Guide de Champagne-Ardenne : Histoire
L'Aube était le coeur français de la bonnetterie, la capitale de la Maille et ce dès le Moyen Âge. En 1914, plus d'un quart des habitants troyens travaillent dans ce secteur. Dès lors naît une marque incontournable : Petit Bateau qui fête cette année ses 100 ans. Et en 1918, la petite culotte apparaît : elle n'est autre qu'un caleçon long dont on a coupé les jambes afin de coller aux nouveaux canons de la mode ! Quant à la marque Absorba, troyenne elle aussi, elle tire son nom du fait qu'elle absorbait plus que les autres les fuites des bambins. Valton et Poron, deux familles troyennes qui ont révolutionné le quotidien des Français !
Petit Bateau, boulevard de Dijon, Troyes (03 25 82 37 12)
Absorba, site Marque Avenue Junior, boulevard de Dijon, Troyes (03 25 75 95 95)
Peuplée dès la Préhistoire - de nombreux sites néolithiques en témoignent - la région était déjà un espace d'échanges entre différentes peuplades sédentaires et nomades. Cela dura jusqu'au dernier siècle avant Jésus-Christ. A cette époque, les habitants du nord de la Champagne-Ardenne sont les Rèmes et ceux du sud les Lingons, premiers habitants de l'époque celtique, deux peuples venus primitivement de Belgique.
La route des dolmens et des menhirs. Les dolmens et les menhirs ne sont pas réservés aux terres bretonnes. Dans le département de l'Aube, reine des mégalithes, on dénombre à ce jour pas moins de treize dolmens, sept menhirs et seize polissoirs, un nombre de mégalithes (traduction littérale de " grosses pierres ") suffisamment étendu pour servir de prétexte à une promenade dans le Nogentais (10), car c'est dans ce coin, au nord-ouest du département, que ces monuments anciens, d'origine préhistorique, ont été conservés. Dans l'Aube, les spécialistes estiment les mégalithes à la période du néolithique final (entre 4 500 et 4 000 ans avant Jésus-Christ). C'est à Marcilly-le-Hayer (à la sortie de la commune en direction de Bercenay-le-Hayer, sur la D374) que siègent encore deux dolmens à quelques centaines de mètres l'un de l'autre. Ils sont indiqués par un panneau " monuments historiques ". Le plus beau des deux (voire du département) a été appelé le dolmen des Fossés-Blancs. De cet emplacement, on aperçoit à plusieurs centaines de mètres sur la gauche l'autre dolmen, celui de Vamprin, auquel mène le chemin qui gravit la colline. D'autres curiosités s'élèvent ici et là dans la campagne auboise : les menhirs de la Pierre-au-Coq (sur la D374 entre Trancault et Soligny-les-Etangs, et sur la D51 conduisant du Tremblay, hameau d'Avant-les-Marcilly, à Saint-Aubin). Le plus haut de tous (3,20 mètres) est situé au beau milieu d'un champ, à gauche de la route allant de Saint-Aubin à La Chapelle-Godefroy.
Les sources, entre thermes et lieux de cultes druidiques. Il semblerait que les sources de la Douée et de l'Echevêtre, dans le pays d'Aix en Othe, ait été un lieu de culte pour les druides, fort comblés par la forêt d'Othe et ses richesses. En outre, sur l'emplacement du parc des Fontaines, à Aix-en-Othe, furent retrouvés des vestiges de thermes gallo-romaines. Au hameau du Jard, on trouva aussi un Apollon en bronze, du mobilier de bronze...
Jules César, nouveau Consul de Rome, entame une guerre de conquête et envahit les Gaules de 58 à 51 avant J.-C. Il trouve dans les habitants de Durocortorum, la future Rheims puis Reims, des amis fidèles et sûrs. Cette capitale de la Belgique Seconde, selon le découpage de l'époque, est appelée par Rome aux rang et privilège de cité " alliée ". Elle ne paie pas de tribut et n'a pas de lien de vassalité avec la ville la plus puissante du monde connu. De plus, Rèmes et Lingons jouent un rôle de gardiens des marches de l'est contre les visées guerrières des Germains.
