Guide du Niger : Arts et culture

ARCHITECTURE ET HABITAT

L'habitat traditionnel au Niger peut se diviser en fonction du mode de vie nomade ou sédentaire. Globalement, les nomades habitent sous la tente, tandis que les sédentaires vivent dans des habitations en dur. Une exception notoire est à signaler : les Peuls Bororo ne possèdent aucun habitat, il est uniquement matérialisé par une organisation symbolique rigide de l'espace par rapport aux points cardinaux, avec un respect hiérarchique entre les épouses, l'aire du mari et l'emplacement du bétail. Les autres nomades se déplacent avec leur tente : tente en peaux tendues sur des piquets pour les Touareg de l'ouest, tente en nattes de palmier doum posées sur une armature de bois pour les Touareg de l'Aïr et les Toubou.

La disposition de la tente varie selon les saisons et les tribus. L'habitat des semi-nomades (beaucoup de familles ne nomadisent qu'en saison des pluies) est aussi fait de paillotes circulaires en palmier doum chez les Touareg ou de paillotes rectangulaires en feuilles de palmier dattier chez les habitants du Kawar. La paillote en nattes de secco (une graminée très résistante) est une case souvent provisoire que l'on rencontre un peu partout dans le pays. De façon plus élaborée et plus définitive, on trouve souvent le toit conique en secco posé sur un mur circulaire en banco (argile). Il est d'ailleurs très amusant de rencontrer un " toit qui marche ", car il est confectionné au sol puis porté, par des hommes dont on ne voit plus que les jambes, jusqu'au mur qui le recevra ! L'habitat en dur a surtout été vulgarisé par les Haoussa : vivant dans des villes depuis plusieurs siècles, ils ont élaboré des techniques de construction adaptées au climat avec les matériaux du cru, comme les très belles maisons à toit en terrasse. Faute de poutre en bois pour supporter la toiture, les Haoussa de la région de Tahoua ont résolu ce problème en posant un pilier central qui permet de bomber la toiture pour permettre l'écoulement de l'eau, mais ce pilier prenait beaucoup de place au centre de la maison. Une invention fut alors trouvée, technique particulière qu'on ne trouve nulle part ailleurs en Afrique : la " voûte haoussa " ou voûte nervurée.

Pour remplacer les longues poutres en bois, de plus en plus rares, nécessaires à la construction des grandes pièces, les maçons haoussa ont construit des arcs en banco, plus ou moins brisés, qui divisent le plafond en caissons de plusieurs coupoles, dont l'intérieur est ensuite décoré. La technique consiste à encastrer de grosses branches d'arbre ficelées entre elles dans les deux parties du départ de l'arc. Au fur et à mesure que l'on monte la voûte, on attache de nouvelles branches à l'armature déjà enrobée de banco, et ce jusqu'à la jonction des deux tronçons de l'arc de la voûte. Une décoration en relief accentue le caractère de cette belle architecture équilibrée. Ce type d'architecture se retrouve à Zinder, Agadez, Tessaoua, Tahoua et Maradi.

Traditionnellement, on enduit les murs extérieurs de banco sur lequel le maçon imprime à la main des ondulations, des chevrons et de grandes lignes. Outre leur effet décoratif, ces reliefs ralentissent l'écoulement de l'eau de pluie sur la façade qu'il faut pourtant recrépir tous les 10 ans. Une forme de décoration plus récente est la peinture de motifs géométriques ou de fleurs stylisées, inclus dans un quadrillage (quelques beaux spécimens à Agadez, Zinder, Dosso et Maradi). La décoration en relief, très représentée dans les vieux quartiers de Zinder et dans le village de Kantché (région de Zinder), est incrustée dans l'épaisseur de l'enduit lisse à base d'argile mélangé à de l'huile de néré. Les motifs ont généralement une signification (voir " Zinder "). Les mosquées ont tout particulièrement fait l'objet d'inventivité et de soins. La mosquée se reconnaît par la présence d'une excroissance sur la façade est : le mihrab, niche placée au milieu du mur orienté vers La Mecque. Rares sont les mosquées traditionnelles qui ont un minaret, comme celui d'Agadez qui surplombe la ville du haut de ses 27 m. La mosquée de Yaama, sur la route de Birni N'Konni, à Tahoua, est un très bel exemple d'architecture en banco. Elle comporte quatre minarets d'une conception tout originale et non conforme à la tradition locale, importée par un maçon voyageur. L'ancienne mosquée de Dosso, malheureusement démolie en 1978, était une vraie merveille, avec piliers et arcs intérieurs. Elle avait été réalisée à la demande du roi des Zerma en 1917, par des maçons haoussa venus spécialement de Sokoto. Un des éléments du paysage nigérien, dans la zone de culture sous pluie, est le grenier à mil. Toujours surélevé par rapport au sol, même sur pilotis au sud-ouest du pays, il peut être de forme conique et en tige de mil comme dans la région de Say, de forme cylindrique vers Zinder ou de forme ronde en banco dans tout le pays haoussa. On en trouve de très beaux, construits dans un banco rouge orangé, dans les villages sur la route entre Birni N'Konni et Tahoua. Dans la région d'Ayorou, au bord du fleuve à la frontière du Mali, les greniers sont comme de vraies boules lisses en banco, hérissés de pierres. Plus près de Tillaberi, le grenier est cerclé comme un tonneau. Plus rares sont les énormes greniers avec contreforts comme celui qui est situé à la sortie d'un village à mi-chemin entre Konni et Tahoua, grenier aujourd'hui en partie masqué par une petite mosquée moderne sans charme. Rares sont les habitations en pierre au Niger, il n'y a pratiquement que sur les monts Bagzan dans l'Aïr que les habitants vivent dans des maisons de pierre sèche non taillée, matériau que l'on trouve en abondance sur ce plateau et très efficace contre le froid hivernal.

Mais cette technique tend à être supplantée aujourd'hui par le banco, plus facile à travailler. Les ruines de la ville d'Assodé, au nord de Timia dans l'Aïr, témoigne de l'unique ville construite entièrement en pierre au Niger. L'avenir de la construction au Niger, hormis l'architecture citadine en ciment aux influences diverses, européennes pour les plus anciennes et arabisantes pour les récentes, réside dans l'architecture d'inspiration romano-byzantine en voûtes de banco. Elle est plus particulièrement adaptée aux régions sahariennes où les pluies diluviennes sont rares et où l'on trouve du banco de très bonne qualité et de couleur variée. Cette technique de construction, pratiquée pour la bourgeoisie du Maghreb par des architectes de renom, a vu le jour au Niger dans les années 1980, dans un but de préservation des ressources naturelles. En effet, la maison traditionnelle en banco nécessite une charpente en bois, faite de rôniers, de palmiers doum, de calotropis ou d'acacias, que l'on recouvre de nattes végétales et d'une couche de banco bien damée qui imperméabilisera le toit. La technique des voûtes de banco, plus connue au Niger sous le nom de " construction sans bois ", diminue un déboisement déjà excessif des zones rurales. Parmi les premiers bâtiments ont été construits à Iférouane les locaux du projet Conservation et Gestion des ressources de la réserve naturelle de l'Aïr et du Ténéré. Pour cela, de nombreux maçons de la région ont été formés et ont depuis travaillé sur de nombreux chantiers pour des bâtiments publics et de plus en plus privés.

ARTISANAT

L'artisanat du Niger est vendu au village artisanal de Wadata à Niamey (& 00 227 74 02 83) et au musée national de Niamey.

