Guide de LA NOUVELLE-ORLÉANS : Histoire
Bien avant l'arrivée des Indiens puis des différents colons, avant celle des Acadiens, des Espagnols et enfin des Américains du Nord, le bassin du Mississippi était déjà un lieu de regroupement humain représentant une population relativement importante.
De la préhistoire, il nous reste des outils en pierre polie et des pointes de flèches, mais aussi de nombreux tumulus (mounds) que l'on peut encore découvrir en de nombreux points à travers l'Etat. Les cultures Hopewell (de 800 à l'an 1er av. J.-C.) et mississippiennes (de 1500 à 800 av. J.-C.), ou " bâtisseurs de tumulus " formaient des communautés agricoles très organisées. Des études archéologiques démontrent que certains des tumulus du site de Watson Brake, près de Monroe ont été élevés il y a plus de 5 000 ans. Il s'agirait des plus anciens vestiges préhistoriques d'Amérique du Nord connus à ce jour.
Au XVIe siècle, les premiers Européens découvrent sur les rives de Sainte-Catherine les villages des Indiens natchez et tout un système social structuré, avec une société de classes, des prêtres et des chefs.
Quelques petites décennies plus tard éclate la révolte des Natchez qui coûte la vie à plusieurs centaines de nouveaux colons. Cette ethnie d'environ 13 000 membres sera bientôt massacrée par les Français. Les Européens apportent avec eux des maladies contre lesquelles les Indiens n'étaient pas immunisés et qui les déciment. Ces populations ont déjà énormément décru lorsque les premiers explorateurs espagnols quittent la région. De ces premiers Louisianais restent quelques Houmas (les plus nombreux), les Coushattas et les Tunica-Bolixis.
De 1500 à 800 av. J.-C. Les premiers tumulus des populations mississippiennes sont construits.
1519 L'Espagnol Alvarez de Pineda découvre l'embouchure du Mississippi.
1541 Hernando de Soto, espagnol également, explore le Mississippi.
1692 Robert Cavelier, sieur de La Salle, réclame la Louisiane et la nomme en honneur de Louis XIV.
1714 Louis Juchereau de St. Denis établit le fort St. Jean Baptiste à Natchitoches. C'est la première implantation européenne permanente fondée dans la vallée du Mississippi.
1718 La Nouvelle-Orléans est fondée par Le Moyne de Bienville et nommée d'après Phillippe duc D'Orléans.
1719 Premier acheminement d'esclaves noirs en Louisiane.
1763 La France cède la Louisiane à l'Espagne après la signature du traité de Paris.
1764 Les immigrants acadiens - devenus les Cajuns - débarquent du Canada après le Grand Dérangement.
1800 L'Espagne rend la Louisiane à la France par le biais du traité de San Ildefonso.
1803 Napoléon vend la Louisiane aux Etats-Unis pour 15 millions de dollars.
1812 La Louisiane intègre l'Union et devient le 18e Etat. Elle adopte également sa première Constitution.
1815 Bataille de La Nouvelle-Orléans, les Britanniques échouent face aux troupes d'Andrew Jackson. Cette victoire assoit la suprématie américaine et clôt la guerre d'indépendance.
1837 Première parade de Mardi Gras à La Nouvelle-Orléans.
1849 Baton Rouge devient la capitale de l'Etat.
1861 La Louisiane est le sixième Etat à faire sécession. L'Etat est divisé avec les Confédérés à l'ouest et l'Union à La Nouvelle-Orléans.
1863 L'Union avance vers l'ouest et prend Port Hudson aux Confédérés.
1865 Défaite de la Confédération. L'esclavage est aboli.
1867-1868 La Louisiane est placée sous gouvernement militaire par l'Union. Elle ne réintègre l'Union qu'après s'être dotée d'une nouvelle Constitution.
1901 On découvre le premier gisement de pétrole de Louisiane à six miles de Jennings, dans la paroisse de Jefferson.
1926 La grande crue du Mississippi (Great Flood) - la pire de l'histoire des Etats-Unis - dévaste 1,3 millions d'acres et laisse 300 000 personnes sans logement.
1928-1935 Le gouverneur Huey P. Long établit de nombreuses mesures sociales. Malgré un fort soutien de la population, très démunie, il est très controversé et est assassiné en 1935.
1944 Envoi de troupes américaines, dont 60 000 entraînées en Louisiane, en France sur les côtes de Normandie, pendant la Seconde Guerre mondiale.
1975 Le Louisiana Superdome, le stade de La Nouvelle-Orléans, est construit.
1985 L'économie louisianaise, basée sur le pétrole, s'effondre suite à la crise économique.
1990 La Louisiane est l'un des Etats les plus pauvres du pays.
2003 Kathleen Babineaux Blanco est élue gouverneur, devenant la première femme gouverneur de Louisiane.
2005 Les ouragans Katrina et Rita dévastent la côte de Louisiane. Katrina est la catastrophe naturelle la plus coûteuse de l'histoire des Etats-Unis.
2007 L'ouragan Gustav touche les côtes de la Louisiane. Quelque 1,9 millions de Louisianais sont évacués, dont 200 000 Néo-Orléanais. C'est la plus grande évacuation de l'histoire américaine.
2007 Bobby Jindal est élu gouverneur ; c'est le premier gouverneur d'origine indienne de l'histoire américaine.
2008 Barack Obama est élu président des Etats-Unis. C'est le premier président noir de l'histoire du pays et il a été fortement soutenu en Louisiane.
2010 Les New Orleans Saints, l'équipe de football de Louisiane gagne le Superbowl. Moins de deux mois plus tard, l'explosion de la plate-forme pétrolière offshore Deepwater Horizon provoque une marée noire sans précédent dans le golfe du Mexique. Les côtes et les bayous de Louisiane sont souillés.
2012 La Louisiane fête ses 200 ans en tant qu'Etat américain.
2012 Barack Obama brigue un second mandat pour la présidentielle de novembre 2012.
L'aventure européenne de la Louisiane commence en 1519 lorsque l'Espagnol Alvarez de Pineda découvre l'embouchure du Mississippi. Peu aventureux, de Pineda laissera à son compatriote Hernando de Soto le soin d'explorer le fleuve. Mais les conquistadors se lassent de ne pas trouver l'eldorado recherché et abandonnent la partie. Près de cent cinquante ans s'écoulent. Les Français, présents en Nouvelle-France (Québec), relèvent alors le défi.
