Guide du Soudan : Mode de vie
Traditionnellement, le principal clivage dans les modes de vie au Soudan oppose les nomades pastoraux et les agriculteurs sédentaires. Aujourd'hui, si cette différenciation subsiste dans la plupart des régions périphériques, l'opposition urbains/ruraux semble de plus en plus pertinente. La tradition urbaine remonte à l'Antiquité en Nubie, mais son essor est fort récent. De nombreux citadins ont désormais une relation distanciée avec leurs origines villageoises. Dans les plus grandes agglomérations, et surtout à Khartoum, l'arrivée de modes de vie occidentaux, ne touchant encore qu'une élite mais pénétrant doucement les classes moyennes, bouleverse la vie sociale des Soudanais.
La naissance est un événement grandement célébré dans la famille soudanaise. La première naissance représente le départ d'une nouvelle famille. Le Soudan n'a pas encore terminé sa transition démographique et le taux de fécondité demeure au-dessus de 4 enfants par femme. La mortalité infantile recule doucement avec le développement de la médecine et des instituts spécialisés, mais elle demeure importante dans les campagnes.
Le niveau d'éducation au Soudan s'est considérablement amélioré depuis plusieurs années (même pour les filles), mais les inégalités restent profondes entre les régions. Khartoum concentre le "savoir" tandis que le Darfour ou le Sud s'en trouvent largement isolés, cette dernière région étant connue pour son haut niveau d'analphabétisme. Les écoles publiques ont désormais succédé aux traditionnelles écoles religieuses soufies dites "khalwa", bien que ce terme soit couramment conservé en dialectal pour désigner toute école. Au Soudan, qui compte plus d'une vingtaine d'universités, l'école est gratuite et obligatoire de 6 à 13 ans, mais les classes sont souvent surchargées.
La famille soudanaise est traditionnellement l'institution de base de la société. Les enfants ne quittent le domicile familial que pour s'installer en couple et fonder un nouveau foyer, la femme suivant le mari. Mais, aujourd'hui, les choses sont moins simples et de nombreux jeunes, dont des femmes, quittent le domicile familial pour s'installer seuls ou en colocation, afin de travailler ou poursuivre des études en ville.
Le Soudan, du Nord comme du Sud, possède des élites formées dans les rangs de l'armée, institution garante de l'unité nationale. Il s'agit ainsi d'une école du patriotisme très respectée. Tout Soudanais de 18 à 33 ans doit accomplir environ deux années de service sous les drapeaux, avec des aménagements de durée pour les étudiants. Les femmes sont aussi concernées, mais elles ne sont pas, a priori, affectées aux activités de combat.
Le Soudan n'est pas le seul pays du monde à souffrir du chômage, mais il est aussi l'un de ceux où de nombreux travailleurs cumulent les emplois pour arrondir leurs fins de mois. Le travail informel est grandissant, notamment à Khartoum, afin de répondre à la demande des nouveaux arrivants. Le travail féminin est, lui en tout cas, de moins en moins déconsidéré.
Il y a une grande différence entre les citadins et les ruraux dans ce domaine. A la ville, les jeunes gens bénéficient de plus d'indépendance vis-à-vis de leurs parents. Les conjoints se choisissent de plus en plus souvent lors de rencontres dans des cafés, à l'université ou, parfois, sur le lieu du travail. Les mariages forcés, dont le nombre est en recul toutefois, ont lieu principalement dans les campagnes. Ils se font parfois sur le modèle du mariage arabe, entre cousins, qui est censé faciliter la transmission du patrimoine. Cependant, les unions interethniques, ou simplement entre musulmans ou chrétiens, sont en progression. Mais la femme doit alors souvent adopter le statut tribal de son mari, notamment dans le Sud.
Le mariage permet au couple d'acquérir à la fois un vrai statut social et le droit d'avoir des relations sexuelles. Mais il coûte très cher : les festivités durent plusieurs jours et la dot n'est jamais faible. C'est bien souvent la raison pour laquelle de nombreux jeunes hommes et femmes soudanais restent célibataires. Les fêtes de mariage sont en tout cas grandioses ! Elles sont l'occasion de réunir la famille et tous les amis. On mange plus que de raison. On danse et chante pendant des heures.
La polygamie est pratiquée dans le Nord. L'islam autorise en effet un homme à prendre jusqu'à quatre épouses, si le mari sait être "équitable" avec elles... Le divorce est, quant à lui, de plus en plus accepté. Il peut être réclamé par la femme. Et la polygamie est souvent l'une des causes des divorces.
