Guide de l'Afghanistan : Histoire
L'Afghanistan a toujours été l'objet de convoitises. Plaque tournante en Asie centrale, le pays constituait la voie de passage vers la Chine sur la route de la soie. Il est ensuite devenu un Etat tampon entre l'Empire russe et la colonnie britannique des Indes. Aujourd'hui, l'Afghanistan a toujours un emplacement stratégique (frontières avec l'Iran, le Pakistan et la Chine), notamment pour les Etats-Unis qui y garderont des bases militaires après le désengagement de l'OTAN en 2014.
VIe siècle avant J.-C. > Conquête de l'Afghanistan par Cyrus.
Invasion de la région par le Perse Darius Ier.
329 avant J.-C. > Le Grec Alexandre le Grand envahit à son tour la région : il franchit l'Hindu Kush et investit la Bactriane.
IIe et Ier siècles avant J.-C.> Apogée du royaume grec de Bactriane. Invasions des Scythes, des Parthes et des Kouchans bouddhistes. Progrès du bouddhisme.
Ve et VIe siècles après. J.-C.> Les Huns Hephthalites, ou Huns Blancs.
L'islam : du VIIe siècle au XVIe siècle
871 > Les Arabes arrivent à Hérât.
Ils introduisent la religion musulmane en Asie centrale. Prise de Kaboul par Yakoub ibn Laith, de la dynastie des Saffarides.
977-1186 > Dynastie ghaznavide. Les Türks, sous le règne du sultan Mahmud de Ghazni, font momentanément de l'Afghanistan le centre de l'hégémonie et de la civilisation islamiques. La capitale est Ghazni.
1363-1364 > Les Mongols de Gengis Khan envahissent l'Afghanistan. Conquête des territoires du sud de l'Amou-Daria. Règne des Mongols.
Début de la conquête de l'Asie centrale par Tamerlan (1336-1405).
1506 > Babur (ou Zahir al-Din Muhammad) fonde un empire en Inde à partir de ses bases de Kaboul. Dynastie des Baburides jusqu'en 1707.Le dernier Timuride abandonne Hérât.
Les premières dynasties afghanes : XVIIIe et XIXe siècle
1793-1838 > Mir Waïs, Pachtoune ghilzaï, prend le contrôle de Kandahar. Son fils Mahmud prend Hérât puis Isfahan (Ispahan). Empire du Türk Nader Shah : nord-est de la Perse, actuel Afghanistan, la Transoxiane et une partie de l'Inde du Nord. Les Pachtounes, sous le règne d'Ahmad Khan, fondent la première dynastie afghane indépendante. Règne de Timur Shah, fils d'Ahmad Shah. Querelles fratricides. Anarchie.
XIXe siècle : le " Grand Jeu ". L'Afghanistan tiraillé entre Russie et Empire britannique des Indes.
26 mai 1879 > Dost Mohammad (émir de Kaboul) fonde une seconde dynastie. Les Britanniques, inquiets des ambitions persanes et russes, décident d'intervenir en Afghanistan. Kandahar est envahie. Les Britanniques évacuent Kaboul. Dost Mohammad rétablit son pouvoir et règne sans partage jusqu'à sa mort en 1863. Signature, à Gandamak, d'un traité qui reconnaît Yakoub Khan comme émir.
Début du XXe siècle
1901-1919 > Abdur Rahman réussit le premier à exercer un véritable contrôle sur la totalité du pays.
Règne d'Habibullah.
1907 > Traité anglo-russe qui donne l'autonomie à l'Afghanistan.
1919 > Assassinat d'Habibullah. Son fils Amanullah lui succède. 3e guerre afghane : le pays acquiert son indépendance, laquelle est entérinée par le traité de Rawal Pindi, en 1921.
Le royaume d'Afghanistan : 1926-1973
14 janvier 1928 > L'émir Amanullah abdique. Le 17 janvier, Habibullah se proclame roi. Les troupes pachtounes envahissent Kaboul le 10 octobre.
Octobre 1931 > Le général Mohammed Nadir Shah devient roi. Nouvelle Constitution : monarchie constitutionnelle.
Novembre 1933 > Nadir Shah est assassiné. Son fils Zaher Shah est proclamé roi de l'Afghanistan.
1950 > L'Afghanistan conserve sa neutralité durant la Seconde Guerre mondiale. Partition de l'Inde et du Pakistan après le départ de Britanniques.
Accord commercial entre l'Afghanistan et l'URSS.
1961 > Mohammed Daoud (1908-1978), cousin du roi, devient Premier ministre et met au point un programme de modernisation économique et sociale avec l'aide soviétique. Tensions afghano-pakistanaises. La frontière est fermée de septembre 1961 à janvier.
1963 > L'opposition pousse Daoud à la démission et une monarchie constitutionnelle est mise en place. Les partis politiques sont interdits.
1er janvier 1965 > Création du PDPA (Parti démocratique du peuple afghan), pro-communiste et pro-soviétique.
La république d'Afghanistan : 1973-1977
17 janvier 1973 > Coup d'Etat de Daoud, qui, avec l'appui militaire russe, renverse son cousin Zaher. Ce dernier abdique, en août, et s'installe en Italie.
1977 > Daoud est élu président de la République.
Le régime communiste : 1978-1989
27 avril 1978 > Coup d'Etat du PDPA et assassinat de Daoud. Muhammad Taraki (1917-1979) devient président de la nouvelle République démocratique d'Afghanistan (pro-soviétique), Babrak Karmal devient vice-président.
27 mars 1979 > Bombardement d'Hérât par l'aviation gouvernementale. 50 000 morts.
