Guide du Tchad : Mode de vie
Tout d'abord un chiffre qui explique très simplement que l'éducation n'est pas, malgré tous les discours d'intention, un enjeu majeur pour le gouvernement : les dépenses publiques en éducation représentent, bon an mal an, 2 % du PIB. L'afflux de capitaux issus de l'exploitation pétrolière devrait permettre au Tchad d'accroître ses réformes en matière de santé et d'éducation, mais les initiatives concrètes se font parfois attendre.
Malgré le développement d'une vaste campagne d'alphabétisation, seulement 66 % des hommes et 40 % des femmes de plus de 15 ans peuvent lire et écrire.
L'enseignement primaire compte 68 enfants par enseignant et le redoublement concerne chaque année le quart des élèves. Près de 65 % des classes sont construites en secco ou poto-poto par les villageois eux-mêmes. Pour palier le manque d'enseignants, les maîtres communautaires sont à la charge des associations de parents d'élèves. Le niveau de ces maîtres est faible et cela perpétue de grandes carences. De plus, il faut savoir que les élèves ne disposent que d'un livre de lecture pour 3 élèves, un livre de calcul pour 5 et un livre de science pour 12. Dans ces conditions d'étude, le taux d'abandon au niveau primaire est très important, d'autant plus que l'enfant constitue avant tout une force de travail nécessaire à la famille.
L'enseignement supérieur souffre des mêmes maux : manque d'infrastructures, d'enseignants qualifiés, de matériel didactique et pédagogique. Les étudiants, qui doivent venir sur N'Djamena, sont confrontés à une absence totale de service aux étudiants (campus, restaurants, logements).
L'inadéquation entre l'éducation et le marché du travail est un réel problème que le Tchad essaie de résoudre en ciblant les besoins des opérateurs privés et les offres de formation dans des domaines techniques ; or les filières de formation traditionnelle (université) ne débouchent pour l'essentiel que vers des emplois de fonctionnaires. Le Comité national pour l'éducation et la formation en liaison avec l'emploi (CONEFE) est un organisme interministériel tchadien qui coordonne les actions du gouvernement et l'appui technique et financier des bailleurs de fonds. Il existe un centre d'apprentissage à N'Djamena, Abéché et Moundou ; un collège et lycée d'enseignement technique et industriel à Sarh.
Le taux de natalité au Tchad reste parmi les plus élevés au monde ; et cela va malheureusement de pair avec un taux de mortalité infantile très fort : 157 ‰ chez les garçons avant l'âge de 5 ans, 142 ‰ chez les filles (2012). Les femmes accouchent le plus souvent dans des conditions d'hygiène difficiles et surtout elles multiplient les maternités à un rythme éprouvant (indice de fécondité de 6,4 enfants par femme).
Avec un taux d'accroissement annuel de 2,5 %, la population tchadienne est extrêmement jeune.
Les prénoms les plus communs au Tchad sont Gisèle, Toma, Tamara, pour les Sudistes ; Abakar, Mahamat, Oumar, Moussa, Brahim, Hassan, Hissène, Kaltouma, Zenaba, Haoua et Amir pour les musulmans.
La femme, dans la société traditionnelle du nord du pays, est réellement précieuse ; sa beauté et sa silhouette, drapée dans un léger sahari, se dévoilent secrètement : gare aux regards insistants ! D'ailleurs, elles se font rares, en dehors des lieux habituels de rencontre dédiés aux femmes, leurs salons de thé privés, où les conversations vont bon train, entre les séances de beauté comme l'application du henné sur les mains et les pieds. Ainsi, dans les restaurants, on ne trouve que des hommes attablés, la présence d'une femme, même touriste, crée un petit événement.
Au sud, comme au nord, la femme participe activement aux travaux ménagers et à l'éducation des enfants. Il en va ainsi dans la vie quotidienne. La majorité des filles quittent l'école très tôt. Ensuite, de nombreuses activités leur sont dévolues selon le milieu et les coutumes : la cuisine, le ménage, le marché, une bonne partie des travaux des champs, le transport de l'eau, du bois et du foin pour les animaux, à dos d'âne, ainsi que les soins et l'éducation des multiples bambins. Elle gère la maisonnée et les relations sociales, c'est le miroir qui fera briller ou pâlir l'image de son mari, le chef de la famille.
On peut penser que les femmes tchadiennes sont soumises, mais la réalité est tout autre. La femme traditionnelle est une puissante maîtresse qui oeuvre dans l'ombre ; moderne et émancipée, elle est athlète, comme Kaltouma Nadjina, championne d'Afrique sur 200 m et 400 m en 2002, ou chanteuse ambassadrice telle Mounira Mitchala, lauréate du prix RFI Découvertes en 2007.
