Guide d'HANOI : Histoire

Chronologie

Dynastie légendaire de Hông Bang (2879-258 av. J.-C.)

257-208 av. J.-C. Royaume de Âu-Lac. Capitale Cô-Loa.

Dynastie des Ly (1010-1025)

1010. Sous le règne de l'empereur Ly Thai Tô, Thang Long, la " ville du Dragon qui s'élève ", devient la capitale du royaume du Dai-Cô-Viêt.

1054. Le Dai-Cô-Viêt devient le Dai-Viêt.

1070. Construction du temple de la Littérature.

Dynastie des Trân (1226-1400)

1258. Sac de Thang-Long par les troupes mongoles.

1272. Premier spectacle de marionnettes sur l'eau.

1288. Prise de Thang-Long par les troupes mongoles. Reconquête par le général Trân Hung Dao.

1397. Thang-Long prend le nom de Dông-Dô. La capitale est transférée dans la province de Thanh-Hoa.

Dynastie des Hô (1400-1407)

1400-1407. Le Dai-Viêt devient le Dai-Ngu.

1406. Invasion des Ming.

1407. Pillage de Dông-Dô (" la Capitale de l'Est "), qui devient Dông-Quan.

1418-1427. Guerre de libération sous la conduite de Lê-Loi et Nguyên-Trai

1427. Capitulation des troupes chinoises.

Dynastie des Lê postérieurs (1428-1788)

1428. Rétablissement de la capitale à Thang-Long officiellement rebaptisée Dông-Kinh (" la Capitale de l'Est ").

1428-1802. Le Dai-Ngu redevient le Dai-Viêt.

Dynastie des Mac (1527-1592)

1600-1777. Le royaume se scinde en deux fiefs séparés : au nord, les Trinh ; au sud, les Nguyên. Au nord, les rois Lê, détenteurs du pouvoir légitime, n'exercent plus qu'une autorité nominale.

1645-1700. Comptoir hollandais à Thang-Long.

1651. Création du quôc ngu, écriture vietnamienne romanisée.

1683-1697. Comptoir britannique à Thang-Long.

1786. Thang-Long devient Bac-Thanh (" la Cité du Nord ").

1788. Nguyên Huê, proclamé empereur à Thang-Long sous le nom de Quang Trung.

1802. Nguyên Anh (Gia-Long) entre dans la ville.

Dynastie des Nguyên (1802-1945)

1804. Nguyên Anh, qui a pris le nom de règne de Gia Long, obtient l'investiture chinoise et nomme son empire Viêt Nam.

1805-1831. La " Ville du Dragon qui s'élève " devient la " Ville de la Prospérité croissante ".

1831. Thang-Long devient Ha-Nôi (la ville " à l'intérieur du fleuve ").

1832-1945. Le Viêt Nam devient le Dai-Nam.

1873. Prise de Hanoi par Francis Garnier.

1875. Concession française.

1882. 2e prise de Hanoi par Henri Rivière.

1887. Cathédrale de Hanoi.

1888. Cession de la ville par la cour de Huê.

1902. Hanoi, capitale de l'Indochine. Inauguration du pont Paul Doumer.

1921. Hanoi compte 4 000 Européens et 100 000 Vietnamiens.

1930. Fondation du parti communiste indochinois.

9 mars 1945. L'armée japonaise interne ou exécute les Français d'Indochine.

2 septembre 1945 : Hô Chi Minh proclame l'indépendance et l'avènement de la République démocratique du Viêt Nam.

23 novembre 1946. Les Français bombardent Haiphong.

19 décembre 1946. Insurrection générale.

7 mai 1954. Chute du camp retranché de Diên-Biên-Phu.

10 octobre 1954. Départ des derniers Français de Hanoi. Les troupes de l'Armée populaire vietnamienne entrent dans la capitale.

1958. Les intellectuels sont envoyés à la campagne.

1964-1975. Guerre américaine.

30 avril 1975. Chute de Saigon et réunification du pays.

2 juillet 1976 : réunification officielle sous le nom de République socialiste du Viêt Nam, avec Hanoi pour capitale ; Saigon devient Hô Chi Minh Ville.

17 février 1979. La Chine, décidée à infliger une correction au Viêt Nam, intervient militairement à Lang Son (nord du Viêt Nam).