Hafizullah Amin, qui a marginalisé Taraki, devient Premier ministre. Insurrection en province.
14 septembre 1979 > Coup d'Etat d'Hafizullah Amin, suivi de l'assassinat de Muhammad Taraki.
24 décembre 1979 > Entrée des troupes soviétiques en Afghanistan. Babrak Karmal devient chef du gouvernement.
L'occupation soviétique : 1979-1989
Janvier 1980 > Les troupes soviétiques envahissent la majeure partie du pays et combattent la rébellion anti-communiste. Reprise de l'aide américaine au Pakistan.
1980-1986 > L'insurrection contre l'invasion soviétique se généralise. 3 millions de réfugiés au Pakistan. Des musulmans de nombreux pays (dont le Saoudien Oussama Ben Laden) rejoignent l'Afghanistan afin de se battre contre les Soviétiques. La CIA commence à apporter un soutien matériel et financier à divers groupes de la résistance afghane, dont les mouvements composés " d'étrangers ".
30 novembre 1986 > Mohammed Najibullah remplace Babrak Karmal à la tête du gouvernement. Les résistants reçoivent des missiles sol-air de type Stinger.
14 avril 1988 > Gorbatchev annonce le retrait d'une partie des troupes soviétiques d'Afghanistan dès le 15 mai. Accords de Genève entre le gouvernement de Kaboul, l'URSS, le Pakistan et les Etats-Unis. L'opposition afghane rejette ces accords.
La guerre civile : 1989-2001
15 février 1989 > L'armée Rouge est vaincue par le djihad. Les dernières troupes soviétiques passent l'Amou-Daria. Début de la guerre civile qui oppose le gouvernement communiste et la résistance.
1990-1991 > Début de la guerre du Golfe et du débarquement des troupes américaines en Arabie Saoudite. Les combats se poursuivent entre forces gouvernementales communistes et partis de la résistance.
19 avril 1992 > Démission de Mohammed Najibullah. Fin du régime communiste et début de la guerre civile entre factions moudjahidines, divisées selon des critères religieux, ethniques et régionaux. Les partis de la résistance forment un gouvernement provisoire, présidé par Sibghatullah Mojaddedi. Mais les chiites refusent de le reconnaître.
26 avril 1992 > Ahmad Shah Massoud, Tadjik et islamiste modéré, entre dans Kaboul avec plusieurs milliers d'hommes et devient ministre de la Défense en mai.
28 juin 1992 > Burhanuddin Rabbani, islamiste modéré du Jamiat-e-Islami, est nommé président intérimaire, puis élu chef du gouvernement en décembre.
1992-1994 > Un gouvernement issu de la résistance afghane prend le pouvoir, mais il y a des dissidences internes. Guerre de partis.
7 mai 1993 > Malgré un accord de paix entre les factions rivales, les affrontements continuent au sud de Kaboul. Massoud démissionne du gouvernement, lequel est recomposé autour de Gulbuddin Hekmatyar, un fondamentaliste appartenant à l'ethnie pachtoune, majoritaire dans le pays.
5 novembre 1994 > Début de l'offensive des talibans et conquête progressive des différentes provinces du pays. Les talibans prennent le contrôle de Kandahar.
2 février 1995 > Soutenus par l'armée pakistanaise, les talibans conquièrent la majeure partie du pays (sauf le réduit tadjik au nord-est) et instaurent une dictature fondamentaliste. 3 000 talibans pakistanais quittent Peshawar pour l'Afghanistan. Les talibans s'installent dans la province de Wardak, à 40 km de Kaboul.
4 avril 1996 > Blocus du Hazarajat par les talibans. Le mollah Omar est proclamé Commandeur des Croyants à Kandahar par une assemblée d'oulamas et de mollahs.
26 septembre 1996 > Oussama Ben Laden, fuyant l'Arabie Saoudite et après un séjour de deux ans au Soudan, retourne en Afghanistan. Il diffuse " une déclaration de djihad contre les Américains ". Les talibans entrent dans Kaboul. Najibullah est exécuté le lendemain.
Le régime taliban : 1994/1996-2001
26 octobre 1997 > Violents combats dans le Nord. Echec des talibans.
L'Afghanistan devient l'émirat islamique d'Afghanistan.
26 mai 1997 > Le Pakistan est le premier pays à reconnaître officiellement le régime taliban. Il sera bientôt suivi par l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.
Février 1998 > Ben Laden et les responsables de quelques groupuscules islamiques extrémistes créent un " Front islamique international contre les juifs et les croisés ", dont la charte fondatrice précise les menaces contre les Etats-Unis.
Avril 1998 > Echec du processus de paix proposé par l'ONU.
13 septembre 1998 > Les villes du Nord passent sous contrôle taliban. Massoud défend le Badakhshan et le Panjshir. Les ONG quittent Kaboul. L'U.E. ferme ses bureaux. Les talibans prennent Bamiyan. Famine dans le Hazarajat.
24 janvier 1999 > Formation de l'Alliance du Nord par différents commandants résistant aux talibans, présidée par Massoud.
Mars 2000 > Echec des talibans contre Massoud, dans le Nord.
11 mars 2001 > A la suite d'un décret du mollah Omar, les bouddhas de Bamiyan sont dynamités.
4 avril 2001 > Massoud fait la tournée des capitales européennes.
9 septembre 2001 > Le commandant Massoud est victime d'un attentat suicide. Il sera remplacé à la tête du Front uni du Nord par son ancien chef des services de renseignement, le général Mohammad Fakhim.
