Guide du Niger : Mode de vie
" Enfanter dans la douleur " n'est pas un vain mot au Niger où l'accouchée n'a pas le droit d'exprimer sa souffrance. Peu de femmes accouchent dans des structures hospitalières, car la majorité vit en milieu rural. D'où les nombreuses complications postnatales pour l'enfant et la mère qui concourent à maintenir le taux de mortalité très élevé. Un enfant sur quatre meurt avant l'âge de 5 ans, l'espérance de vie est de 47 ans pour les hommes et 50 ans pour les femmes.
Le taux de scolarisation du primaire est en augmentation : taux brut d'environ 41,7 % mais estimation à prendre avec précaution du fait de la sous-estimation probable des effectifs à scolariser. L'image de l'école n'est pas positive et se traduit par des abandons, des redoublements et la non-fréquentation, par l'inadaptation des programmes scolaires aux besoins du pays, par la difficulté de trouver un travail après la formation, et par le manque de moyens matériels. Actuellement, tout au plus un tiers des enfants d'âge scolaire est à l'école, et l'objectif de scolarisation universelle des garçons et des filles paraît très difficile à réaliser. Dans les zones à forte concentration démographique, le système dit de " double flux " ne permet pas aux enfants d'avoir accès à l'enseignement pendant la totalité du temps disponible. Il favorise l'éducation de base mais, en fin de compte, est très inefficace car 40 % des enfants scolarisés retournent à la rue. L'éloignement des écoles dans les zones nomades et les réticences culturelles, notamment en ce qui concerne les filles, ne facilitent pas la fréquentation scolaire. L'accès au savoir des filles est quasi nul alors que la gent féminine représente plus de 51 % de la population nigérienne. Ainsi, seulement 8,3 % des femmes ont des fonctions d'encadrement supérieur et de direction (source PNUD 1998). Depuis 1989, l'école nigérienne a connu une succession d'années troublées ou blanches. Le taux de scolarisation du primaire au supérieur est de 15 % et n'a que faiblement progressé depuis les années 1970. Le taux brut de scolarisation de la population des 3-6 ans est de moins de 1 %, elle est concentrée davantage en milieu urbain puisque Niamey accueille 49 % des enfants du préscolaire. Beaucoup d'enfants de cet âge fréquentent les écoles coraniques que l'on trouve dans tout le pays, parfois simplement matérialisées par un feu autour duquel les enfants se regroupent le soir pour apprendre les versets du Coran et l'écriture arabe sur des planchettes de bois. L'enseignement du primaire se fait en français et se déroule sur six années, du cours d'initiation au cours moyen deuxième année. L'université de Niamey, créée en 1971, comprend cinq facultés (Lettres et Sciences humaines, Sciences, Sciences de la santé, Agronomie, Sciences juridiques et économiques), une Ecole normale supérieure et trois Instituts de recherches (Sciences humaines, Mathématiques et Radio-Isotopes). Avec un taux d'analphabétisme qui touche 87,5 % de la population âgée de 10 ans et plus, et plus gravement 96,5 % en zone rurale, le Niger compte parmi les cinq pays du monde, les moins développés en matière d'alphabétisation et d'éducation primaire. Moins d'une femme adulte sur 10 est instruite et une femme sur deux est mariée au plus tard à 15 ans.
Le célibat définitif représente moins de 1 % des femmes. Pratiquement une femme sur deux a eu son premier rapport sexuel avant 15 ans et deux hommes sur trois avant 22 ans. L'environnement socioculturel nigérien est caractérisé par la prédominance de croyances traditionnelles, de pratiques coutumières et du recours aux textes religieux en matière civile. Il n'est pas rare d'entendre que " c'est le Créateur qui se chargera des besoins de ses fidèles dans ce bas monde comme dans l'au-delà " d'où la difficulté de maîtriser la fécondité. Seulement 4,8 % des femmes utilisent une méthode moderne de contraception et 3,6 % une méthode traditionnelle de planification familiale (espacement des naissances). Beaucoup de Nigériens qui obtiennent une promotion professionnelle contractent un deuxième, voire un troisième mariage. Or, dans les foyers polygames (aujourd'hui, cette pratique est commune à toutes les couches de la population et toutes les ethnies, même celles réputées pour être traditionnellement monogames), les coépouses rivalisent de fécondité en vue de l'héritage.
