Guide de SETOUCHI : Politique et économie
Le monde politique japonais est loin d'être facile à saisir pour les novices. Le Japon est depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et après l'adoption en 1946 de l'actuelle constitution, une démocratie parlementaire (Nipponkokukenpô) à deux chambres imposée par les Américains même si certains préfèrent la décrire comme une oligarchie capitaliste traditionnelle. La première chambre (Shugiin), appelée la basse, est celle des représentants. Elle est composée de 480 membres élus au suffrage universel direct. La seconde chambre (Sangiin), appelée la haute, est celle des conseillers. Elle est composée de 242 membres élus au suffrage universel direct. Le chef d'Etat est l'empereur mais ses fonctions sont essentiellement protocolaires. Il est toujours le symbole de l'Etat et de l'unité du Peuple. Il a la charge de nommer le Premier ministre. Celui-ci doit faire partie de l'une des deux chambres de la Diète. C'est donc le Premier ministre qui est le réel détenteur du pouvoir.
Suite à l'établissement de la Constitution (1946), le Japon oscille entre une monarchie constitutionnelle avec un parlementarisme à l'anglaise et une administration locale qui rappelle parfois celle des Etats-Unis.
L'empereur. Il n'a aucun véritable pouvoir politique, mais il est le symbole de l'Etat et de l'unité du peuple. Il possède toutefois celui de nommer le Premier ministre et le président de la Cour suprême, mais en réalité, il ne fait que ratifier un choix. Il ne peut en aucun cas exercer une quelconque souveraineté politique.
La fin de la Seconde Guerre mondiale ne marque pas la fin de l'Empire du Japon, ni même la destitution de l'empereur. A l'inverse, les occupants américains s'appuient habilement sur les structures impériales pour implanter la démocratie. C'est d'ailleurs ce qui explique en grande partie le succès du Japon. Le régime autoritaire disparaît, mais la nation n'est pas remise en question, et symbole ultime du Japon, l'institution impériale est conservée. Le général Mac Arthur rencontre ainsi dès le 27 septembre 1945 l'empereur Hiro-Hito, et lui fait comprendre qu'il cherchera à l'exonérer de poursuites criminelles devant le Tribunal de Tōkyō, reprenant ainsi les garanties offertes par les alliés lors de la conférence de Potsdam. Les échanges se poursuivent par la suite par intermédiaires et concernent non pas l'abdication mais la reconnaissance de la fin de sa nature divine, credo à la base de la société japonaise depuis sa fondation. Cette acceptation de la part de l'Empereur accompagne la redéfinition constitutionnelle de la Diète précédant la tenue d'élections libres.
La Diète. La Diète n'est autre que le Parlement japonais. Il est composé de deux assemblées, la Chambre haute (Chambre des conseillers, sorte de Sénat) et la Chambre basse (Chambre des représentants), toutes deux élues au suffrage universel, mais sur des modes différents. Le pouvoir réel revient à la Chambre basse, qui compte 480 représentants, alors que la Chambre haute n'en compte que 242.
Les membres de la Chambre des représentants sont élus au suffrage universel majoritaire à un tour, avec une représentation proportionnelle. Le candidat doit obtenir 25 % des suffrages au premier tour pour être directement élu. Chaque citoyen ne doit voter que pour une seule personne. Cette particularité ne fait que souligner les minorités, fort nombreuses au sein des partis. Au sein d'un même parti, des tendances sont représentées par des meneurs.
Pour la Chambre des conseillers, parmi les 242 conseillers, les deux tiers sont élus au suffrage universel dans les circonscriptions locales, et les autres à la proportionnelle, dans une circonscription générale représentant tout le pays.
Le Cabinet. L'exécutif est assuré par le Premier ministre qui est élu par la Diète, c'est-à-dire par les deux chambres réunies. Si le consensus est impossible, c'est le candidat désigné par la Chambre des représentants qui est choisi.
Le Premier ministre est toujours le représentant du parti majoritaire à la Chambre basse. Les remaniements ministériels dépendent du pourcentage des minorités représentées dans le parti majoritaire.