Le cuir

Dans le domaine du cuir, les Nigériens ont acquis depuis des siècles une maîtrise inégalée depuis le tannage jusqu'aux finitions les plus fines. Les Haoussa et les Touareg sont de remarquables maroquiniers, femmes et hommes ayant chacun leurs spécialités. Les sandales ou takalmi font la fierté des cordonniers haoussa : la peau brute de vache ou de chameau est débarrassée de ses poils et de la viande avec un racloir, puis elle est frappée au moyen d'un gourdin pour obtenir l'assouplissement nécessaire à son travail. La peau est alors découpée en semelle pour être recouverte de cuir rouge de mouton ou de chèvre, avec des décorations vertes, jaunes, et parfois des incrustations de cuivre (pour les ighatemen des Touareg, plus particulièrement fabriquées à Ingall, Agadez et Intuilla au nord de Dakoro). On peut acheter des peaux tannées et teintes en rouge dans tous les marchés du Niger et observer les techniques des tanneurs au bord du fleuve Niger à Niamey, en contrebas du Grand Hôtel. A Zinder, on trouve de très belles sacoches traditionnelles arrondies, qui présentent une technique d'assemblage de fines lanières colorées permettant de combiner des motifs avec beauté.

Un artisanat au goût du jour

Les techniques ont été adaptées aux besoins d'aujourd'hui pour la confection de sacs de dames (association de cuir et de nattes ou de pagnes tissés colorés), de cartables avec fermoir en os de chameau, sac fourre-tout et sac à dos, ceinturons, poufs, etc.

Certains forgerons touareg sont aussi spécialisés dans le travail du cuir : ceux du Mali, très présents à Niamey depuis la dernière sécheresse (1984) ont apporté la technique du cuir repoussé permettant la création de motifs géométriques ; des objets en sont alors recouverts (boîtes à bijoux, miroirs, tables d'apéritif, diverses boîtes de rangement, portes de placard, sous-main...). Leurs femmes sont spécialisées dans les coussins à motifs touareg, avec des applications de cuir teint ou des dessins au stylo Bic... Travail d'art et de patience !

Une spécialité agadézienne

Les boîtes en peau moulées et décorées d'Agadez (on en fabrique aussi à Tombouctou), appelées bata, (petite boîte, en songhaï) servent à mettre les encens, fards, bijoux, et résultent d'un travail mixte.

Les hommes s'occupent de la fabrication et les femmes des décorations. Ces boîtes ne sont pas des pis de chamelle comme on le laisse croire...

Après avoir construit un moule en argile, on le laisse sécher plusieurs jours et on l'enduit d'huile pour faciliter le détachement de la peau de zébu ou de chameau dont on l'aura recouvert. La peau est travaillée comme un parchemin, et il faut plusieurs couches fines collées les unes sur les autres pour obtenir l'enrobage parfait du moule. Pour la décoration, la femme utilise la technique de réserve, avec des fils de cire d'abeille pressés sur la peau, sans dessin préalable. Le décor en relief est minutieux : chevrons, spirales, losanges, le tout est ensuite trempé dans une teinture végétale rouge garance. Après bain et séchage, la cire est délicatement enlevée et le moule en argile cassé avec précaution.

Terik : une performance artisanale

N'oublions pas la fameuse selle de chameau touareg ou terik, en bois recouvert de cuir rouge décoré. Les trois doigts de la croix du pommeau sont enveloppés de cuir noir encadrant un décor central en cuir vert sur la face externe et en cuir rouge sur la face interne sur laquelle est représenté " l'oeil d'oiseau de nuit " en guise de protection pour les déplacements nocturnes. Une échoppe du marché d'Agadez en est pleine, on peut aussi voir travailler les forgerons dans la vieille ville d'Agadez lorsqu'ils ne sont pas en brousse partis quérir les matériaux de fabrication (plusieurs essences d'arbre sont nécessaires en fonction de la dureté du bois et de la partie de la selle à laquelle elles sont destinées).

Les armures du cavalier de Dosso

A Dosso, on peut se procurer (sur commande) toute la panoplie traditionnelle d'un cavalier d'apparat : harnachements de chevaux, bottes et sandales, selles de chevaux, etc.

Les métaux

L'or et l'argent sont tous deux importés. Moulé à cire perdue, forgé et gravé, l'argent est depuis des siècles travaillé par les artisans touareg tandis que l'or, fondu, filigrané, est une spécialité d'artisans d'origine sénégalaise (néanmoins, depuis que l'or a supplanté l'argent chez les femmes touareg, des artisans nigériens ont appris à le travailler avec beauté). Le travail de l'argent se fait de façon artisanale : l'apprenti forgeron-bijoutier entretient le foyer de braises par un double soufflet en peau de chèvre aboutissant par des manchons de bois à une tuyère de terre cuite, tandis que le forgeron martèle sa pièce sur une petite enclume simplement fichée dans le sable. Le travail de l'argent est aujourd'hui admirablement bien maîtrisé par de nombreux bijoutiers qui adaptent leur production aux goûts de la clientèle internationale tout en gardant les motifs géométriques touareg. Les objets fabriqués sont : bracelet, boucles d'oreilles, collier, bague, boucle de ceinture, poivrière et salière, dessous de bouteille, ménagère complète, bougeoir, stylo, coupe-papier, perles, etc. De grandes marques comme Hermès n'hésitent pas à s'en inspirer, les forgerons touareg n'ayant malheureusement pas déposé leurs marques, ni protégé leur savoir-faire, comme nombres d'autres artisans africains. Rue du Château-d'Eau n° 1, à Niamey, toute une série d'échoppes d'artisans touareg, souvent originaires d'Agadez, offre un large éventail de leurs oeuvres d'art. Le prix du gramme d'argent travaillé vaut un minimum de 500 FCFA, mais certains bijoux très ouvragés ont un prix en rapport avec le travail plus qu'avec le poids de l'argent.

Si l'on a de vieux objets en argent ou de vielles pièces d'argent, on peut les donner à refondre et commander le bijou de son choix, on paie alors le prix du travail, environ 300 FCFA, mais bien sûr, tout cela est négociable en fonction de la qualité et de la complexité de l'ouvrage demandé. On peut procéder de la sorte pour réutiliser du vieil or au risque d'avoir parfois quelques mélanges, l'or n'étant pas systématiquement du 18 carats en Afrique. Les villes d'Agadez et de Tahoua ont des centres artisanaux et des échoppes qui proposent des bijoux touareg de facture récente ; les antiquités sont rares et mieux vaut ne pas se risquer de les passer à la douane, le Niger, avec raison, essaie d'interdire tant bien que mal l'exportation d'antiquités constituant son patrimoine culturel.

Des métaux moins nobles font aussi l'objet de beaux ouvrages : l'épée touareg ou takouba est parfois faite d'une clé Facom martelée et gravée, avec un pommeau de bois incrusté d'argent, de cuivre ou d'os ; la lame est engoncée dans un fourreau de cuir vert (couleur noble des Touareg et symbole de protection) sur fond rouge toujours très ouvragé.

Les épées anciennes avec lame de Tolède sont devenues très rares, car beaucoup de Touareg, pour survivre pendant les sécheresses, ont dû se résoudre, la mort dans l'âme, à vendre leur takouba. Elle n'est pas un attribut pour touriste, son port est toujours autorisé et, en brousse, tout nomade (touareg et peul) qui se respecte en possède une et s'en sert le cas échéant, on l'a vu lors de conflits entre éleveurs et agriculteurs, ou pour régler des différends amoureux...

Les croix du Niger, mondialement connues

L'emblème devenu ambassadeur de l'artisanat touareg est la fameuse croix d'Agadez, teneghelt tan Agadez (celle qui est coulée dans un moule) qui se trouve sous différents modèles, chacun attaché à une région donnée, à une ville : croix d'Iférouane, d'Ingall, de Tahoua ou à une tribu touareg...