Des enquêtes de santé ont montré qu'en pratique, les hommes sont davantage un frein à la planification que les femmes, les hommes en union souhaitent 12,3 enfants par femme et les polygames 15,3.
En milieu rural, les charges ménagères et maternelles des femmes sont énormes. Une enquête sur les attitudes et pratiques sanitaires et sociales montre que 88 % des femmes désirent en moyenne 6 enfants, ce qui est en dessous de la moyenne nationale, et 92 % des femmes ne trouvent aucun inconvénient au planning familial à la seule condition que le mari soit d'accord. 10 % des femmes souhaiteraient s'approvisionner en contraceptifs chez la matrone (la sage-femme traditionnelle) du village. Beaucoup de femmes accusent l'égoïsme primaire qui caractérise l'homme nigérien comme en témoignent de puissants lobbies masculins qui entravent régulièrement l'acceptation et l'application du code de la famille. Quant aux hommes politiques, ils soignent avant tout leur électorat mâle, et restent très tièdes au vu de la démographie galopante.
Le peuple haoussa, majoritaire au Niger est établi sur toute la frange sud du pays : paysans cultivant le mil autour de leurs villages de banco (pisé), artisans et commerçants des villes qui sillonnent le pays et ont de nombreuses relations commerciales avec le Nord Nigeria, de même ethnie. C'est eux qui ont implanté les villes avec leur organisation autour du sultanat comme on peut le voir encore dans les villes de Maradi, Zinder et Agadez. Les traditions liées à la présence du sultan sont visibles lors des grandes fêtes musulmanes où le sultan et sa cour parés de leurs plus beaux atours sont à l'honneur. Un autre peuple de sédentaire occupe l'est du pays à partir de Diffa : les Kanouri ou Béribéri, agriculteurs, éleveurs, et pêcheurs du lac Tchad, à l'origine sous l'autorité de l'empereur du Bornou.
4e édition 2004, par Oumarou Mamane, Ecole des Mines de l'Aïr
Procès d'outre tombe
Parce que tout simplement
Je suis un enfant
Que la société méchante
Appelle un bâtard
Ma mère a eu peur
De cette moquerie de l'homme
Et le jour de ma naissance
Et m'a ensuite jeté
Aux chiens de brousse
Alors j'étais pareil
A ces bébés choyés
Qui sont aujourd'hui
Dans les bras de leurs mères.
Tu sais bien ô ma mère
Tes désirs satisfaits
Les conséquences viendront.
Mais pourquoi maman
Tu ne m'avais permis
De contempler le charme
De ce beau monde méchant ?
Mais pourquoi maman
Tu ne m'avais permis
De connaître les peines
Et les souffrances de cette vie ?
Car aujourd'hui encore
Malgré ton acte
Je demeure cet enfant
Que la société méchante
Appelle toujours bâtard.
Pour t'attrister davantage
Je suis une victime
De la sauvagerie de l'homme.
Je suis une tombe qui pleure
Et qui porte plainte
Au tribunal de Dieu
Pour que plus jamais
Aucun enfant au monde
Que cette société méchante
Appelle bâtard
Ne soit victime
De la sauvagerie de l'homme
Je t'aime ô ma chère mère
Mais ton acte est barbare...
Les peuples nomades essentiellement pasteurs et agropasteurs touareg, peuls (dont les Wodaabe), toubou et arabes se partagent l'immense territoire au-dessus du 15e parallèle, rivalisant d'ingénuité pour survivre dans un milieu a priori hostile (moins de 400 mm d'eau annuel). Leur originalité réside dans cette adaptation à la nature, maîtresse de leurs us et coutumes : habitat de nattes, de peau ou de toiles, parfois même absence d'habitat uniquement marqué par des objets accrochés à un arbre, parfaite connaissance des animaux du troupeau, auxquels toute la vie est vouée comme chez les Peuls Wodaabe et leurs zébus aux puissantes cornes en lyre.