11 septembre 2001 > Attentats aux Etats-Unis. Oussama Ben Laden, fondateur du réseau Al-Qaïda, est tenu pour responsable. Le régime des talibans devient dès lors la cible première des Etats-Unis dans leur lutte contre les réseaux terroristes.
Octobre 2001 > Bombardements américains en Afghanistan, sur les bases d'entraînement terroristes.
27 novembre 2001 > Chute du régime taliban. Mise en place d'un régime de transition.
L'Alliance du Nord prend Mazar-e-Charif. Ismaël Khan reprend le contrôle d'Hérât. Le 13 novembre, les troupes de Massoud entrent dans Kaboul. En décembre, les talibans abandonnent Kandahar. Conférence de Königswinter entre les différents partis afghans, sous l'égide des Nations unies. Le 5 décembre, le leader pachtoune Hamid Karzaï est désigné chef du gouvernement intérimaire.
2001-2012
22 janvier 2002 > Une soixantaine de pays s'engagent à fournir à l'Afghanistan une aide de 4,5 milliards de dollars sur 5 ans. En mars, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte une résolution mettant en place la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (Minua), chargée de coordonner la reconstruction du pays.
18 avril 2002 > Retour de Zaher Shah en Afghanistan, en tant que simple citoyen.
2003 > L'OTAN prend le commandement de l'ISAF.
4 janvier 2004 > Adoption d'une nouvelle Constitution, instaurant un régime présidentiel et, entre autres, l'égalité entre les hommes et les femmes.
9 octobre 2004 > Hamid Karzaï remporte l'élection présidentielle avec plus de 55% des suffrages. Il nomme un gouvernement dont la plupart des chefs de guerre sont exclus au profit de ses proches.
2005 > Elections législatives. Plus de la moitié des 249 élus de l'Assemblée sont d'anciens moujahidines.
2006 > Les opérations armées et les attaques suicides des talibans se multiplient dans le Sud du pays. L'OTAN étend sa mission à l'ensemble du territoire. 12 000 soldats américains passent sous son commandement, ce qui porte ses forces à environ 30 000 hommes. Kaboul commence à accuser très régulièrement le Pakistan de soutenir les talibans afghans sur son sol.
2007 > Lancement par l'Otan de l'opération " Achille " destinée à sécuriser le Sud du pays. Les Talibans prennent en otage 23 évangélistes sud-coréens à Ghazni. Ils exigent en échange des otages la libération du même nombre de prisonniers talibans. Faute d'accord avec le gouvernement afghan, ils exécutent deux d'entre eux.
2008 > Les attaques suicides s'intensifient : c'est l'année la plus meurtière pour les civils depuis la chute des talibans (2 118 morts selon un rapport des Nations Unies). 10 soldats français sont tués en août dans l'embuscade d'Uzbeen, en Surobi, à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul. Le président américain George W. Bush annonce l'envoi de renforts en Afghanistan, tout comme l'Allemagne augmente aussi sa participation de 1 000 hommes.
20 août 2009 > Elections présidentielle et provinciales. La participation est faible, en particulier dans le Sud et le Sud-Est du pays, bastions des talibans, qui ont menacé de punir ceux qui iraient voter. La réelection d'Hamid Karzaï à la présidence est contestée, entachée de " fraudes massives ".
Encore renforcé, le contingent américain atteint 100 000 hommes.
2010 > L'idée d'un dialogue avec une partie des talibans est débattue lors d'une conférence à Londres. Le président Karzaï entame des pourparlers avec le mouvement rebelle Hezb-e-islami de Gulbuddin Hekmatyar. En juillet, le site Wilkileaks embarrasse Washington en diffusant des milliers de documents secrets sur la guerre en Afghanistan. Les élections législatives sont marquées par les fraudes et l'insécurité. L'OTAN décide que la majorité des soldats devront avoir quitté l'Afghanistan d'ici fin 2014.
2011 > Hamid Karzaï lance le processus de transfert de la sécurité du pays aux forces afghanes. Peu à peu, les forces de la coalition passent le relais à l'armée et à la police afghanes. Le processus commence dans les provinces et districts les plus stables et doit s'étendre, d'ici 2014, à l'intégralité du pays.
Libération d'Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponier, les deux journalistes français détenus en otage depuis 18 mois. L'année 2011 est la plus meurtrière pour les soldats français depuis le début de leur engagement en Afghanistan (26 morts). Le président Nicolas Sarkozy amorce le retrait des militaires : retour en France de 200 soldats.
L'ancien président Burhanuddin Rabbani, à la tête du Haut Conseil national pour la paix chargé par le gouvernement de négocier la paix avec les talibans, est tué dans un attentat suicide à Kaboul.
2012 > Les talibans et Washington annoncent un accord concernant l'ouverture d'un bureau politique au Qatar, en vue de mener des négociations de paix. Kaboul semble exclu de ces possibles négociations. Même si les insurgés annoncent les suspendre quelques mois plus tard, des prémices de dialogue sont donc engagées avec les Etats-Unis.
Un partenariat stratégique est également signé entre Washington et Kaboul. Celui-ci définit les modalités de la présence américaine en Afghanistan après le retrait des unités de combat de la coalition en 2014.
François Hollande, élu en mai 2012, accélère le retrait français : la grande majorité rentrera avant fin 2012. Il en restera 1 500 en 2013, chargés de parfaire la formation des militaires et d'assurer le retour en France du matériel (véhicules, armes...).
La préhistoire de l'Afghanistan est encore mal connue des historiens. Sous l'Antiquité, Cyrus (559-530 avant J.‑C.) étend les limites de l'Empire perse achéménide jusqu'à l'Indus. Darius (521-486 avant J.‑C.) réorganise l'empire. Tout le territoire actuel de l'Afghanistan est annexé. Diverses religions coexistent alors dans l'empire et, au VIe siècle, le zoroastrisme est prêché.