En 1692, René Robert Cavelier, sieur de La Salle, quitte les grands lacs glacés et descend le Mississippi jusqu'à son delta. Ayant atteint le but de son voyage, il revendique tout le territoire traversé. Du Canada au golfe du Mexique et des Appalaches aux Rocheuses, c'est une immense étendue (à peu près 17 Etats d'aujourd'hui) qu'il offre à Louis XIV, après l'avoir nommée Louisiane en son honneur. Dès 1698, les frères Le Moyne d'Iberville et de Bienville se chargent de la protection du pays contre leurs turbulents voisins, les Anglais à l'est et les Espagnols à l'ouest.
Parce que la Louisiane est certainement l'Etat le plus riche par son passé historique, voici quelques éclaircissements sur certains noms que vous ne manquerez pas de rencontrer à tous les coins de rue !
John James Audubon (1785-1851). Fils d'un colon français, passionné par la nature louisianaise, il peignit plus de 160 toiles et dessina des milliers d'oiseaux et d'animaux. C'est au cours d'un voyage en Europe que son talent d'ornithologue fut reconnu. Ses dessins ont largement contribué à la connaissance de la flore et de la faune.
Pierre Gustave Toutant de Beauregard (1818-1893). Brigadier général de l'armée confédérée, il fit tirer le premier coup de canon de la guerre de Sécession.
Francisco Luis Hector Carondelet (1748-1807). Sixième gouverneur espagnol de Louisiane, il a laissé un très bon souvenir. Sous son gouvernement s'ouvrit le premier théâtre, la sécurité dans les rues fut renforcée grâce à l'éclairage public et le premier journal local vit le jour.
Robert Cavelier de La Salle (1643-1687). Explorateur français. Parti du Canada, il a descendu le fleuve Mississippi et revendiqué le territoire, appelé Louisiane pour le roi de France Louis XIV.
William C. C. Clairbone (1775-1817). Gouverneur du territoire d'Orléans. Lorsque la Louisiane est achetée par les nouveaux Etats-Unis en 1803, elle est divisée en deux : territoire d'Orléans et district de Louisiane.
Antoine Crozat, marquis de Chatel (1655-1738). Secrétaire de Louis XIV, trésorier de France, financier international à qui le roi concéda en 1712 l'exclusivité des droits de commercer avec la Louisiane.
Andrew Jackson (1767-1845). Planteur et homme politique, il participa très tôt à la guerre d'indépendance. Héros de la bataille de La Nouvelle-Orléans, il devint le septième président des Etats-Unis en 1828.
Jean-Baptiste Le Moyne, sieur de Bienville (1680-1767). Gouverneur de la Louisiane de 1733 à 1743, il décida la construction de levées le long du Mississippi pour protéger les terres des inondations.
Pierre Le Moyne, sieur d'Iberville (1661-1706). Frère du sieur de Bienville. Fondateur de la Louisiane, chargé de la défense du territoire.
Marie Joseph Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834). Le marquis, héros de la révolution américaine, était très aimé en Louisiane. Il fit une tournée triomphale en 1825 et, à cette occasion, on lui fit bâtir un arc de triomphe (aujourd'hui disparu) sur la place d'Armes de La Nouvelle-Orléans.
Jean Laffitte. Son histoire et ses origines restent mystérieuses. Il serait né en 1792 à Saint-Domingue (Haïti) d'une mère juive espagnole et d'un père français. Corsaire, contrebandier, pirate, chef des Baratariens, il fut aussi négociant, armateur, marchand d'esclaves. Officiellement, il exploitait une forge avec son frère à La Nouvelle-Orléans, et fréquentait le café des Réfugiés et le Maspéro. Figure locale, il était invité chez les plus riches planteurs et négociants. On dit que les femmes succombaient à son charme et à son élégance... Pendant la guerre de 1813, il combattit aux côtés du général Andrew Jackson pour défendre son pays d'adoption, ceci malgré les attaques américaines contre sa flotte personnelle à La Nouvelle-Orléans. Le célèbre pirate aurait également entretenu une correspondance avec les grands philosophes Friedrich Engels et Karl Marx. Il aurait même financé le Manifeste du Parti communiste... Comme ses origines, sa fin reste nimbée de mystère. Mort au Mexique en 1826 ou dans l'Illinois en 1847 ? Yul Brynner a incarné à l'écran le personnage de ce pirate mythique - avec à ses côtés Charlton Heston dans le rôle du général Jackson - dans le film Les Boucaniers d'Anthony Quinn.
Napoléon Ier (1769-1821). Les lois de la Louisiane restent fondées sur le code Napoléon alors que tous les autres Etats ont adopté le droit anglais coutumier et jurisprudentiel. Napoléon Bonaparte est admiré des Louisianais et son nom est omniprésent dans une bonne partie de la Louisiane, où il aurait vécu si le plan consistant à le faire évader de Saint-Hélène avait eu le temps d'aboutir. Napoléon mourut trop tôt...
Huey Pierce Long (1893-1935). Gouverneur de la Louisiane de 1928 à 1931, sénateur des Etats-Unis de 1931 à 1935. Dictateur vulgaire mais habile, il sut parfaitement se servir des médias pour étendre son pouvoir. Il modernisa son Etat en faisant construire routes, hôpitaux, ponts et écoles. La population appréciait son souhait de faire reculer l'analphabétisme, mais ses détracteurs lui reprochaient de tout contrôler, des élections à l'édition des lois. Il fut assassiné en 1935. Plusieurs films retracent sa vie.
Louis Phelypeaux, comte de Pontchartrain (1643-1727). Ministre de la Marine de Louis XIV.
Possession prise, les Français érigent des forts et établissent les premières implantations tout le long de la côte du golfe et de la vallée du Mississippi. Naissent alors Biloxi (1699), Mobile (1702 - aujourd'hui capitale de l'Etat de l'Alabama). Fondée en 1714, Natchitchoches est la première implantation européenne permanente de l'actuelle Louisiane.