Le statut de la femme nomade est remarquable, elle possède son troupeau, sa tente, refuse souvent la polygamie et a un comportement plus indépendant que dans les autres sociétés. Chez les nomades, les femmes sont reines ! Des fêtes de fin de saison des pluies sont organisées en leur honneur, c'est souvent l'occasion de célébrer la beauté : élégance des chameliers marchant au rythme du tam-tam, féerie des couleurs (indigo chez les Touareg) et des broderies (Peuls), musique raffinée (l'imzad ou violon touareg, ou chant des Peuls Wodaabe) ou enlevée (tam-tam ou tendé touareg) qui endiable les corps dans des danses nocturnes. Dans les villes et villages, malgré la soumission sociale de l'épouse, celle-ci reste incontestablement le pilier de la famille ; chaque concession reflète d'abord l'image de la maîtresse de maison, cette image rejaillit ensuite sur chaque membre de la famille.
Beaucoup d'ethnies du Niger pratiquent encore les cicatrices sur le visage qui sont des repères entre individus, certaines étant très caractéristiques selon l'origine familiale et la localité de naissance. La vie sociale des Nigériens a lieu au sein de la famille élargie à l'occasion de cérémonies comme le baptême et le mariage. Ces événements sont généralement annoncés à la radio, à la télévision et par des petits faire-part accompagnés d'une distribution de noix de cola ou de bonbons. Le mariage dure plusieurs jours, le rite musulman étant quasi identique chez tous les Nigériens, mais les pratiques culturelles varient selon les ethnies : en général, en ville surtout, c'est un incessant va-et-vient d'amis, parents, griots, forgerons, voire de personnalités selon le rang social des parents des jeunes mariés, entrecoupé de copieux repas et de danses. Les hommes et les femmes sont souvent séparés comme dans beaucoup de circonstances de la vie sociale nigérienne. En brousse, on remarquera que souvent la distinction entre hommes et femmes est moins systématique. Le baptême commence tôt le matin par la prononciation d'une fatia, lecture de versets coraniques, suivie de l'annonce du prénom de l'enfant, ceci une semaine après sa naissance. Un mouton est égorgé afin qu'amis et parents puissent festoyer et passer la journée ensemble. Dès la naissance de l'enfant, la maman garde la quarantaine dans sa concession ou chez sa mère où elle accouche généralement. En ville, le baptême a lieu dès 7h, tandis qu'en brousse, les gens prennent leur temps et attendent la parenté venue de loin, et souvent à pied, pour commencer la cérémonie.
Quand à l'enterrement a lieu quelques heures après le décès d'une personne. Les hommes accompagnent la dépouille mortelle au cimetière pendant que les femmes se rassemblent dans la famille pour réciter des versets coraniques. Les visites impromptues : les Nigériens se rendent beaucoup visite sans prévenir, quelle que soit l'heure du jour ou de la soirée, plus appropriée pour discuter dans la fraîcheur du soir, seule l'heure de la sieste doit être respectée.
La population, à majorité rurale, est très proche de la nature. Les gens guettent le coucher de soleil comme tous les Sahéliens musulmans pour ensuite aller prier. La conception du temps est bien différente de celle de l'Occident, notamment celle du jour : il commence par le crépuscule, sitôt le coucher du soleil, suivi par la veillée et la nuit avant l'aube. L'obscurité s'étend (point d'électricité dans la majorité des foyers nigériens), l'oeil ne sera plus sollicité que par la lune, les étoiles, le feu du foyer : la vue perd ainsi sa supériorité au profit du toucher et de l'ouïe. L'orientation fait aussi partie du quotidien et même si les nomades, ceux qui se déplacent le plus, Peuls et Touareg en ont apparemment le plus besoin, tous les Nigériens font appel aux points cardinaux dans leurs activités. L'importance première est accordée à l'est pour des raisons religieuses évidentes. Les ruraux constituent la classe défavorisée majoritaire. Le système de clientélisme, notamment encouragé par les hommes politiques a favorisé l'émergence de puissances financières, acquises au pouvoir et aux partis politiques émergents.
