Guide du Paraguay : Politique et économie
La République du Paraguay est régie par la Constitution de 1992, qui organise la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, et instaure un régime parlementaire. Le président de la République est à la fois chef de l'Etat et chef du gouvernement. Il est également chef des armées et peut dissoudre le corps législatif, ou imposer son veto lors du vote des lois. Le président et le vice-président sont élus au suffrage universel direct à un tour, pour un mandat de 5 ans non renouvelable. Le Congrès est composé de 80 députés et 45 sénateurs qui sont élus à la proportionnelle tous les 5 ans, en même temps que le président de la République, avec un mandat renouvelable. Le pouvoir judiciaire repose quant à lui sur la Cour suprême de justice, composée de 9 membres, et sur des cours de premières et secondes instances.
Organisation territoriale. Le Paraguay est constitué de 17 départements dirigés par des gouverneurs élus pour 5 ans. Chaque département est divisé en municipios et districts, subdivisés en zones urbaines (barrios) et zones rurales (compañias). La direction du district est à la charge d'une municipalité (municipalidad) à la tête de laquelle se trouve un maire, élu pour 4 ans. Asunción a un statut à part puisqu'elle n'appartient à aucun département.
Depuis la fin du XIXe siècle, la vie politique paraguayenne est dominée par deux formations très conservatrices, qui se sont succédé au gré des élections et coups d'Etat.
L'ANR (Association nationale républicaine), appelée communément parti Colorado, a conservé le pouvoir de 1947 à 2008, et l'a repris en 2013. C'est le parti de l'ancien dictateur Alfredo Stroessner, un parti nationaliste reposant sur un système clientéliste très bien organisé.
L'autre grand parti est le Parti libéral radical authentique (PLRA). Autrefois plutôt progressiste, il est aujourd'hui considéré plus à droite que l'ANR.
Concentrant les pouvoirs politique, économique et médiatique, ces deux partis ont traversé guerres civiles, dictatures et périodes démocratiques sans laisser grand place aux autres partis. Pour les reconnaître : L'ANR arbore la couleur rouge, le PLRA le bleu. L'année 2008 a marqué un tournant important dans l'histoire politique paraguayenne, avec la victoire de l'Alliance patriotique pour le changement (APC), une coalition emmenée par l'ancien évêque Fernando Lugo. C'est la première fois depuis 61 ans que les Colorados perdaient les élections présidentielles, et cela malgré les habituelles fraudes électorales relevées par les observateurs internationaux. Si le parti Colorado et le Parti libéral avaient conservé la majorité au Congrès, ce fut une belle victoire pour la démocratie. Une démocratie fragile cependant, puisque le président Lugo fut destitué par le Parlement en juin 2012, sans pouvoir présenter sa défense, ce qui fut qualifié par de nombreux observateurs étrangers de "coup d'Etat parlementaire", suivi du retour aux vieilles pratiques frauduleuses et clientélistes des deux formations politiques traditionnelles.
A part le parti Colorado et le PLRA, dominants au Congrès, les autres partis de droite sont l'Union nationale de citoyens éthiques (UNACE), héritière de la frange conservatrice de l'ANR, et Patria Querida (PPQ), de centre-droit. Le Partido Encuentro Nacional (PEN) est de tendance sociale-démocrate, tandis que Frente Guasú (FG), créé en novembre 2012 sous l'impulsion de Fernando Lugo, regroupe l'ancien parti de l'Alliance patriotique pour le changement (APC) et divers partis de gauche. Avanza Pais (AP), créé en 2013, est un autre parti de gauche.