A partir du Ier siècle de notre ère, les populations sédentarisées sont peu à peu converties au christianisme. En même temps, les barbares débarqués du nord de l'Europe - Alamans, Goths, Alains, Vandales, etc. - déferlent dans la région ; même les Huns d'Attila viennent se faire écraser aux Champs catalauniques, entre Troyes et Châlons-en-Champagne.
Les Celtes en Champagne-Ardenne. Les Celtes, qui occupèrent la Gaule de 200 à 50 avant J.-C., ont laissé des traces dans la Marne. C'est avec Napoléon III, au XIXe siècle, que les fouilles dans ce domaine se développent. La Marne fut donc un secteur occupé par les Celtes. Entre Troyes et Chaource (Aube), passionnés d'histoire et amateurs d'archéologie se rendent à Isle-Aumont. Classées Monuments historiques en 1967, la butte d'Isle-Aumont et son église constituent un vivant témoignage des temps anciens. À l'époque celtique, la butte constitue un lieu de culte et de refuge. Puis, un temple dédié au dieu Mercure succède au culte gaulois durant l'occupation romaine. Une abbaye est fondée sous les Mérovingiens, accompagnée d'une vaste nécropole de plus de 600 sarcophages, avant d'être successivement occupée par les Carolingiens, les envahisseurs normands et hongrois. Au XIIe siècle, Blanche de Navarre fait bâtir un second château et renforcer les fortifications, alors qu'Isle devient une étape importante sur la route des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Seule subsiste aujourd'hui l'église remaniée, agrandie aux XVe et XVIe siècles.
Enceinte celtique du camp d'Attila. A quelques kilomètres de Châlons-en-Champagne, à la Cheppe (51600), en direction de Suippes, se trouve le lieu-dit " Camp d'Attila ", une place forte appelée oppidum. Serait-ce comme l'affirment certains, le lieu de la bataille des Champs catalauniques qui eut lieu en 451 ? Le combat principal aurait eu lieu sur une hauteur appelée l' " Ahan des Dibles " dont le nom ahaner vient du bruit fait par les soldats pour enterrer leurs morts. Six belvédères et une promenade guidée vous permettront de vous forger une opinion sur cet oppidum !
On ne saurait manquer, enfin, de revenir sur la découverte d'une tombe celte du Ve siècle, mise à jour à Lavau, lors de fouilles destinées à évaluer le terrain avant la construction d'un centre pénitencier. C'est une chambre funéraire de 14 m² qui abritait le squelette d'un prince, et surtout tout un patrimoine : char, bijoux, mobilier funéraire... L'identité de ce personnage important n'a pas été déterminée. Désormais " la tombe de Lavau " avec ses objets grecs et étrusques, est le sujet de multiples conférences. Comment ces objets sont-ils parvenus dans ce petit village ? Il semblerait qu'un marché fluvial ait favorisé des échanges sur ces terres...
C'est ensuite la Fronde qui amène à nouveau une série de malheurs, avant qu'enfin, au 18ème siècle, le temps des Lumières arrive. Il apporte une paix salvatrice qui permet à l'économie régionale de se reconstruire. Une industrie textile à Sedan, Troyes et Reims, le travail de la forge et des métaux dans les Ardennes et le Nogentais, autant de points forts qui valorisent la région.
Le XVIe siècle : l'âge d'art. Le XVIe siècle marque une nouvelle ascension troyenne. Oublié le honteux traité de Troyes signé en 1420, par lequel Isabeau de Bavière abandonnait la France aux Anglais ! La vie artistique est intense. Les maîtres verriers parent les églises de flamboyants vitraux, mais il est difficile d'en déterminer la paternité. Ainsi, on soupçonne le maître verrier de l'église Sainte-Madeleine de Troyes d'avoir aussi réalisé ceux de l'église de Saint-Parres. Les sculpteurs troyens cultivent une manière unique, encore toute empreinte de l'art médiéval, mais puissante, saisissante, pétrie des sentiments les plus poignants... Les églises troyennes regorgent encore de ces oeuvres sublimes : la " sainte Marthe " de l'église de la Madeleine en est le plus bel exemple. Le style italianisant anéantira pourtant la manière troyenne, vers 1540, car quantité d'artistes italiens se sont installés dans la ville : un terrible incendie en a ravagé le tiers en 1524. L'ancienne capitale des comtes de Champagne est un immense chantier de construction. Les maisons seront plus belles encore. Les hôtels particuliers plus fastueux que jamais, et les églises... plus divines ! C'est le " beau XVIe siècle troyen " : la ville est alors la 5e de France.