Alexandre de Macédoine, dit Alexandre le Grand, commence son épopée en 331 avant J.‑C. Il se lance à la conquête de l'Empire achéménide. Il établit sa base à Bactres (l'actuelle Balkh) et meurt à Babylone en 323 avant J.‑C. Au Ier siècle, les royaumes hellénistiques disparaissent au profit des Yu-Tche, ou Scythes. Les Kouchans conquièrent la Bactriane au Ier siècle. Quatre dynasties kouchans se succèdent jusqu'au IVe siècle. Le plus connu des empereurs de cette dynastie est Kanishka, qui régna pendant 23 ans. En 371, les Huns Hephtalites prennent Balkh.
Hérât, à l'ouest, est la première ville islamisée en 651. Kaboul est prise par les Arabes en 663, mais pas pour longtemps. Il faudra attendre 871 pour que Yakoub ibn Laïth, le fondateur de la dynastie des Saffarides, s'empare de Kaboul. Le bouddhisme disparaît petit à petit.
En 1022, les Ghaznavides contrôlent l'actuel Afghanistan ainsi qu'une grande partie de l'Inde du Nord. C'est le début d'une grande dynastie. La capitale, Ghazni, connaît une importante expansion sous les règnes de Mahmud puis de son fils Massoud. Littérature, architecture, arts, le royaume est un brillant centre de civilisation. Toutefois, à partir de 1149, une nouvelle puissance s'affirme, celle des Ghorides. En 1150, Ghazni est prise par Alaouddin Hussein, qui la détruit. L'Empire ghoride ne dure pas longtemps, l'armée mongole n'est plus très loin. Gengis Khan, maître de la Mongolie en 1208, décide de se lancer à la conquête du monde. En 1221, il est à Balkh. Carnage, pillage, destruction, esclavage, les techniques utilisées sont toujours les mêmes. Son petit-fils préféré est tué à Bamiyan. Gengis Khan lance alors un terrible assaut sur la cité ; Ghazni et Hérât seront rasées. A la mort de Gengis Khan, en 1227, son empire est partagé entre ses fils.
L'époque des Timurides succède à la folie mongole. Appelé également Tamerlan, le boiteux, Timur, d'origine türko-mongole, s'allie en 1361 avec l'émir de Balkh. Et décide, lui aussi, de se lancer à la conquête du monde. Plus tard, ses fils se partageront son empire, dont ils feront un véritable centre de la culture et des arts. Mais 1506 sonne la fin de l'Empire timuride.
Au nord-est, un nouvel empire s'apprête à émerger, celui de la dynastie des Grands Moghols, dont l'empereur est Babur, qui occupe Kaboul en 1504 et s'empare de Kandahar en 1507. Il meurt en 1530 et est enterré à Kaboul. L'Empire moghol perdure jusqu'en 1707. Des clans ouzbeks sont installés dans la vallée de l'Amou-Daria ; le Nord-Ouest est sous contrôle des Persans safavides.
En 1703, les Baloutches s'emparent de Kandahar, mais Mir Waïs, un Pachtoune sunnite, reprend la ville en 1708.
Nader Shah, grâce à son armée hétéroclite, parvient à se tailler un vaste empire. Il se proclame roi de Perse, avant d'être assassiné en juin 1747.
En octobre 1747, Ahmad Shah, de la tribu des Durrani, est proclamé émir. C'est la création de l'Etat afghan - bien que l'Etat afghan à proprement parler soit organisé plus tard par Abdur Rahman Khan (1880-1901), appelé l' " émir de fer ". Dès 1749, Ahmad Shah repousse les frontières de son empire en s'emparant de Delhi en 1757. Il meurt en 1772. Il est considéré comme le père fondateur de l'Afghanistan et porte le titre de " Bâbâe Melat ", qui signifie " père de la nation " en pachtou.
Son fils Timur lui succède et transfère la capitale à Kaboul. A sa mort en 1793, ses fils ne s'entendent pas sur la succession. L'Afghanistan vit alors une période d'anarchie d'une quarantaine d'années. A partir de 1818, le clan des Sadozaï et le clan des Durrani se disputent le pouvoir. Dost Mohammed, de la tribu des Barakzaï, contrôle Kaboul à partir de 1826 et tente d'imposer son autorité aux différentes tribus pachtounes. En 1836, il prend le titre d'émir. Le royaume afghan est réduit.
En 1805, les Britanniques possèdent le Pendjab, le Cachemire et le Sind. L'East India Compagny songe à étendre son empire vers l'ouest. A cet effet, plusieurs agents secrets sont envoyés en Afghanistan, dont Charles Masson, de son vrai nom James Lewis, qui arrive en 1827, après avoir déserté l'armée britannique. Il reste dans la région jusqu'en 1840. A cette époque, les Britanniques s'inquiètent de plus en plus des ambitions russes en Asie centrale. De leur côté, les Russes s'allient aux Persans. Le 7 août 1839, les troupes britanniques entrent dans Kaboul. Dost Mohammed doit démissionner, Shah Chudjah le remplace. Les Britanniques s'installent près de Kaboul et fondent une mission britannique. Mais très vite des émeutes éclatent et, en janvier 1842, c'est la retraite. Durant celle-ci, de nombreux Anglais se font tuer ou capturer : l'armée perd 16.000 hommes. Shah Chudjah est assassiné en avril 1842. Les Britanniques renvoient alors des hommes en Afghanistan, qui, en représailles des assassinats d'émissaires britanniques, incendient le bazar de Kaboul ainsi que les villages d'Istalif et de Charikar. En octobre, les troupes britanniques retournent en Inde. Dost Mohammed revient en Afghanistan et signe deux traités avec les Britanniques, lui permettant notamment de reprendre la ville d'Hérât en 1863. Le 20 novembre 1878, trois colonnes britanniques entrent en Afghanistan. Jalalabad, la vallée de Korram puis Kandahar sont occupées. Le 26 mai 1879, le dirigeant afghan Yakoub Khan signe le traité de Gandomak avec l'état-major britannique. Ce traité marque la reconnaissance par l'émir afghan de possessions anglaises dans des zones pachtounes et fait perdre à l'Afghanistan sa souveraineté externe. Suite au meurtre du représentant britannique, Louis Cavagnari, une armée anglaise envahit la capitale et Yakoub Khan est démis de ses fonctions. Pendant ce temps, Abdur Rahman s'approche de Kaboul avec ses troupes. Le 20 juillet 1880, il est à Charikar. Après négociations avec les Anglais, il devient en 1880 émir de l'Afghanistan. Les Britanniques lui font confiance et évacuent le pays en 1881.