L'administration locale. Le Japon est divisé en ken (départements). Les collectivités locales ne dépendent pas complètement des départements et ont un certain nombre de prérogatives. Les préfets et maires sont élus au suffrage universel pour quatre ans et représentent à la fois les intérêts de l'Etat et ceux des collectivités locales. Ils sont donc soumis juridiquement au ministère de tutelle, mais le suffrage direct des collectivités leur assure un poids politique important.
Plusieurs partis sont représentés, mais ceux qui s'opposent réellement sur le terrain sont le Parti libéral démocrate (PLD) et le Democratic Party of Japan (DPJ). Le parti socialiste a renoncé à ses convictions marxistes et s'appelle à présent le Parti social-démocrate japonais (PSDJ). On compte également, depuis novembre 2011, un parti écologiste, conséquence des mouvements civiques de protestation contre les centrales nucléaires.
Le PLD. Au pouvoir entre 1955 et 2009 (avec une courte alternance en 1993) et revenu depuis décembre 2012, le PLD a su donner au pays le sens de l'Etat dans le cadre d'une politique libérale mettant à profit toutes les ressources que les Américains ont pu fournir.
Considéré comme un mouvement conservateur, il ne pouvait que réussir en prônant la paix, la consommation et la structure de l'Etat. Dans les années 1970 et 1980, les Premiers ministres Tanaka et Nakasone ont donné au PLD un second souffle politique, puisqu'une grande partie des objectifs avaient été atteints. Ils ont alors souligné leur volonté de développer le bien-être individuel, et surtout de passer à une société fondée sur la haute technologie qui, d'une certaine façon, affranchirait le Japon de sa soumission au marché trop volatile des matières premières.
En juin 1993, s'étant allié au parti Sakigake, le PSDJ fut en mesure d'imposer au PLD une alliance qui allait lui permettre d'exercer le pouvoir en formant un gouvernement de coalition. On crut alors à un tournant dans la vie politique japonaise, marquée jusqu'alors par la présence continue du PLD au pouvoir et les scandales dans lesquels étaient impliqués ses hommes politiques.
Cet espoir de changement fut rapidement déçu, le gouvernement de coalition battant de l'aile. Dès 1996, le PLD reprit le pouvoir à la Diète, avec Ryōtarō Hashimoto comme figure de proue. En 1998, le PLD fut réélu, avec Keizō Obuchi à la tête d'un gouvernement de coalition. Famille et éducation, nation et empereur, respect de l'ordre social furent les valeurs défendues par ce gouvernement. Le Premier ministre décéda subitement et fut remplacé, en mai 2000, par Yoshirō Mori.
Le gouvernement Mori - paralysé par le jeu des factions et la coalition avec le parti Kōmeitō (bouddhiste, lié à l'organisation religieuse Sōka Gakkai) - s'effondra rapidement dans les sondages d'opinion. En avril 2001 était élu le onzième Premier ministre en treize ans, Junichirō Koizumi. L'élection surprise de ce réformateur très populaire à la tête du PLD et du gouvernement reflétait clairement un désir de changement.
Le premier cabinet Koizumi date d'avril 2001, le second de novembre 2003 et le dernier de septembre 2005. Il le quittera un an plus tard, en choisissant Shinzō Abe, son secrétaire de cabinet, comme Premier ministre. Surnommé " le Milou des États-Unis ", Koizumi a réussi la privatisation de la Poste, du Service des assurances de la poste et de la Régie nationale des routes.
En septembre 2007, le PLD a perdu la majorité à la Chambre haute, celle des conseillers, au profit du Parti Démocrate du Japon (DPJ) fondé en 1996. Cette défaite annonce celle d'août 2009 à la chambre basse, et le DPJ domina pendant trois ans la vie politique japonaise, avant la victoire aux élections législatives de décembre 2012 du PLD. Shinzō Abe, qui fut déjà Premier ministre entre 2006 et 2007, occupe à nouveau ce poste.
