Guide d'Azerbaïdjan : Mode de vie
L'Azerbaïdjan est un pays de contrastes, où les disparités économiques imposent des modes de vie différents selon les régions. Alors que la capitale est moderne et occidentalisée, les campagnes restent attachées à leurs traditions. Bakou bénéficie de l'apport financier de l'industrie pétrolière, les magasins de marques étrangères jalonnent les rues du centre-ville, les jeunes arpentent la promenade le long de la Caspienne, les décolletés plongeants et les minijupes des filles attirent l'oeil des passants. Dans les villages des plaines et des montagnes, l'économie ne se remet toujours pas de la sortie du système communiste, et les femmes sortent rarement sans un foulard sur les cheveux. Deux mondes cohabitent en Azerbaïdjan, deux modes de vie s'y développent de façon parallèle.
Traditionnellement, l'éducation était assurée par les madrasas, les écoles religieuses musulmanes, séparées pourtant relativement tôt du système d'enseignement laïc, puisque la rupture est consommée dès le XVIIe siècle. Le boom pétrolier a favorisé le développement d'une éducation supérieure performante, axée sur les compétences techniques nécessaires à l'exploitation des hydrocarbures. La première université technique est ouverte à Bakou en 1865, en même temps que la première faculté réservée aux femmes.
A la fin du XIXe siècle, des écoles élémentaires laïques offrant un enseignement en azéri sont ouvertes dans le pays, mais l'utilisation de la langue vernaculaire reste interdite dans les établissements d'études supérieures : la conséquence de cette discrimination linguistique est l'impossibilité pour une grande majorité des Azéris d'accéder à l'éducation. Une situation encore plus flagrante parmi les femmes.
La période soviétique marque en revanche une montée en flèche du taux d'alphabétisation. Selon les statistiques officielles, l'intégralité de la classe d'âge 9-49 ans était éduquée. Comme dans toutes les républiques soviétiques, les meilleurs éléments poursuivaient leurs études supérieures à Moscou.
L'Azerbaïdjan indépendant a conservé un système éducatif très proche de celui qui avait cours sous l'Union soviétique. Les universités moscovites restent un objectif pour les meilleurs élèves, et la maîtrise du russe demeure un atout incontestable pour l'accès à une éducation supérieure. Quelques modifications ont cependant été introduites depuis l'indépendance : l'éducation religieuse a été en partie réintroduite dans les cursus scolaires, l'idéologie marxiste a en revanche été largement supprimée. Et la langue azérie est désormais privilégiée tout au long des études, même dans les établissements d'enseignement supérieur. L'école est aujourd'hui obligatoire pendant 11 ans. Le taux de scolarisation dans le primaire atteint 91,28 %, mais n'est plus que de 78 % dans le secondaire. Dans ces deux niveaux, les filles représentent 49 % des enfants scolarisés, ce qui témoigne d'une égalité presque totale dans l'accès à l'éducation.
Bakou possède une douzaine d'universités et établissements d'enseignement supérieur, qui accueillaient plus de 100 000 étudiants au moment de l'indépendance. L'une des spécialités locales est l'enseignement des métiers liés au pétrole. Les établissements supérieurs ont bénéficié de la réforme de l'éducation, amorcée en 1993, qui permet aux instituts et universités d'élaborer eux-mêmes leurs programmes d'enseignement, de trouver leurs financements et de gérer leur budget avec une grande autonomie. A partir de 1996, l'éducation devient l'un des enjeux prioritaires du gouvernement Aliyev, qui y consacre un budget supérieur à celui de la défense (18 % du budget national). A cette date, près d'un tiers de la population du pays (2,2 millions de personnes sur une population de 7 millions à l'époque) est concernée par l'éducation, soit en tant qu'étudiants, soit en tant qu'enseignants. Malgré les efforts du gouvernement, ces derniers restent extrêmement mal rémunérés.
Le secteur de l'éducation a également souffert du conflit dans le Haut-Karabakh. Plus de 200 000 enfants en âge de suivre un enseignement primaire sont réfugiés dans le pays, ainsi que 15 000 enseignants, qui ont dû fuir leurs écoles et se retrouvent disséminés dans le pays, sans poste. La guerre a entraîné la destruction de 900 établissements scolaires, et celle de près de 10 millions de livres. Les enfants des camps de réfugiés sont en dehors du système scolaire depuis plusieurs années.