Des négociations ont lieu entre Russes et Britanniques. Sir Mortimer Durand est chargé de délimiter la nouvelle frontière de l'Afghanistan, qui sera reconnue par la Russie en 1895. Pour éviter d'avoir une frontière commune, Russes et Britanniques donnent à l'Afghanistan le couloir du Wakhan.
Abdur Rahman dirige l'Afghanistan de 1881 à 1896. Il meurt en 1901. Son fils Habibullah est désigné comme son successeur. Il est assassiné en 1919, lors d'une partie de chasse. Son fils Amanullah prend le relais. Il entreprend toute une série de réformes en Afghanistan et entretient des liens avec l'étranger. Le 22 novembre 1921, le pays est déclaré indépendant.
On appelle " Grand Jeu " ou " Great Game " la rivalité entre les empires coloniaux britannique et russe, en Asie au XIXe siècle. Notamment la convoitise dont fait l'objet l'Afghanistan, pays tampon entre les deux empires. L'expression vient d'un capitaine de l'armée britannique, Arthur Connoly, mort à Boukhara. Il l'emploie dans une lettre qu'il envoie à son ami Rudyard Kipling, lequel la publie en 1901 dans son ouvrage Kim. Le roman de Kipling raconte la vie d'un espion travaillant, à cette période, pour l'Angleterre.
En 1933, Zaher Shah, fils de Nadir Shah, hérite du trône. Il est entouré de ses oncles qui gouvernent à sa place. L'idée d'un Pachtounistan se développe et, en 1947, l'Afghanistan est le seul pays à ne pas voter l'admission du Pakistan aux Nations unies, en soutenant que les droits des Pachtounes n'y sont pas respectés. Prenant parti contre le Pakistan, l'URSS soutient les thèses de l'Afghanistan pour l'autonomie des tribus pachtounes. Entre 1961 et 1963, la frontière afghano-pakistanaise est fermée.
En 1964, Zaher Shah demande à des juristes l'élaboration d'une nouvelle constitution. Inspiré de la Constitution française de la Ve République, ce texte établit un exécutif bicéphale, partagé entre le roi et le gouvernement, et affirme le principe de la responsabilité du gouvernement devant une Assemblée nationale élue au suffrage universel direct. Zaher Shah veut ainsi écarter des membres de la famille royale. Mais ce système échoue. Les Afghans ne se précipitent pas aux urnes. Sous Zaher Shah, l'éducation est promue, même pour les femmes. Il autorise ces dernières à sortir sans voile. Des universités sont créées. Les juges sont formés à la faculté de droit et non à celle de théologie (comme c'est le cas aujourd'hui). Le régime mène une politique libérale, ce qui mécontente mollahs et conservateurs. En 1971-1972, une grande famine sévit dans le Hazarajat et autour de Ghor, provoquant la mort de 100 000 personnes. Cet épisode montre le roi Zaher Shah sous son plus mauvais jour, comme étant incapable de soulager son peuple.
Le coup d'Etat a lieu dans la nuit du 16 au 17 juillet, alors que le roi Zaher Shah est en Italie. Conjointement mené par des officiers républicains et communistes, il propulse Daoud, cousin de Zaher Shah, à la tête du pays. Tout se passe en douceur. Le gouvernement est constitué de républicains et de communistes. Tous les gouverneurs sont remplacés. Et la population observe le tout avec indifférence. Daoud affiche ses liens avec l'URSS, pays avec lequel il mène une politique de rapprochement jusqu'en 1963. Toutefois, sa politique ne contente personne : ni les islamistes (Ahmad Shah Massoud, Hekmatyar) ni les libéraux. Le 17 avril 1978, Mir Akhbar Khayber, secrétaire général du PDPA (Parti démocratique du peuple afghan), est assassiné. Ses funérailles donnent lieu à des émeutes et des manifestations anti-américaines. Daoud arrête alors tous les dirigeants du PDPA, sauf Hafizullah Amin, qui y échappe. Les communistes préparent un coup d'Etat, prennent Bagram et, le 28 avril, se lancent à l'assaut du palais présidentiel.
Ahmad Shah Durrani (1722-1772)
En Afghanistan, on l'appelle " Baba ", le père, car il est considéré comme le père fondateur du pays. Né en 1722 dans le Penjab, il a créé l'Etat afghan en tant que tel. C'est aussi le fondateur de la dynastie des Durrani, au pouvoir en Afghanistan de 1747 à... 1973 ! Dès 1749, c'est lui qui a repoussé les frontières de l'empire en s'emparant du Cachemire en 1753 et de Delhi en 1757. Il meurt en 1772 à Kandahar, laissant le pouvoir à son fils Timur Shah.
