Guide de LA NOUVELLE-ORLÉANS : Mode de vie
La population de Louisiane se distingue du reste de la population américaine par son passé, ses traditions, sa nature et son climat. Cela a créé des particularismes que l'on retrouve dans de nombreux aspects du mode de vie louisianais.
La structure de la population louisianaise a fortement évolué avec l'américanisation de l'Etat et l'arrivée massive des populations anglo-saxonnes. Cependant il demeure une forte population directement issue des présences de l'époque coloniale. D'après le dernier recensement, 67 % de la population est d'origine blanche, 31 % d'origine noire et 2 % d'origine hispanique. La population originaire d'Asie et du Pacifique est en très faible nombre bien qu'elle tende à s'accroître.
Les origines françaises sont encore notables, même si le français n'est devenu qu'une langue pratiquée rarement. Elles sont flagrantes lorsque vous consultez les pages jaunes locales avec de nombreux patronymes typiquement français.
La structure éducative est la même que partout ailleurs aux Etats-Unis. Les universités louisianaises sont d'ailleurs prisées et accueillent de nombreux étudiants du Nord du continent, des Caraïbes et de nombreux autres pays, en raison de la qualité des cursus d'études francophones ou des cursus classiques.
Il reste que globalement cet Etat souffre d'un déficit d'éducation tout particulièrement au sein des populations les moins favorisées. Le décrochage scolaire et l'illettrisme sont des fléaux que le gouvernement de Louisiane s'attache à combattre à travers divers programmes éducatifs. Si les parents ont moins d'influence sur l'éducation scolaire de leurs enfants, ils prennent cependant grand soin de leur transmettre le meilleur héritage louisianais : l'amour du pays et de ses paysages, le goût des grandes réunions familiales où la cuisine et la musique tiennent une part essentielle. Les grands-parents essaient de transmettre la langue française, même si les plus jeunes ne voient pas l'utilité de parler la langue ailleurs qu'à la maison.
La Louisiane est un lieu de prédilection pour tous les amoureux de la chasse et de la pêche. Pour de nombreux pères de famille, notamment dans le sud de la Louisiane, partir avec leurs fils pour un week-end de pêche ou de chasse dans les marécages est très coutumier. Et puis il y a bien sûr la découverte du roi alligator ! Enfin, très tôt les jeunes Louisianais sont sensibilisés à la musique. On ne compte plus les très jeunes groupes de musique cajun qui entretiennent cet héritage avec une très grande fierté.
Après une relative baisse au milieu des années 2000, le chômage est reparti à la hausse, sous les effets de la crise financière économique qui a débuté en 2008. Selon un rapport du ministère du Travail datant de mai 2011, le taux de chômage aux Etats-Unis est de 9,1 % (13,9 millions de personnes). Il est de 8 % pour les Blancs et de 16 % pour les Noirs. Ces derniers résidant en grande partie dans le Sud, la région est évidemment fortement affectée. Le taux de chômage des jeunes atteint 24 %, celui des Hispaniques, 12 %. Ces taux de chômage masquent une autre réalité : celle de la précarité du travail. En effet, un nombre considérable de citoyens américains doit cumuler plusieurs emplois, souvent assortis de salaires très bas, pour pouvoir s'en sortir. En avril 2012, on estime le nombre de chômeurs à 8,1% de la population. Un point de moins donc, mais la tendance reste incertaine jusqu'en 2013 où l'on espère la reprise.
L'habitat louisianais est adapté au climat difficile de l'été. Les maisons sont souvent de couleurs vives et joliment décorées. Leur intérieur est douillet et souvent coquet. Dans les quartiers résidentiels ou à la campagne, de nombreux jardins luxuriants sont soigneusement entretenus. Ils s'agrémentent souvent de fontaines qui apportent un peu de fraîcheur dans les patios. De nombreuses habitations ont un porche équipé de chaises à bascule permettant de profiter de la douceur des soirs de printemps ; certaines sont sur de petits pilotis qui permettent de faire circuler l'air et ainsi de rafraîchir l'habitation. Aujourd'hui, la climatisation outrancière est largement répandue et gaspille des quantités effroyables d'énergie. Mais elle est tellement plus pratique quand la température estivale monte vers les 40-45 °C. Il n'est pas rare que les Louisianais rejoignent leurs cabins à la campagne ou dans les marécages. Ils profitent ainsi de la nature, s'adonnent à la chasse ou à la pêche et préparent de grandes réunions familiales.