En 1718, Le Moyne de Bienville établit une implantation à l'embouchure du Mississippi afin de sécuriser cette région stratégique : il la nomme La Nouvelle-Orléans, en l'honneur de Philippe, duc d'Orléans, régent de l'époque. La toute jeune colonie de Louisiane vit de difficiles premières décennies. Les batailles que se livrent la France et la Grande-Bretagne lors de la guerre de Succession espagnole, entre 1701 et 1714, coupent les colons de la métropole.
Le gouvernement royal dote néanmoins le territoire d'une Constitution et organise son peuplement. Prisonniers, voleurs, prostituées sont ramassés dans les rues ou sortis des prisons françaises et déportés vers la nouvelle colonie. Des "filles à la cassette" - orphelines que les autorités incitent à s'expatrier en leur donnant une dot (la cassette) - s'embarquent pour l'aventure. Elles sont prises en charge par le couvent des soeurs ursulines qui oeuvrent à l'éducation des jeunes filles et à l'instruction en langue française des enfants des colons.
En 1712, le riche financier Antoine Crozat se voit concéder le commerce avec la colonie par une monarchie aux caisses bien vides. En 1717, l'administration de la colonie, qui peine à croître, est confiée au régent à la Compagnie d'Occident, créée par l'Ecossais John Law, dont les idées en matière de finance vont révolutionner le capitalisme. John Law va aider la France en créant la Banque générale autorisant à frapper du papier monnaie contre de l'or, établissement qui deviendra la Banque royale garantie par le roi. Il acquiert une grande influence auprès de la Cour et est nommé contrôleur général des Finances. Mais rapidement son système fait banqueroute et provoque une crise économique en France.
Par une habile campagne de presse vantant les beautés et les richesses du pays, Law persuade des milliers de candidats de tenter l'aventure, tandis que d'autres sont enrôlés de force : " Un régiment d'archers recevait cent livres par personne qu'il capturait. En avril 1721, 5 000 personnes disparaissent ; en septembre, des prisonniers obtiennent leur liberté à condition qu'ils épousent des prostituées et qu'ils partent pour la Louisiane. "
Après les guerres franco-germaniques, quelque 2 000 Allemands fuient leur pays, la famine et les maladies et se réfugient en Louisiane où ils remboursent leur voyage et achètent leur liberté grâce à leur travail. Nombre d'entre eux s'installent au bord d'un lac (aujourd'hui le lac des Allemands).
D'après les registres de la Compagnie d'Occident, 7 000 Européens s'installent dans la colonie entre octobre 1717 et mai 1721. John Law acquiert également la Compagnie du Sénégal, qui détient le monopole du commerce des esclaves.
Les premiers esclaves noirs sont acheminés en Louisiane en 1719. Ils arrivent au nombre de 3 000 entre 1720 et 1731. Le fossé entre le portrait idyllique dressé par la Compagnie d'Occident et les conditions de vie rencontrées par les colons est énorme.
Beaucoup de colons meurent faute de pouvoir trouver nourriture, habillement et abris. Les survivants sont contraints de rester, ne pouvant envisager un retour en Europe. En marge des grandes plantations, la plupart des colons tentent de vivre de leurs petites exploitations de tabac et d'indigo. La campagne de promotion orchestrée par Law est stoppée net en 1720 lorsque parviennent en France les échos de la brutalité des conditions de vie à la colonie. La Compagnie d'Occident survit et continue d'administrer la colonie jusqu'en 1731, année marquant le retour de la Louisiane sous l'administration monarchique.
Sous perfusion française, car ne produisant pas assez de richesses, la Louisiane n'est pas une très bonne affaire. A l'exception de quelques plantations installées au bord du fleuve et mises en valeur par une vaste population d'esclaves noirs, la Louisiane est bien déserte. Les Indiens, qui occupent la majeure partie du territoire, ne sont pas toujours conciliants ni pacifiques, mais certains colons parviennent à développer avec eux un florissant commerce de fourrures.
Anglais et Français ne s'entendent pas plus dans le Nouveau Monde que sur le sol de la vieille Europe. L'année 1763 marque la fin de la guerre de Sept Ans et la défaite française, qui perd ses possessions du Canada. Pour la France, la présence en Louisiane n'est plus stratégique. Louis XV cède donc La Nouvelle-Orléans et les terres situées à l'ouest du Mississippi à son cousin, Charles III d'Espagne. On ne peut pas dire que la couronne d'Espagne s'en réjouisse, car elle considère le cadeau comme empoisonné : les Indiens lui mènent la vie dure et les colons français refusent son autorité. En 1768, ils instituent même une Louisiane libre... pendant dix mois !
En 1763, le traité de Paris concède à l'Angleterre tous les territoires se trouvant à l'est du Mississippi (à l'exception de La Nouvelle-Orléans).
La fin de la guerre franco-anglaise est aussi le début d'une tragédie pour les Acadiens, les Français du Canada.
Ne voulant pas prêter allégeance à la Couronne britannique, ils sont déportés en divers points de la côte Est, mais n'y restent pas et rejoignent la Louisiane (exode que l'on appelle le Grand Dérangement). Les Espagnols les accueillent en leur donnant des terres, le long de la rivière Atchafalaya et au bord du bayou Lafourche. Fermiers, chasseurs et pêcheurs, ils occupent encore aujourd'hui un territoire délimité par la frontière du Texas à l'ouest, les Avoyelles au nord et le delta du Mississippi à l'est, autour de la capitale acadienne Lafayette. Ils contribuent à la mise en valeur de la colonie.