Le Parti démocrate du Japon (民主党, Minshutō, PDJ ou DPJ), créé en 1996 et refondé en 1998, fut la principale force d'opposition jusqu'en 2009, date de sa victoire aux élections législatives. Parti placé au centre gauche de l'échiquier politique, ses différentes factions défendent des idéologies allant du libéralisme économique à la social-démocratie. Le parti a remporté sa première victoire aux élections de 2007 à la chambre haute, et détient désormais, avec ses alliés du Parti social-démocrate, la majorité à la Chambre des conseillers. Yukio Hatoyama est nommé Premier ministre le 16 septembre 2009. Il annonce toutefois sa démission le 2 juin 2010, et Naoto Kan le remplace. Il quitte sa fonction à son tour le 26 août 2011, et Yoshihiko Noda lui succède trois jours après.
Le Parti social-démocrate japonais est créé en 1906. Dissous en 1907, il réapparait en 1945. Il change plusieurs fois de nom et remporte pour la première fois les élections face au PLD en juillet 1993.
Le Parti communiste, fondé en 1922, est une branche du Komitern. C'est un parti avec très peu d'adhérents.
Le Parti de la justice et de l'intégrité voit le jour en 1964. Il est affilié à la secte Sôka-Gakkai, mouvement bouddhiste contemporain fondé en 1930 au Japon. Parti théocratique, il est par le nombre de ses sièges et son alliance avec le PLD, le deuxième parti de la majorité.
L'actuel Premier ministre du Japon est né le 21 septembre 1954 à Nagato dans la préfecture de Yamaguchi. A la fin des années 50, il s'installe avec sa famille à Tōkyō suite aux fonctions de son père Shintarō Abe, devenu ministre des Affaires étrangères et secrétaire général du PLD. La politique chez les Abe est une histoire de famille. Son grand-père maternel, Nobusuke Kishi, est Premier ministre du Japon de 1957 à 1960 et son grand-oncle Eisaku Satō, lui succède quatre ans plus tard de 1964 à 1972. Son grand-père paternel, Kan Abe, siège comme député indépendant à la Chambre des représentants de 1937 à 1946. Shinzō Abe obtient son diplôme en sciences politiques de la faculté de droit de l'université Seikei en 1977. Il part ensuite en janvier 1978 pour poursuivre des études en science politique à l'University of Southern California à Los Angeles. Après la mort de son père en 1991, Abe se présente à la Chambre des représentants de la préfecture de Yamaguchi en 1993. En 1999, il devient directeur de la division des Affaires sociales du PLD. En 2003 il est nommé secrétaire général du PLD. Le 20 septembre 2006, il est élu président du Parti libéral-démocrate. Il est alors le Premier ministre le plus jeune de l'histoire du pays. Mais il démissionne un an plus tard du à son impopularité. Il est réélu Premier ministre en 2012 grâce à la victoire du PLD aux législatives.
Depuis la fin du gouvernement Koizumi en 2006, l'instabilité ministérielle semble être revenue au Japon. Elle n'est cependant pas inhabituelle. Depuis la création du poste de Premier ministre en charge d'un gouvernement en 1885, le chef de l'exécutif japonais a toujours eu du mal à rester en place. Même si le Japon ne connaît pas l'alternance des partis à la tête de l'Etat, les nombreuses factions qui composent le parti majoritaire, le PLD, ne cessent de se défier en interne, pour récupérer le pouvoir. Sous son mandat, Junichirō Koizumi a entrepris une réforme profonde du PLD pour se débarrasser de ces oppositions internes permanentes. Assagies pendant un temps, elles sont reparties de plus belle ces dernières années.
Entre 2006 et décembre 2012, le Japon a connu huit cabinets et donc huit Premiers ministres différents, tous victimes d'une immense impopularité à peine arrivés au pouvoir, et tous contraints à la démission après à peine un an de fonction. Le retour au pouvoir du PLD et de Shinzō Abe en décembre 2012 ne modifie pas la donne même si après cinq années de gouvernance, une certaine stabilité semble voir le jour. Mais la poussée des nationalistes et de l'extrême droite comme Nippon Kaigi, compliquent les actions du Premier ministre actuel et son gouvernement. Pour 2017, les enjeux du Japon se déclinent en plusieurs points. Atteindre le plus rapidement possible l'objectif des 20 millions de touristes par an. Sur le plan énergétique, " Nous ferons de notre mieux pour créer un nouveau système efficace et juste pour tous les pays du monde " déclarait le Premier ministre, Shinzō Abe, lors de la COP21. Une forte politique de soutien aux énergies renouvelables a été actée il y a peu, mais la relance des réacteurs nucléaires dont la sûreté a été confirmée par l'Autorité de régulation nucléaire est également au programme. Réviser enfin sa Constitution pacifiste. Les nouveaux enjeux géopolitiques du monde, où la Chine, la Corée du Nord et le terrorisme prennent une place croissante, exigent selon le Premier ministre japonais la fin du pacifisme hérité de l'immédiat après-guerre.
