Guide d'HANOI : Hanoi en 20 mots-clé
Administratif. Inutile et risqué (perte ou vol) de se promener en permanence avec son passeport. Mieux vaut le laisser en sécurité à l'hôtel. Le passeport est en revanche requis lors des déplacements, pour s'enregistrer à l'hôtel.
Circulation. En moto, le casque est obligatoire. Piétons, regardez à gauche, à droite, devant, derrière. Sachez que le sol peut se dérober sous vos pas et le ciel vous tomber sur la tête.
Marchandage. Au Viêt Nam, marchander fait partie intégrante des relations commerciales. Vous devez bien connaître la fourchette des prix et essayer d'atteindre la limite la plus basse.
Si votre fourchette est mauvaise, soit vous perdrez en payant trop, soit vous vexerez votre interlocuteur en lui proposant un prix trop bas. Il quittera alors le jeu immédiatement. Si vous usez de patience et d'humour, vous gagnerez.
Dans les pagodes. Ce sont des lieux de recueillement. Certains bonzes acceptent les visites aux heures de prière, soyez donc silencieux et respectueux du rite. D'autres pagodes ferment leurs portes pendant la prière pour respecter le rythme et la dimension sacrée des récitations des sutras. D'autre part, par respect pour la communauté bouddhiste, soyez vêtu décemment. On pourra vous demander de vous déchausser. Vous pouvez laisser une obole si la visite est gratuite.
Savoir-vivre. Comme partout dans le monde, mais peut-être plus qu'ailleurs, la colère est mauvaise conseillère. Soyez patient, et ménagez l'amour-propre de votre interlocuteur...
Sécurité. Hanoi est une ville sûre à toutes les heures du jour et de la nuit. Mais, comme dans toutes les villes du monde, évitez, en particulier dans les lieux touristiques et les transports en commun, le port ostentatoire et imprudent d'objets précieux (bijoux, appareils électroniques...) qui pourraient susciter la convoitise.
" À Hanoi, dit le poète, l'automne plein de frissons annonciateurs fait souffler une brise douce qui fait naître un besoin d'amitié et de tendresse. " Dans le nord du Viêt Nam, l'automne est la saison de l'amour et du mariage.
Depuis le 15 décembre 2007, le port du casque est obligatoire pour les motocyclistes sur toutes les routes du Viêt Nam. A remplacé l'autre casque (celui du bô dôi) et le chapeau conique.
Le compagnon fidèle du foyer et l'un des 12 animaux du zodiaque. Les natifs de l'année du chien (nam Tuât) sont réputés pour être talentueux, loyaux et fidèles en amour. L'heure du chien (gio Tuât) s'écoule de 19h à 21h.
Rome évoque la louve du Capitole, Hanoi naît sous les auspices du Chien. L'empereur Ly Thai Tô est né en 974 et décide du transfert de la capitale en 1010, deux années placées sous le signe du Chien. Selon la tradition populaire locale, " bonne terre est celle où chienne met bas ". Dans son Histoire de Hanoi (Fayard), l'historien P. Papin indique que les cérémonies de fondation de Thang Long se sont sans doute accompagnées du sacrifice d'un chiot, peut-être dans le temple du Petit chien (Cau Nhi), qui existe encore aujourd'hui au nord du lac Truc Bach (quartier du lac de l'Ouest).
Les habitants de Hanoi adorent les chiens. Il suffit pour s'en convaincre de se promener dans les parcs municipaux. Après les chihuahuas, d'autant plus appréciés qu'ils sont de petite taille - à force de croisements sélectifs, certains ne dépassent pas le format d'un rat de taille moyenne -, ce sont désormais les chiens de type nordique (malamute de l'Alaska, husky) qui ont la faveur du public. Le chien de Phu Quoc (île de la province de Kiên Giang, dans le golfe de Thaïlande, au sud-ouest du pays), reconnaissable à sa crête dorsale et ses pattes palmées, et promu comme race nationale après avoir frôlé l'extinction, connaît également un succès grandissant. A Hanoi, il n'est pas rare de voir les chiens se balader à scooter (sans casque !) coincés entre les jambes de leur maître (sse).
Le chien n'est pas seulement le compagnon fidèle du foyer, il l'est aussi parfois de l'assiette. Au Viêt Nam, comme dans d'autres pays d'Asie (Chine, Corée), on mange de la viande de chien. Pas n'importe quelle viande : seules les espèces indigènes sont consommées et pas par tout le monde (la viande est taboue pour les bonzes). Pas à n'importe quelle période : la consommation intervient en général du 23 au 30 du mois lunaire, elle est censée attirer la chance pour le mois suivant. Elle s'interrompt en revanche du 1er au 5 du mois lunaire. La viande peut être cuite à la vapeur, grillée ou apprêtée en saucisses bouillies. Un proverbe vietnamien affirme : " Dans sa vie, il faut avoir goûté aux saucisses de chien ; on n'est pas certain d'en trouver dans l'au-delà. " A Hanoi, les meilleurs restaurants spécialisés sont regroupés sur Nhât Tân, sur la digue, en bordure du fleuve Rouge.