Le système de santé azéri était réputé pour être le plus défaillant de toute l'Union soviétique. Le pays comptait à l'époque 4 médecins pour 1 000 personnes, un lit d'hôpital pour 100 personnes et 7 pharmacies pour 1 000 personnes : des proportions qui témoignaient d'une surcapacité mal exploitée, mal équipée et généralement inefficace. L'état général du système médical s'est encore dégradé après l'indépendance, faute de moyens financiers. Des pénuries d'équipements et de médicaments se sont alors fait sentir et de nombreuses cliniques rurales ont dû mettre la clé sous la porte. Cette crise a en outre été accentuée par l'absence de capacités de gestion locale du système de santé (tout était géré par Moscou) et par un faible accès aux infrastructures médicales pour la population, notamment rurale. Selon les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé, plus de 78 % des patients des hôpitaux azéris devaient effectuer des paiements illégaux, en argent ou en nature, pour espérer être soignés.
Une réforme du système de santé a été lancée en 1998, visant à une privatisation croissante des soins et notamment de l'accès aux soins primaires. Les fonds publics ont considérablement baissé dans ce secteur, jusqu'à devenir inférieurs aux montants alloués avant l'indépendance. En 2000, seulement 0,9 % du PIB était alloué à la santé. L'un des indicateurs de cette faillite du système de santé était le taux de mortalité infantile et maternelle : le taux d'enfants décédés en bas âge se monte à plus de 31 cas pour 100 000 naissances, alors que ce taux n'était à l'époque que de 0,49 pour 100 000 en Europe. Le système de santé local est en outre confronté à des enjeux sanitaires particuliers au pays. La guerre du Haut-Karabakh a notamment mis les infrastructures hospitalières à l'épreuve, notamment entre 1992 et 1994. De plus, le pays est marqué par un fort taux de mortalité lié aux maladies respiratoires (79,4 pour 100 000 contre 63 pour 100 000 en Europe), ainsi que par l'apparition de nombreuses maladies dues à la pollution de l'eau. Autant d'éléments qui ont poussé le gouvernement à une réforme rapide du système de santé, allant de pair avec l'Éducation. Ces deux ministères monopolisent aujourd'hui près de 12% du budget annuel de l'État, et les constructions d'hopitaux, les campagnes de vaccination des enfants autant que la formation de médecins en Russie ou en Europe a permis d'améliorer très largement la situation à Bakou et dans les principales villes du pays.
La période soviétique avait oeuvré en faveur de l'émancipation des femmes en Azerbaïdjan, comme dans la plupart des républiques soviétiques musulmanes. Tendance qui s'est poursuivie en Azerbaïdjan après l'indépendance, contrairement à l'évolution qu'ont connue d'autres républiques d'Asie centrale. Dès 1993, le président Aliyev nommait une femme à un poste équivalent à la vice-présidence du pays (Lala-Shovket Gajiyeva a occupé la fonction de secrétaire d'Etat de juillet 1993 à janvier 1994, avant d'être nommée représentante permanente aux Nations unies).
La Constitution de 1995 interdit les discriminations contre les femmes et, cette même année, le pays adhère à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. En 1998, le gouvernement crée un comité d'Etat de la condition féminine et lance, deux ans plus tard, un plan d'action national sur la situation des femmes, dont l'objectif est de prévenir la violence, la traite des femmes et la prostitution. De nombreuses organisations non gouvernementales veillent au respect des droits des femmes, et celles-ci sont également actives en politique : en 2002, les femmes parlementaires et hauts fonctionnaires ont créé la Coalition des femmes d'Azerbaïdjan, impliquée dans les prises de décision sur la résolution des conflits.
Les femmes azéries ont donc un statut social que doivent leur envier bien de leurs homologues d'Asie centrale, sans parler de l'Iran. Toutefois, ces abondantes dispositions légales et les activités militantes des femmes urbaines ne sont pas totalement venues à bout de la tradition patriarcale fortement ancrée dans la société, notamment rurale. Alors que les jeunes femmes de la capitale sont totalement occidentalisées dans leur mise, celles de la campagne sont encore parfois voilées (elles portent un foulard sur les cheveux, les visages ne sont pas dissimulés). Surtout, la violence conjugale semble être toujours très présente et demeurer taboue. Enfin, la prostitution se développe dans le pays, ainsi que le trafic de femmes azéries de l'Asie centrale vers l'Europe.