A partir de 1766, les Espagnols viennent hispaniser la Louisiane. Le transfert de la Louisiane à l'Espagne est accueilli avec surprise et colère par une population majoritairement française. Une colère qui tourne à la révolte lorsque le premier gouverneur espagnol Antonio de Ulloa tente d'imposer de strictes directives dans toute la colonie. Ulloa doit quitter la Louisiane qui s'insurge contre lui en octobre 1768. Extrêmement autoritaire, son successeur, le général Alejandro O'Reilly, rétablit l'ordre en août 1769. Après une période de troubles, la paix revient entre les deux communautés et les mariages mixtes sont encouragés. O'Reilly met en place les institutions espagnoles qui gouverneront la Louisiane pendant trente-quatre ans. La population reste en majorité française, ainsi que l'ensemble des administrateurs de la colonie. Les nouveaux arrivants espagnols ne parviennent pas à surpasser en nombre les Français qui continuent de débarquer en Louisiane, réfugiés fuyant le Canada, les Antilles et les soulèvements en France. En plus des Acadiens, des réfugiés arrivent de l'île de Saint-Domingue (l'actuelle Haïti) en proie à une révolte des esclaves (1791-1803). Chaque contingent apporte ses arts et ses coutumes qui enrichissent une mosaïque déjà bien diversifiée. La Nouvelle-Orléans, détruite par un incendie, renaît de ses cendres, ornée de balcons en fer forgé aux arabesques andalouses. Une relative prospérité s'installe en Louisiane. La Nouvelle-Orléans devient une véritable porte d'entrée commerciale sur l'intérieur du continent.
En 1800, Napoléon Bonaparte et Charles IV d'Espagne signent la convention de San Ildefonso : la Louisiane se retrouve de nouveau française. Mais pas pour longtemps. En 1802, le président Thomas Jefferson voit d'un mauvais oeil le renforcement des troupes armées françaises à La Nouvelle-Orléans et dans les Antilles toujours secouées par la rébellion des esclaves. La Louisiane impose aux Etats-Unis et à leurs navires de commerce des droits de douane pour toute marchandise transitant par La Nouvelle-Orléans. Le président Jefferson envoie James Monroe à Paris pour soutenir l'ambassadeur des Etats-Unis en France, Robert Livingston. Les Américains proposent plusieurs plans allant de l'achat de territoires le long du Mississippi à la concession des droits perpétuels de navigation et de déchargement de marchandises. Ces négociations sont sans succès. Mais la France fait face à une situation difficile. Sa flotte est décimée par la fièvre jaune aux Antilles. La guerre avec l'Angleterre semble inévitable et la Louisiane risque de tomber aux mains des Anglais. En 1803, Napoléon, qui a besoin d'argent pour financer la guerre contre l'Angleterre, stupéfait Monroe et Livingston. C'est à prendre ou à laisser : ou les Etats-Unis achètent l'ensemble de la Louisiane ou ils n'obtiennent rien. Les jeunes Etats-Unis d'Amérique (indépendants et unis depuis 1776) achètent donc la Louisiane pour 15 millions de dollars. Il s'agit pour eux du plus grand élargissement jamais réalisé. Ironie de l'histoire : pour réaliser cet achat, les Etats-Unis empruntent aux banques anglaises ! Napoléon annonce : " J'ai donné un rival maritime à l'Angleterre qui va l'obliger à ravaler sa fierté ". Le 30 novembre 1803, le dernier préfet français de Louisiane, Pierre Clément de Laussat, prononce un discours émouvant : " Puissent ainsi, de nos jours et à l'avenir, un Louisianais et un Français ne se rencontrer jamais, sur aucun point de la terre, sans se donner mutuellement le nom de frère... "
Voici la Louisiane américaine, enfin... presque. Encore dix années de tracasseries administratives et d'annexions diverses et elle devient, en 1812, le 18e Etat de l'Union. William Clairborne, gouverneur du Territoire d'Orléans, l'actuelle Louisiane, a la lourde tâche d'implanter les règles de la jeune démocratie américaine dans l'ex-colonie à la farouche identité culturelle.
En 1809, Clairborne doit faire face à l'arrivée de dix mille réfugiés de Saint-Domingue arrivant en l'espace de six mois à La Nouvelle-Orléans. Ces réfugiés doublent la population de la ville et contribuent à préserver son identité française. Moins de deux mois après l'intégration à l'Union, la guerre de 1812 éclate entre les Etats-Unis et l'Angleterre. En 1814, les Britanniques tentent de s'emparer de points stratégiques le long du fleuve Mississippi et dans le golfe. Le 8 janvier 1815, ils foncent sur La Nouvelle-Orléans mais sont repoussés par les troupes d'Andrew Jackson. Cette victoire est décisive pour les Etats-Unis et leur permet de protéger définitivement leur frontière des ambitions britanniques.
La Nouvelle-Orléans a fait l'expérience de désastres autant naturels qu'humains. Des incendies aux ouragans et aux épidemies de fièvre jaune, voici les principales dates qui prouvent la volonté de survie des habitants de cette ville :
1788 et 1794 : deux incendies détruisent près de 80 % de la ville, incluant le Quartier français et ses bâtiments construits au moment de la colonisation par les Français. La gouvernance espagnole à l'époque entreprit les travaux de reconstruction rendant ce quartier unique en son genre.
1853-1855 : en trois ans, le virus de la fièvre jaune fait 12 944 victimes. A l'époque personne n'en connaît la cause. Plus tard, on découvre que l'homme contracte le virus suite à la piqûre d'un moustique. Aujourd'hui un vaccin est disponible, mais la fièvre jaune sévit toujours en Afrique, en Amérique du Sud et aux Caraïbes.
1858 : épidémie de fièvre jaune, 4 845 victimes.
1867 : épidémie de fièvre jaune, 3 107 victimes.
1878 : épidémie de fièvre jaune, 4 046 victimes.
1905 : la dernière épidémie importante, seulement 437 décès.
1927 : gonflé par les fortes pluies, le Mississippi passe par-dessus les levées. En essayant de sauver La Nouvelle-Orléans, les autorités décident d'utiliser de la dynamite pour faire sauter les levées situées au nord de la ville. Mais le résultat fut l'inondation de la paroisse Saint Bernard, une des régions où les habitations sont les plus pauvres.
1957 : l'ouragan Audrey (catégorie 4) détruit le sud-ouest de la Louisiane. 40 000 personnes sont sans abri et plus de 300 sont tuées.
1965 : ouragan Betsy (catégorie 3), surnommé Billion-Dollar Betsy. L'eau du lac Pontchartrain est poussée par le vent dans les quartiers de Gentilly, du Ninth Ward et une partie de la paroisse Saint Bernard. 76 résidents meurent noyés. Beaucoup d'entre eux se sont retrouvés dans leur grenier sans pouvoir trouver une issue de secours.
1969 : l'ouragan Camille (catégorie 5) échoue à l'entrée du Mississippi et fait de très lourds dégâts sur la côte du golfe, principalement dans l'Etat du Mississippi.