Décembre 1986. Le VIe congrès du parti communiste vietnamien adopte la politique de réformes économiques, Doi Moi (changer pour faire du neuf).

1994. Levée de l'embargo commercial américain, décidé en 1964 et étendu en 1975 à l'ensemble du pays. Visite officielle du président français, François Mitterrand.

8-9 octobre 2004. A Hanoi, 5e rencontre Asie-Europe (ASEM 5) précédée de la visite officielle du président français, Jacques Chirac.

Avril 2006. Xe congrès du PCV et visite à Hanoi de Bill Gates, le fondateur de Microsoft. Il reçoit un accueil enthousiaste des autorités et des étudiants vietnamiens.

12-14 novembre 2009. Visite de F. Fillon au Viêt Nam, première visite officielle d'un Premier ministre français depuis l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

10 octobre 2010. Hanoi célèbre son millénaire.

Janvier 2011. XIe congrès national du parti communiste vietnamien.

Eté 2011. Vives tensions entre la Chine et le Viêt Nam à propos des litiges territoriaux en mer d'Orient.

11 octobre 2011. A Pékin, le Viêt Nam et la Chine signent un accord sur les principes de résolution de leurs différends maritimes. Les tensions entre les deux pays diminuent mais les agressions chinoises contre les pêcheurs vietnamiens accusés de pêche illégale se poursuivent en mer d'Orient.

Fin 2012. Avec une progression du Produit intérieur brut (PIB) de 5,3 %, le Viêt Nam enregistre sa plus faible croissance depuis 13 ans. Selon le Premier ministre Nguyen Tan Dung, " a situation macro-économique n'est pas bonne, l'inflation pourrait encore grimper, les mauvaises créances s'accumulent ".

24-26 juillet 2013. Visite officielle du Président Truong Tan Sang aux États-Unis. Il s'agit de la 2e visite d'un chef d'État vietnamien sur le sol américain depuis que les deux pays ont normalisé leurs relations en 1995.

Avril 2013-mai 2014. Année France-Viêt Nam. Cette année conjointe a pour ambition de faire découvrir à chacun des deux pays, les aspects les plus contemporains et les plus créatifs de l'autre, et de donner un nouvel élan à leurs échanges.

Des origines à nos jours
Grandes figures de l'histoire de Hanoi

Les deux soeurs Trung (12-43)

Les deux soeurs Trung (Hai Ba Trung), Trung Trac et Trung Nhi, filles du préfet de Me Linh, sont connues pour s'être opposées à la politique d'assimilation conduite par les Chinois. En 39, elles réunissent une armée essentiellement composée de femmes et, pendant deux ans, remportent plusieurs victoires sur l'occupant chinois. Confrontées à des forces bien supérieures, elles préfèrent se donner la mort pour ne pas tomber vivantes entre les mains de leurs ennemis. Les soeurs Trung sont révérées comme des héroïnes, instigatrices du premier mouvement de résistance anti-chinois. Pour certains historiens, elles illustrent l'existence d'une société vietnamienne pré-chinoise fondée sur un pouvoir matriarcal.

L'empereur Ly Thai Tô (974-1028)

Né Ly Công Uân, originaire du village de Cô-Phap (province de Bac Ninh). Selon la légende, il serait le fils d'une moniale, qui, enceinte, fut chassée de la pagode. Il serait né avec 4 caractères inscrits en vermillon sur ses deux mains : son (" monts "), ha (" fleuves "), xa tac (" patrie "). Il fut un général très respecté, qui servit la cour des Lê antérieurs jusqu'à ce que la décadence de la dynastie le porte sur le trône. Il inaugure la dynastie des Ly et décide du transfert de la capitale de Hoa Lu vers Thang Long (1010).

Le général Trân Hung Dao (1228-1300)

Né Trân Quôc Tuân, prince de sang, il servit sous la dynastie des Trân. À deux reprises, nommé commandant en chef des armées par le roi Trân Nhân Tông, il mène victorieusement la contre-offensive contre les troupes de l'envahisseur mongol (1285 et 1288). En 1288, lors de la bataille de Bach Dang (dans les environs de Haiphong), la flotte mongole est anéantie grâce à des pieux découverts par la marée descendante. Promoteur des tactiques non conventionnelles, Trân Hung Dao est un stratège renommé de l'histoire vietnamienne qui en est prodigue.