A noter que la consommation de viande de chien a été associée à plusieurs épidémies de choléra au cours de ces dernières années. Elle est également susceptible de transmettre la trichinose (une parasitose tissulaire) ainsi que la rage (40 % des cas recensés dans les hôpitaux vietnamiens concernent des patients qui n'ont pas été mordus). Par ailleurs, la viande contient fréquemment des traces de cyanure utilisé pour la capture des bêtes. Les histoires de voleurs de chiens pourvoyeurs d'abattoirs pris en flagrant délit et lynchés dans les villages défrayent régulièrement la chronique. Bon appétit...
Il est 5h, Hanoi s'éveille... au chant du coq. " Foule nombreuse comme celle d'une réunion d'un combat de coqs ", affirme un dicton vietnamien. Lors des fêtes villageoises, les combats de coqs sont en effet une attraction fort prisée et l'occasion de paris aux enjeux parfois très élevés. Issus d'espèces spécifiques, les coqs sont nourris et entraînés pour le combat. Les éleveurs utilisent un savoir-faire très ancien (les combats de coqs sont déjà mentionnés dans des textes datant du XIIIe siècle), codifié dans des oeuvres en vers intitulées Les canons concernant les coqs.
Les combats, qui se déroulent à l'intérieur d'un cercle, sont très violents et il n'est pas rare que l'un des protagonistes y laisse la vie. Le duel a ses soigneurs et, au cours des mi-temps, les plaies - qui touchent surtout les yeux - sont recousues avant que les coqs ne retournent s'affronter, requinqués d'une rasade d'alcool de riz.
Sur les trottoirs de Hanoi, vous croiserez sûrement ces coqs au plumage noir, au maigre cou dégarni, aux longues cuisses rougeâtres, laissés en liberté surveillée par des propriétaires ravis d'exhiber leur champion.
Ses formes sont innombrables et les montants concernés vont du bakchich versé au policier de la circulation aux millions de dollars déposés sur des comptes à Hong-Kong. La corruption est devenue la préoccupation majeure du parti communiste, du gouvernement, de l'Assemblée nationale et... de la population mais les affaires poursuivent leur cours. Pour les fonctionnaires intègres - très mal payés - qui ne peuvent se résoudre aux compromissions, reste la méditation des grands textes : " [... ] Que sont monstrueux les gros rats qui, sans pitié, trompent et volent ! Il ne reste plus dans les champs que germes de riz desséchés. Plus aucun grain dans les greniers, le paysan, courbé de fatigue, soupire, la paysanne décharnée ne cesse de pleurer. Rien n'est plus sacré que la vie du peuple, et pourtant vous y portez cruellement atteinte [... ]. " Nguyên Binh Khiêm, La Haine des rats (XVIe siècle), à propos des mandarins prévaricateurs.
Hanoi est une des villes du monde où la densité de population (nombre d'habitants par km2) est parmi les plus élevées. Selon le dernier recensement qui s'est tenu en 2009, la densité moyenne pour l'ensemble de la capitale est de 1 955 hab./km2. Dans le centre, les chiffres sont beaucoup plus impressionnants : 27 864 hab./km2 pour le district Hoan Kiêm (on se bouscule dans les ruelles du Vieux quartier...), 28 870 hab./km2 pour le district Hai Ba Trung, 37 460 hab./km2 pour le district Dông Da.
Les digues ont façonné le paysage du delta du fleuve Rouge. Leur existence est attestée depuis au moins le XIIIe siècle. Le réseau de digues progressivement constitué, et qui s'est intensifié au cours de l'époque coloniale, a permis de mettre en valeur la plaine deltaïque qui est, par nature, une zone inondable. Grâce à ces travaux de Sisyphe, jamais achevés et toujours recommencés, le delta est l'un des deux greniers à riz du pays (avec le delta du Mékong, au sud) en mesure d'accueillir une densité de population considérable. En vietnamien, l'expression vo de (" digue rompue ") est employée pour décrire le malheur.
Ou " le Renouveau ". C'est le nom de la politique de réforme adoptée par le parti communiste vietnamien en 1986, lors du 6e congrès. L'ouverture progressive du pays à l'économie de marché et aux échanges internationaux a donné au parti les moyens de pérenniser son monopole sur la vie politique. Mais cette politique de réforme a accéléré la vitesse du changement social et a entraîné de profonds bouleversements qui en moins de 30 ans ont remodelé le visage du pays.