1992 : l'ouragan Andrew (catégorie 3) passe sur le centre de la Louisiane, tuant 4 personnes et privant 150 000 personnes d'électricité. Des milliers de dollars de récoltes sont détruites.
1998 : l'ouragan Georges (catégorie 5) s'approche très près des limites de la ville, pour se tourner vers les Etats du Mississippi et de la Floride au dernier moment. Les côtes du golfe du Mexique sont ravagées, surtout la Floride et tout particulièrement Pensacola et Destin à 4 heures de route de La Nouvelle-Orléans.
29 août 2005 : l'ouragan Katrina (catégorie 3) détruit le Sud-Est louisianais. La ville est fermée jusqu'à octobre. On estime que plus de 2 millions de personnes de la région du golfe ont été évacuées.
24 septembre 2005 : l'ouragan Rita (catégorie 3) passe sur le Sud-Ouest louisianais et inonde pour la seconde fois une partie de La Nouvelle-Orléans.
31 août 2008 : presque trois ans jour pour jour après Katrina, l'ouragan Gustav (catégorie 2) arrive sur Cocodrie et se transforme en une très grosse tempête tropicale en faisant de nombreux dégâts sur tout le Sud louisianais.
20 avril 2010 : la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, louée par la compagnie BP, explose, laissant échapper une marée noire historique qui vient souiller les côtes du golfe du Mexique.
Une période de prospérité s'installe, la population augmente, des commerçants bâtissent de gigantesques fortunes. Les premiers bateaux à vapeur sillonnent le Mississippi avec, à leur bord, salles de jeux, belles du Sud en crinolines et planteurs. Grâce au travail des esclaves, les exploitations de canne à sucre, de coton et de tabac prospèrent. La traite des Noirs se porte bien également. En 1820, la Louisiane compte 153 000 habitants. Vingt années plus tard, sa population est passée à 352 000 habitants. De nouveaux territoires sont défrichés et le nord-ouest de la Louisiane se peuple peu à peu. En 1860, sur 700 000 habitants, la moitié sont des esclaves. En 1861, quand éclate la guerre civile, les planteurs ne sont évidemment pas décidés à libérer les esclaves qui travaillent leurs champs et assurent leur fortune. En janvier 1861, la Louisiane est le sixième Etat à faire sécession, mais est bien vite divisée en deux : les Confédérés sont à l'ouest et les forces de l'Union campent à La Nouvelle-Orléans. La Louisiane est globalement à l'écart du théâtre des activités. Cependant, de grandes familles, notamment créoles, subissent les représailles des troupes de l'Union. Celles qui se considèrent encore françaises et non américaines refusent de prêter serment et de se ranger aux côtés de l'Union. De nombreuses plantations et demeures de planteurs sont occupées ou saisies par les forces de l'Union. Le conflit s'active le long de la rivière. L'Union prend les places fortifiées une à une. Port Hudson, dernier retranchement des Confédérés, tombe aux mains de l'Union en juillet 1863. Les Confédérés conservent cependant le nord et l'ouest jusqu'à la fin de la guerre.
La défaite du Sud, en 1865, place la Louisiane sous régime militaire. L'esclavage est aboli. Mais les institutions louisianaises restent dominées par les ex-Confédérés. Le droit de vote est alors refusé aux Noirs. De nombreuses lois, notamment le tristement célèbre Code Noir, restreignent les droits et libertés des Noirs de Louisiane.
En 1866, des émeutes raciales se transforment en bain de sang. En 1867 et en 1868, le Congrès vote les Reconstruction Acts et rétablit le gouvernement militaire. La Louisiane doit se doter d'une Constitution acceptable pour réintégrer l'Union, ce qu'elle fait en juin 1868, grâce à une nouvelle Constitution instituant le droit de vote pour tous les hommes ayant atteint leur majorité et quelle que soit leur race. Les Noirs obtiennent l'égalité des droits civils.
Particulièrement actives au niveau politique et économique, les organisations blanches et racistes, parmi lesquelles le Ku Klux Klan et la White League s'attachent à combattre le gouvernement au pouvoir, lynchent et brûlent... Les carpetbaggers, coureurs de fortune venus du Nord, profitent de la confusion pour s'enrichir allègrement en pratiquant toutes sortes de trafics. L'Etat ne recouvrera sa pleine indépendance au sein de l'Union qu'en 1877. C'est le début d'une nouvelle ère de prospérité : La Nouvelle-Orléans s'agrandit avec la venue de milliers d'immigrants.
Dans les années 1880, la Louisiane retrouve le niveau de production de coton, de riz et de sucre d'avant-guerre. Mais les prix des produits agricoles se maintiennent à un niveau très bas et les méthodes de production peinent à moderniser l'agriculture louisianaise. La pauvreté règne parmi les classes agricoles. A La Nouvelle-Orléans, le trafic maritime reprend de plus belle. Des digues sont élevées le long du Mississippi. Elles contiennent les flots déversés par le fleuve et garantissent un cours suffisamment profond pour permettre aux plus grands navires d'emprunter l'embouchure du fleuve. La perspective d'un commerce international florissant est renforcée par la construction des voies de chemin de fer en Louisiane.
Au début du XXe siècle, l'activité du port de La Nouvelle-Orléans, redevenu l'un des plus importants du pays, est encore stimulée par l'ouverture du canal de Panama ouvrant le commerce avec l'Amérique latine.
Entre 1900 et 1910, d'importants gisements de pétrole, puis de gaz naturel sont découverts en Louisiane. Ces découvertes initient le développement industriel du nord de la Louisiane et la ville de Shreveport prend son essor. Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux Louisianais s'engagent dans l'armée pour servir d'interprètes aux troupes envoyées en France.
De 1928 à 1935, porté au pouvoir du fait du mécontentement des classes rurales et dans un contexte de difficultés économiques, le gouverneur Huey P. Long développe les transports, les hôpitaux, le système routier, les écoles. Ses formules socialistes " Chaque homme traité comme un roi " ou " Un poulet dans chaque casserole " font partie de son programme intitulé " Partager les richesses ". H.P. Long estime qu'aucun homme n'a besoin de gagner plus d'un million de dollars par an et qu'il doit donc reverser le surplus à un fonds commun d'aide aux démunis.