Abdur Rahman Khan (1840-1901)
C'est lui qu'on surnomme " l'émir de fer ". Sa date de naissance reste floue, on la situe entre 1840 et 1844. Nommé émir en 1880, il jete les bases d'une administration centralisée, mais son nom est aujourd'hui associé à l'accord Durand pour lequel les Afghans ont développé un fort ressentiment. Le traité de la ligne Durand, signé en 1893, entre l'émir et Sir Henry Mortimer Durand, le secrétaire des Affaires étrangères du gouvernement britannique de l'Inde, faisait passer de vastes zones habitées par les Pachtounes d'Afghanistan sous contrôle administratif des Britanniques. C'est ainsi que l'Afghanistan prit sa configuration territoriale actuelle et acquit son statut d'État-tampon entre l'Empire des Indes et celui des tsars de Russie. Ce n'est qu'en 1919, au terme de la troisième guerre anglo-afghane, que l'Afghanistan retrouva la maîtrise de sa politique extérieure et son indépendance politique, sans les territoires perdus.
Le roi Zaher Shah (1914-2007)
Roi d'Afghanistan de 1933 à 1973, Zaher Shah naît à Kaboul le 15 octobre 1914. Second fils de Nadir Shah et de Mapawar Begum, il est le descendant du fondateur de la dynastie des rois pachtounes de la tribu des Durrani. Il passe la plus grande partie de son enfance en France et suit sa scolarité au collège de Montpellier puis à Paris, au lycée Janson de Sailly. Son père est ministre plénipotentiaire en France, avant d'être nommé roi en 1930. La famille rentre alors à Kaboul. Et, pendant un an, Zaher Shah suit les cours pour officiers d'infanterie à l'Ecole militaire de Kaboul. Marié en 1931, il aura sept enfants. En 1932, son père le nomme ministre de la Guerre puis de l'Education, en 1933. Le 8 novembre 1933, son père est assassiné. C'est à 19 ans que Zaher Shah est sacré roi d'Afghanistan. Il est mis sous tutelle par ses oncles. Au début des années 1960, Zaher Shah prend vraiment les rênes du pouvoir. En 1973, le roi part à Naples pour se faire soigner. Son cousin Daoud profite de son absence pour s'emparer du pouvoir et proclame la république le 17 juillet 1973. Zaher Shah abdique sans contestation et retourne en Italie. Et, en 1978, il est déchu de sa nationalité. Il lui a été beaucoup reproché de ne pas être assez proche de son peuple. Mais on lui doit de nombreuses réformes libérales. En 2002, après 29 années d'exil, Zaher Shah peut enfin rentrer en Afghanistan. Il préside la Loya Jirga, l'Assemblée traditionnelle, qui s'ouvre le 11 juin 2002. Il meurt le 23 juillet 2007, à Kaboul.
Ahmad Shah Massoud (1953-2001)
Né en 1953 à Bazarak, dans la vallée du Panjshir, dans une famille de notables tadjiks, Massoud passe une partie de son enfance à Hérât, où son père, colonel dans l'armée afghane, était affecté, puis à Kaboul. En 1964, il entre au lycée français Esteqlal puis s'inscrit à l'Institut polytechnique de Kaboul afin d'y suivre des études d'architecte.
En 1972, il rejoint le mouvement des étudiants islamistes fondé par Borhanuddin Rabbani. Et, dès 1974, il fait face à la répression du régime de Daoud. Il s'exile ensuite au Pakistan, comme d'autres personnalités islamistes, et prépare un coup d'Etat. En juillet 1975, à la tête de 37 hommes, il tente de soulever la vallée du Panjshir, sans succès. Massoud s'enfuit alors de nouveau au Pakistan. Le 18 mai 1979, il rentre en Afghanistan par le Nouristan, avec ses hommes. Il devient le symbole de la résistance afghane aux Soviétiques puis aux talibans. Dès juillet 1979, le Panjshir est entièrement contrôlé par Massoud et ses hommes. Massoud est un remarquable chef de guerre, bien qu'autodidacte. Il admire, entre autres, le général de Gaulle. Il attaque sans cesse les convois soviétiques qui passent par le tunnel de Salang. L'état-major soviétique lance six opérations contre son fief, entre 1980 et 1983. Organisé, il arrive assez vite à mettre en place une armée structurée. Vers 1983-1984, Massoud adopte une stratégie plus offensive. En 1986, il sort de sa vallée pour combattre dans d'autres régions du Nord (Takhar, Baghlan). Il parvient, malgré les dissensions entre les divers chefs de guerre, à étendre son influence aux provinces du Nord-Est de l'Afghanistan : Badakhshan, Kunduz, Balkh, Takhar, Baghlan, Samangan. Il sera le chef de l'Alliance du Nord, qui réunit les diverses factions de la résistance. Ahmad Shah Massoud est assassiné le 9 septembre 2001, au cours d'une attaque suicide menée par deux faux journalistes arabes envoyés par Al-Qaïda.
Dès 1950, l'idéologie marxiste séduit un nombre de plus en plus grand de jeunes Afghans. Beaucoup d'officiers ont été formés en URSS.
Le PDPA (Parti démocratique du peuple afghan) est fondé le 1er janvier 1965 par Nour Mohammad Taraki. Lors de la prise du pouvoir par les communistes, Daoud et toute sa famille sont massacrés. Le 30 avril 1978, le pouvoir est confié aux responsables communistes : Nour Mohammad Taraki devient président du Conseil révolutionnaire et Premier ministre, Babrak Karmal, vice-président et Hafizullah Amin, ministre des Affaires étrangères. Le régime se voulait indépendant. Il masquait alors ses liens avec l'URSS.