En sino-vietnamien, long, en langue courante, rông. Il a une tête de dromadaire, des cornes de daim, des yeux de poisson rouge, des oreilles de buffle, un cou et un corps de serpent, des écailles de carpe, des pattes de tigre et des serres d'aigle. Sous sa langue brille une pierre précieuse. Sa nageoire dorsale compte 81 écailles, et de sa gueule s'échappe une fumée qui peut à volonté se changer en eau ou en feu.
De surcroît, le dragon est l'animal des métamorphoses : selon les croyances populaires, les Giao-Long, monstres mi-serpents mi-lézards, deviennent dragons au bout de dix siècles d'existence. D'aspect monstrueux, le dragon est néanmoins pour les Vietnamiens un emblème de puissance et de noblesse. C'est le principal emblème de l'Empereur, fils du Ciel, et le dragon à cinq griffes figurait sur les costumes d'apparat des souverains. Si à Thang Long (Hanoi), le dragon prend son essor, à Ha Long, il descend (dans la mer).
Selon Nguyên Van Khôi, vice-président du Comité populaire de Hanoi, en charge notamment des transports urbains, qui intervenait dans le cadre d'un colloque sur le thème " Ville du futur ", organisé en novembre 2010, et qui réunissait de nombreuses entreprises françaises et vietnamiennes, Hanoi " connaît un développement rapide du nombre de véhicules. Elle recense actuellement 300 000 autos, 3,5 millions de motos et un million de vélos. À quoi s'ajoutent des véhicules provenant d'autres villes et provinces. Les deux-roues occupent 80 % du total des véhicules. Les voitures, malgré une part modeste de 8 %, connaissent une augmentation très rapide (de 20 % par an pour la période 2000-2010) ". Ont été oubliés bus, cars, camions, cyclos... Les rues de la ville n'ont pas été conçues à la mesure d'un tel flux de circulation. Les autorités ont annoncé la fin des embouteillages... pour 2030.
Ha Nôi signifie à l'intérieur (Nôi) de la boucle formée par le fleuve (Ha). Le fleuve Rouge (Sông Hông) doit sa couleur aux alluvions chargés d'oxyde de fer qu'il charrie au cours de son périple commencé dans le Yunnan chinois. Il entre au Viêt Nam dans la province de Lao Cai, atteint la bordure est de la capitale, Hanoi, et achève sa course dans le golfe du Tonkin (Vinh Bac Bô). Hanoi fut enfanté par le fleuve Rouge également baptisé fleuve-Mère (Sông Cai). Le bassin du fleuve Rouge est le berceau de la civilisation du même nom, qui naît à l'âge du Bronze, et crée les fondements d'une identité vietnamienne. Le fleuve Rouge, à la fois créateur et destructeur, qui fertilise le delta de ses alluvions et permet la culture du riz inondé mais qui, chaque année, gonflé par les pluies de mousson, déborde en des crues dévastatrices.
25 000 US$ par m2 (bien lire 25 000 US$). C'est le montant de la compensation qui a été versée aux habitants d'un pâté de maisons dans le centre de Hanoi (rue Hang Bai) par un investisseur qui destine le terrain à la construction d'un centre commercial. Une parcelle de 28 m2 située rue Hang Khay, sur les bords du lac Hoan Kiêm, aurait été vendue 1 500 000 US$... Pour référence, prix du m2 dans l'île Saint-Louis à Paris en juillet 2013 (fourchette haute) : 17 740 € (environ 23 463 US$).
Lac de l'Ouest, lac Hoan Kiêm, lac Truc Bach... Selon l'architecte et urbaniste Christian Pédelahore de Loddis, " les lacs hanoiens continuent à délivrer, pour ceux qui daignent les écouter, le même message profond : nous sommes l'ossature physique de cette ville, nous sommes son corps en négatif, nous sommes les portes par où l'on accède à ses symboles, nous sommes le miroir de cet esprit de Hanoi, le fondement souterrain d'une urbanité ressentie et palpable par tous, habitants comme visiteurs, le moteur anesthésié mais toujours vivant d'une refondation spatiale et sociale peut-être demain à nouveau possible " (L'angle de la ville - Hanoi 1873 - 2006, thèse soutenue à l'université de Paris VIII).