L'origine et la signification (si elles existent !) de cette croix sont très controversées : est-elle issue de l'Orient, mêlant les symboles féminin et masculin, les quatre directions cardinales, le pommeau de la selle de chameau ou bien est-ce une amulette contre le mauvais oeil ou seulement un ornement et un signe de richesse ? Toujours est-il qu'elle est couramment portée, en argent pur ou en alliage, qu'elle figure un peu partout comme un logo et qu'elle fait la fortune des forgerons. Les vingt et une croix mises sous verre sur fond de velours sont d'un très bel effet.

Les objets d’art en pierre

La pierre est aujourd'hui travaillée en Aïr uniquement pour réaliser des petits bibelots en pierre de talc destinés à une clientèle étrangère. Autrefois, le bracelet de coude touareg en schiste vert, ewouki, assurait force au porteur et protection comme un bouclier contre les coups d'épée ou takouba. Le bracelet taillé dans la pierre brute était enduit d'huile après polissage et passé au feu afin que l'huile pénètre les pores de la pierre.

On le frottait ensuite avec de la peau pour obtenir une très belle patine d'un beau noir mat, avec les reflets verts du schiste et bleus de l'indigo laissé sur la peau par les vêtements. Les objets actuels en talc, après avoir été sculptés et polis, sont proposés bruts (blancs) ou teints après cuisson au charbon et gravés de motifs géométriques.

Les sujets sont les animaux de la brousse, des boîtes à bijoux, des porte-savon, des cendriers, des statuettes, des jeux de solitaire et tout ce que commandent les acheteurs. Le talc est un matériau facile à travailler mais fragile dans son transport. On trouve ces objets à Agadez et à Niamey (château N° 1) dans les échoppes d'artisans ou chez les forgerons souvent installés à même le sol au bord de la route.

L’habillement et le textile
Le style haoussa

En pays haoussa, dans les cités anciennes, existaient des regroupements d'artisans par métiers appelés sanaa. Les rois et l'aristocratie ayant le goût du luxe et de l'apparat, ils développèrent un artisanat raffiné comme celui de la broderie, de la teinture, de la maroquinerie et de la fabrication de perles de verre.

Les chéchias des hommes sont toujours brodées à la main ainsi que de très belles gandouras ou grands boubous (avec rosace devant et derrière) et plus particulièrement les vêtements des notables et ceux des jours de fête, puisque ce vêtement confère envergure et respectabilité. La valeur d'un boubou est fonction du nombre et de la richesse des lames ou aska, bandes brodées sur la poche de devant, symbolisant la royauté. Les tailleurs, les étudiants coraniques et les femmes mariées vivent de cet art recherché dans toute l'Afrique. On trouve des brodeurs haoussa dans tout le pays et plus spécialement dans les régions de Maradi et Zinder.

Les tapis-couvertures

Les tisserands d'origine zerma, appelés tiakay, sont reconnus pour leurs couvertures de mariage en coton, de 3 m sur 1,60 m, aux motifs géométriques très colorés et composées de 17 bandes assemblées. Ces couvertures, ou kounta, constituent de véritables tapisseries murales, destinées à recouvrir les murs de la chambre de la jeune mariée zerma ou songhaï ; plus elle en possède, plus elle est considérée comme riche. On les trouve dans la région de Dosso, de Téra, de Tillabéri, d'Ayorou, au grand marché de Niamey et au Musée national où des tisserands travaillent sous les yeux du visiteur. Les Peuls sédentaires, de Dogondoutchi à Madaoua, tissent des couvertures aux motifs géométriques noirs et blancs, des tentures de mariage très colorées et des tapis de selle.

Les broderies

Les femmes peules bororo brodent leurs vêtements de petits motifs géométriques et colorés sur du tissu indigo. Certaines le font volontiers sur des habits européens. Elles présentent quelques articles et prennent commande dans une échoppe au pied du château n° 1 à Niamey. Un artisanat récent est né suite aux difficultés économiques des pasteurs après la sécheresse de 1984 dans quelques campements touareg de Kerboubou, près d'Agadez : il s'agit de broderies de couleur sur basin, tissu damassé dans lequel on taille les boubous. Les broderies sont réalisées sur housses de coussins, nappes, dessus-de-lit, pochettes à serviette, sacs à dos, tapis de bridge, sets de table, étuis et trousses divers... Elles sont disponibles au Service d'artisanat d'Agadez (près de la préfecture, BP 82 & 00 227 44 02 81) et à la Coopérative artisanale de Kerboubou à 20 km d'Agadez, uniquement le matin.

La poterie

Cet artisanat est familial, très souvent féminin. Il est très répandu en pays haoussa et moins courant en pays zerma. Le village de Saga, aujourd'hui devenu faubourg de Niamey sur la route de Kollo, est à l'origine un village de potières zerma. Celles-ci fabriquent des canaris d'argile rouge, décorés de motifs géométriques blancs réalisés avec du kaolin (gourcoussou ou marmite, hanfi ou plat à couscous, koussou ou jarre à eau). A Boubon, un village de pêcheurs à 15 km de la capitale, sur la route de Tillabéri, la poterie est aussi une activité florissante. Elle a d'ailleurs attiré une Suissesse, installée dans ce village pour pratiquer cet art dont les techniques traditionnelles l'inspirent pour ses oeuvres pures et originales, mélange de culture occidentale et africaine.

La poterie haoussa est variée de formes et de décors. On fabrique surtout des canaris servant à contenir l'eau, toukounia, noirs ou rouges, décorés de motifs blancs (modèle toulou dans la région de Tahoua) ou avec des reflets métalliques obtenus par frottement à la poudre de mica avant la cuisson (Tessaoua et Zinder pour les poteries noires).

La poterie touareg est en train de se perdre, elle est pourtant riche de décors de tradition berbère, noirs sur fond rouge. On en trouve parfois au village de forgerons d'Abarakan, près de Timia dans l'Aïr où deux ou trois vieilles potières en fabriquent quand bon leur semble, et aussi dans quelques boutiques à souvenirs d'Agadez. Chez les Peuls sédentaires, ce sont les femmes des tisserands qui font de la poterie utilitaire.

La vannerie

La vannerie est d'abord un artisanat familial pratiqué par les femmes un peu partout au Niger. Il consiste en la fabrication de nattes de sol, de toit et de lit (seul mobilier des tentes des nomades). Le matériau, selon les régions, est soit du palmier doum soit des graminées ou des lamelles de roseau tressées avec des lamelles de cuir coloré. Pour confectionner les nattes, on tresse des rubans avec les fibres des palmes souvent teintées, assemblés en nattes plus ou moins longues selon l'utilisation. Paniers et objets utilitaires comme les couvercles de calebasse, ou fafaye, occupent femmes et jeunes filles, tout en leur offrant la possibilité d'un gagne-pain. Les Peuls fabriquent des chapeaux coniques tressés et ornés de cuir. Toute une gamme de paniers, corbeilles, boîtes, sets de table et coffres est aujourd'hui fabriquée avec soin, goût et adresse. Plusieurs boutiques ou marchés proposent cet artisanat propre à chaque région, par exemple dans l'est, il y a les soeurs de Guigmi qui vendent des petits objets en palmier doum, bien travaillés par les femmes des villages environnants.

Où trouver ces articles ?
En savoir plus sur l'art et l'artisanat nigériens

Artisans traditionnels d'Afrique noire, Niger. Jocelyne Etienne-Nugue Mahamane Saley, Editions I.C.A, L'Harmattan, 1987.

L'artisanat au Niger. Abouba-car Adama, Coopération Niger.

L'art dans le territoire du Niger. Y. Urvoy, publication de l'Institut français d'Afrique noire, 1955.

L'artisanat créateur au Niger. Jacques Anquetil, Editions Dessain et Tolra, 1977.