La société azérie est marquée par un véritable fossé générationnel : alors que les plus âgés n'ont connu que le système soviétique et ont souvent eu du mal à s'adapter aux nouvelles logiques de la post-indépendance, la génération des trentenaires a été éduquée sous le communisme, mais a commencé à travailler dans le nouveau contexte économique et politique des années 1990. Quant aux plus jeunes, ceux qui ont 20 ans aujourd'hui, l'éducation communiste de leurs aînés leur est totalement étrangère : les valeurs et repères sociaux sont donc radicalement différents entre la génération des moins de 20 ans et celle des plus de 30 ans.
En 2003, une enquête sociologique inquiétante a fait apparaître un taux de chômage de 67 % chez les jeunes entre 18 et 34 ans, qui constituaient à l'époque 65 % de la population du pays. Le président Ilham Aliyev a dès 2004 lancé un plan quinquennal visant à créer 600 000 nouveaux emplois réservés à cette tranche d'âge, dont les résultats ont permis d'améliorer sensiblement la situation, en grande partie grâce au boom pétrolier et au " constructivisme " de ces dernières années.
Après ces années d'investissement, le président a promis en 2011 de s'engager sur la voie de l'augmentation des salaires, en particulier de ceux des fonctionnaires. La hausse des revenus est déjà sensible à Bakou et dans les villes du littoral de la Caspienne. Elle va de pair avec une forte augmentation des dépenses sociales visant à améliorer la qualité de vie et la santé de la population. En conséquence, la consommation intérieure du pays est en forte hausse ces dernières années. Aujourd'hui, un tiers des jeunes de 18 à 34 ans gagne un salaire supérieur à celui de la génération précédente. Ils profitent également des nouvelles technologies puisque la couverture du pays est désormais assurée pour les téléphones cellulaires, dont tous les jeunes en sont évidemment équipés. Avec la généralisation des cafés Internet et des smartphones (essentiellement à Bakou et dans les grandes villes du pays comme Gyanja), l'accès à l'information internationale s'est amélioré même si les monopoles d'Etat ne permettent pas la libéralisation de la toile. En outre, s'il est aisé et plutôt bon marché de se connecter via des cafés Web, le coût d'un forfait Internet pour un particulier demeure prohibitif au regard des revenus moyens de la population.
Si la situation globale est donc en très nette amélioration à Bakou, elle n'évolue pas à la même vitesse dans les provinces. Certes des routes neuves desservent désormais tous les villages et des écoles poussent un peu partout, mais Bakou centralise l'essentiel du marché de l'emploi et les conditions de vie dans le reste du pays demeurent précaires. Le prochain chantier pour l'Azerbaïdjan sera certainement d'offrir aux populations des villages de campagne et de montagne les mêmes chances qu'aux Bakinois.
L'Azerbaïdjan, Etat officiellement laïc, est très fier de sa tolérance religieuse. Le mélange de populations qui caractérise le pays entraîne en effet une diversité religieuse très marquée, les différentes confessions cohabitant jusqu'à présent sans problème.
Animisme. L'animisme était la croyance dominante en Azerbaïdjan, avant le développement du zoroastrisme et l'arrivée de l'islam. Ces deux dernières religions ont d'ailleurs été fortement imprégnées d'animisme à leurs débuts et en gardent encore quelques traces. On a peu d'informations précises sur les pratiques animistes de la région, mais on en trouve encore quelques vestiges mêlés à d'autres religions actuelles. L'église de Kish, par exemple, abrite un puits dans lequel se trouvent des crânes de chèvres, une preuve que l'église a été construite sur le site d'un ancien temple païen (les chèvres étaient alors le symbole du soleil). Les peintures rupestres du site de Gobustan portent des représentations de shamans, une autre indication de l'existence passée de pratiques animistes. Enfin, même les pratiques musulmanes actuelles comportent quelques traces de ces croyances anciennes, comme on peut le voir sur le site de Besh Barmaq.
Zoroastrisme. Première religion monothéiste au monde, le zoroastrisme est né en Perse et a prospéré sur la base des pratiques animistes qui avaient alors cours en Azerbaïdjan (le site de Gobustan montre de nombreuses représentations de shamans). Le zoroastrisme a dominé dans la région jusqu'au VIIe siècle, avant d'être évincé par l'islam. Les fidèles ont alors fui vers l'Inde et l'Iran, qui abritent encore une communauté de zoroastriens. En Azerbaïdjan, cette croyance n'est plus qu'un héritage culturel, symbolisé par le temple du Feu proche de Bakou. Le zoroastrisme a cependant marqué plusieurs siècles de l'histoire du pays, et reste l'une des particularités culturelles et religieuses de cette partie du monde.