" Les deux éléments fleuves et lacs avaient des effets positifs sur le développement économique d'Hanoi : les bateaux marchands de toutes parts pouvaient transporter des marchandises à la capitale par la voie du fleuve Rouge, y compris par la rivière Day, la rivière Nhuê et surtout la rivière Tô Lich. Déjà, sous la dynastie des Ly, Thang Long a trois marchés : Cho Dông à l'est, Cho Tây à l'ouest et Cho Nam au sud, tous situés aux confluents. La plupart des lacs communiquaient avec les cours d'eau (par exemple le lac Hoan Kiêm, sur la carte Hông Duc (1490), avec le fleuve Rouge ; le lac de l'Ouest avec le Tô Lich. Les temples, les pagodes, les pagodons et même le Collège national, le palais Nam Giao, la pagode Linh Lang profitaient de la situation des cours d'eau et des lacs de la capitale pour avoir une position appropriée. "
Extrait de Lê Ba Thao. Viêt Nam, pays et régions géographiques. Hanoi, Thê Gioi, 2000.
L'oiseau " lac ", échassier au long bec recourbé, est un motif abondamment représenté sur les tambours de bronze retrouvés en particulier sur le site de Dong Son (province du Thanh Hoa) et qui sont des éléments archéologiques (Ve-IIe s. av. J.-C.) utilisés pour témoigner d'une culture vietnamienne autonome par rapport à la Chine. Le terme " lac " est la désignation la plus ancienne des actuels Vietnamiens. L'oiseau " lac " est une sorte de coq gaulois à la mode vietnamienne. On le retrouve aujourd'hui un peu partout, dès qu'il s'agit de dire : c'est bon, c'est de chez nous... L'oiseau " lac ", oiseau totémique, a-t-il existé ? Certains experts évoquent une espèce - évidemment endogène - aujourd'hui éteinte. D'autres chercheurs évoquent le héron, oiseau familier du paysage vietnamien. Les archéologues chinois évoquent également le héron, oiseau familier de... la plaine centrale de la Chine.
Les fouilles archéologiques dans le delta du fleuve Rouge ont révélé des objets en bois ou en cuir laqué, retrouvés dans des tombes datant du IVe siècle av. J.-C. La laque est produite par la sève de l'arbre laquier (cây son ; rhus succeda) cultivé en particulier dans la province de Phu Tho, au nord de Hanoi. La laque vietnamienne est une tradition plurimillénaire qui n'a cessé de se renouveler, en particulier au cours des années 1920-1930, au contact de l'art occidental introduit par les Français, notamment dans le cadre de l'école supérieure des beaux-arts ouverte en 1925.
Les Vietnamiennes transportent leur marchandise à l'aide d'une palanche, longue tige de bambou portée sur l'épaule et au bout de laquelle, de chaque côté, est suspendu un plateau. L'image de la palanche et des deux plateaux est souvent évoquée pour rendre compte de la forme particulière du pays. Chapeau conique et palanche, deux objets qui sont associés à l'image d'un Viêt Nam éternel. Les petites marchandes qui parcourent les rues de la capitale pour vendre fruits et légumes en sont bien conscientes, qui tentent d'arrondir leurs maigres revenus en louant aux touristes palanche et chapeau pour l'instant d'une photo.
La pluie est à Hanoi ce que le brouillard est à Londres. À partir du 7e mois lunaire (d'août à septembre), elles peuvent être diluviennes et tomber sans discontinuer pendant plusieurs jours et plusieurs nuits. On parle de cette pluie en se référant à la légende du bouvier et de la tisserande. Chuc Nu, la tisserande, princesse du Ciel, s'éprit de Nguu Lang, le gardien de buffles, au service de la Maison du Ciel. Le Ciel, mécontent, sépara les deux amoureux, mais les autorisa à se rencontrer une fois l'an, au début du 7e mois lunaire, sur un pont formé de corbeaux alignés côte à côte. La pluie serait provoquée à cette occasion par les larmes versées sur leurs amours contrariées. Mais la légende n'explique pas pourquoi la saison des pluies commence en fait à Hanoi dès le mois de mai. La pluie ne decroît véritablement qu'en septembre. Mais alors, autre pluie, la " pluie d'ombre du nuage " (mua bong may), légère et passagère pendant la saison d'automne. Le crachin (mua phun), porté par la mousson du nord-est, glacé et pénétrant, est caractéristique du nord, en hiver (d'octobre à avril).
Autrefois reliée au fleuve Rouge, la rivière Tô Lich, plus que celui-ci, a cristallisé l'identité millénaire de la capitale. Tô Lich, le nom de la rivière, est aussi celui du génie tutélaire de Thang Long. Le Tô Lich, voie de circulation fluviale, irriguait la ville. Le cours d'eau a été comblé en grande partie à la fin du XIXe siècle sur la volonté des autorités coloniales. Le Tô Lich aujourd'hui n'est plus qu'un canal d'évacuation, filet d'encre noire, charriant métaux lourds et eaux usées, qui va se déverser plus au sud dans la rivière Nhuê.
Petit et en plastique. Elément essentiel du mobilier urbain de la capitale vietnamienne. Donne de la convivialité aux trottoirs.
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