Le président Horacio Cartes, puissant homme d'affaires, arrivé récemment en politique sous les couleurs du parti Colorado, dispose d'une majorité confortable dans les deux chambres du Congrès. Empreint de populisme en début de mandat, il déclarait faire du combat contre la pauvreté sa priorité, avec une augmentation des dépenses sociales et des programmes spécifiques destinés aux populations les plus défavorisées, mais parallèlement il mena une politique résolument néolibérale destinée à séduire les investisseurs étrangers, dans les secteurs de la construction et de l'industrie agroalimentaire notamment. L'opposition politique au Congrès est limitée mais la société civile a su se faire entendre ces dernières années, et exprime régulièrement son ras-le-bol des pratiques héritées de la dictature, telles que les achats de votes, la corruption d'agents publics, les nominations partisanes de fonctionnaires ou les emplois fictifs... Des pratiques généralisées dans toutes les institutions : Congrès, ministères, police, justice... En septembre 2014, Horacio Cartes a promulgué une loi révolutionnaire sur " le libre accès du citoyen à l'information publique et la transparence gouvernementale ". Cette loi oblige les institutions publiques et les fonctionnaires à divulguer toute information demandée par un citoyen : salaires perçus, voyages officiels, contrats, etc. qui ne sont pas définis comme secrets. Les journaux se délectent depuis à dénoncer le train de vie de certains fonctionnaires et les emplois fictifs dans les institutions publiques. La forte mobilisation étudiante, qui a commencé en septembre 2015 après les révélations des journaux sur le recteur et le personnel de l'université nationale, en est la conséquence directe. Une belle avancée pour lutter contre la corruption et les détournements d'argent.
Après avoir subi de plein fouet les répercussions de la crise argentine de 2001/2002, le Paraguay a renoué avec la croissance en 2003 et ses indicateurs macroéconomiques sont en progression constante, avec une croissance moyenne de son produit intérieur brut (PIB) de 4,5 % par an jusqu'en 2008. La croissance fut plus volatile depuis (-3,8 % en 2009, -1,3 % en 2012, +14,2 % en 2013) mais tourne autour de 4 à 5 % en moyenne.
Le Paraguay dispose d'énormes ressources naturelles et a moins de 7 millions d'habitants. Pourtant, avec un PIB par habitant estimé en 2015 à 4 500 US$, il reste l'un des plus pauvres d'Amérique du Sud, ceci s'expliquant par une structure économique extrêmement inégalitaire. Selon un rapport des Nations unies de 2008, basé sur le coefficient de Gini qui mesure la distribution des revenus et des richesses, le Paraguay figurait à la 115e place sur 124 pays !
Outre l'énergie hydroélectrique, l'économie paraguayenne repose surtout sur l'agriculture et la production de viande. Ce sont des secteurs assez fragiles, car soumis aux aléas climatiques, aux éventuelles maladies et à la volatilité des cours sur les marchés mondiaux.
Le Paraguay a su tirer profit de ses terres fertiles dès le XVIe siècle. L'agriculture représente un tiers du produit intérieur brut (PIB), 90 % des exportations et plus d'un tiers des emplois. Les principales cultures sont : yerba maté, maïs, coton, manioc, blé, canne à sucre, haricot, cacahouète, tournesol, riz, tabac et sésame (6e producteur mondial). Le Paraguay produit aussi la stevia (ou ka'a he'e), un édulcorant naturel au pouvoir adoucissant 200 fois plus fort que le sucre. Mais le produit phare est le soja qui représente plus du tiers des exportations. Le Paraguay en est le 4e exportateur mondial derrière les Etats-Unis, le Brésil et l'Argentine, mais il est loin devant les autres si l'on tient compte de la superficie du pays. La surface des champs de soja a été multipliée par trois au Paraguay en moins de 20 ans, elle représenterait plus de 3,4 millions d'hectares en 2016 pour une production de plus de 8 millions de tonnes. Il faut dire que la production est des plus rentables : le prix de la tonne est passé de 223 US$ à 502 US$ entre 2005 et 2015. 95 % de la production seraient d'origine transgénique. Le Paraguay, qui interdit les OGM sur son territoire, a fait une exception pour le Roundup Ready (RR) de Monsanto. En fait, les autorités paraguayennes ont été mises devant le fait accompli, lorsqu'elles ont " découvert " que les plus gros sojeros utilisaient des semences transgéniques. Un retour en arrière était impossible compte tenu du poids du soja dans l'économie (sur ce sujet, voir Le monde selon Monsanto, documentaire de Marie-Monique Robin).