Le 24 décembre 1979, le soir de Noël, Moscou envoie en renfort ses troupes en Afghanistan, afin de soutenir le gouvernement communiste afghan mis en place. Les Spetsnatz, les forces spéciales soviétiques, entrent dans Kaboul, attaquent le palais présidentiel et tuent le président Hafizullah Amin, qui vient de prendre tous les pouvoirs après avoir tué Taraki. Ils installent à sa place Babrak Karmal. Ils occupent la capitale. Bon nombre d'Afghans entrent alors en résistance et la guerre commence. Les différentes factions sont armées par les grandes puissances pour combattre les Soviétiques (Etats-Unis via le Pakistan et Arabie Saoudite principalement). Le djihad (guerre sainte) est déclaré contre les Russes. C'est à cette époque que les terres ont été truffées de mines antipersonnel. En 1985 et 1986, la guerre atteint son pic : les bombardements sont fréquents. Fin 1986, les Etats-Unis fournissent à la résistance afghane des missiles Stinger.
A partir de ce moment, de nombreux hélicoptères et avions soviétiques sont abattus. Les Soviétiques veulent changer de tactique et remplacent, en 1986, Babrak Karmal par Najibullah. Le 8 février 1988, Gorbatchev annonce le retrait prochain des troupes soviétiques d'Afghanistan : les soldats commencent à quitter le pays en mai et le retrait devient effectif en février 1989. Cette guerre aura fait au moins 1,5 million de morts du côté afghan. Le retrait soviétique de 1989 fut suivi d'une lutte contre le régime du président Najibullah, qui resta au pouvoir jusqu'en 1992.
En 1992, Massoud et ses hommes marchent sur Kaboul et prennent le pouvoir. Mais les divers commandants qui ont combattu ensemble les Soviétiques ne parviennent pas à s'entendre.
Sibghatullah Mojadeddi devient président d'Afghanistan en avril 1992, remplacé trois mois plus tard par Burhanuddin Rabbani (chef du parti politique Djamiat), et Ahmad Shah Massoud devient ministre de la Défense. Les anciens communistes, s'exilent mais les divisions internes perdurent. Des combats opposent Massoud et Gulbuddin Hekmatyar (Pachtoune du Hezb-e-Islami, soutenu par les services secrets pakistanais).
La guerre civile éclate : les différentes ethnies se déchirent pendant près de trois années, avec les armes fournies en abondance par les Etats-Unis, le Pakistan et l'Arabie saoudite pour lutter contre les Soviétiques. Kaboul sera la ville la plus meurtrie par ces violents combats. Fin 1994, avant l'arrivée des talibans, l'Afghanistan est près de se désintégrer. Le pays est divisé en fiefs dirigés par des seigneurs de guerre pratiquement autonomes. C'est le chaos et l'anarchie, ce qui explique la popularité du mouvement des talibans à ses débuts.
Petit à petit, les talibans grignotent des territoires. D'abord, les provinces de Helmand et de Zabul, fin 1994, puis d'autres provinces du sud-est. En octobre 1996, les talibans lancent des roquettes sur Kaboul. La capitale commençait pourtant à retrouver une certaine stabilité. Environ 75 000 personnes quittent la ville. Fin mars 1996, un millier de religieux afghans se réunissent à Kandahar et déclarent la guerre sainte au gouvernement de Kaboul. Le 4 avril, le mollah Omar se recouvre du manteau saint du Prophète. Il est alors proclamé " Commandeur des Croyants ". Les combats se poursuivent dans tout le pays. Hérât est prise par les talibans et Kaboul tombe également fin septembre. Un gouvernement intérimaire est constitué par le mollah Omar.
Le régime taliban apporte la paix à cet Afghanistan littéralement déchiré. Pourtant les combats se poursuivent dans les provinces du Nord, toujours aux mains de Massoud. Mazar-e-Charif, sous contrôle de Dostom (chef ouzbek), est prise en septembre 1997 et, en août 1998, les talibans contrôlent la majeure partie du Nord, sauf la province du Badakhshan, qu'ils ne parviendront jamais à réduire.
Fin 1998, à l'exception du Nord-Est, les talibans sont maîtres de l'Afghanistan. Les interdictions pleuvent : les filles ne sont plus autorisées à aller à l'école, les hommes doivent porter la barbe, la musique est interdite, les combats d'animaux et les jeux de cerfs-volants sont proscrits. La consommation d'alcool peut être punie de mort et le vol d'une amputation de la main.
Le 9 septembre 2001, Ahmad Shah Massoud est assassiné dans le Nord par deux faux journalistes maghrébins envoyés par Al-Qaïda. Le 11 septembre 2001, les tours jumelles du World Trade Center, à New York, s'effondrent suite à un attentat organisé par l'organisation terroriste. Les Etats-Unis décident presque immédiatement d'envahir l'Afghanistan, pour mettre fin au régime taliban. Le 7 octobre 2001, ils lancent leurs premières frappes sur les bases des talibans en Afghanistan. En novembre 2001, Rabbani devient le président intérimaire de l'Afghanistan.