Hoang Diêu (1829-1882)

Originaire de la province de Quang Nam. Mandarin, il sert la dynastie des Nguyên. En 1880, il est nommé gouverneur de la province de Ha Ninh (Hanoi et Ninh Binh). Il ne parvient pas à défendre la capitale. La citadelle tombe le 25 avril 1882 sous l'assaut des troupes françaises menées par le capitaine de vaisseau Henri Rivière. Hoang Diêu préfère la mort au déshonneur et met fin à ses jours. Il est aujourd'hui considéré au Viêt Nam comme un héros national.

Paul Doumer (1857-1932)

Joseph Athnase Paul Doumer est un Auvergnat d'Aurillac. En 1896, il est nommé gouverneur général de l'Indochine, poste qu'il occupera jusqu'en 1902. Il accomplit une oeuvre considérable, notamment en matière de grands travaux d'infrastructures (il a laissé son nom au célèbre pont rebaptisé Long Biên). Il fut à l'origine de l'école de médecine de Hanoi et de la mission archéologique permanente de l'Indochine qui deviendra l'école française d'Extrême-Orient. Elu président de la république le 13 mai 1931, Paul Doumer meurt le 7 mai 1932 à Paris, victime d'un attentat commis par un émigré russe, Paul Gorgulov.

Hanoi au fil des noms

Jusqu'au VIIIe siècle : le village du Nombril du dragon (en référence à la cavité située au sommet du tertre Nung, qui fut longtemps le symbole de Hanoi).

607 : Songping.

866-1009 : Dai La (" la Grande Enceinte extérieure ").

1010-1831 : Thang Long (" le Dragon qui s'élève "). Thang Long reste le nom d'usage malgré plusieurs changements.

1397-1407 : Dông Dô (" la Capitale de l'Est "), sous la dynastie des Hô.

1407-1430 : Dông Quan. Le pays est sous la domination des Ming.

1430-1788 : Dông Kinh (" la Capitale de l'Est "), d'où dérive le mot " Tonkin ".

1805-1831 : Thang Long (" la Prospérité croissante "), sous le règne de l'empereur Gia Long. La capitale est transférée à Huê.

1831 à nos jours : Hà Nôi (" à l'intérieur de la boucle du fleuve ").

Chef-lieu d'une préfecture chinoise

Dans tous les environs de Hanoi, on a retrouvé des traces de présence humaine remontant au moins jusqu'à 1500 avant notre ère (période Dông Dâu). Le site de la ville se trouvait alors largement sous les eaux marines. Il apparaît pour la première fois dans les annales au milieu du VIe siècle, en 544, lorsqu'un certain Ly Bôn se déclare empereur du Nam-Viêt. Ly Bôn, fondateur de la première dynastie vietnamienne, est en fait originaire d'une famille de colons chinois ayant émigré au Jiaozhi (moyen bassin du fleuve Rouge), sous la dynastie des Han. L'insurrection de Ly Bôn contraint les troupes chinoises à se retirer, mais la première dynastie vietnamienne ne tarde pas à être vaincue par la Chine réunifiée des Souei (602). Hanoi (alors appelé Songping) devient chef-lieu de la préfecture de Jiaozhi en 607. En 621, une petite citadelle est élevée sur les bords de la rivière Tô-Lich (celle-ci relie alors le fleuve Rouge au lac de l'Ouest) par le gouverneur chinois Kieou Ho. En 679, Songping devient capitale des 12 préfectures et 59 districts du protectorat général d'Annam mis en place par la dynastie chinoise des Tang.
Au début du IXe siècle, la ville trouve son emplacement définitif dans la courbe sud formée par l'intersection de la rivière Tô Lich et du fleuve Rouge. La ville est entourée de remparts.
En 863, Songping tombe devant les assauts des armées du Nanzhao, un royaume situé dans les montagnes du nord-ouest. Mais, très vite, les troupes montagnardes sont chassées par le gouverneur chinois Gao Pian (Cao Biên) qui restaure la capitale du protectorat. La ville prend le nom de Dai La (" grande enceinte extérieure ") du fait de la construction d'un double rempart de protection.
Au Xe siècle, la ville s'émancipe de la tutelle chinoise, alors que l'Empire se morcelle et que la dynastie des Song arrive au pouvoir. En 939, Ngô Quyên se déclare roi indépendant. Il abandonne le site de Dai La pour installer sa capitale à Cô Loa (à 12 km au nord de Hanoi), antique capitale du royaume d'Au Lac (IIIe siècle avant notre ère) fondé par la fée Âu Co et le seigneur Lac Long Quan.
En 968, après avoir réussi à mettre fin à 25 ans d'anarchie féodale, Dinh Bô Linh se proclame empereur et donne à son royaume le nom de Dai Cô Viêt. Dai (mot d'origine chinoise) et Cô (mot d'origine vietnamienne) signifient " grand ", " glorieux ". Le nouveau monarque installe sa capitale à Hoa Lu (à 12 km de Ninh Binh) où elle demeurera jusqu'en 1010. Puis Dinh Bô Linh est assassiné, et le pouvoir passe aux mains d'une nouvelle dynastie, celle des Lê antérieurs (980-1010).