Le veuvage est traditionnellement mal vu. Les hommes se remarient avec des femmes plus jeunes. Les femmes jeunes ayant perdu leur mari plus âgé attirent les prétendants. Seules les femmes âgées ne se remarient pas.
Le sexe est un thème quasiment tabou sur la scène publique. Il est l'affaire du couple seul. En revanche, il est beaucoup discuté parmi les jeunes, entre amis (pour l'homme) et amies (pour la femme). Car le sujet est riche. Par exemple, l'utilisation de parfums, dont certains réservés à l'intimité, relève de véritables codes sensuels. L'islam est moins rigide que le christianisme, et surtout le catholicisme, sur les pratiques sexuelles tant qu'elles se déroulent avec la bénédiction de l'union conjugale. Les relations hors mariage sont en effet interdites, bien qu'elles existent dans la réalité, tant dans le Nord que dans le Sud. La contraception en revanche se popularise. Les préservatifs surtout sont de plus en plus disponibles en pharmacie, mais presque exclusivement dans les grandes villes. Ils n'empêchent toutefois nullement le développement de la prostitution, surtout dans la partie sud du pays.
La femme soudanaise est relativement plus libre que nombre de ses voisines arabes et même africaines. Bien qu'appliquant la sharia dans le Nord, le Soudan n'est ni l'Arabie Saoudite, ni l'Iran, ni l'Afghanistan ou le Pakistan. Les femmes peuvent conduire, voter, travailler, divorcer. Le voile n'est pas obligatoire (sauf dans les mosquées) et les femmes voilées intégralement, en noir, sont très rares. On ne peut les voir qu'en ville. A la campagne, les habits sont bien plus colorés. Chacun pouvant définir la tribu ou parfois l'humeur de celle qui les porte. Les femmes sudistes préfèrent des vêtements plus proprement africains que la toube. Au nord, elles portent souvent des vêtements de type occidental. Ce qui ne va pas sans susciter des réactions de la part des autorités.
Il faut noter que l'excision est encore pratiquée dans le pays, la coutume venant plus de l'Afrique que du monde arabe. Officiellement interdite, cette coutume reste présente dans les villes, de manière clandestine, alors qu'elle se pratique plus ouvertement dans les campagnes, mais toujours dans des conditions sanitaires très précaires.
Sur le plan politique, en avril 2010, la majorité des électeurs venus mettre leur bulletin dans l'urne étaient des femmes. Au final, une femme est devenue gouverneur de l'un des 25 Etats du pays, dans le Sud, et une autre a failli l'être. Vingt-cinq pour cent des députés au Parlement national sont des femmes (c'est une obligation de la Constitution), et Fatima Abdel Mahmoud a été la première femme candidate à la présidence de la République soudanaise. Elle est la dirigeante du Parti socialiste soudanais.
Au cours de l'été 2009, toutes les télévisions occidentales ont parlé de Loubna Hussein, cette journaliste soudanaise arrêtée dans un restaurant de Khartoum pour avoir porté un pantalon jugé "indécent", et qui risquait alors 40 coups de fouet pour son impudence. Fonctionnaire des Nations unies, son statut diplomatique aurait pu lui éviter un procès. Mais elle souhaitait dénoncer les pratiques rétrogrades et cruelles envers les femmes dans son pays, et attirer l'attention de la communauté internationale. Après avoir donné sa démission à l'ONU et avoir été mise en prison, Mme Hussein souhaite mettre le régime de Khartoum devant le fait accompli sous les yeux des médias mondiaux. Soucieuse de ne pas faire de vagues, la justice soudanaise l'a condamnée finalement à une amende de 500 livres (environ 140 €), que la journaliste refusa symboliquement de payer et qui fut finalement réglée par l'Union des journalistes soudanais.
Il faut savoir que nombre de femmes soudanaises portent le pantalon à Khartoum, et elles furent nombreuses à soutenir la journaliste dans son combat. La loi de 1991, qui interdit le port de "tenues indécentes" sur la voie publique, permet de fait une multitude d'interprétations, et autant de combinaisons vestimentaires à bannir. La condition féminine au Soudan dépend toujours du système traditionnel patriarcal, auquel s'ajoute le vernis religieux. Néanmoins, au-delà de leurs rôles dans la famille, les femmes soudanaises ont une grande importance dans la société qui leur est véritablement reconnue par les hommes. Comme Loubna Hussein, de plus en plus d'entre elles sont des femmes de caractère qui font preuve d'initiative et d'indépendance.