Si les pauvres apprécient ses idées, même s'il emploie des méthodes dictatoriales pour les appliquer (le contrôle de la presse par exemple), Long se fait inévitablement des ennemis et meurt assassiné dans le Capitole le 8 septembre 1935.
Le sous-sol regorgeant de pétrole, le produit de l'or noir coule dans les caisses de l'Etat, tandis que l'industrie se développe et que des complexes chimiques s'installent le long du Mississippi. Mais le pétrole est coûteux à extraire dans les marécages, les cours fléchissent inexorablement à partir de 1981 et les compagnies délaissent peu à peu la Louisiane pour le Texas voisin. L'économie s'en ressent... Des vagues de migrants cajuns et noirs quittent la Louisiane et s'installent dans le triangle d'or du sud-est du Texas. En décembre 1985, le marché s'effondre et entraîne avec lui une économie louisianaise basée sur l'industrie du pétrole.
Au début des années 1990, la Louisiane est l'un des cinq Etats les plus pauvres des Etats-Unis. Certains chiffres sont éloquents : 24 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté ; 26 % des mères élèvent seules leurs enfants (4e rang aux Etats-Unis) ; la Louisiane est au 6e rang (sur 50) pour le nombre de prisonniers par habitant. Situation caractéristique typique des pays du tiers-monde : la population est composée d'une minuscule minorité de multimillionnaires, d'une majorité de pauvres et d'une classe moyenne peu importante. La Louisiane est aussi réputée pour la corruption de ses hommes politiques, experts en magouilles en tout genre.
Les mauvaises langues disent que Bill Clinton est parvenu à la présidence des Etats-Unis grâce aux conseils avisés de son conseiller personnel, James Carville, originaire de Louisiane.
En 1995, Mike Foster est l'un des premiers hommes d'affaires à avoir été élu gouverneur dans l'histoire politique récente en Louisiane. Il est également un grand cultivateur de canne à sucre. Comme son grand-père, Murphy J. Foster, qui fut gouverneur de la Louisiane entre 1892 et 1900, Mike Foster fut un gouverneur réformateur, connu pour son honnêteté et sa franchise. En 1999, les Louisianais lui confient un nouveau mandat pour quatre ans. Avec la guerre américaine en Irak et le fort sentiment anti-français qui s'est développé dans tout le pays, le projet de renommer le French Quarter en " Freedom Quarter " a agité la campagne pour l'élection du nouveau gouverneur. Ce fumeux projet fut finalement abandonné car il a suscité la désapprobation de 90 % des concitoyens.
En 1999, dans tout l'Etat, on fête FrancoFête, le tricentenaire de l'établissement des premiers colons français ou les 300 ans de présence française. Cet événement culturel mené par le ministère de la Culture et beaucoup d'organismes privés fait venir de nombreux touristes de tous les horizons. Même le comité Miss France viendra avant l'élection finale pour filmer les Miss.
En 2002, l'ouragan Lili fait de nombreux dégâts dans toutes les Caraïbes et arrive sur les côtes louisianaises. Les barrières naturelles sont gravement touchées.
Après le succès de FrancoFête 99, la Louisiane se prépare pour célèbrer le bicentenaire de la cession de la Louisiane par Napoléon. Le tourisme et la culture deviennent une industrie florissante pour le sud de la Louisiane. En 2004, Kathleen Babineaux Blanco, lieutenant-gouverneur, responsable du département du Tourisme et des Loisirs, se présente aux élections pour la direction de l'Etat. Grâce aux résultats très positifs des actions touristiques entreprises, son élection ne fait pas de doute. Elle sera la première femme à la tête de la Louisiane. Le 29 août 2005, l'oeil de l'ouragan Katrina passe trop près de La Nouvelle-Orléans. Une brèche dans la digue laisse s'écouler des tonnes d'eau qui se déversent dans les quartiers résidentiels riches et pauvres de La Nouvelle-Orléans. Les autorités locales et nationales mettent tellement de temps à réagir que les aides et secours n'arrivent pas assez vite pour sauver les quelques milliers de personnes restées sur place. Le maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, dénonce les problèmes administratifs d'un système trop lent à réagir lors d'une interview radio. Ces propos, jugés trop crus par les autorités, mais véridiques, ne semblent pas lui faire défaut. Il est réélu en 2006. Début 2007, les travaux de la digue sont tout juste terminés pour la saison des ouragans. Mais l'Army Corps of Engineers en charge des travaux annonce que la nouvelle digue ne supportera pas un ouragan de la même force que le précédent et risque de s'ouvrir à nouveau si le système de pompage des eaux ne fonctionne pas mieux.
Le 20 octobre 2007, Bobby Jindal est élu gouverneur de l'Etat. A l'âge de 36 ans, il devient le plus jeune gouverneur aux Etats-Unis et le premier de nationalité indienne-américaine de l'histoire du pays. Né en Louisiane, ses parents sont arrivés aux Etats-Unis en 1970, un an avant sa naissance. Il remporte 54 % des votes, gagnant dans 60 paroisses sur 64.
Le 31 août 2008, l'ouragan Gustav s'échoue sur les rives de la Louisiane en faisant de nombreux dégâts sur le sud et sur Baton Rouge. Quelques jours avant l'arrivée de l'ouragan, plusieurs régions du sud de la Louisiane se préparaient à évacuer. Tôt le matin, le maire de La Nouvelle-Orléans ordonne une évacuation obligatoire en désignant Gustav comme " l'ouragan du siècle ", " la mère de toutes les tempêtes "... Quelque 1,9 million de Louisianais ont évacué le sud, incluant 200 000 résidents de La Nouvelle-Orléans. La plus importante évacuation de l'histoire de la Louisiane. A Baton Rouge, les dégâts causés par les vents ont été les plus dévastateurs de l'histoire. A un tel point que la capitale est restée inaccessible pendant plusieurs jours. Beaucoup des panneaux de l'autoroute 10 ont été retrouvés dans le Mississippi. Certains résidents ont attendu deux semaines après le passage de la tempête pour retrouver l'électricité.
Aucune inondation majeure n'a cependant été rapportée. Les digues juste terminées ont résisté, même si l'eau passait par-dessus à certains endroits.