Ly Thai Tô et l'édit sur le transfert de la capitale

En 1010, la dynastie n'a pas d'héritier, et la cour élève au trône celui qui devient l'empereur Ly Thai Tô, fondateur de la dynastie des Ly (1010-1225). Celui-ci, et " pour 10 000 générations ", fait transférer la capitale à Dai La qu'il rebaptise Thang Long (" la ville du Dragon qui s'élève "). On peut encore en voir quelques vestiges au musée d'Histoire.
La ville connut à cette époque une période de grande prospérité. Elle était entourée d'un mur d'enceinte de 4,7 km de longueur et était bordée de tumulus qui, selon les règles de la géomancie, devaient aussi protéger la cité contre les influences néfastes. Une série de tumulus furent élevés à Thang Long, consacrés aux planètes et aux cinq éléments, suivant les instructions données par le génie de la cité, l'esprit du Nombril du dragon (Lon Do). Aujourd'hui, celui-ci est encore honoré au coeur de la ville marchande, dans le temple du Cheval blanc (Bach Ma).
Sur les monticules artificiels construits pour les génies protecteurs, Dragon, Eau et Saturne, les rois édifièrent des palais et des temples, dont le temple dynastique des Ly. L'actuelle tour de l'étendard Cot Co est bâtie sur un tumulus artificiel dédié au feu et à la planète Mars. En 1029, on comptait 16 palais et 3 pavillons au centre de la cité royale. De cette époque subsistent encore quelques pagodes, la pagode au Pilier unique (Chua mot cot) dont la construction a débuté en 1049, la pagode Trân Quoc sur la berge du fleuve Rouge et le temple de la Littérature (1070). À cette époque, et pour la première fois, la ville prit sa dimension de capitale.

Édit royal sur le transfert de la capitale

En automne de l'année Canh Tuat (année du Chien), en 1010, le roi Ly Thai Tô ordonne le transfert de la capitale de Hoa-Lu (province de Ninh Binh) à la citadelle de Dai La, rebaptisée Thang Long (" ville du Dragon qui s'envole ").

" Dans notre pays, au contraire, les monarques Dinh et Lê, obéissant à un caprice, ont bravé les injonctions du Ciel et ils se sont obstinés à maintenir leur capitale (à Hoa-Lu). C'est pour cette raison que ces deux dynasties furent éphémères et le pays ruiné. Affligé par cette situation, nous voulons transférer la cité éminente de Dai-La, l'ancienne capitale du prince Gao, située entre le Ciel et la Terre, là où le Dragon s'enroule et le Tigre s'assied, à la croisée du Nord, du Sud, de l'Est et de l'Ouest ; encadrée par le fleuve et les montagnes, elle s'élève sur un terrain spacieux et plat, une terre haute et aérée, où le sol est fertile et à l'abri des inondations, au sein d'un site qui embrasse tout le territoire des Viêt. C'est là le meilleur endroit, car les quatre points cardinaux se rencontrent, pour fonder une capitale qui durera pendant dix mille générations. Nous souhaitons profiter des conditions favorables pour nous y installer. Vous, dignitaires de notre cour, quelle est votre opinion ? "

Traduction partielle et simplifiée de l'Edit de transfert de la capitale. In Philippe Papin, Histoire de Hanoi, Fayard, 2001.