La Louisiane est très sensible à la préservation de l'habitat typique. De nombreux quartiers ont été menacés de délabrement, à commencer par le Quartier français à La Nouvelle-Orléans. Des commissions sont très actives dans ce domaine et permettent de réhabiliter et de très bien mettre en valeur de nombreuses résidences. Le gouvernement de Louisiane met également en oeuvre des programmes favorisant l'accès à la propriété tout particulièrement chez les populations défavorisées. Au détour des campagnes ou des quartiers urbains périphériques, on remarque cependant de nombreuses maisons en bois laissées à l'abandon et en très mauvais état suite aux difficiles conditions climatiques (humidité, ouragans...).
C'est le gouvernement fédéral qui en a la responsabilité. Il est traditionnellement limité aux Etats-Unis. Si Barack Obama tente d'élargir ce système, notamment avec la réforme du système de santé, la question des aides de l'Etat est loin de faire l'unanimité et provoque même des débats houleux. En 2012, la loi du "Obamacare" est en discussion au Congrès. Les Républicains, conservateurs, sont extrêmement hostiles aux interventions de l'Etat fédéral et s'opposent farouchement à l'idée d'un système de protection sociale publique, qui ne conduirait selon eux qu'à créer une société d'assistés, profitant d'un système trop généreux et peu désireux de travailler. C'est l'opinion qui domine dans le Sud, largement dirigé par des républicains.
Des catégories précises de la population bénéficient d'aides publiques telles que le Medicare, destiné aux personnes âgées de plus de 65 ans ou handicapées, ou le Medicaid, destiné aux indigents. Cependant, la plupart des citoyens doivent souscrire à des plans privés d'assurance médicale. Il en va de même pour les retraites, qui sont extrêmement basses dans le secteur public. Le système par capitalisation, qui fait appel à des fonds d'investissement est le plus répandu.
Les Américains du Nord ont toujours trouvé scandaleuse l'influence française en Louisiane où les moeurs étaient plus libérées qu'ailleurs dans le pays.
Les touristes américains essaient encore de comprendre le concept de " garçonnière " que l'on trouve dans les plantations ou en ville. Les garçons de bonnes familles y installaient ou recevaient leurs maîtresses en toute tranquillité. Le Quartier français conserva cette réputation sulfureuse dans tous les Etats-Unis et en Europe jusque dans les années 1960. Véritable " ville du vice " pour la société américaine bien pensante, elle entretenait une prostitution très active avec des maisons closes florissantes qui étaient les lieux de passage favoris de nombreux politiques, juges, hommes d'affaires, artistes...
La Louisiane est également l'un des rares Etats à avoir rendu légaux les jeux d'argent sur son territoire. De nombreux casinos y ont fleuri et ont contribué à dynamiser l'économie locale. Certains passent des journées à dépenser des dollars et semblent complètement hypnotisés par une roulette ou un bandit manchot. Ces jeux ne sont pas du goût de tous et certains hommes politiques prêchent leur interdiction.
Cette époque est révolue, mais aujourd'hui encore La Nouvelle-Orléans attire de nombreux touristes américains car elle symbolise la tolérance envers des moeurs plus libres. Ils sont nombreux à venir littéralement se déchaîner dans cette ville où tout semble permis...
A La Nouvelle-Orléans, la communauté homosexuelle affiche de manière ostentatoire ses rainbow flags. Elle contribue activement à la vitalité et la restauration du centre historique. Très bien acceptée, elle attire de nombreux gays de tout le pays et organise des événements très populaires comme le Southern Decadence à la fin de l'été. Elle est beaucoup plus discrète, voire inexistante, dans le reste de l'Etat.