L'art rupestre de l'Aïr méridional [Niger oriental] Christian Dupuy, 1985, mémoire de DE, université de Provence, LAPMO, 106 pages, 1971.

Artisanat touareg de l'Aïr. Adamou Aboubacar, publication du département de Géographie de l'université de Niamey, 1995.

Artisanats traditionnels au Niger. Jocelyne Etienne-Nugue et Mahamane Saley, Editions ICA, L'Harmattan, 303 pages, 1987. Issu de la collection " Artisanats traditionnels en Afrique noire ", cet ouvrage est consacré au Niger. Il dresse un inventaire des formes et des techniques du savoir-faire traditionnel nigérien. Agrémenté de nombreuses illustrations (en noir et blanc et en couleur), ce livre est aussi agréable qu'instructif.

Les objets en bois

La fabrication d'objets en bois est aujourd'hui très contrôlée, et souvent interdite du fait de la raréfaction des arbres en brousse. Beaucoup d'objets sont fabriqués avec du bois venant du Nigeria et doivent porter le tampon du service des Eaux et Forêts du Niger pour attester de leur fabrication légale (notamment les lits touareg et les mortiers du marché de Toumfafi aux portes de Madaoua). Les objets en bois fabriqués au Niger sont des objets usuels : petits bancs, mortiers, pilons, lits, louches, cuillères, plats...

La mode des femmes " en vue " à Niamey est aujourd'hui à l'achat d'un superbe lit touareg pyrogravé, avec ses nattes (tchissebrin) tressées en cuir et tiges d'herbe. On peut en commander au village artisanal de Wadata qui répercute la commande sur les lieux de fabrication, à Dakoro ou à Toumfafi, près de Madaoua. Comptez jusqu'à 250 000 FCFA pour un lit très ouvragé, avec parfois des incrustations de cuivre, voire d'argent selon les modèles de lit bororo. Les sculptures sur bois, personnages, masques, mobiliers, etc. sont rares, et le fruit des populations Bozo, riveraines du fleuve Niger et habitants de quelques îles. Les calebasses sont les fruits d'une liane qui pousse souvent sur le toit des cases, elles servent de récipient dans toutes les ethnies, utilisées pour la " boule " quotidienne (boule de mil assaisonnée de piment, condiments ou dattes et fromage, que l'on dilue avec de l'eau) ou le lait. Leur décoration est faite de gravures au poinçon, pyrogravées ou grattées ; le dessin stylisé est parfois mis en évidence par un enduit de lait de chaux à base de kaolin et de lait caillé (Peul), ou par des aplats de teinture rouge et noire (Haoussa). Les motifs chez les Peuls, ont une signification symbolique ou magique, liée au bétail et aux astres.

Les objets insolites

Avec des matériaux de récupération, les jeunes fabriquent des jouets, notamment des automobiles, des vélos et des animaux en fil de fer et boîtes de conserve. Les brasers en fil de fer pour le thé touareg sont aussi très appréciés des touristes, on en trouve de minuscules pour recevoir les braises sur lesquelles on pose quelque encens du cru. Les amateurs de plats en émail de toute provenance trouveront leur bonheur au grand marché : de petites assiettes avec des motifs originaux servent souvent aux bouchers qui découpent la viande cuite à déguster sur place. Les théières made in China peuvent être " habillées " d'art touareg : le bec et le couvercle sont agrémentés d'argent et de cuivre ouvragés, c'est très beau ! Les enseignes naïves du coiffeur ou du restaurateur peuvent être réalisées chez le peintre du coin, il suffit de demander au coiffeur !

CINEMA

Les premiers films " d'inspiration nigérienne " conçus, réalisés et montés par des étrangers mais tournés au Niger datent de 1925 avec La Croisière noire de Léon Purier qui retrace la première traversée du Sahara en automobile et de 1935, La Grande Caravane de Jean d'Esme. Il faut attendre 1962 pour voir la production du premier film nigérien.

Le cinéma nigérien est né dans les années 1960, initié par Jean Rouch en collaboration avec des Nigériens avec deux films importants : Le Jaguar en 1954 et Moi, un Noir en 1957, film entièrement interprété par un Nigérien dans un premier rôle.

Jean Rouch, décédé au Niger début 2004, était avant tout " le cinéaste d'ethnographie " qui a travaillé sur les rites de possession, les migrations tribales des Songhaï et la civilisation urbaine de Niamey pendant plus de 30 ans dès les années 1940 (il a également travaillé sur Les Dogons du Mali). Il a réalisé une centaine de films constituant un documentaire d'ethnographie unique au monde. Un ensemble de plusieurs heures de vidéo retrace son oeuvre visible au Centre culturel franco-nigérien de Niamey. Les cinéastes nigériens autodidactes sont devenus acteurs, techniciens, scénaristes puis assistants. De 1960 à 1970, Moustapha Alassane fut le pionnier du cinéma nigérien avec la production de nombreux films dont Aouré, documentaire sur un mariage traditionnel et La Mort de Gandji qui remporta le prix du dessin au premier Festival mondial des arts nègres à Dakar en 1966. Il poursuit son oeuvre dans le style cinéma d'animation dans son studio de Tahoua.

La 2e décennie de l'indépendance est marquée par le talent d'Oumarou Ganda. Cinéaste nigérien originaire de Kouré (à 40 km de Niamey), il est né en 1935 et décédé en 1981. Issu d'une famille modeste, il grandit dans une région très attachée aux religions du terroir et aux cultes des génies. Renvoyé de l'école à la fin du cycle primaire car trop turbulent, il est amené à fréquenter des groupes de jeunes gens fortement influencés par les westerns. Sa formation intellectuelle, il l'acquiert par la lecture, et son esprit avide de justice et de liberté fut marqué et laissa un homme révolté.

Il partit en exode en Côte d'Ivoire après maintes difficultés de réinsertion sociale au Niger et fut recruté par Jean Rouch comme enquêteur pour des recherches en sociologie. Un travail d'une dizaine d'années à ses côtés l'emmènera vers le cinéma en 1966 : il travaille alors au centre culturel franco-nigérien comme assistant cameraman, formant le club Culture et Cinéma. Un concours du centre lui permit de réaliser son premier film Cabascabo qui marqua le début de sa carrière. Court-métrage écrit, et interprété par lui-même, retraçant l'histoire d'un ancien tirailleur sénégalais qui, après un retour triomphal de la guerre d'Indochine, se résout à cultiver la terre dans son village natal. Ce film fut le premier film africain retenu pour la semaine de la critique internationale au festival de Cannes en 1969.

Suivirent entre autres Wazzou Polygame et Saïtane, deux films qui posent les problèmes de la société nigérienne, comme les faux pratiquants religieux, les charlatans musulmans ou animistes, les mariages forcés et la polygamie, l'éducation des enfants, la prostitution, l'exode, la course à l'argent et aux biens matériels, thèmes toujours d'actualité trente ans plus tard. Son dernier film, L'exilé, se fonde sur le récit d'un texte africain qui rapporte " qu'au temps où l'Afrique vivait à l'écart de toute influence extérieure et vénérait les dieux vivants, la parole était sacrée " (citation tirée du film).

Oumarou Ganda y analyse notamment l'exercice du pouvoir traditionnel précolonial imprégné de religion et critique le pouvoir moderne en Afrique, fondé sur le mensonge et l'impérialisme. La plupart des cinéastes nigériens instaurent un débat autour de la recherche de l'identité culturelle. Le centre culturel Oumarou-Ganda est aujourd'hui un centre de formation musicale.

Quelques films

Le septième art nigérien vit actuellement dans une léthargie, les cinéastes ne produisant plus faute de moyens financiers et de soutien des pouvoirs publics. Voici quelques longs-métrages importants de la filmographie nigérienne :

L'Etoile noire de Djingareye Maiga. Ce cinéaste reconnu illustre les problèmes de la délinquance, de la prostitution et du maraboutisme.