Une longue ère de troubles

Sous la dynastie vietnamienne des Trân (1226-1400), la cité subit plusieurs attaques mongoles. En 1258 et en 1285, elle est mise à sac. Les Mongols sont finalement vaincus, à leur troisième offensive, lors de la célèbre bataille de Bach Dang en 1288 (le site de la bataille se trouve près de la ville de Haiphong). Sous le règne des Hô (1400-1407), la nouvelle dynastie tente d'imposer des mesures qui suscitent l'ire de la population et la contraignent à abandonner la capitale pour en établir une nouvelle dans la province du Thanh Hoa, la capitale de l'Ouest (Tây Dô). Thang Long est alors rebaptisée capitale de l'Est (Dông Dô).
En 1406, les troupes chinoises (dynastie des Ming) investissent le pays et pillent son ancienne capitale qu'ils rebaptisent Dông Quan. Les Hô sont emmenés de force à Nankin alors que les Ming imposent leur administration au pays qui ne tarde pas à se rebeller. En 1428, Lê Loi, vainqueur des Chinois, devenu l'empereur Lê Thai Tô, rétablit le gouvernement du Dai Viêt et fixe à nouveau sa capitale dans l'ancienne Thang Long encore une fois rebaptisée Dông Kinh (la capitale de l'Est), d'où dérivera le Tunquin sur les premières cartes occidentales et qui, sous sa forme francisée le Tonkin, désignera le Viêt Nam du nord pendant la période coloniale. La capitale conservera ce nom jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
Souhaitons que souffle avec force le vent méridional, afin qu'il porte le seigneur Nguyên vers la capitale. " À l'issue d'une crise grave, où sont balayées les familles régnantes, les Lê (la dynastie légitime), les Trinh (au Nord) et les Nguyên (au Sud), le prince Nguyên Anh, grâce notamment à son protecteur l'évêque Pigneau de Béhaine et quelques officiers de la marine française, parvient à venir à bout de la révolte paysanne des trois frères Tây-Son et à reconquérir le pays depuis ses provinces méridionales. En septembre 1788, il s'empare de Saigon ; en novembre 1799, il conquiert Quy Nhon ; en 1801, il entre dans Huê ; Thang Long capitule le 22 juillet 1802. En juillet 1806, Nguyên Anh prend le titre d'empereur, sous le nom de Gia-Long et décide de transférer la capitale à Huê.
Thang Long perd son nom en 1805. Pour marquer son autorité, le nouvel empereur a recours à un artifice : il garde Thang Long, qui ne signifie plus " le Dragon qui s'élève " mais " la Prospérité qui s'élève ". Au caractère long, signifiant " empereur ", " dragon ", a été substitué un caractère homophone signifiant " prospérité ".
En 1831, l'empereur Minh Mang, quatrième fils de Gia Long, donne le nom de Hanoi (" dans la boucle du fleuve ") à une province nouvellement délimitée. Suivant l'usage, le chef-lieu - la ville de Thang Long - prit le nom de sa province. Hanoi fut pillé et rasé à de nombreuses reprises : en 1285 et en 1288 par les Mongols, au XIVe siècle par les Cham (1371, 1377 et 1378) ; en 1407 par les Ming ; en 1786, lorsque l'empereur Lê Chieu Thông ordonna la destruction des palais des seigneurs Trinh ; en 1848 par l'empereur Tu Duc qui fit abattre de nombreux monuments et fit transférer les objets de valeur à Huê.
À la fin du XIXe siècle, la prestigieuse capitale était devenue un chef-lieu de province. D'illustres poètes, comme Nguyên Du (1766-1820), disent la nostalgie du passé et des fastes de l'antique cité du dragon. Né à Hanoi d'une famille mandarinale originaire du centre du pays, Nguyên Du est l'auteur du Kim Van Kiêu, le grand roman composé en écriture nationale (nôm) et qui a été considéré comme une contribution très importante au développement de l'identité nationale. Nguyên Du a atteint une notoriété qui l'a propulsé au premier plan de la littérature asiatique.
Le 20 novembre 1873, la citadelle de Hanoi (qui n'est donc plus qu'une ville de province) est prise par la poignée d'hommes du lieutenant de vaisseau Francis Garnier. Celui-ci est tué le 21 décembre 1873, par les Pavillons noirs chinois lors d'une escarmouche au pont de Papier (Câu giây, à l'ouest de la ville).