Sans revenir sur l'impact écologique du " tout soja ", les conséquences sociales de l'agro-industrie sur le monde paysan ne sont pas négligeables, dans ce pays où 1 % des producteurs détient 77 % des terres cultivables. Avec la mécanisation, il est estimé qu'un seul employé agricole est nécessaire pour cultiver 500 ha de soja, alors qu'il en faut 4 pour cultiver 10 ha dans l'agriculture traditionnelle ! Plus d'1,5 million de paysans auraient ainsi quitté les campagnes depuis 1992. Dans la balance économique, les importations de fruits et légumes de consommation courante ont grimpé, avec la disparition des petites exploitations de cultures vivrières.
Officiellement, il y a 15 millions de têtes de bétail au Paraguay, soit plus de 2 vaches par habitant ! Officieusement, il y en aurait beaucoup plus, les ganaderos se trompant un peu parfois lorsqu'ils comptent leurs bêtes, pour des raisons fiscales... Autre chiffre impressionnant, la surface consacrée à l'élevage est d'environ 24 millions d'hectares, soit 60 % du territoire national ! La viande bovine représente un tiers des exportations. L'activité emploie 260 000 personnes entre l'élevage, le transport, les abattoirs, les producteurs de pasto (fourrage), l'industrie du cuir, etc. Mais le boom des exportations ne fait pas que des heureux au Paraguay. Les prix grimpent à l'intérieur du pays en raison de la baisse de l'offre destinée au marché local. On estime que sur 100 kg de viande produite dans les estancias, 97 kg sont exportés (Russie et Chili surtout), et seulement 3 kg finissent sur les parrillas paraguayennes !
La forêt a pendant longtemps constitué une ressource importante pour le Paraguay mais les besoins en terres agricoles ont entraîné une déforestation massive depuis les années 1970. Le pays continue toutefois de produire environ 10 millions de m3 de bois par an, ainsi que des produits dérivés, comme le tannin et les huiles. Les espèces les plus exploitées sont l'acajou apprécié des ébénistes et le quebracho riche en tanin. On produit aussi du charbon de bois, notamment dans le Chaco.
Le secteur industriel emploie 20 % de la population active. L'activité repose surtout sur l'agroalimentaire : viande en conserve, huiles, produits laitiers, jus de fruits...
En termes d'agro-carburants, la production d'éthanol (à base de canne à sucre et de sorgho) et de biodiesel (à partir d'huiles végétales et animales) sont en plein boom, grâce à des conditions climatiques favorables et à une électricité à bas coût. L'activité minière n'est pas très développée. Seul le calcaire est extrait en grande quantité dans la région de Vallemí. Quelques gisements de pétrole, de fer et de manganèse ont été découverts dans le Chaco, mais leur exploitation n'est pas encore assez rentable actuellement pour les investisseurs. Dans le Guairá, à Paso Yobai, on exploite une mine d'or depuis 2012.
Le Paraguay a trouvé l'énergie dans ses eaux puissantes, avec la construction de plusieurs barrages hydroélectriques, les plus puissants étant Itaipú et Yacyretá sur le Río Paraná. La centrale d'Itaipú n'est plus la plus grande au monde depuis la construction du barrage des Trois Gorges en Chine, mais elle reste la plus puissante avec une capacité de production de 14 GW. La production représente 17 % de l'énergie consommée au Brésil et 75 % de la consommation paraguayenne.