Les femmes ont une place prépondérante dans la société louisianaise. Depuis l'époque des colonies, elles ont souvent été à la tête de plantations ou de commerces en tous genres. Elles étaient garantes de l'éducation de leur progéniture, très sensibles au bon goût et aux dernières modes européennes ou américaines. On les trouve à des postes clés, que ce soit dans le monde politique ou des affaires.
La Louisiane est, comme les autres Etats du Sud, très influencée par la religion. On y compte de nombreux lieux de cultes et confessions.
Le catholicisme est largement répandu et majoritaire en pays cajun et à La Nouvelle-Orléans. Cette dernière est d'ailleurs très fière d'avoir la plus ancienne cathédrale des Etats-Unis. Avant l'américanisation, il n'était pas de bon ton d'afficher une appartenance à une autre religion que la religion catholique. Les protestants faisaient l'objet d'un vrai mépris de la part des créoles et la religion juive était totalement interdite. Une clause du Code Noir, mis en place pour réguler la population esclavagiste, mentionnait que tout juif serait expulsé du territoire.
Les missionnaires espagnols ont introduit le catholicisme au début du XVIe siècle et beaucoup d'entre eux ont été tués en essayant de convertir les Indiens. Les jésuites, les moines capucins et les soeurs ursulines étaient les ordres les plus présents en Louisiane. Jusqu'à la cession de la Louisiane par la France, le catholicisme était la religion autorisée.
Après avoir dirigé plusieurs groupes de prière depuis 1804, Joseph Willis, un précheur métis, met en place la première Eglise baptiste en 1812, dans la région de Lafayette. En 1806, dans la région d'Opelousas, la première Eglise méthodiste de l'Etat s'installe. La première église épiscopale sera construite à La Nouvelle-Orléans en 1805, une église méthodiste en 1813, une église presbytérienne en 1817, une synagogue en 1828 et une église baptiste en 1834. Après la guerre civile, les Noirs, ne pouvant plus aller dans les églises blanches, mettent en place leurs propres groupes religieux, principalement baptistes et méthodistes.
Aujourd'hui, plus de la moitié des enfants blancs vont dans une école religieuse. Des centaines d'adultes ont appris à lire et à écrire avec les religieuses qui pendant des années pouvaient prendre gratuitement les transports en commun en reconnaissance de leur dévouement à l'enseignement. Le code civil louisianais, basé sur le code Napoléon, est influencé par l'éducation catholique, surtout en ce qui concerne les règles de la famille. Le vendredi est toujours le jour du poisson dans beaucoup d'habitations. Le Carême est encore une période difficile pour les restaurateurs en manque de clients à ce moment. Les Louisianais en général ont développé une tolérance pour le jeu et l'alcool en ne les considérant pas comme un vice les menant sur la route de la perdition. En conséquence, à La Nouvelle-Orléans, vivre et se laisser vivre est une attitude unique parmi les villes américaines.
Aujourd'hui, les lieux de culte restent régulièrement fréquentés et très animés. Faut-il rappeler que le gospel a des racines en Louisiane et qu'il rythme la plupart des cérémonies religieuses ?
Le vaudou est une religion matriarcale, née au Bénin, au Togo et au Nigéria et importée en Louisiane par les esclaves. Le terme originel était " Vodu ", il se transforma en " Voodoo, Voudou, Vaudau, Voudoux ou Vaudaux ". Aujourd'hui, certains pratiquants disent " Hoodoo ". Vaudou signifie " monde des esprits ". La religion entière se base sur le fait que les hommes vivent dans un monde où les esprits, partout présents, contrôlent leurs actions.
Beaucoup d'idées fausses circulent sur le vaudou, notamment qu'il serait maléfique. Hollywood est en grande partie responsable. Par exemple, les poupées vaudou, à l'origine, ne servaient pas à faire le mal mais plutôt à guérir. On enfonçait des aiguilles dans une poupée représentant le malade et, lorsqu'on les retirait, le mal disparaissait. Ainsi, on estime à 90 % les vaudous bienfaiteurs, seuls 10 % des pratiquants seraient mal intentionnés. Il faut savoir que la religion vaudou croit que chaque bonne ou mauvaise action a des répercussions. D'où finalement le peu de pratiques dites " maléfiques ".