L'ISAF, la Force internationale d'aide à la sécurité, est créée par le Conseil de sécurité de l'ONU, en décembre 2001. Cette force militaire, dirigée par l'OTAN, a pour but d'assurer la sécurité en Afghanistan et de repousser la guérilla menée par les talibans. Contribuant à cette force, la France, en 2008, maintient 1 500 soldats sur le sol afghan, sur un total de 44 000 hommes originaires de 40 pays. Sans compter 15 000 soldats américains qui ne dépendent pas de l'OTAN. En juin 2002, Hamid Karzaï est élu président provisoire par la Loya Jirga (Assemblée) et porté au pouvoir par les élections présidentielles de 2004. Sa réélection en 2009 ne se passe pas dans les meilleures conditions (accusations de fraudes massives, faible taux de participation, abandon du challenger de Karzaï au second tour).
Les forces internationales s'emploient à combattre la guérilla menée par les talibans. Dans le Sud du pays, les batailles sont fréquentes, faisant de nombreuses victimes civiles, et les attentats suicides, visant les militaires étrangers et les forces de sécurité afghanes, se multiplient. De nombreuses organisations internationales sont également présentes dans le pays, dans le but de participer à la reconstruction de l'Afghanistan.
A l'approche du retrait des forces étrangères (prévu fin 2012 côté français et en 2014 pour le reste de la coalition), la sécurité du pays est peu à peu transférée à l'armée et à la police afghane. Sur le terrain, les soldats étrangers combattent de moins en moins en ligne de front (les français ne le font plus depuis juillet 2011) ; ils passent le relais à leurs frères d'armes afghans pour se placer en position d'appui. Côté français et américain, le retrait s'engage. Beaucoup s'interrogent sur la capacité des Afghans à assurer seuls la sécurité du pays : de sources concordantes, les fantassins sont bien formés, mais ils peinent encore en terme de planification, d'organisation. De plus, ils manquent encore d'artillerie lourde, d'aviation, fournies jusqu'ici par les forces de la coalition. Kaboul a cependant signé en mai 2012 un traité de partenariat stratégique avec plusieurs pays (Royaume-Uni, Allemagne, France, États-Unis), qui lui assure une continuité dans la formation de ses troupes, même après 2014, avec des effectifs étrangers réduits.
En parallèle, malgré quelques victoires pour la coalition, la situation sécuritaire se dégrade. La mort du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden début mai 2011, puis celle de son numéro 2, le Saoudien Sakhr al Taifi tout juste un an plus tard, n'ont pas vraiment changé la donne. Les talibans et Haqqani multiplient les attaques, qui frappent aussi bien les civils que les forces de la coalition. En avril 2012, ils font preuve de leur puissance en lançant 7 attaques simultanées à Kaboul, dans des zones pourtant censées êtres ultra sécurisées. Les talibans sont aussi accusés d'infiltrer l'armée afghane : depuis 2008, les attaques " vert sur bleu " (d'un soldat afghan contre un soldat étranger) se multiplient et sapent le moral des troupes étrangères.
Devant ces difficultés, des prémices de discussions semblent s'engager entre les talibans et Washington, qui annoncent en janvier 2012 l'ouverture d'un bureau de représentation pour les insurgés au Qatar. Deux mois plus tard les talibans déclarent qu'ils suspendent ces prémices de discussions ; mais le dialogue est bel et bien engagé. Le gouvernement Karzaï, mal réélu en 2009, semble en être exclu : il est de plus en plus contesté et accusé d'être à la solde des Américains. Son propre processus de négociation pour la paix avec les insurgés (le Haut Conseil national pour la Paix) est mis à mal après l'assassinat en septembre 2011 de son président Burhanuddin Rabbani - remplacé par son fils - et de l'ancien taliban Arsala Rahmani en mai 2012, qui en était à la tête de la commission des prisonniers du Conseil. Les élections présidentielles de 2014, auxquelles Hamid Karzaï ne pourra pas se représenter, risquent de se dérouler dans un climat de grande tension.
L'amitié franco-afghane est née d'un hasard. En 1919, le royaume afghan retrouve sa souveraineté. Le roi Amanullah Khan cherche à moderniser son royaume et demande aux Français de l'aider en matière d'éducation. La direction du principal lycée de Kaboul, Esteqlal (" Indépendance "), est confiée à des professeurs français. Les cours sont donnés dans les deux langues : le français et le dari. Et, en 1931, le baccalauréat d'Esteqlal est reconnu comme étant du même niveau que le baccalauréat français. Des bourses sont octroyées aux jeunes Afghans volontaires pour aller étudier en France. Cette coopération culturelle, encouragée par le roi Zaher Shah, se poursuit toujours.
En 1965, Zaher Shah se rend en France et rencontre le général de Gaulle. En retour, Georges Pompidou vient, en mai 1968, poser la première pierre du nouveau lycée français. Ce qui renforce le programme de coopération avec l'Afghanistan. Au début des années 1970, une trentaine d'enseignants français a été envoyée à Kaboul et la faculté de lettres de Kaboul a ouvert un " département français ". La coopération la plus ancienne est celle avec la DAFA, la Délégation archéologique française en Afghanistan, présente dans le pays depuis 1922. Chaque année, plusieurs archéologues viennent effectuer des fouilles sur les nombreux sites archéologiques afghans. Dans le domaine de la médecine, des échanges sont pratiqués. En 2005, l'Institut médical de la mère et de l'enfant est inauguré par Bernadette Chirac. Construit à l'initiative de Muriel Robin et de la journaliste Marine Jacquemin, il fonctionne grâce à des missions régulières de chirurgiens, d'infirmières et de docteurs français.
Lors de sa visite officielle en France le 27 janvier 2012, le président Hamid Karzaï a signé avec son homologue Nicolas Sarkozy un Traité franco-afghan d'amitié et de coopération. Celui-ci définit aussi le cadre de la présence française après 2012, date prévue du retrait des soldats français d'Afghanistan.
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