Francis Garnier, l'homme qui s'empara de Hanoi

Francis Garnier est né à Saint-Etienne, le 25 juillet 1835. Après ses études au lycée de Montpellier, il est admis à l'école navale en 1855. En 1859, il embarque sur le Duperré qui part pour la Chine.
Au cours de la traversée, l'histoire raconte qu'il se jeta à l'eau en pleine nuit pour sauver un camarade tombé à la mer. A 21 ans, avec le grade d'enseigne de vaisseau, F. Garnier découvre la Chine et participe, sous les ordres de l'amiral Charner, à la prise de Pékin et au sac du palais d'Eté.
En 1863, alors qu'il est entré dans le corps de l'Inspection des affaires indigènes, il est nommé administrateur de Cholon et commence à publier plusieurs ouvrages documentaires qui esquissent l'idée d'une exploration du Mékong.
L'idée prend corps et le 5 juin 1866, sous les ordres du commandant Doudart de Lagrée, une expédition part de Saigon pour remonter le Mékong. F. Garnier en est le second. Après la mort de Doudart de Lagrée, malade, F. Garnier assume le commandement de l'expédition qui atteint la vallée du Yang-Tsé-Kiang, puis la redescend jusqu'à Shanghai avant de regagner Saigon, le 29 juin 1868.
Rentré en France, F. Garnier est affecté au dépôt des cartes et plans de la Marine où il entame la rédaction du rapport de la campagne de Cochinchine. Pendant la guerre de 1870, il reste à Paris où il est nommé chef d'état-major de l'amiral Mequet. En 1872, il sollicite un congé de trois ans sans solde afin de repartir à titre personnel pour la Chine.
Avec sa femme, il s'installe à Shanghai avec l'objectif de poursuivre l'oeuvre géographique de l'expédition de Doudart de Lagrée et de reconnaître jusqu'au Tibet le cours supérieur du Mékong. Mais il ne tarde pas à être rappelé par l'amiral Dupré, gouverneur de Cochinchine, qui lui donne les pleins pouvoirs afin de régler un différend qui, au Tonkin, oppose quelques colons français aux mandarins.
Il se voit confier le commandement d'une troupe de 200 hommes et 4 canonnières. Arrivé à Hanoi en novembre 1873 et ne parvenant pas à régler le contentieux par la voie diplomatique, il s'empare de la citadelle puis envoie des détachements occuper les principales places du delta.
Le 21 décembre, alors que la citadelle est attaquée par les Pavillons noirs, des rebelles chinois au service des mandarins du Tonkin, F. Garnier repousse les assaillants et entreprend, avec une poignée d'hommes, de les poursuivre hors de la citadelle. A proximité du pont de Papier, isolé, il est mortellement blessé par les Pavillons noirs. Ses compagnons retrouvent son corps décapité. La dépouille de F. Garnier est ramenée à Saigon où il est inhumé en 1875, aux côtés de Doudart de Lagrée.
Dans la nuit du 1er au 2 mars 1983, le corps de F. Garnier et celui de Doudart de Lagrée sont exhumés et incinérés. Les urnes contenant les cendres sont remises au consul de France à Hô Chi Minh-Ville avant d'être embarquées sur la Jeanne d'Arc pour être rapatriées en France. Le jeudi 23 avril 1987, l'urne contenant les cendres de F. Garnier est enchâssée dans le socle d'un monument, situé à Paris, à la rencontre du boulevard Saint-Michel et de la rue d'Assas.

La période coloniale
Ancienne résidence de Hô Chi Minh dans le parc du palais présidentiel.
Ancienne résidence de Hô Chi Minh dans le parc du palais présidentiel.