Islam. L'islam est la religion majoritaire du pays (94 % de la population), mais les musulmans azéris sont eux-mêmes divisés entre chiites (70 % d'entre eux environ, ce qui fait de l'Azerbaïdjan le deuxième pays chiite au monde après l'Iran) et sunnites (30 %). L'islam est arrivé en Azerbaïdjan à partir du VIIe siècle avec les invasions arabes. Les Arabes n'ont pas vraiment procédé à des conversions forcées, mais ont mis en place un système d'incitations à la conversion et de sanctions contre les non-musulmans suffisamment persuasif pour que la majorité de la population abandonne les pratiques animistes qui avaient alors cours.
L'islam azéri est sunnite jusqu'au tout début du XVIe siècle, date à laquelle le premier shah de la dynastie des Safavides impose le chiisme comme religion d'Etat. Il s'agissait alors d'une décision stratégique, bien éloignée des croyances véritables de la population. Néanmoins la conversion s'est opérée et a perduré jusqu'aujourd'hui.
La religion est fortement réprimée durant toute la période soviétique : la quasi-totalité des 2 000 mosquées que comptait le pays avant 1920 est fermée en 1930. Dans les années 1980, Bakou n'a plus que 2 grandes et 5 petites mosquées en activité, et l'ensemble des musulmans du reste du pays ne dispose que de 11 mosquées supplémentaires.
La pratique religieuse ne s'éteint pourtant pas, malgré la répression : des milliers de domiciles privés sont spontanément transformés en maisons de prière secrètes. L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev en Union soviétique marque le début d'une période de détente religieuse. De nombreuses mosquées sont alors construites, souvent avec le soutien financier de l'Iran, du sultanat d'Oman et de l'Arabie saoudite. Le retour du religieux s'accentue après l'indépendance de l'Azerbaïdjan : en 1991 et, en 1993, le président Aliyev est béni par un chef religieux lors de son intronisation à la tête du pays. L'islam azéri reste toutefois très souple et les mosquées ne connaissent pas une fréquentation massive. Contrairement à l'Iran, où le chiisme est également majoritaire, l'Azerbaïdjan est resté un Etat laïc, les femmes ne sont pas voilées, l'alcool est autorisé, la liberté de culte respectée.
Christianisme. La deuxième religion du pays est le christianisme. Celui-ci est arrivé très tôt en Azerbaïdjan, dès le Ier siècle de notre ère. Il s'est, à l'époque, essentiellement ancré dans la vallée d'Araz (république autonome de Nakhchivan) et dans les montagnes du Caucase, alors connues sous le nom d'Albanie. La christianisation a connu une autre vague sous influence géorgienne et arménienne, au IVe siècle, qui a progressivement imposé une forme nestorienne. L'influence arabe, à partir du VIIe siècle, a entraîné la conversion d'une grande partie de la population. Le village de Kish, par exemple, qui abrite l'une des plus anciennes églises catholiques du pays, est aujourd'hui peuplé presque exclusivement de musulmans. L'Eglise albanaise a néanmoins survécu jusqu'au début du XIXe siècle, date à laquelle les Russes, qui occupaient alors le pays, ont imposé des prêtres arméniens et géorgiens à la petite frange de population encore fidèle au culte chrétien.
L'arrivée massive de Russes au cours de l'occupation du XIXe siècle a renforcé le nombre de chrétiens du pays, mais en développant principalement le culte orthodoxe, dont on peut encore admirer de nombreuses églises dans tout l'Azerbaïdjan. Les Russes ont également importé quelques sectes orthodoxes, alors que les chrétiens arméniens fuyant l'Empire ottoman s'installaient dans la région du Haut-Karabakh. La période soviétique n'a pas épargné les lieux de culte chrétiens. De nombreuses églises ont été fermées ou détruites lors de la répression religieuse des années 1930. Le conflit du Haut-Karabakh a également entraîné la fermeture des églises arméniennes. Les églises orthodoxes du pays sont toujours actives, et les chrétiens jouissent d'une entière liberté de culte.
Judaïsme. Les Juifs se sont installés très tôt en Azerbaïdjan, où ils constituent aujourd'hui encore des communautés importantes. La communauté la plus représentative des Juifs des montagnes est implantée à Krasnaya Sloboda, de l'autre côté de la rivière de Guba, dans ce qui constitue l'une des seules villes exclusivement juives hors Israël ! Mis à part une courte période pendant la répression religieuse soviétique, le judaïsme n'a jamais été brimé en Azerbaïdjan et de nombreuses synagogues sont encore actives dans les villes du pays. Les Juifs constituent toutefois une très faible proportion de la population azérie.
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