Paris, c'est joli de Inoussa Ousseini, Grand Prix du court-métrage de Dinard.

Sangsues, yanga, fêtes et traditions populaires au Niger de Inoussa Ousseini. Auteur de neuf films entre 1972 et 1980, il ne tourne plus aujourd'hui, mais reste actif en tant que conseiller des jeunes réalisateurs.

Si les cavaliers... de Mamane Bakabé qui remporte un prix au Fespaco en 1983.

Gossi de Gatta Abdourahamane, prix de la caméra d'or en 1983.

Le Médecin de Gafiré de Moustapha Diop remporte le prix ACCT en 1985. Ce film met en position conflictuelle la médecine moderne et la médecine traditionnelle.

Les jeunes réalisateurs

Les jeunes cinéastes ont d'énormes difficultés à monter leur oeuvre et n'ont donc que très peu de rayonnement à l'extérieur, voire même au sein de leur pays. Parmi eux, Rahmatou Keita est une figure bien connue du paysage audiovisuel français et nigérien. Depuis 1988, elle ne compte plus les émissions culturelles : L'Assiette anglaise et Les Démons de midi sur France 2 et France 3, Thema sur Arte, Femmes d'Afrique diffusé sur plusieurs chaînes de télévision nationales, Vive la vie sur AB Sat... Tour à tour écrivain (SDF - Sans Domicile Fixe, 1993), présentatrice, chroniqueuse, réalisatrice, scénariste, productrice (elle a fondé une société de production du nom de ses origines : Songhaï Empire Productions), Rahmatou Keita s'est aussi distinguée par ses documentaires Djassaree (1992) sur les conteurs et griots du Niger pour Télé Sahel, Le Nerf de la douleur (1999) qui a été présenté dans de nombreux festivals, Une matinée à l'école Gustave Doré (2000), Les Etats généraux de la psychanalyse (2000). Elle reçoit en 1988 et 1989 les 7 d'or pour L'Assiette anglaise et tout récemment le prix du meilleur documentaire (Oxfam-Québec) au festival Vues d'Afrique de Montréal pour Al'Lèèssi, une actrice africaine, qui parle de la décadence du cinéma nigérien : elle raconte la vie de la première comédienne nigérienne et ce qu'elle est devenue. On peut aussi citer Moussa Hamadou Djingarey, Sani Magori et Malam Saguirou, qui, après des documentaires très bien accueillis par la critique, se lancent dans la réalisation de fictions.

Quelques films étrangers traitant du Niger

Ils ont été tournés au Niger mais sont peu nombreux ou méconnus. Néanmoins, de plus en plus de télévisions étrangères viennent tourner des documentaires sur divers aspects de la vie au Niger.

Un thé au Sahara. Bernardo Bertolucci.

La Captive du désert. Raymond Depardon, tourné au Djado début 1989 et traitant de " l'affaire Françoise Claustre " au Tchad.

Imuhar, une légende. Jacques Dubuisson en 1996, la société touareg plutôt romancée, avec de beaux paysages.

Agadez Nomade FM de Christian Lelong et Pierre Mortimore, 2004. Une immersion en plein coeur des ruelles et des cours de cette cité du désert, doublée d'une réflexion sur la vie quotidienne ou les traditions, religieuses notamment, dans une société touchée par la modernité. Le tout vu à travers l'oeil de deux reporters de la radio locale.

Jean Rouch (1917-2004) : cinéaste, ethnographe et amoureux du Niger

Tout est parti d'une rencontre : Jean Rouch travaille comme ingénieur des Ponts et Chaussées en 1941 quand il foule pour la première fois le sol africain. Il ne quittera jamais vraiment ce continent. En 1947, il réalise son premier film en 16 mm, caméra à l'épaule, Au pays des mages noirs. Quelques années plus tard, après avoir cofondé le comité du film ethnographique au sein du Musée de l'homme, il tourne Les Maîtres fous, primé à Venise en 1957 qui révèle les rites de possession de la tribu Haoukas au Niger. Il s'emploie à faire connaître la culture africaine - avec une fascination toute évidente pour le Niger - de la manière la plus authentique qu'il soit, en explorant la piste de ce qu'il appellera lui-même, le " ciné-transe ". Il signe un an après l'un de ses plus grands films, Moi, un Noir, une fiction documentarisée dans laquelle il raconte les mésaventures tantôt tragiques, tantôt comiques d'un Nigérien, débarqué à Abidjan. L'originalité de son oeuvre tournant autour de la notion de " cinéma vérité " lui vaut la reconnaissance des réalisateurs de la Nouvelle Vague, notamment Jean-Luc Godard. Jean Rouch a réalisé plus de 120 films, assumé les fonctions de directeur de recherche au CNRS et celles de président de la Cinémathèque, autant de tâches qu'il a toujours conciliées avec son premier amour, l'Afrique noire. En février 2004, ce passionné est mort, à l'âge de 86 ans, dans un accident de la route, près de Konni, dans le nord du Niger.

LITTERATURE

La littérature nigérienne est profondément marquée par la tradition orale et par l'évocation d'une nature austère qui éprouve les communautés comme les individus.

Ide Adamou (1951)

Connu pour avoir écrit des poèmes qui montrent les souffrances dues aux conditions de vie des populations nigériennes. La grande sécheresse des années 1970 lui inspire Cri inachevé, poèmes en français et zerma. Il publie ensuite un roman, La Camisole de paille qui rend compte de l'enfermement de la femme dans une société où les lois traditionnelles sont très fortes.

Cri inachevé et Eclipses, poèmes. Niamey, INN, 1984.

Talibo, l'enfant du quartier. L'Harmattan, 1996. L'histoire d'un jeune garçon confronté à l'école coranique et occidentale sur fond de décomposition sociale.

Alfred Dogbe (1962)

Nouvelliste et dramaturge. Observateur lucide des faits-divers de l'actualité sociale et politique, il propose une oeuvre à la fois comique et grave.

Les Conquêtes du roi Zalbarou. Lanzman, 2001 (théâtre).

Bon voyage Don Quichotte. Lanzman, 1997 (nouvelles).

Boubou Hama (1906-1982)

Historien, président de l'Assemblée nationale sous la première république. Cet homme de grande culture a réalisé un imposant travail de sauvegarde de la littérature orale (zerma et peule). Il est l'auteur d'essais, de romans, de contes et de récits destinés à la jeunesse, écrits en collaboration avec André Clair.

Ize Gani. Présence Africaine, 1985 (conte pour la jeunesse).

Contes et légendes du Niger. Présence Africaine, 1976.

Kotia-Nima. Présence Africaine (roman).

Le Baobab merveilleux, La Savane enchantée, Kangue-Ize, Safia et le puits. Editions La Farandole, 1971, 1974, 1976.

Hawad (1950)

Poète touareg de l'Aïr établi en France, il est l'auteur de nombreux recueils en tamachek écrits en Tchifinagh où il mêle écriture et calligraphie qu'il surnomme avec humour " furie-graphie " tant elles expriment une oeuvre individuelle singulière. Les litanies de Hawad sont enracinées dans les pensées touareg.

Caravane de la soif. Edisud, Aix-en-Provence 1985 et 1988. " Ces gémissements, paroles de fièvre embrasées devant la source tarie, je les dédie à Tellent, aux mirages vagues de dunes, à l'errance du vent, au concert du silence et aux oreilles de l'oubli, seule étoile de ma caravane divaguant à travers les tempêtes qui ont brisé la charpente constellée des textes nomades ".

Chants de la soif et de l'égarement. Edisud 1987.

Testament nomade. Sillages, Paris 1987 et Amara, le Pigeonnier, 1989.

