Guide de voyage Ile-Du-Levant

A 12 km au large du continent, l'île du Levant est la plus orientale des îles d'Or. Séparée de Port-Cros par la Passe des Grottes et son petit kilomètre de large, elle prend au loin la silhouette d'un étroit " porte-avion " rocheux de 7,9 km de longueur par 2,5 km de largeur. Occupée à 93 % par l'Etat, qui y a installé des terrains militaires pour la Marine nationale, les quelque 65 ha restant accueillent depuis 1931 le premier village naturiste du monde : Héliopolis, fondé par les frères médecins André et Gaston Durville. Vivant à l'année au rythme de la petite centaine d'âmes qui y résident, le Levant est encore bien différente de Porquerolles et de Port-Cros. Moins " affairiste " que ses consoeurs, comme aiment à le revendiquer ses habitants, elle est l'île de la liberté, de la tolérance, de la simplicité et du naturel. Ici, la communion entre l'homme et la nature est une évidence quotidienne ; les Levantins aiment d'ailleurs à nous rappeler que l'homme est au coeur de la nature, qu'il est finalement la nature elle-même. Une philosophie qui explique de façon assez limpide la raison pour laquelle l'île du Levant ne fait toujours pas partie en 2016 des " coeurs " du parc national de Port-Cros - en sera-t-elle un jour ?

En attendant, l'île n'est pas dénuée d'intérêt écologique, loin s'en faut. Son territoire civil intègre depuis 1993 la première réserve naturelle volontaire du Var : le domaine des Arbousiers, qui s'étend sur une vingtaine d'hectares sur sa façade nord-ouest.

Le Levant, naturelle et du naturiste

L'histoire de l'île du Levant telle qu'on la connaît aujourd'hui remonte au début des années 1930. A cette époque, Héliopolis n'existe pas, et à l'exception de quelques familles résidant sur place à l'année pour le bon fonctionnement du phare et du sémaphore, l'île est complètement déserte. A quelque 1 000 km de là, dans la capitale, les frères André et Gaston Durville, médecins de profession, défendent activement et par le biais de tout un réseau d'activités qu'ils gèrent avec brio, un naturisme encore minoritaire et confidentiel. Dès 1919, ils ouvrent dans le XVI^e arrondissement de Paris leur " Institut de médecine naturelle ", qui deviendra ensuite " Institut naturiste " ; fort de son succès, plusieurs succursales verront bientôt le jour dans plusieurs villes de Province. En parallèle, les Durville gèrent aussi leur propre maison d'édition, et publient des ouvrages variés sur la santé, le bien-être, l'alimentation et le naturisme, évidemment. Ils possèdent par ailleurs la Maison Madolin, magasin d'alimentation distribuant des produits naturistes conformes à leurs indications, et publient en 1923 le premier numéro de leur revue mensuelle " Naturisme ". Bref, chez les Durville, le naturisme n'est pas une lubie, c'est un véritable art de vivre !

Après une première tentative de création d'un centre naturiste en région parisienne en 1929, rapidement avortée à cause de problèmes d'inondations, ils rachètent fin décembre 1930 la Société des Îles d'Or, comportant 65 ha de propriété sur le Levant, et 930 ha en location à l'Etat. Avec ses eaux calmes, son air frais et ses pentes marquées propices à une activité sportive quotidienne, la physiologie même de l'île est idéale pour la pratique d'un naturisme dans les règles de l'art. Quant à sa philosophie, bohème et ouverte d'esprit, elle fait rapidement de nouveaux adeptes et le monde des artistes n'y échappe pas : Michel Simon et Georges Moustaki, attirés sans doute par son petit brin de folie, y ont notamment séjourné.

Aujourd'hui, à part l'installation de la base militaire sur la partie est de l'île à la fin des années 1950, rien n'a vraiment changé au Levant. Les fondements de la philosophie des Durville sont encore largement appliqués à Héliopolis : royaume de bien-vivre et de bien-être, le village appartient à ses habitants, il est géré par un syndicat des propriétaires et l'on y vit nu une grande partie de l'année. Superflu et contrariétés n'ont pas encore atteint ses côtes ; simplicité, authenticité et tolérance en sont toujours les maîtres mots.

Les règles de la nudité à Héliopolis

Obligatoire ? Libre ? Tolérée ? Histoire de ne pas faire de faux pas, récapitulatif des " règles " de nudité sur l'île du Levant.

Elle est de rigueur sur la plage des Grottes, sur tous les lieux de baignade, et le long du sentier du littoral, d'ailleurs renommé " sentier des Naturistes ".

Elle est libre sur les corniches, sur la place du village et chez les commerçants qui l'acceptent.

Elle est interdite sur le port.

Dans la zone militaire... Mieux vaut ne pas s'y aventurer !