Dans la vie politique, certaines femmes ont eu accès à des postes importants. A l'heure de la parité dans le monde, elles sont plusieurs Tchadiennes à jouer un grand rôle au sein du gouvernement ; ainsi, en août 2016, le gouvernement d'Albert Pahimi Padacké, reconduit au poste de Premier ministre suite à la réélection d'Idriss Déby, comptait 4 femmes ministres et 4 femmes secrétaires d'Etat.
Les différents aspects de la religion au Tchad ont été abordés lors du chapitre précédent, car ceux-ci sont indissociables de l'histoire des différents peuples tchadiens. Voici toutefois un petit récapitulatif.
Les trois grandes religions du Tchad sont l'islam, le christianisme et l'animisme.
L'islam est introduit au Tchad par le Kanem (au nord du lac Tchad) au XIe siècle et s'étend au Baguirmi au XVIe siècle et au Ouaddaï au XVIIe siècle. L'islam est pratiqué par près de 60 % des Tchadiens avec une prédominance de populations originaires du Nord. N'Djamena était jadis le lieu de rencontre des pèlerins se rendant à La Mecque. Aujourd'hui, elle abrite l'une des plus grandes mosquées d'Afrique : la mosquée Fayçal.
Le christianisme représente un peu plus de 30 % de la population, dont un très faible pourcentage de protestants.
Les religions animistes, qui reposent sur l'existence d'un Dieu créateur qui maîtrise le destin de tous, sont les plus anciennes. Les représentants sur terre de ce Dieu sont les arbres, les pluies, les animaux... Mais l'animisme ne semble plus concerner qu'une petite partie de la population (7 %). Toutefois, il faut nuancer ce chiffre, car parmi les catholiques, protestants ou musulmans, beaucoup ont conservé quelques pratiques animistes.
" Dans certaines sociétés tchadiennes, un homme constitue le support du divin : c'est le roi. La royauté ne peut avoir sa source et son soutien que dans le sacré, dans l'utilisation des forces supérieures, dans le respect et la stricte observance d'un rituel dont le souverain est le dépositaire et le garant. Chez les Moundang, les Gôn de Léré sont chargés des relations avec les puissances terrestres. Chez les Sara, le caractère sacré de la fonction et de la personne du mbang de Bédaya l'entoure d'interdits. La rupture de ces interdits détruirait son pouvoir et attirerait le malheur. Ses responsabilités sont essentiellement religieuses, mais elles atteignent ainsi tout ordre social. Le mbang est notamment responsable de l'initiation des jeunes hommes. Celle-ci s'organise sur son ordre, sous son autorité et par l'intermédiaire de la hiérarchie religieuse dont il est le sommet ".
Jean Chapelle, Le Peuple tchadien : ses racines et sa vie quotidienne, L'Harmattan, Paris, 1986.
Les cinq piliers de l'islam constituent les obligations et les préceptes fondamentaux de l'islam, à respecter par tous les musulmans :
La profession de foi : chahadah (Ash-shahaada) attestant qu'il n'y a pas d'autre dieu hormis Dieu (Allah) et (que) Mahomet est le messager de Dieu.
Les prières : 5 quotidiennes (salat, As-salaat).
L'aumône : la zakat (Az-zakaat) est l'aumône aux pauvres dans les proportions prescrites.
Le jeûne de ramadan : (saoum, As-siyam) du lever du soleil à son coucher, on jeûne. En cas de maladie qui l'empêcherait, ces jours doivent être rattrapés.
Le pèlerinage à La Mecque : (hadj, Al hajj) au moins une fois dans sa vie si le croyant - homme ou femme - en a les moyens, physiques et matériels.
" Les cicatrices faciales particulières à tel ou tel groupe, mêmes lorsqu'elles sont effectuées au cours du yondo (initiation sara), ne sont pas un élément essentiel de l'initiation. Elles ne sont pas non plus réservées à l'animisme et il en existe parmi les populations musulmanes. La circoncision, qui est la règle chez les musulmans, ne se retrouve que rarement chez les animistes. Sara et Massa par exemple ne connaissaient pas autrefois la circoncision. L'exode des jeunes Sara et Massa vers les villes ou dans l'armée les a poussés à se faire circoncire, les femmes musulmanes qu'ils pouvaient rencontrer manifestant répugnance ou moquerie à l'égard des incirconcis. Aussi, la circoncision, s'étend-elle peu à peu chez certains animistes comme une sorte de mode et on fait circoncire de jeunes garçons hors de tout contexte religieux. Dans les villes, on appelle parfois cela le baptême.
Parmi les mutilations corporelles, on peut citer aussi l'ablation des incisives chez certains Sara. Selon le docteur S... de Koumra, il s'agirait d'une précaution d'ordre médical. Dans le cas de contraction convulsive ou tétanique des mâchoires, cette disposition sauverait le malade ou l'accidenté en évitant l'encombrement des voies respiratoires par la salivation. Il en serait de même de l'ablation systématique de la luette qui s'opère chez les nouveau-nés dans la région de N'Djamena et qui préviendrait l'étouffement des bébés lors des régurgitations de lait. Tout cela n'a, bien entendu, aucun aspect religieux, mais les parents et surtout les jeunes mères tiennent à ces pratiques. Nous ne parlerons pas des mutilations ornementales qui se rencontrent assez souvent, par exemple, dans le cas des labrets insérés dans les lèvres ".