La Révolution. La révolution de 1789 vient faire chanceler ces reconstructions efficaces, mais bien timides. Plutôt favorable aux idées premières révolutionnaires, la Champagne n'est pas touchée de plein fouet.
Deux épisodes fameux s'y déroulent néanmoins : du 20 au 25 juin 1791, le roi Louis XVI et sa famille tentent de gagner l'étranger. Reconnus à Sainte-Menehould par le maître de poste Jean-Baptiste Drouet, leur fuite s'arrêtera à Varennes, dans la Meuse. Le destin de la famille royale est scellé dans la Marne.
C'est aussi dans la Marne, à Valmy, le 20 septembre 1792, que les généraux Dumouriez et Kellermann battent les armées prussiennes, asseyant le pouvoir révolutionnaire dans un fauteuil en rendant confiance à l'armée.
Le 20 septembre 1792 : la bataille de Valmy. Site prestigieux où s'est déroulée sur les hauteurs la bataille, Valmy est le symbole de la République de Valmy. Le 20 septembre 1792, l'armée française, dirigée par Dumouriez, y affronte les forces coalisées des monarchies européennes... Le général Kellermann commandait le centre de l'armée, à proximité du moulin. Le lendemain de la bataille fut proclamée la Ire République. On découvre sur le site le moulin, la chapelle de la princesse Ginetti, le monument de Kellermann. Le site est libre d'accès, le moulin est illuminé la nuit. L'intérieur du moulin se visite au cours des visites guidées organisées toute l'année par l'office de tourisme sur demande. Visite guidée les mercredis et vendredis en été à 15h sur le site (rendez-vous devant la maison du meunier), à partir de 5 €.
Plus d'informations : www.argonne.fr - tourisme@argonne.fr
Napoléon Bonaparte. Arrive l'Empire. Bonaparte est élève à l'école militaire de Brienne-le-Château, dans l'Aube. Il y entre le 15 mai 1779. C'est l'un des douze collèges de France qui accueillent les enfants de la petite noblesse. Il y reste cinq ans. Considéré comme bon élève, particulièrement doué pour les mathématiques, il montre déjà une propension à l'art du commandement, en organisant des jeux militaires dont il prend la tête. Une bataille de boules de neige, qu'il aurait dirigée un hiver, fait partie de sa légende. Napoléon livre ses derniers combats contre russes, autrichiens et prussiens sur le sol champenois en 1814. Un an plus tard, après la défaite finale de Waterloo, les armées alliées retraversent encore une fois la région pour soutenir la Restauration.
La guerre de 1870 éclate entre la Prusse et la France et les Ardennes sont en première ligne... Rimbaud, né à Charleville, dénoncera cette toute puissance dans son poème Rages des Césars. C'est à Sedan, après une défense héroïque, que l'armée française capitule, entraînant dans sa chute Napoléon III. La république est proclamée à Paris.
Avec la paix, la Champagne-Ardenne revit. Les frontières de l'empire allemand sont maintenant proches : l'Alsace et la Lorraine sont allemandes. Mais l'essor industriel n'est pas freiné.
La révolution industrielle. Puis la révolution industrielle introduit le progrès. Textile, métallurgie (Haute-Marne et Ardennes), mécanisation de l'industrie du Champagne sont les domaines les plus significatifs. De plus, de grandes voies de communication se créent, voies ferrées et canaux, qui désenclavent certaines zones. L'économie est en plein essor et la période de stabilité dure jusqu'à la fin du second empire. La ville de Troyes se développe un peu plus tard, et c'est véritablement vers 1830, avec l'apparition de machine à tricoter, qu'elle occupe une place conséquente dans le monde de l'industrie. En effet, non loin de Paris, elle propose une main d'oeuvre moins chère. Rapidement, trois pôles se démarquent : Troyes, Nogent-sur-Seine et Arcis sur Aube, spécialisée dans les draps et les serges. L'artisanat et l'industrie collabore : on délègue aux petites mains locales les pièces impossibles à produire sur machine.