Bien souvent la classe moyenne éduquée, marginalisée car refusant des pratiques peu transparentes se détourne des affaires de l'Etat qu'elle aurait pu servir de part ses compétences et se tourne vers le privé, les ONG ou s'expatrie au profit des instances internationales. Dans l'ensemble, un effort est fait pour ne pas marginaliser les minorités. Une loi a consacré des circonscriptions électorales spéciales afin que les minorités soient représentées à l'Assemblée nationale. S'agissant de certaines nominations de fonctionnaire, l'Etat, implicitement, peut tenir compte des minorités pour le maintien de la paix sociale. Par exemple, actuellement, la sixième personnalité de l'Etat, président de la Commission nationale des droits de l'homme et des libertés fondamentales est d'ethnie Gourmantché, une minorité à la frontière du Burkina Faso. La prise en compte des minorités se fait aussi à travers la liberté de la presse et de la radio. Le Niger dispose en plus de la télévision nationale Télé Sahel et du journal Le Sahel, médias d'Etat, de 22 radios privées (12 dans les villes importantes et 10 à la capitale) et d'une télévision privée. Ces médias émettent en français et dans les langues nationales de leur région d'émission et sont donc des soutiens à l'identité ethnique.
La situation sanitaire du pays n'a pas évolué favorablement, la mortalité générale est toujours très élevée, avec particulièrement une remontée de la mortalité néonatale. Les maladies infectieuses et parasitaires demeurent les principales causes de décès, et le nombre d'enfants de moins de 5 ans n'ayant jamais été vacciné est encore de 45 %. Le secteur de la santé est aussi très déficient. A titre d'exemple, il y a 1 médecin pour 47 531 habitants, les normes OMS étant de 1 pour 10 000. Avec une population cinq fois plus nombreuse en 2050, il faudrait multiplier le nombre de médecins par 25. La concentration de la médecine à la capitale est toujours au détriment des ruraux avec un abandon des campagnes : 60 % des médecins, 40 % des sages-femmes et 30 % des infirmiers travaillent dans la communauté urbaine de Niamey qui concentre 10 % de la population. De plus, le niveau professionnel du personnel formé au Niger a tendance à s'appauvrir vu le niveau très moyen du système de formation. Les décennies passées ont vu un système de soins trop centralisé au détriment des réalités locales. Le dernier plan de la politique de santé a mis l'accent sur la décentralisation des responsabilités en adoptant la voie dite de " l'initiative de Bamako " qui privilégie les soins de santé primaire, le découpage en districts sanitaires, la diminution des coûts par le recours massif aux " médicaments essentiels génériques " et la participation des communautés au financement de leur santé par le recouvrement des coûts. Malgré une aide financière internationale importante pour mener à bien ce plan, on n'observe guère d'amélioration du niveau de santé de la population. Les régions rurales où se concentrent plus de 75 % de la population sont très mal desservies en soins de santé : seulement 47 % de la population bénéficient d'un accès facile aux services de santé, c'est-à-dire habitent à moins de 5 km d'un centre médical. On trouve un CSI (Centre de santé intégré) pour plus de 25 000 habitants, sous-équipé et manquant de façon générale de médicaments essentiels et de personnel qualifié. Sachant le peu de cas fait de l'urgence et de la maladie à leur arrivée dans les dispensaires, les populations rurales préfèrent se soigner de façon traditionnelle ou laisser courir le mal jusqu'au point de non-retour. La croissance démographique rend plus crucial le problème du droit d'accès à la santé (39 % de la population est privée d'accès à l'eau potable, 70 % privée d'accès aux services de santé et 81 % privée d'accès à l'assainissement, informations communiquées par le PNUD en 1998). La prévalence du VIH est encore faible au Niger, soit moins de 1 % des adultes de 15 à 49 ans infectés. Malgré l'existence depuis 1984 d'un centre de planification familiale et l'organisation périodique de campagnes de sensibilisation, souvent plus ostentatoires qu'efficaces, les Nigériens ne veulent en rien changer leurs moeurs fortement pronatalistes. L'islam ne s'oppose pas fondamentalement à la planification familiale, mais pour de simples croyants dont la connaissance de l'islam s'arrête le plus souvent aux premiers versets du Coran, la nuance entre planification et limitation de naissance est difficile à faire ; d'autant qu'elle n'est même pas évidente pour la frange instruite de la population censée montrer l'exemple. La nature est aussi pourvoyeuse de remèdes ainsi les boka sont des médecins traditionnels haoussa qui connaissent bien la pharmacopée par les plantes. Une coopérative d'herboristerie à Niamey vend des médicaments à base de plantes (BP13797 Niamey - banituri@intnet.ne).
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