Parmi les grandes particularités du vaudou, on s'intéresse notamment à la Reine Vaudou " Voodoo Queen ", qui, à l'époque de l'esclavage et de l'arrivée du vaudou en Louisiane, devait être une femme libre de couleur et jamais une esclave. Les règles imposées par les Blancs ne pouvaient donc s'appliquer à elle. On retrouve également régulièrement le personnage du zombie, avec notamment " Li Grand Zombi ", un dieu représenté par un homme dansant. Ces zombies sont d'abord apparus en Haïti, où on avait coutume d'empoisonner les criminels avec des plantes. Lorsqu'ils paraissaient morts, on les enterrait puis on les déterrait 24 heures après en leur administrant un antidote. Ils étaient alors ressuscités, mais l'aventure leur avait coûté une partie de leur cerveau, une lobotomie avant l'heure en quelque sorte. Ces pauvres zombies étaient ensuite employés aux tâches les plus dures.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la religion vaudou possède de nombreuses connections avec le catholicisme : Ishu par exemple est le gardien des voeux de la dualité (bien et mal), un peu comme saint Pierre est le gardien des clés du paradis. Le serpent est un animal très important car il symbolise la même dualité (bien et mal) qu'est la vie. 3 est le chiffre sacré : le bien et le mal que vous ferez vous seront rendus multipliés par trois.
La Nouvelle-Orléans a toujours vécu au rythme des cérémonies vaudou. Les Noirs pratiquaient leurs danses étranges dans Congo Square, tout près du cimetière Saint-Louis. Encore aujourd'hui, c'est là que vous trouverez le plus d'informations sur la religion. Dans le reste de la Louisiane, si les pratiques existent, elles sont presque invisibles pour qui n'est pas du coin. A l'exception de quelques maisons vaudous, barricadées de croix et de chapelets, vous n'en verrez aucun signe.
Si vous suivez un tour guidé du cimetière Saint-Louis, vous verrez plusieurs tombes vaudou, marquées de croix et couvertes d'offrandes. La plus connue reste celle de Marie Laveau, une mulâtresse née en 1794, devenue la plus célèbre prêtresse - et femme d'affaires - vaudou de toute l'histoire de la ville. Elle vendait philtres d'amour, potions, poisons, gris-gris aux Noirs et aux Blancs, aux riches et aux pauvres qui la sollicitaient. Elle lisait l'avenir et organisait des danses rituelles dans son jardin (1020 St Ann Street : des cérémonies ont lieu à cet endroit encore aujourd'hui). Marie Laveau est morte vers 1891 et fut enterrée au cimetière Saint-Louis sous le nom de " veuve Paris ", tombe n° 3. Dans les années 1920-1930, la prêtresse vaudou à la mode s'appelait Armanda Dorsey Broswell Carroll.
Aujourd'hui il est difficile de savoir qui détient le pouvoir de communiquer avec les esprits, les gens n'avouent pas facilement leurs croyances et pourtant plus de 15 % de la population pratique la religion vaudou. Si vous restez quelque temps en ville, parlez-en un soir entre deux verres à vos amis autochtones, vous risquez d'être surpris. Le milieu est très fermé aux non-initiés, mais vous pouvez assister à une cérémonie du 1er novembre (la fête des Morts) à condition... d'être invité. Si vous souhaitez vous renseigner plus profondément sur le sujet, nous vous conseillons deux visites : le Voodoo Spiritual Temple, sur North Rampart à La Nouvelle-Orléans, où une prêtresse pratique régulièrement des enchantements, et Voodoo Authentica, une boutique où vous pouvez trouver de nombreux ingrédients et écouter les explications sur les pratiques vaudou, données tous les jours à 15h. Nous référençons ces deux adresses dans la section " Nouvelle-Orléans " du guide. Egalement, nous vous conseillons la lecture de Voodoo in New Orleans, de Robert Tallant, paru pour la première fois en 1946 aux éditions Pelican. Ce petit livre de poche raconte toute l'histoire du vaudou en ville, déconstruit les légendes et tente d'apporter une certaine lumière sur des pratiques encore très secrètes.
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