L'Anneau sentier. L'Aphélie, Céret, 1989.

Abdoulye Mamani (1932-1993)

Il a offert à la littérature nigérienne sa plus belle évocation historique avec un roman Sarraounia qui relate la résistance de la reine guerrière des Azna contre la colonne Voulet-Chanoine.

Sarraounia. Le drame de reine magicienne. L'Harmattan, 1980.

oeuvres poétiques. L'Harmattan, 1993.

Une nuit au Ténéré. Editions Souffles, 1987.

Le Représentant. Abidjan, NEA, 1984.

Poémérides. L'Harmattan, 1972.

Kélétégui Mariko (1921-1997)

Vétérinaire, il a pu connaître le fin fond du Niger, source d'inspirations pour écrire :

Souvenirs de la boucle du Niger. Dakar, NEA, 1980.

Le Monde mystérieux des chasseurs traditionnels. Dakar, NEA, 1981.

Les Contes du Niger. Nathan, 1984.

Moustapha Bello Marka (1960)

Poète et auteur d'ouvrages pour la jeunesse. Il réside à Zinder et dirige une compagnie de théâtre.

L'Auberge festivalière. CCFN Zinder, 2002.

Les Balises de la nuit. CCFN Zinder.

La Fille de l'arc-en-ciel. Edicef-Albasa, 2002.

Karami et le cerceau. Edicef-Albasa, 2001.

Ide Oumarou (1937-2002)

Haut fonctionnaire, il fut notamment secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine, il a écrit une oeuvre où il invite le lecteur à une réflexion politique et morale. Ses romans dépeignent la condition du petit peuple et le malaise de la classe dirigeante.

Gros plan. NEAS, 1977.

Amadou Ousman

Journaliste et romancier, il a démarré comme écrivain public de son village natal, Tibiri-Doutchi, pour aider les familles à répondre aux soldats enrôlés par l'armée française en Indochine. Une fois devenu journaliste, il fut arrêté par la milice au temps de Diori pour avoir dénoncé l'injustice dans les distributions de l'aide alimentaire lors de la terrible sécheresse. Il fut ensuite attaché de presse de Seyni Kountché pendant 5 ans avant d'être directeur de l'Agence nigérienne de presse dans les années 1990. Il est connu pour trois romans qui accordent beaucoup de place à la justice, la presse et à la femme.

15 ans, ça suffit ! Dakar, NEA, 1977.

Le Nouveau Juge. Dakar, NEA, 1981.

Chronique judiciaire. Niamey, INN, 1987.

André Salifou (1942)

Historien et homme politique, son oeuvre est marquée par la question du pouvoir. Il a publié des pièces de théâtre et plusieurs romans.

Tels pères, tels fils. Khartala, 1996.

La Valse des vautours. Khartala, 2000.

Tanimoune : drame historique. Présence africaine 1973.

MODE
Le Festival international de la mode

A l'origine de cette aventure, un homme : Alphadi. Né au Niger, ce styliste, créateur de mode, a fait un jour le rêve de réunir les deux passions de sa vie : la création couture et le cadre naturel majestueux du désert nigérien où il a grandi. Au-delà de la promotion de la mode africaine, l'objectif d'Alphadi est de sensibiliser les gouvernants aux débouchés qu'elle représente potentiellement pour le continent africain. En novembre 1998, le rêve est devenu réalité avec la première édition du FIMA, quelque part dans les dunes de Tiguidit, au sud d'Agadez. La presse suit alors avec enthousiasme cet événement : mannequins, couturiers, photographes et journalistes français n'ont pas hésité à se déplacer... Après la réussite de cette première édition, les organisateurs, Alphadi en tête, ont choisi de poursuivre l'aventure et d'en faire un rendez-vous régulier. Le FIMA aurait donc lieu tous les deux ans en terre d'Afrique. La deuxième édition s'est donc déroulée en 2000 et a renforcé l'envergure de ce festival international. La troisième édition a eu lieu en 2004. En 2007 ce festival s'est tenu à Niamey pour la première fois. Le fondateur Alphadi affirme que le choix de la capitale pour le déroulement de cet événement permettait de rendre le festival davantage populaire, tout en poursuivant le même but qu'au départ " mettre la culture au service du développement et de la paix ".

MUSIQUE
Musique traditionnelle

L'art musical au Niger varie d'une région à l'autre et les principaux instruments traditionnels sont à percussion, avec quelques instruments à cordes et à vent. Chez les peuples sédentaires, la musique appartient à des castes de griots alors que chez les nomades, il n'y a pas de musiciens traditionnels.

Chez les Haoussa, le ganga et le kalangou (tambour d'aisselle) sont les tambours les plus répandus. On les emploie en groupe pour accompagner les musiciens à vent et les chanteurs. Parfois l'instrumentiste joue de deux tambours à la fois. Dans la région de Maradi, le kosso, un tambour d'aisselle, présente au centre de sa membrane un dépôt fait d'un enduit de terre mélangé à des graines de coton pilées, sa fonction est magique et il ne peut être préparé que par une personne de vie exemplaire. Les musiciens traditionnels haoussa sont de remarquables virtuoses de l'algueïta, sorte de hautbois dont ils peuvent jouer des heures sans s'arrêter en gonflant leurs joues démesurément pour emmagasiner le maximum d'air.

Le kakaki est une sorte de trompe longue de 3 m qui ne peut produire que deux sons et accompagne les orchestres des sultans et des chefs coutumiers. Les chants haoussa sont accompagnés d'un violon monocorde appelé gogue, dont la caisse de résonance est une calebasse recouverte d'une peau de lézard, l'unique corde étant faite avec des crins de cheval. Les chants de louange sont nombreux en l'honneur d'un chef, mais aussi d'un chasseur, pêcheur, cultivateur ou artisan. Parmi les luths, il y a le gora, à trois cordes, à son manche sont attachées des lanières de cuir munies de gris-gris ; le gouroumi sans sonnaille, utilisé chez les Maouri vers Dogon Doutchi, et le garaya à 2 cordes, de grande proportion à la sonorité étrange. En pays béribéri à l'est de Zinder, on retrouve les percussions haoussa, et les griots sont de grands virtuoses de l'algueïta.

En pays zerma-songhaï, la vielle monocorde ou godjié est semblable à celle des Haoussa, le molo est un grand luth à trois cordes avec une caisse de résonance en bois recouverte d'une peau de boeuf.

On trouve aussi un grand hautbois avec un son puissant et grave. Les tambours sont proches de ceux des Haoussa, le harré est un tambour d'aisselle de plus grande taille et le collo ressemble au ganga. On se sert aussi de calebasses de grandes tailles, retournées sur un trou dans le sable, le musicien, spécialisé dans la musique rituelle, agenouillé devant la calebasse la frappe avec un battoir en forme d'éventail, fait de sept baguettes de bois dur. Cette pratique instrumentale est réservée aux danses de possession lors de cérémonies invoquant des génies.

Ces musiciens ne vivent que de leur art et se déplacent de village en village : ils sont attendus impatiemment par les villageois pour organiser leurs fêtes.