Le commerce transfrontalier fait vivre des milliers de familles. Ciudad del Este, dans la zone dénommée Triple Frontière, est l'une des plus grandes places commerciales du continent. Salto de Guairá, Pedro Juan Caballero et Encarnación bénéficient également des échanges transfrontaliers. La chute récente du real et du peso argentin ont cependant porté un coup à cette économie informelle. Une bonne part des produits vendus sont des contrefaçons. La contrebande et les trafics sont si importants au Paraguay que certains pensent qu'il faudrait créer un deuxième PIB pour mesurer cette économie informelle !
Les remesas, ces transferts d'argent des immigrés paraguayens qui travaillent dur en Espagne, aux Etats-Unis et en Argentine, représentaient environ 300 millions de dollars en 2014. D'après certains experts, les remesas ont permis de réduire fortement la pauvreté au Paraguay, beaucoup plus que les mesures prises par les gouvernements successifs.
Faut-il le rappeler, le Paraguay n'est pas un pays touristique. Il existe bien un secrétariat national du Tourisme (Senatur), assez dynamique, mais l'institution manque de ressources pour rivaliser avec les grands pays de la région sur les salons internationaux. Pourtant, le tourisme a généré environ 20 000 emplois directs et indirects au Paraguay en 2015. Sur le plan du tourisme "interne", la plupart des Paraguayens qui disposent de ressources pour partir en vacances ont l'habitude d'aller sur les plages du Brésil, d'Uruguay ou de l'île de San Andrés (Colombie). Les attirer vers un tourisme plus culturel, ou rural, n'est pas évident, mais cela commence à prendre avec la création de circuits thématiques comme la Ruta Jesuítica et le développement de destinations "aventure" comme Tobatí ou Mbatoví par exemple. Dans le sud du pays, la ville d'Encarnación et ses plages sur le Río Paraná attirent de plus en plus de monde durant l'été paraguayen. Le tourisme interne, qui a augmenté de 25 % en 5 ans, a rapporté 100 millions de dollars en 2014. Quant au tourisme réceptif, le Paraguay a reçu 650 000 visiteurs en 2014. La grande majorité des voyageurs (84 %) provient d'Amérique du Sud (Brésil et Argentine surtout), 9 % d'Europe (beaucoup d'Allemands) et 4 % d'Amérique du Nord. Beaucoup sont des touristes d'affaires, qui viennent participer à des congrès dans les centres de conventions des grands hôtels d'Asunción. Les entrées de voyageurs étrangers au Paraguay devraient rapidement progresser avec la mise en service d'un vol direct Madrid-Asunción, de la compagnie Air Europa (il n'y avait plus de vol intercontinental depuis 1994). Le développement du tourisme pourrait peut-être enfin sensibiliser l'élite politico-économique sur une alternative au modèle actuel de développement, basé sur le soja et la viande, qui ne rapporte qu'à une minorité et détruit l'environnement. L'écotourisme raisonné semble être l'un des meilleurs moyens de protéger un patrimoine naturel et culturel particulièrement riche. A noter que le Paraguay a été élu, pour la première fois en 2015, membre du conseil exécutif de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) et qu'il occupe la vice-présidence de la commission pour les Amériques sur la période 2015-2018.
Le gouvernement Cartes a fait de la stabilité budgétaire une priorité, en fixant le plafond de déficit à 1,5 % du PIB et en augmentant la pression fiscale sur les entreprises (la plus faible du continent actuellement). Il tente par ailleurs d'attirer les investisseurs dans les secteurs de l'ingénierie et du bâtiment, pour améliorer les infrastructures et créer des emplois. Le principal enjeu reste de lutter contre les inégalités et la pauvreté. Les inégalités continuent de croître et malgré un net recul de la pauvreté ces dernières années, un quart des Paraguayens vit sous le seuil de pauvreté, dont la moitié dans des conditions d'extrême pauvreté. Si le taux de chômage est officiellement de 5,5 % (2015), la plupart des gens travaillent pour leur compte avec des petits métiers et seulement un tiers des salariés recevrait le salaire minimum (1 824 055 Gs, soit environ 280 euros en décembre 2015).
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