" L'initiation des filles ne présente pas un parallélisme complet avec l'initiation des garçons. Elle a pourtant le même but, l'insertion dans la société, mais elle y procède par un rituel différent dont l'acte essentiel est chirurgical. Elle transforme la petite fillette en femme par l'ablation du clitoris et des petites lèvres. La période de cicatrisation est aussi, comme pour les garçons, une phase d'isolement et de mise à l'écart, d'épreuves physiques, de monitions diverses, où on retrouve la chicotte, et d'éducation, puisqu'on s'y exerce au chant et à la danse. Le retour au village se fait dans la joie. Les initiées, ointes et fardées d'ocre, enjuponnées de paille, masquées d'une visière de perles colorées, les bras et chevilles cerclés d'anneaux, ceinturées de clochettes de fer tintinnabulantes, vont parcourir les places du village et visiter les familles pendant plusieurs semaines, en montrant leurs talents et leurs charmes. L'excision cruelle est alors oubliée.
L'opinion mondiale commence à s'émouvoir et, au moment où tant de droits de l'homme et de la femme sont proclamés, on se demande s'il convient d'oublier cette atteinte à l'intégrité sexuelle de millions de femmes. L'animisme n'est pas seul en cause, car au Tchad, toutes les femmes arabes sont aussi excisées, suivant une tradition qu'on dit ancestrale, mais qui est sans doute sans rapport avec l'islam : Kotoko, Kanembou, Toubou, Toundjour, qui sont musulmans, ne pratiquent pas l'excision.
Il convient de souligner que toute tentative de réforme dans ce domaine rencontre non seulement l'opposition de la plupart des hommes, mais aussi celles de certaines femmes. Les fillettes elles-mêmes aspirent à devenir des femmes par le chemin de l'excision parce que, dans leur esprit, c'est une nécessité physique et morale ". Jean Chapelle, Le Peuple tchadien : ses racines et sa vie quotidienne, L'Harmattan, Paris, 1986.
De nos jours les mentalités changent et l'excision devient de moins en moins considérée comme un acte social, mais comme une violation des droits de la femme, notamment celui du plaisir. Donc des voix s'élèvent pour l'interdiction de cette pratique. Chez les garçons, a contrario, la circoncision se démocratise, car, abstraction faite de l'aspect culturel, certains médecins affirment que les hommes circoncis évitent davantage les infections génitales ; des sources moins scientifiques s'attardent, quant à elles, sur le fait qu'un homme circoncis jouit d'une meilleure sexualité.
La situation sanitaire du pays est très précaire. La mortalité générale reste élevée. Les maladies infectieuses et parasitaires demeurent les principales causes de décès. La couverture sanitaire du pays est très faible. Le Tchad compte environ 400 médecins, soit un pour 32 000 habitants, et 220 sages-femmes, soit une pour 10 000 femmes en âge de procréer. A titre indicatif, les normes de l'OMS recommandent un médecin pour 10 000 habitants. Les structures sanitaires sont très insuffisantes, notamment en milieu rural. L'équipement médical, quand il existe, est très vétuste, à l'exception de quelques cliniques ou organismes privés.
L'accès aux soins est un luxe pour la majorité des familles tchadiennes. Le prix des médicaments demeure exorbitant pour le niveau de vie local, et le recours aux médicaments de contrefaçon qui se vendent au marché représente évidemment un grand risque.
La " retraite " ne concerne qu'une infime partie de la population, à savoir certains fonctionnaires et militaires de carrière. Rappelons que l'espérance de vie est de 51 ans !
Vous pouvez pratiquer la plupart des sports, notamment le tennis et la natation, dans les grands hôtels de la capitale ; l'équitation et le golf au ranch de Chagoua. Une fédération tchadienne de rugby existe depuis 2002 ; l'ovalie a fait son apparition au Tchad par l'entremise de militaires et coopérants français.
L'aéro-club de N'Djamena organise régulièrement, pour les familles et les particuliers, des sorties avec baptême de l'air.
La chasse au petit gibier est très appréciée au Tchad. Elle se pratique généralement de novembre à mai. Il est impératif de demander une autorisation de port d'armes auprès des autorités tchadiennes. Le domaine de chasse privé le plus proche de la capitale est Douguia, à environ 1 heure de route de N'Djamena. Les domaines publics sont ceux de l'Aouk, de Melfi et de Binder-Léré, mais ils sont très peu usités. La pêche se pratique toute l'année et sans permis !
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