En 1875, par l'article 9 de la convention Philastre, est établie " la concession de Hanoi " qui marque le début de l'époque française de la ville. En 1902, Hanoi devient la capitale de l'Indochine, en même temps que le pont Doumer (1 860 m, bâti sur des plans de Gustave Eiffel) est achevé. Avant les grands travaux, les destructions. Les murailles sont démolies " pour élargir les avenues ". Certains bâtiments sont également détruits : la pagode de la Gratitude rasée en 1886-1888 pour laisser la place au bureau des Postes et Télécommunications, la pagode Bao Thien, remplacée par la cathédrale Saint-Joseph (1884-1887).
De cette époque datent la plupart des édifices coloniaux et le quartier résidentiel autour du lac de l'Ouest (Ho Tay). La ville prend un petit air de neuf, on la modernise en y installant des jardins, un kiosque à musique. Hanoi allait devenir la capitale d'un empire colonial, mais l'administration de la ville n'était double que sur le papier. Les rues sont rebaptisées du nom des héros de la conquête du Tonkin : Garnier, Rivière... Des rues comme Hai Ba Trung, Trang Thi (rue Borgnis-Desbordes) et Trang Tien (rue Paul-Bert) furent tracées selon les principes de construction chers à Haussmann. Il reste également de cette période le boulevard Ba Trieu (Gia Long), le lycée Albert-Sarraut situé à l'ouest de la citadelle, la Banque d'Indochine, l'hôpital Yersin (au sud-est) ainsi que la ville annamite (au nord du lac de l'Epée, près du marché actuel).
Près du lac de l'Ouest s'alignent les rues élégantes, bordées de splendides allées de platanes, non loin d'un vaste parc et de l'actuel mausolée Hô Chi Minh. Ce dernier y avait sa résidence de repos et un bureau où il prit l'habitude de venir se détendre, près de la pagode du Pilier unique.
Après les premières émeutes révolutionnaires, Hanoi fut proclamé par l'armée du Nord capitale de la République démocratique du Viêt Nam, mais ce ne sera qu'après la signature des accords de Genève que le Viêt-minh, chassé de la ville en 1946 par les Français, pourra récupérer sa capitale (10 octobre 1954).

Les rues de Hanoi à l'heure française

Quelques rues de Hanoi et leur ancien nom français. Précisons que ces noms ne seront d'aucune utilité pour préciser une destination auprès du chauffeur de taxi.

Place Ba Dinh : place de France

Rue Diên Biên Phu : avenue Puginier

Rue Dinh Tiên Hoang : boulevard Francis-Garnier

Rue Hai Ba Trung : boulevard Rollande

Rue Ham Long : boulevard Doudart-de-Lagrée

Rue Hang Chiêu : rue Jean-Dupuis

Rue Hang Chuôi : rue du Général-Beylié

Rue Hoang Hoa Tham : route de la Digue-Parreau

Rue Lê Duân : rue du Général-de-Lattre-de-Tassigny

Rue Ly Nam Dê : rue du Maréchal-Joffre

Rue Ly Thai Tô : boulevard de l'amiral-Courbet

Rue Ma Mây : rue des Pavillons-Noirs

Rue Nha Chung : rue de la Mission

Rue Phan Dinh Phung : boulevard Carnot

Rue Phung Hung : boulevard Henri-d'Orléans

Rue Quang Trung : boulevard Jauréguiberry

Rue Trang Thi : rue Borgnis-Desbordes

Rue Trang Tiên : rue Paul-Bert

Rue Trân Hung Dao : boulevard Gambetta

Hanoi aujourd'hui

C'est à Hanoi, la capitale, qu'on perçoit le mieux les différents rythmes du pays, la fuite d'un temps révolu et les linéaments d'une nouvelle époque qui n'en finit pas de se raccrocher au passé.

En 2004, une statue du roi Ly Thai Tô, fondateur de la capitale, a été érigée sur la rive orientale du lac de l'Épée restituée (Hoan Kiem). Surtout, en 2002, ont été mis au jour, non loin du mausolée d'Hô Chi Minh, les vestiges de l'ancienne citadelle de Thang Long (VIIe siècle). En 2010, Hanoi a célébré son millénaire. Hanoi a le passé devant lui sans que cela ne l'empêche, lui aussi, de cultiver le rêve de la modernité et de la performance économique.
C'est aujourd'hui une capitale administrative et diplomatique qui a conservé, en plus des souvenirs d'un passé colonial, les marques d'un demi-siècle de gouvernement du Nord.

Certains considèrent Hanoi comme la ville la plus vraie, la plus intéressante du pays. Chacun de ses quartiers a son charme, ses us et ses coutumes. Les monuments et les musées s'intègrent harmonieusement dans un site admirable, ne serait-ce que par la beauté des lacs qui séparent les quartiers comme autant de frontières liquides. Car Hanoi est une ville d'eau qui compte plus de 70 lacs.