Le 20 avril 2010, la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon explose à 70 km des côtes de La Nouvelle-Orléans. La société Transocean, propriétaire de la plate-forme, première compagnie de forage offshore du monde, est mise en cause, avec ses partenaires Halliburton et BP, locataire de la plate-forme. Pendant 87 jours, BP va lutter pour arrêter la fuite et boucher les trous du puits de pétrole. Quelque 4,1 millions de barils de brut se seront déversés dans les eaux du golfe, bouleversant l'industrie de la pêche et le tourisme, et fragilisant l'équilibre écologique des marécages de Louisiane et des plages d'Alabama. En mars 2012, le procès de BP débute et se boucle très rapidement à l'amiable : 7,8 milliards d'indemnisation sont accordés aux différents plaignants. En 2010, l'entreprise pétrolière avait déjà déboursé 8 milliards de dollars d'indemnisation et 14 milliards de dollars en nettoyage.
Enfin, sept ans après Katrina, la reconstruction de La Nouvelle-Orléans ressemble toujours à un " patchwork de réussites et de ratages ", comme l'avait déjà constaté Obama pendant sa campagne. Si les quartiers touristiques ont été bichonnés, retrouvant leur éclat, ce n'est pas le cas des quartiers les plus humbles comme le 9th Ward. Les fonds débloqués pour la reconstruction sont en stand-by. Les habitants les plus démunis vivotent dans des caravanes ou dans les ruines de leur maison, entourés de magasins vides et de terrains vagues où une véritable jungle vient parfois reprendre ses droits. La criminalité et les trafics fleurissent. Sur les 450 000 habitants d'avant Katrina, seulement 300 000 sont revenus. La crise économique n'a rien arrangé et le tourisme a chuté. Pourtant les habitants gardent le moral, fiers de leur jazz et leur art de vivre. Et pour lutter contre l'oubli et l'immobilisme, certaines vedettes montent au créneau. Brad Pitt a ainsi mis la main à la poche et s'est fraîchement installé en ville avec femme et enfants. La Nouvelle-Orléans retrouve doucement sa place de capitale économique et culturelle, même si l'ouragan Isaac d'août 2012 a réveillé de bien mauvais souvenirs.
23-25 août : formation de l'ouragan. Katrina n'est encore qu'une simple tempête comme beaucoup en cette saison. Une dépression tropicale se développe sur le sud-est des Bahamas. Elle prend de la force et prend le nom de tempête tropicale Katrina. Katrina devient un ouragan catégorie 1. On prévoit que Katrina atterrisse près de Hallandale Beach en Floride, mais au lieu d'aller vers l'ouest il se déplace vers le sud près de la côte de Miami, faisant 6 victimes et de nombreux dégâts.
26-28 août : l'ouragan traverse le golfe du Mexique. Bien que beaucoup ignorent l'arrivée prochaine de l'ouragan Katrina, le Centre national des ouragans annonce la possibilité d'un tournant vers la frontière entre la Louisiane et l'Etat du Mississippi. Après avoir traversé la Floride, l'ouragan a perdu de son intensité et est redevenu une tempête tropicale. Mais Katrina reprend de la force et redevient ouragan, cette fois-ci de catégorie 3. Dans la journée du 27 août, le gouverneur de Louisiane Kathleen Babineaux Blanco demande au président Bush de déclarer l'état d'urgence. La FEMA (Federal Emergency Management Agency, Agence fédérale pour le management des situations d'urgence) se prépare à intervenir. Le maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, demande à la population d'évacuer la ville si elle en a la possibilité. Il prévient aussi que le Superdome sera un abri pour les personnes évacuées.
Avec les eaux plus chaudes du golfe, l'ouragan Katrina prend de la force et passe en catégorie 4, puis 5 avec des vents de plus de 230 km/h. Le 28 août, le maire fait la première annonce d'une évacuation obligatoire (la première dans l'histoire de La Nouvelle-Orléans). Environ 30 000 évacués arrivent au Superdome.
29 août : atterrissage de l'ouragan sur La Nouvelle-Orléans. Tôt le matin, Katrina redescend en catégorie 4 et atterrit en Louisiane sur la ville de Buras, comme ce qui était prédit. Cette toute petite ville est désintégrée par des vents de 200 km/h et une marée venant du golfe. En quelques heures, le cataclysme passe sur Breton et atteint Pearlington, au Mississippi.
Pendant ce temps, la force des eaux fait une première brèche dans l'une des digues et fait monter l'eau dans le Ninth Ward et New Orleans East. En deux heures, la paroisse Saint Bernard est sous 3 m d'eau. Ensuite une autre brèche, à un autre endroit de la ville, inonde les quartiers de Lakeview, Gentilly et Mid-City sous presque 4 m d'eau. Le gouverneur redemande de l'aide au président. Aucune réponse.
30 et 31 août : évacuation des survivants. Il est évident que le système de pompes et de vannes qui évacue l'eau des crues dans le lac ne peut plus faire face. L'attention est portée sur l'évacuation et surtout le sauvetage des survivants. Le gouvernement demande l'aide de l'armée pour le sauvetage et l'évacuation, mais aussi pour maintenir de l'ordre. La ville toute entière subit de nombreux pillages.
Les essais pour combler une des brèches de la digue avec des sacs de sable ne fonctionnent pas. 80 % de la ville de La Nouvelle-Orléans est sous l'eau.
Le maire Ray Nagin ordonne à la police de New Orleans de concentrer ses efforts sur le contrôle des pillages, au lieu d'effectuer les recherches de victimes, et installe un couvre-feu. 8 300 militaires sont en action sur la côte du golfe. Toujours aucune nouvelle du président. Le 31 août, après deux jours de demande, la Garde nationale arrive enfin en Louisiane, au Mississippi, en Alabama et en Floride. Les évacués au Superdome vivent dans l'insalubrité et on y compte 3 morts. L'eau potable et la nourriture se font rares.
1er au 4 septembre : pénurie et violence. Toute l'attention du pays est rivée sur les milliers d'évacués transférés au Superdome. Les conditions de vie sont au plus bas : plus de nourriture ni d'eau, la violence s'installe. Bush se décide à venir dans le sud.