L'art musical touareg est indifféremment pratiqué par des hommes et des femmes, chacun se réservant des spécialités. Tichiwey s'applique aux poèmes d'amour, de réjouissance, d'épopées mettant en scène des personnages connus de la société touareg : belle femme, valeureux guerrier, exilé, dans le contexte de la vie nomade évoquant un beau méhara blanc, la verdure de la saison des pluies, etc. Ils sont chantés par un seul homme et rythmés parfois par quelques morceaux d'imzad, la vielle monocorde exclusivement jouée par une femme. Cette musique est recueillie, et il n'est pas rare de voir les yeux se mouiller d'émotion contenue que les hommes expriment en poussant un cri guttural qui fait vibrer l'assistance. L'imzad peut se jouer seul, et certaines joueuses d'imzad sont connues et recherchées pour les mariages et les grandes fêtes, aujourd'hui, elles sont devenues rares (l'association Orion dans la région de Tchintabaraden a monté une école d'imzad, la joueuse enseigne à une dizaine de fillettes). Le tendé, (littéralement, " le mortier ") est un tambour fabriqué avec les ustensiles quotidiens : un mortier recouvert d'une peau de chèvre tendue entre deux pilons. De façon générale, c'est une femme qui frappe sur ce tam-tam tout en chantant en soliste la vie des campements, un choeur de femmes l'entoure en lui répondant. Dans certaines circonstances, le tendé de chameaux fait entrer en scène les hommes sur leurs méharas (chameaux montés) richement harnachés, qui tournent autour du groupe des chanteuses au rythme de la musique. Dans l'Aïr, le batteur peut être aussi un homme, entouré du choeur des chanteuses battant des mains, parmi lesquelles pointe le chant de la soliste qui invite les hommes à exécuter des pas de danse endiablée par groupe de deux ou trois, à tour de rôle, l'espace de quelques minutes. Un autre instrument rudimentaire rythme les chants : une calebasse retournée dans une cuvette pleine d'eau, sur laquelle on frappe avec une chaussure. Le tendé dit " de possession " réunit des femmes dont celle considérée comme " malade " et qui, petit à petit envoûtée par les chants et le son de la percussion, balance son corps et sa tête jusqu'à la transe qui la délivrera de ses tourments. La flûte droite ou saréoua, souvent de métal, est percée de quatre trous, les joueurs sont d'ordinaire des bergers isolés d'origine servile. Un nouvel instrument est apparu dans les campements et dans les familles touareg : la guitare sèche. Instrument facile à emporter, il meublait les soirées des combattants touareg pendant la rébellion. Le guitariste chante des chansons mêlant l'histoire de cette lutte et les faits d'arme avec l'accent des exilés qui évoquent des temps meilleurs. L'origine de l'engouement pour cet instrument est à rapprocher avec la musique des chants sahraouis, exécutés par d'autres nomades en exil à la recherche d'un pays qui leur serait propre. Les Touareg qui se sont exilés dès les années 1980 en Libye à l'appel de Khadafi ont créé leur style musical, aux phrases musicales répétitives, aux accents plaintifs, musique jouée par de jeunes hommes en mal de vivre. Aujourd'hui, cette musique plus sophistiquée (guitare électrique, percussion, sonorisation) supplante en ville toute autre tradition musicale touareg : lors des mariages ou des rassemblements politiques ou associatifs, on fait appel aux jeunes musiciens pour animer l'assistance. On danse aussi sur cette musique : au centre de l'assistance en cercle, des couples en grands boubous et turban se succèdent, l'homme face à la femme, et se dandinent avec retenue, sans se toucher, les bras ondulant latéralement en cadence. C'est une danse très proche de la takamba du Mali, langoureuse, presque cérémoniale par son sérieux où il faut davantage paraître qu'extérioriser un quelconque plaisir personnel.

Chez les Peuls, la flûte de roseau ou métallique est très courante et les morceaux évoquent les traditions du monde peul. Chez les Bororo, il y a de grands chanteurs, solistes au souffle inépuisable, disposant d'une large tessiture atteignant facilement les aigus. Ils exercent leur art au cours de fêtes traditionnelles, Geerewool et autres, où les hommes forment un choeur dansant sur la pointe des pieds, comme une vague humaine chantante. Leur maquillage et leurs célèbres grimaces rehaussent de magie cette communion musicale. Le geerewol est à la fois le nom d'une fête et d'une danse qui se déroule à la fin de la saison des pluies. Cette danse réunit deux lignages ; c'est une danse au cours de laquelle sont choisis les hommes qui répondent le mieux aux critères de beauté du groupe. Les danseurs sont jugés uniquement pour leur beauté par des jeunes filles du lignage opposé.

Le maquillage et les parures sont imposés afin d'assurer une certaine uniformité et objectivité. Les danseurs tournent la tête de gauche à droite en faisant de grands sourires théâtraux et en exhibant la blancheur de leurs dents. Par la suite, ils avancent en sautillant au tintement de grelots qu'ils portent à la cheville droite. Puis deux jeunes filles arrivent et le moment devient solennel. C'est une danse rituelle venue du fond des âges. A la fin de la saison des pluies, le clan se réunit pour le " Worso des taureaux ". C'est le plus beau moment de l'année pour les Wodaabe (ainsi se nomment eux-mêmes les Bororo). La danse la plus importante est le yaake, face au soleil couchant. Les yeux et les dents des jeunes garçons étincellent, tandis que tout le monde les acclame et les admire. Les mimiques impressionnent. Les danseurs ouvrent et referment leurs bouches en faisant trembler leurs lèvres. Les parures et le maquillage ne sont pas imposés de façon stricte, l'important est de plaire. L'association Baraka regroupe des Peuls Bororo désireux de faire connaître leur culture et d'améliorer leurs conditions de vie : s/c Nicole Morais - boronie@hotmail.com - De nombreux groupes de musiciens traditionnels, souvent accompagnés de danseurs, se produisent dans les villes du Niger, mais rares sont ceux qui percent à l'étranger.

Musique moderne

Les sociétés minières d'Arlit encouragent financièrement un orchestre de variété nommé Guez Band à se produire dans les soirées, avec de bons résultats et un répertoire varié, mais cela ne dépasse pas le cadre national. Quelques festivals internationaux commencent à s'intéresser aux groupes nigériens comme ce fut le cas pour le groupe Chétima, joueurs de tambour et d'algueïta, présents au festival de Montreux en 1995. Des groupes peuls bororo et touareg sont invités hors des frontières, mais souvent, ce ne sont pas de vrais groupes, il s'agit plus d'individus qui exportent leur patrimoine musical pour une occasion, plutôt que des groupes constitués en perpétuelle recherche musicale. Un des courants musicaux en vogue et en expansion au Niger est le hip-hop, musique urbaine qui s'adresse au moins de 30 ans, et surtout aux adolescents des lycées et collèges. Le Niger a été classé par RFI comme le troisième pays en nombre de groupe de rap, riche en authenticité, instruments locaux, chants en langues du Niger. Les sujets des chants traitent des problèmes de la société, du sida, des enfants abandonnés, de la corruption, du néocolonialisme, on raconte la vie comme le faisaient les griots. Le bar La Galaxie, près de la piscine de l'hôtel Sahel, est l'endroit à la mode pour écouter rap et hip-hop. Parmi les meilleurs groupes de Niamey qui ont déjà réalisé des CD : Lakal Kane, Black Daps, Wass-Wong, Djoro g, Kaidan Gaskia (fait preuve de recherche musicale et scénique), Kamikaze (un seul chanteur aux textes engagés qui peut mobiliser 1 500 personnes sans problème). La guitare touareg est aussi devenue l'instrument aimé du peuple touareg, accompagnant les chants touareg révolutionnaires nés dans l'exil des hommes en Libye et en Algérie dans les années 1980.

Mali Yaro, groupe de musique traditionnelle et moderne, très tonique sur scène, qui se produit beaucoup dans les bars populaires, les mariages, et même dans les autres pays limitrophes.

Samari Nouvelle Formule, un groupe aux paroles osées invitant à la danse, beaucoup de présence sur scène.

Abdoulssalam et les tendistes, musique moderne inspirée de la tradition, (tendé, tam-tam touareg), se produit aussi dans la sous-région.

Dias Crise est plus spécialisé dans le reggae, Dias est aussi peintre d'art moderne et styliste de bijoux, il a sorti aussi un CD de musique traditionnelle gourmantché.