La Grande Guerre. En septembre 1914, c'est le début de la Première Guerre mondiale, lors de laquelle il y eut deux batailles de la Marne. La première eut lieu du 5 au 12 septembre 1914.
La seconde bataille de la Marne, quant à elle, se déroula du 15 au 18 juillet 1918. C'est elle qui amène la victoire finale le 11 novembre 1918. Ces épisodes furent un véritable massacre, et la région en ressort exsangue.
Les " Taxis de la Marne " sont au coeur d'un épisode historique pendant l'été 1914, lorsque les troupes allemandes menaçaient Paris. Sur ordre du général Gallieni, environ 600 taxis parisiens, pour la plupart des Renault AG1, furent réquisitionnés pour servir de transport aux fantassins de la 7e Division d'Infanterie. Cette opération permit de renverser le cours de la Première bataille de la Marne en faveur du camp français... et fut facturée à l'armée par la compagnie de Taxis !
" Plus jamais ça " est alors le slogan à la mode. Les villes furent presque entièrement détruites. Reims n'était plus qu'un champ de ruines dominé par la structure imposante de sa cathédrale dont les toits ont entièrement brûlé.
Sept villages disparus. Perthes-les-Hurlus, Hurlus, Le Mesnil-les-Hurlus, Ferme de Beauséjour, Ripont, Tahure, Nauroy et Moronvilliers furent sacrifiés. Les hommes, mobilisés, avaient déjà délaissé ces villages situés sur des zones trop sensibles. Femmes et enfants furent évacués sans jamais y revenir.
La guerre 1939-1945. L'économie se remet doucement mais, dès septembre 1939 éclate la Seconde guerre mondiale. Le 10 mai 1940, les colonnes allemandes de blindés se mettent en route, traversent bientôt les Ardennes réputées infranchissables par l'état-major français, en créant un couloir dans la forêt.
La Meuse est franchie à Sedan ; et ce sont les dures années d'occupation. Après un dernier sursaut à l'hiver 1944 - dans les Ardennes - les armées allemandes capitulent enfin.
Dans la nuit du 7 au 8 mai 1945 au Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force à Reims, le chef d'état-major de l'Oberkommando der Wehrmacht le Generaloberst Alfred Jodl, signe le " German Instrument of Surrender ". Les combats de la Seconde Guerre mondiale sur le front européen cessent officiellement le 8 Mai 1945 en application de la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie.
La Marne fut une région au coeur de la Première guerre mondiale, et plus particulièrement avec la Bataille de la Marne, contre-offensive qui permit de délivrer des Allemands les villes d'Epernay et de Reims. Le Centre d'Interprétation de Suippes, qui était le coeur du front de Champagne en 1914, est plus qu'adapté pour se faire une idée du terrain. Vous pouvez vous plonger dans cette période de l'histoire, de façon ludique, et didactique, via des films ou des bornes interactives. Sur 600 m2, ce centre est l'occasion d'une nouvelle approche de la guerre de 1914-1918. Mettant à profit les nouvelles technologies, à travers des bornes biométriques, des écrans entourent le visiteur et le plonge dans le réalisme de l'époque, avec des mises en scène, un film très émouvant, ce " musée nouvelle génération ", accessible aux handicapés. En effet, une fois l'empreinte biométrique prise, vous endossez le destin d'un homme, civil ou soldat, ayant traversé cette guerre. Suivez le poilu qui dès l'entrée vous indiquera la route à prendre... Le multimédia est à l'honneur pour entrer dans le vif du sujet et il a su évoluer ces dernières années, pour notre plaisir !
Infos : www.marne14-18.fr - 6,50 € par adulte. Famille nombreuses : 16 € (2 adultes et 2 enfants de moins de 18 ans).
Accès Tourisme et Handicap
L'hôpital de Troyes, avec ses nouveaux bâtiments, des accès facilités, rendra hommage à Simone Veil, en écho au Panthéon et à ce que cette grande dame aura oeuvré pour le bien-être de tous. Il portera désormais non plus le nom des Haut-Clos, mais celui de l'hôpital Simone Veil, résistante, académicienne, ministre disparue le 30 juin 2017.
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