des millions d'arbres plantés. Cet effort est indispensable, mais il ne permet cependant pas de lutter suffisamment activement contre les risques de désertification, l'autre grand défi environnemental chinois. La pollution atmosphérique est également préoccupante, notamment dans les grandes villes où l'explosion du nombre de voitures contribue aux émissions nocives. En 2007, selon un rapport de la Banque mondiale, 16 des 20 villes les plus polluées au monde étaient chinoises ! La première cause de cette pollution atmosphérique provient du charbon, traditionnellement utilisé pour chauffer les maisons, et facilement identifiable à la poussière noire en suspension dans l'air durant l'hiver. A l'heure actuelle, moins de 1 % des villes chinoises ont une qualité d'air conforme à celle des normes internationales. Les grandes agglomérations, désormais conscientes du problème, ont entamé un vaste programme de conversion du charbon vers le gaz ou le fioul, mais le processus sera long. Et la Chine, en 2007, est devenue le plus gros pollueur mondial devant les Etats-Unis, avec des émissions annuelles de dioxyde de carbone dépassant 6 milliards de tonnes. Des politiques nationales ont enfin été mises en place pour lutter contre cette détérioration de l'environnement qui finit par grever la croissance économique : entre 2006 et 2010, les autorités chinoises se sont fixé comme objectif de diminuer de 2 % par an leurs émissions polluantes. Mais l'objectif s'est révélé difficile à atteindre, et la Chine a dû avouer son échec pour les années 2006 et 2007. En 2008, l'apparition d'un nouveau mix énergétique ainsi que l'emploi plus important des énergies non fossiles ont permis au pays de baisser sensiblement ses émissions polluantes. La Chine fait aujourd'hui des efforts législatifs pour contrôler les émissions des usines et autres sources de pollution. Mais l'application locale de ces directives nationales pose toujours problème. En plus du coût humain, la pollution en Chine a un impact économique important : selon un rapport de la Banque mondiale, la pollution coûte toujours tous les ans à la Chine entre 8 et 12 % de son PNB. Et malgré tout ceci - et pour conclure - la Chine (tout comme les Etats-Unis) a refusé de signer le protocole de Kyoto. Pourtant, la situation semble sur le point de changer (on ne peut pas encore vraiment parler d'amélioration) car le gouvernement a pris acte de la situation et une série de mesures visant à améliorer durablement la protection de l'environnement. On notera également qu'il a formulé des objectifs élevés en matière de réduction des gaz à effet de serre lors de la COP21 de Paris en décembre 2015. L'avenir nous dira si la Chine reverdira.
La question environnementale en Chine de l'Ouest se pose de façon épineuse car Lanzhou (capitale de la province du Gansu) caracole en tête de toutes les études ; et devance même Mexico dans le classement des villes les plus polluées du monde. Le toit du monde n'est pas oublié, mangé petit à petit par le tourisme de masse et ses ineffables conséquences sur l'augmentation des déchets (et ce jusqu'au camp de base de l'Everest qui croule littéralement sous les déchets non biodégradables).
Pour autant la Chine de l'Ouest dans son ensemble ne souffre pas trop de la pollution - pour le moment - tant son développement n'est encore pas semblable à celui du reste du sous-continent chinois. La politique de développement en cours aujourd'hui se veut respectueuse de l'environnement ; en partie car les nombreuses ressources de ses provinces reculées proviennent de l'agriculture.
Les parcs nationaux ne sont pas légion dans cette partie de la Chine. Un doit néanmoins retenir votre attention pour deux raisons : premièrement il se visite très facilement et est de toute beauté et deuxièmement car en plus de son accès facile depuis Urumqi (la capitale provinciale) il donne à voir une autre facette du Xinjiang. Prévoyez donc une longue journée de balade au parc national de Tianshan. Classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en 2013, ce parc de quelque 607 000 hectares est le joyau de la province, notamment du fait de la présence de montagnes couronnées de neige, de pics coiffés de glaciers, de forêts et de prairies intactes, sans compter les cours d'eau et les lacs clairs, tout cela dénotant avec les paysages désertiques habituellement observés. Une halte rafraîchissante et presque idyllique.
Au cours de votre séjour en Chine de l'Ouest et au Tibet, vous pourriez apercevoir des pandas géants (c'est très facile à Chengdu), des antilopes du Tibet (avec de la chance) ou encore des Yaks (fréquent dès que vous atteignez le plateau tibétain). Bien sûr, en dehors de ces trois catégories d'animaux, vous verrez aussi souvent des chèvres et des moutons (au Xinjiang notamment) et un nombre important de chiens errants, sans que ces derniers soient toutefois une faune spécifique aux régions traversées.
Panda géant : il ne vit que dans les régions montagneuses, entre le Sichuan et le Tibet. Il se nourrit essentiellement de bambous et est asez solitaire. On n'aura très peu de chance d'en apercevoir à l'état sauvage. Mais, vous pourrez facilement les observer au centre de recherche de Chengdu, dans leur habitat naturel ; ou dans les environs de Xi'an. C'est l'un des animaux qui représentent la Chine dans le monde entier, et à ce titre ce fut l'une des 5 mascottes des Jeux olympiques de Pékin en 2008 (sous le nom de Jingjing)
Antilope du Tibet : c'est l'animal fétiche de la région (avec le Yéti bien sûr...) dont le pelage sert à la fabrication de nombreux châles. Elle ne se rencontre que sur le plateau tibétain, après 3 300 mètres. Sur la route entre Lhassa et Gyantse, vous devriez en apercevoir menées en troupeau par un berger. Bien qu'en voie de disparition et donc fortement protègée, elle n'en reste pas moins très présente dans la culture populaire chinoise comme le prouve sa présence en tant que mascotte aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 (sous le nom de Yingying).
Yak : vous le verrez partout sur le plateau tibétain, ou plus bas dans la vallée. C'est l'animal de bât par excellence, celui qui aide aux travaux des champs pour tous les paysans de ces régions (un peu) reculées.
Tibet : l'équilibre écologique du Tibet est très fragile car l'altitude rencontrée sur la grande majorité de son plateau perturbe le cycle végétal habituel. Pour autant, pendant très longtemps, le Tibet a été une zone écologique vierge où la biodiversité était très présente. Cela en grande partie car le plateau tibétain est à la source des principaux fleuves de l'Asie (Gange, Fleuve Jaune, Mékong, Fleuve Bleu, Brahmapourtre ou encore l'Indus). Le développement rapide de l'industrie et la conquête, puis l'habitation de vastes territoires mettent aujourd'hui cette biodiversité en danger ; mais le gouvernement chinois a décidé de réagir en classant notamment une partie du territoire en parc écologique et en luttant contre la pollution (Lhassa a ainsi été dotée d'une usine de traitement des eaux usées en 2011).
Xinjiang : le plus notable au Xinjiang c'est bien entendu son gigantesque désert (le désert du Taklamakan) qui s'etend sur toute la partie sud de la région sur une superficie de plus de 1,66 millions de km2.C'est l'un des déserts les plus arides au monde ; autant dire qu'on n'y trouve pas de flore endémique.
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