Les relations entre personnes du même sexe sont un tabou absolu au Soudan. L'homosexualité est vue comme haram, c'est-à-dire interdite par la religion et punie de mort pour les hommes selon la loi (de coups de fouet d'abord, puis de la mort en cas de récidive pour une femme). Certaines voix soudanaises s'élèvent toutefois, notamment sur Internet, pour dénoncer la répression à l'égard des gays et lesbiens au Soudan. Mais les autorités rendent responsables les homosexuels de la propagation du virus du SIDA, particulièrement dans le sud du pays.
Le Soudan a toujours besoin de la perfusion humanitaire internationale. Chaque année, plusieurs centaines de millions de dollars sont déversés dans l'aide humanitaire par la communauté internationale. Le Soudan héberge toujours des millions de réfugiés et de déplacés intérieurs. Si tout le monde reconnaît que la situation du pays s'est considérablement améliorée en dix ans, grâce aux revenus du pétrole et au retour de la paix, le Soudan souffre encore de profondes inégalités socioéconomiques.
L'islam inclut dans l'un de ses cinq "Piliers de la Foi" la zakat, ou l'aumône faite aux pauvres. Aussi, de nombreuses organisations caritatives et un vrai sentiment de solidarité existent dans le pays. Mais même à Khartoum, vitrine du développement soudanais, les mendiants sont très nombreux jusque dans le centre-ville. La ceinture périphérique de la capitale est formée de camps et d'habitats précaires. Le phénomène est criant au Darfour ou encore au Sud-Soudan où, selon la Banque africaine de développement, environ 90 % des habitants vivraient sous le seuil de pauvreté.
La religion tient une place très importante au Soudan, quelle que soit la confession. On trouve des églises et des mosquées un peu partout dans le pays. A noter que l'immense majorité d'entre elles sont relativement récentes et qu'on n'y trouve pas de grands monuments religieux véritablement historiques.
Le Soudan est un pays majoritairement musulman sunnite, à 70-75 % environ. Mais si l'islam domine les deux tiers Nord, l'animisme et le christianisme dominent dans le Sud, avec respectivement autour de 15 et 10 % de la population totale soudanaise. Les populations dites "animistes" cachent derrière cette appellation une grande diversité de croyances qui tendent pour la plupart vers le monothéisme.
Le pays est longtemps resté rétif à la pénétration religieuse. Si le Soudan est aujourd'hui le pays le plus proche géographiquement de La Mecque, la conversion de la Nubie à l'islam date du XIVe siècle, soit la même époque que l'expansion de l'islam à Sumatra, en Indonésie ! La région était auparavant chrétienne. Toutefois, les populations chrétiennes présentes au Sud-Soudan ont été converties par des missionnaires européens et américains, surtout protestants mais aussi, plus tardivement, catholiques, au XIXe siècle. Khartoum et d'autres grandes villes rassemblent toujours une communauté copte originelle, mais accueillent désormais un grand nombre de réfugiés sudistes, le plus souvent à la périphérie de la capitale.
La sharia (la loi islamique) est officiellement en application au Soudan, exception faite du Sud-Soudan depuis 2005. Jusqu'à cette date, le régime avait été accusé de vouloir islamiser les populations africaines en réprimant le prosélytisme non-musulman.
Terre de rencontres et d'échanges, le Soudan est historiquement connu pour sa relative tolérance religieuse. L'islam soudanais est notamment influencé par le soufisme, cette pensée ésotérique privilégiant l'accès direct du croyant à la vérité divine, par l'ascèse ou encore la méditation. Proches du pouvoir politique, les religieux sont organisés en confréries, dont la plus connue est celle de la Khatmiyah, originaire de Kassala dans l'est du Soudan. Ils étaient aussi responsables de l'éducation des enfants, au sein des khalwa, ainsi que de la justice bien souvent.
Le rite soufi du dhikr (le "rappel"), qui permet la communication avec Allah, est très important au Soudan. Pour mieux comprendre l'impact du soufisme sur les musulmans locaux, ne manquez pas d'assister à une de ces cérémonies de danses religieuses qui ont lieu chaque vendredi en fin d'après-midi à Omdurman, près de la tombe du Mahdi.
Découverte du pays
- Les plus de la destination
- Le Soudan en 25 mots-clés
- Survol du pays
- Cuisine locale
- Les personnalités célèbres : Soudan
Infos pratiques
- Argent
- Bagages
- Décalage horaire
- Électricité, poids et mesures
- Formalités, visa et douanes
- Horaires d'ouverture
- Internet
- Jours fériés
- Langues parlées
- Poste
- Quand partir ?
- Santé
- Sécurité et accessibilité
- Téléphone
Histoire & culture
Autre
- Merhab bikoum !
- Fiche technique
- Idées de séjour
- Comment partir ?
- Histoire
- Mode de vie
- Assurances
- S'informer
- Rester
Galerie Photos