Le 2 septembre, tout le trafic aérien s'arrête pour laisser le passage au président. Même les 3 tonnes de nourriture prêtes pour la livraison. Les efforts pour combler la brèche de la digue sont multipliés avec l'arrivée de Bush. Finalement, le président signe une aide de 10,5 milliards de dollars et discute des possibilités d'une évacuation de La Nouvelle-Orléans.
Le 4 septembre : les dernières personnes restantes au Superdome sont enfin évacuées à l'Astrodome de Houston au Texas. On compte de plus en plus de victimes de l'ouragan.
6 septembre : évacuation forcée. Malgré la demande d'évacuation obligatoire, de nombreuses personnes qui se trouvaient sur les régions non inondées de la ville refusaient de partir. Pour des raisons de sécurité publique, le maire ordonna une évacuation forcée. Privés d'électricité, d'eau courante, sans réaliser l'étendue des dégâts, beaucoup sont restés pour essayer de décourager les pilleurs et protéger leurs animaux. Huit jours plus tard, les brèches des digues sont finalement comblées.
20 septembre : un autre ouragan approche. Plus de vingt jours après l'ouragan, le maire Ray Nagin laisse les résidents d'une partie de la ville rentrer chez eux. Même si l'ouragan Rita menace la ville de nouveau et qu'il ordonne une nouvelle évacuation obligatoire. Rita atterrit plus loin vers l'ouest, près de la frontière entre la Louisiane et le Texas. Son passage a fait des dégâts et aggravé la situation aux endroits déjà très touchés par Katrina. Certaines assurances refusent de rembourser les victimes. Un procès est lancé.
Octobre-novembre : retour des résidents. Les quartiers inondés sont à nouveau accessibles aux résidents. Certains reviennent anxieux de constater les dommages de leur maison. D'autres attendent des nouvelles de leur famille et emploi. Environ 1,5 million de personnes ont été évacuées. 600 000 réfugiés vivent dans les hôtels. Mi-novembre, les 150 000 évacués restant dans les hôtels payés par le gouvernement doivent partir. Mais l'agence FEMA a de très gros problèmes à fournir les mobile- homes promis à la place. Beaucoup sont obligés de se réfugier dans les foyers de sans-logis. Le président et son administration dénient avoir été distants des dangers et des risques de l'ouragan et refusent d'admettre qu'ils ont répondu aux appels d'aides seulement quatre jours après la catastrophe.
Presque trois mois après l'ouragan, 6 500 personnes sont toujours portées disparues et 400 corps n'ont toujours pas été identifiés.
Décembre : phase de reconstruction. Les hôpitaux sont en difficulté. Le personnel vient à manquer et le nombre des patients augmente.
Le comité pour la reconstruction de La Nouvelle-Orléans, mis en place par le maire Ray Nagin, fait l'ébauche d'un rapport qui devrait autoriser toute initiative de reconstruction dans n'importe quelle partie de la ville, zone inondable ou non. Suivant ce rapport, les propriétaires ont un an pour prouver qu'ils ont les moyens et la ferme intention de reconstruire. Passé ce délai, la ville rachètera le terrain. Les victimes sans abris se rassemblent donc pour demander auprès du Congrès une aide financière pour construire des digues plus solides. Bush signe un supplément de 29 milliards de dollars pour l'aide à la reconstruction.
Le maire de Houston ne veut plus accueilir les nouvelles victimes espérant recevoir des aides au logement et de la nourriture. Avec plus de 100 000 réfugiés, le maire annonce que Houston est plein.
Janvier 2006 : l'insécurité en ville. Concerné par le non-retour de nombreux résidents afro-américains, le maire Ray Nagin fait un discours dont le ton ressemble beaucoup à celui de Martin Luther King et souhaite que la ville redevienne une " ville couleur chocolat ". Même si cette citation a été prise d'un album sorti en 1975 par le groupe Parliament, son discours a été très mal reçu par la population locale. Bush rend une rapide visite à la région et constate une nette progression de la reconstruction. Mais sa visite évite les régions qui ont été très inondées.
28 février : La Nouvelle-Orléans célèbre Mardi Gras. Même s'il n'y a pas beaucoup de défilés, les slogans sur les chars et les costumes des participants taquinent les problèmes politiques locaux : Etat sans dirigeant, patrie sans sécurité, le patronage des cochons. Un des chars montre le président Bush en diable, le gouverneur Blanco et le maire de La Nouvelle-Orléans en cuisiniers au-dessus d'une immense marmite ou mijote un gumbo humain.
Mars : pas assez de subventions pour reconstruire. L'hôpital de la Charité, l'unique hôpital qui fournit des soins gratuits aux résidents pauvres, est définitivement fermé. L'administration Bush annonce que le coût de reconstruction des digues, qui a triplé, est trop élevé et qu'il risque de ne pas y avoir assez d'argent pour protéger complètement toute la région.
Avril : les ratés de la sécurité du pays. Après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, les moyens mis en oeuvre pour la prévention et la sécurité du pays ne prennent plus en compte les aides et les besoins nécessaires en cas de catastrophe naturelle. Pour la première fois depuis l'ouragan, Bush se rend sur les côtes entièrement dévastées du golfe.
20 mai : les élections municipales. Malgré les critiques et l'opposition forte, Ray Nagin est réélu maire de la ville de La Nouvelle-Orléans.
Juin : on compte 1 577 morts en Louisiane. The Army Corps of Engineers publie un rapport de plus de 6 000 pages qui prouve les erreurs de design et d'exécution du système des digues, cause de la plupart des inondations pendant Katrina. De son côté, l'administration Bush démontre que La Nouvelle-Orléans n'est pas préparée pour subir un autre désastre.
Bush signe une allocation de 19,4 milliards de dollars pour la reconstruction. Au total 107 milliards ont été alloués pour soutenir les efforts de reconstruction, dont plus de 2 milliards ont été gaspillés ou détournés.
25 septembre : les Etats-Unis ont encore une fois les yeux rivés sur le Superdome ou l'équipe de football américain, les Saints de La Nouvelle-Orléans gagnent contre les Falcons d'Atlanta pour le premier match d'ouverture de la saison. Le président Bush donne le coup d'envoi et les groupes U2 et Green Day jouent pendant la mi-temps.
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