Un journal bimestriel, " Fofo, le magazine de la musique nigérienne " a vu le jour récemment, destiné à la promotion de la musique nigérienne, il est distribué gratuitement au CCFN de Niamey et à Zinder. On peut écouter et télécharger de la musique sur son site Internet www.fofomag.uni.cc

Johny Ali Maïga, chanteur-compositeur peul bien connu, spécialisé dans le djembé (sorte de tam-tam) qu'il enseigne un peu partout en ville : il se produit souvent avec quelques autres musiciens au restaurant L'Exot'ic et au Centre de formation et de promotion musicale (Tél 74 08 95).

La musique moderne touareg, guitare et chants issus de la rébellion touareg, est disponible à Agadez : plusieurs CD ont été réalisés sur place et sont vendus en ville, notamment dans le studio d'enregistrement, route de Tahoua, après le magasin Tout pour la construction, sur la droite : les guitaristes-chanteurs enregistrés sont Asso, Abdala, Alghassan, CD ou cassettes d'Abadal ag Oumbadougou :

Anumalan 1995, Bénin.

Imuhar 1996, musique du film, France.

Imawalan 2000, Niamey.

Discographie

Afrique. Explorer Series, Elektra Nonesuch, 1976. Ce disque, enregistré au Niger, au Mali et au Burkina Faso par Stephan Jay, fait partie d'une collection qui offre au grand public l'opportunité de découvrir les musiques du monde. Ecouter ce disque, c'est approcher la magie des cérémonies traditionnelles : le chanteur entre en transe, au rythme des tambours.

Anthologie de la musique du Niger. Ocora, Radio France, 1990. Cette collection, dirigée par Pierre Toureille, vise à diffuser les musiques traditionnelles. Ces enregistrements qui datent de 1963 ont été réalisés par Tolia Nikiprowetzky (compositeur français d'origine russe). Ils présentent un des genres musicaux songhaï largement répandu : le zaley. Cet album est constitué de morceaux au caractère plus populaire.

Epopée Zarma et Songhaï. Jibo Baje, Ocora, Radio France, 1998. Jibo Baje est né à 15 km de la capitale nigérienne au milieu du XXe siècle finissant. Au cours de ses deux récits, en un peu plus de 70 minutes, l'artiste nous raconte l'histoire de deux ancêtres fondamentaux de l'ethnie des Songhaï-Zarma. Cet album a été enregistré à Niamey en 1996. Il est paru en 1998 dans la célèbre collection Ocora.

Musiques des Peuls. Auvidis Unesco, 1974, réédition en 1988. Cet album permet une approche de la musique des Peuls. Ces derniers constituent un des plus importants groupes de population du Sud Sahara. La musique tient une place de choix dans leur vie. Ici, l'enregistrement effectué entre 1972 et 1974 met en scène flûte, calebasse et donndolooru (guimbarde sans cadre), principaux instruments utilisés, accompagnés du tintement des bracelets. Les chants, poétiques, sont aussi omniprésents (louange, bienvenue, chants cérémoniels...).

Niger. Collection Prophet, Kora Sons, 1999. Enregistrements, textes et photos réalisés par Charles Duvelle (compositeur, pianiste et musicologue). La collection Prophet vise à faire connaître des enregistrements originaux de musique traditionnelle qui datent des 40 dernières années. Ce disque présente des musiques haoussa, songhaï et zarma.

Alatoumi. Mamar Kassey, 2000. Les chansons de Mamar Kassey mènent au coeur du Sahel, vers des civilisations anciennes. Nomades ou non, les Peuls, les Songhaï, les Haoussa... vous seront moins étrangers après écoute de cet album. Dans la collection World Village, distribuée par Harmonia Mundi.

PEINTURE

La peinture est un des parents pauvres de la culture nigérienne nullement encouragée par les pouvoirs publics. L'espace Tréteaux à Niamey est son lieu d'exposition, plutôt piteux, que les peintres doivent disputer aux commerçants mieux introduits qu'eux auprès des autorités locales. Situé non loin du rond-point Mali Béro en direction du stade, il se veut un centre d'animation et de formation en peinture et regroupe plusieurs peintres au sein de l'association Gamouart (de gamou, " se rassembler " en langue haoussa) & 20 73 84 47. La peinture nigérienne est surtout une peinture abstraite, quelques peintres sont aussi des naïfs. Parmi les peintres les plus accomplis, on trouve Alichina Allakaye, Ali Garba, Alhousseyni Yaye Tome et Myriam Boukari. Dans le style naïf, Ghissa Ixa peint des tableaux sur verre : il y met en scène la vie des campements touareg. Seyni Hima est un autre peintre naïf, tout comme Awa Altine dont on trouve les oeuvres au village artisanal de Wadata. A Tahoua, Abdoul Wahabou Ibrahim travaille la matière et les pigments naturels qu'il trouve sur place, Aboubacar Idrissa, peintre autodidacte, aime mélanger matériaux locaux et couleurs vives et Jacques Beïdou, lauréat du concours d'affiche du FNUAP en 1999, est peintre naïf et aime représenter la vie des Touareg. Salifou Idi a appris la sculpture dans l'atelier familial, auprès de son père, orfèvre reconnu, il travaille principalement le bronze qu'il mélange avec du bois blanc. A Zinder, Bohari est un peintre réaliste et abstrait, habitué à illustrer des livres pédagogiques (voir CCFN de Zinder). Habibou peint des scènes sur des calebasses tandis qu'Ojo peint des portraits et des scènes de vie naïfs. Lawal Ibrahim s'est lancé dans les objets originaux en fil de fer galvanisé.

THEATRE

Le théâtre nigérien est avant tout un théâtre traditionnel, rituel ou profane qui parcourt les campagnes et les villes, mettant en scène la vie de tous les jours, joué souvent par des amateurs, devenus de véritables vedettes nationales. La radio et la télévision ont beaucoup contribué à vulgariser un genre très populaire car présenté en langue nationale haoussa et zerma. A partir d'un canevas clé, les acteurs improvisent, laissant libre cours à l'humour. Les thèmes les plus fréquents, proches de ceux des contes populaires, sont tirés du quotidien : le mariage, le divorce, la polygamie, les commerçants, les marabouts, la scolarisation, et même la politique, le théâtre étant un bon moyen pour transmettre les messages.

Yazi Dogo. Auteur aimé des Nigériens a à son actif une trentaine de pièces de théâtre d'inspiration purement nigérienne, jouées en haoussa, français ou les deux.

Hima Adamou. Il fut le grand organisateur du théâtre télévisuel dans les années 1960.

Djibo Mayaki. Depuis les années 1970, il a écrit Aoua, Pas si bête, Tabouka, Le Fou, L'Attentat, La Crise, Mariama, et tant d'autres pièces.

André Salifou. Historien, il a choisi de théâtraliser l'histoire du Niger pour permettre au peuple de mieux la connaître : Tanimoune et Ousmane Dan Fodio, serviteur d'Allah sont deux pièces qui évoquent deux personnages marquant du passé nigérien.

A Niamey, les Jeunes Tréteaux du Niger (Tél 73 84 47) ont pris la relève au début des années 1990 et ont été largement consacrés dans une adaptation de Molière représentée dans différents festivals de France en 1995, " grâce à leur style libre, loin des carcans traditionalistes qui véhiculent de fausses valeurs théâtrales ", selon le journaliste Ilbo Mahamane.

Voici quelques troupes nationales :

Arène Théâtre.

Messagers du Sahel.

Chek Anta Diop.

Compagnie Souranta, avec Idrissa Amadou comme auteur et acteur (Tél 91 28 67).

Le Koykoyo. Théâtre de marionnettes (BP 704 Niamey Tél 75 44 02 - Fax : 75 44 02).

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