Troisième puissance économique mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine, avec un taux de croissance de 0,9 % en 2016, le Japon n'a pourtant pas les ressources naturelles favorables à la constitution d'un tel statut. L'archipel est connu pour être extrêmement pauvre en gaz, pétrole ou charbon. Ce handicap de taille ne l'a cependant pas empêché d'assurer son succès en faisant de certains secteurs, sa priorité de développement.
Sa réussite est ainsi due, selon certains économistes, à la mise en place d'une politique dite " des oies sauvages ", dans les années 1960. Cette dernière consiste à identifier sur le marché international, les secteurs d'activité déficients pour les combler en produits et en services " made in Japan ". Cette politique a ainsi permis au Japon de se positionner dans les secteurs de la production de moteurs automobiles, d'équipements électroniques, de fer et autres métaux, de bateaux et de produits chimiques.
L'activité touristique a subi un terrible coup d'arrêt après la catastrophe du 11 mars 2011. L'accident dans la centrale nucléaire de Fukushima eut, plus encore que le tsunami, des effets dévastateurs sur l'activité touristique. Les touristes ont déserté le Japon pendant quelques années mais reviennent en force. C'est le cas de Français par exemple avec une croissance de plus 20 % sur les 3 dernières années. De nombreuses régions n'ont cependant pas été frappées par la catastrophe, et cherchent à mettre en avant leurs trésors pour attirer les visiteurs. C'est le cas de la région de Setouchi. Le Japon cherche à atteindre la barre symbolique des 20 millions de touristes d'ici 2020. Il est en passe de réussir cet objectif bien plus vite qu'il ne l'avait prévu. En 2014 le nombre de touristes était de 13,4 millions, soit 3 millions de plus qu'en 2013. En 2016 près de 19,7 millions de touristes se sont rendus au Japon, un record !
Le tourisme devient un secteur important de l'économie japonaise, sans en être l'un des moteurs principaux. Les touristes qui visitent l'archipel sont en grande partie originaires d'Asie. La moitié provient de Corée du Sud et de Chine et un peu plus de 10 % de Taïwan. Quant aux Français, ils se place en dixième position au classement des pays les plus représentés sur le sol japonais.
L'économie au Japon se porte moyennement bien en ce début d'année 2017. Après avoir connu une récession de 2008 à 2012, période de sa plus grave crise depuis la Seconde Guerre mondiale, le Japon enchaîne deux bonnes années de 2012 à 2014 et deux autres très moyennes. La TVA, passée de 5 à 8 % et les coûts exorbitants de la catastrophe de Fukushima ont plombé les prévisions de reprise. Les exportations ont progressé de 8,5 % à 6 927 milliards de yens entre 2014 et 2015, mais sont stagnantes depuis deux ans. La politique d'Abe Shinzo montre depuis lors des signes d'essoufflement et elle est fortement exposée aux chocs extérieurs en raison de sa forte dépendance aux exportations.
Le taux de chômage à environ 3,5 % reste modéré, mais a augmenté en raison de la crise financière mondiale. Sur le plan du commerce, un partenariat Trans-Pacifique a été signé sans être ratifié en février 2016. Cet accord de libre-échange tentera de réduire l'influence toujours plus grandissante de la Chine. L'élection de Donald Trump aux Etats-Unis est enfin une donnée inquiétante pour la politique future du Japon. Le nouveau président américain ne semble pas convaincu et a déclaré que cet accord pourrait menacer l'emploi aux Etats-Unis.
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