A Hanoi, il est malaisé de trancher entre l'Orient et l'Occident, c'est pourquoi il est facile de s'attacher à cette ville que certains regardent comme un vaste musée à ciel ouvert. Une ville où les constructions vont bon train : de ville plate qu'elle était, elle commence à avoir la folie des grandeurs des hauts buildings. Hanoi change, bouillonnant, en pleine effervescence, et se modernise à grande vitesse, laissant au loin son image de ville figée.

Du point de vue économique, Hanoi surclassé par Hô Chi Minh-Ville

" L'importance de Hanoi se manifeste sous plusieurs côtés, le principal étant sa fonction de centre directeur de toutes les activités du pays. A Hanoi, se concentrent les organes directeurs du parti, de l'Assemblée nationale, du gouvernement et des organisations sociales. [... ] En ce qui concerne le prestige économique, Hanoi se classe derrière Hô Chi Minh-Ville, ce qui est compréhensible ; parce que en dehors des effets de la guerre, on doit mentionner les limitations du régime de subventions qui a duré trop longtemps. Le rôle de Hanoi comme centre de direction du développement économique du pays n'en est pas moins réduit. "

Extrait de Lê Ba Thao, Vietnam : pays et régions géographiques, Thê Gioi.

Hanoi à l'horizon 2020

La politique du gouvernement est de " faire de Hanoi, le centre politique, économique, culturel et scientifico-technique du pays ". Il s'agit de " prêter attention à la préservation et à la réfection des anciens ouvrages architecturaux empreints d'identité nationale, tout en prenant en considération l'établissement de nouvelles agglomérations urbaines dans ses environs ". Pour affronter le problème de la surpopulation, l'objectif est de développer la banlieue et les centres urbains satellitaires compris dans un périmètre de 30 à 50 km. La ville s'élargira d'abord vers l'ouest, puis vers le nord-ouest, le sud-ouest et le nord. Au nord du fleuve Rouge, il est prévu que la cité urbaine devienne un complexe industriel et commercial au service de la capitale. Une ville-satellite sera construite au nord du pont Thang Long pour 2020. Dans les quatre arrondissements, la densité de population devra baisser et la superficie d'espaces verts, de parcs et de surfaces d'eau augmenter.

Au nord-ouest, le nouveau Hanoi a déjà émergé des rizières avec des hypermarchés, des échangeurs d'autoroutes, des complexes immobiliers et des tours de béton. La vie ne s'est pas vraiment installée dans cette ville nouvelle qui s'apparente encore à une forêt de grues et de bâtiments inachevés. D'ores et déjà, la population est plutôt critique vis-à-vis de ces ensembles disgracieux, construits sans véritable projet architectural global, qui induisent de profonds bouleversements dans les modes de vie et de consommation sans que leurs conséquences aient été évaluées. Il semble que la ville, en sortant de ses murs, ait rompu avec son passé millénaire pour basculer dans un rêve de modernité illusoire dont sont pourtant revenues nombre de cités, qui aujourd'hui payent les conséquences d'une urbanisation mal gérée.

Le corridor économique Hanoi-Haiphong-Kunming

Il s'agit d'une initiative gouvernementale visant à former un corridor économique transnational marqué par la complémentarité des avantages, la division régionale du travail, le développement conjoint et le progrès commun. Ce corridor concerne 21,4 millions d'habitants, répartis presque également entre le Viêt Nam et la province chinoise du Yunnan (52 et 48 %). D'un point de vue stratégique, cette initiative fournira à la province chinoise un débouché maritime au niveau du port de Haiphong vers la mer de Chine méridionale (mer d'Orient pour les Vietnamiens) par route mais aussi par voie ferrée. Celle-ci n'est autre que la voie Hanoi-Lao Cai-Kunming, construite à l'époque coloniale et qui doit être réhabilitée. À terme, elle reliera Singapour à Kunming (province chinoise du Yunnan) par Bangkok, Phnom Penh, Hô Chi Minh-Ville et Hanoi. L'initiative prévoit également un rôle accru dévolu à la navigation sur le fleuve Rouge.

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