Guide de Champagne-Ardenne : Patrimoine et traditions
Dans l'Aube, on peut s'amuser de jour comme de nuit. Pour les férus de musique, il existe en janvier la Nuit du Conservatoire. Mieux qu'un film, depuis quatre ans, le Conservatoire, sur entrée libre, vous ouvre porte, couloirs, salles... Au gré des espace vous découvrez les talents d'un soir. Si vous préférez le terrain aquatique, le piscine des Chartreux ouvre ses bassins pour Halloween, en lumière lugubre, musique, et avec des jeux gonflables. Seul le nombre de baigneurs, près de 700, peut vous effrayer ! Quand ce n'est pas Halloween, le disco prend le relais avec une Friday night fever, la fièvre du vendredi soir. Dans et autour des bassins, les Chartreux, sur des tubes des années 1970-1980, font la fête !
Conservatoire de Troyes, 8 bis rue de la Paix.
Piscine des Chartreux, 10 rue Raymond-Burgard.
Gratuites et disponibles au 3e étage de la Maison du Tourisme, il faut certes le savoir. C'est fait ! N'hésitez donc pas à demander tous ces précieux guides, fort bien faits. Des parcours, des brochures en mode exploration, des livrets personnalisés sur les églises - où ils sont souvent disponibles par ailleurs -, ils vous orienteront aussi mieux vers les musées qui vous conviennent. Un bel investissement pour séduire le touriste.
Maison du tourisme, service animation du patrimoine.
En téléchargement sur www.vpah-troyes.fr
La littérature occupe une place prépondérante en Champagne-Ardenne. Les écrivains qui y sont liés sont légion. A Langres, Diderot, natif de la ville, est mis à l'honneur par un musée. Le philosophe des Lumières en faisait notamment l'éloge politique, célébrant le fait que cette cité avait su ne jamais abandonner le parti de ses rois. Autre philosophe : Voltaire, qui profita de son amour pour Emilie du Châtelet et du château de Cirey (52) pour aiguiser sa plume autour de la métaphysique et de la philosophie de Newton. Troyes a d'ailleurs son pont Voltaire, au dessus de la ligne de chemin de fer. La Champagne-Ardenne est aussi la terre des poètes, notamment avec les sulfureux Verlaine et Rimbaud. A Juniville (08), L'Auberge du Lion d'Or a sans doute abreuvé le poète de fée verte, l'absinthe étant un des péchés mignons du poète. Aujourd'hui reconvertie en musée Verlaine, c'est sur 1 500 m2 que vous pourrez revivre celui pour qui " Il y a en France des contrées aussi belles que les Ardennes, il n'y en a peut-être pas de plus belle... ". Rimbaud n'est pas en reste : le Vieux Moulin de Charleville abrite notamment des manuscrits, dont celui de Voyelles, qui nous rappelle la synesthésie dont Rimbaud faisait preuve. La Maison Rimbaud a été inaugurée en 2015, mais c'est aussi Patty Smith qui en 2017 a investi dans une maison appartenant à la famille du poète. Rimbaud s'y était réfugié quand Verlaine lui avait tiré dessus. Le général De Gaulle trouva, quant à lui, son inspiration et son refuge à Colombey-les-Deux-Eglises. Il décrit de son bureau ouvert sur les plaines, sa traversée du désert mais aussi la puissante inspiration du paysage : " Par-dessus la plaine et les bois, ma vue suit les longues pentes descendant vers la vallée de l'Aube, puis les hauteurs du versant opposé ". Louis-Ferdinand Céline, plus polémique, resta un temps à Revin. Toutefois, son Bardamu dresse un portrait peu flatteur des Ardennes dans son Voyage au bout de la nuit. Flaubert lui aussi vécut à Courtavant, dans l'Aube... En somme, en Champagne-Ardenne, tout semble propice à l'écriture. Essayez en envoyant une carte postale...
Depuis longtemps, la cité tricasse se bat pour être inscrite sur la célèbre liste du patrimoine mondial de l'humanité. Le fonds de la médiathèque, qui abrite plus de 700 incunables, c'est-à-dire de livres imprimés avant 1500, est inscrit au registre Mémoires du monde. La bibliothèque de Clairvaux n'est pas étrangère à ce fonds incommensurable puisqu'il est le premier fonds médiéval français et est déjà, quant à lui, inscrit au patrimoine de l'Unesco. Le patrimoine architectural de la ville devrait lui permettre d'y prétendre au même titre que la ville de Provins. Son souci : les foires médiévales ont disparu, la présence du judaïsme médiéval dont l'Institut Rachi, régulièrement en rénovation, demeure l'emblème s'est étiolée. Troyes envisageait un temps de mettre en exergue ce " patrimoine immatériel ", mais doutons que cela suffise.
Ce serait pourtant le 6e point fort de ce patrimoine, attendu que la région compte déjà cinq sites classés au patrimoine Unesco : le Palais du Tau de Reims ainsi que la cathédrale Notre-Dame, cathédrale des sacres et son ancienne basilique Saint-Rémi, mais aussi la collégiale Notre-Dame-en-Vaux de Châlons-en-Champagne et à l'Épine, la basilique qui est censée favoriser la fécondation des jeunes femmes... Mais depuis 2015, c'est l'atout viticole et le paysage culturel qui a conquis l'Unesco : Coteaux, maisons et caves de Champagne appartiennent désormais au Patrimoine mondial.
En outre, Dominique Caille est à l'initiative de la plus grande bibliothèque de dessins. Fruits du concours mondial de dessins, 100 000 pièces venues de tous pays sont soigneusement archivées.
La région a inspiré nombre d'écrivains. Denis Diderot est l'icône à la ville de Langres où il naquit en octobre 1713, mais aussi à toute la Haute-Marne. La place de la cathédrale porte alors déjà le nom des Diderot, que Denis quittera vers quinze ans. Le Musée des Lumières Denis Diderot, avec près de 250 pièces, met à la disposition des visiteurs nombre d'ouvrages littéraires inédits : un exemplaire du Supplément au voyage de Bougainville posthume, des écrits épistolaires, mais aussi une comédie de théâtre, talent moins connu, Est-il bon, est-il méchant ?, dernière oeuvre dont Diderot a annoté plusieurs pages. Voltaire, lui, se réfugia en Haute-Marne, à Cirey. Poursuivez ainsi vers le château de Cirey-sur-Blaise (52), ouvert au public en été. Ici, il vécut une grande histoire d'amour avec Emilie du Châtelet de 1734 à 1749.
Ce siècle de tolérance a sans aucun doute permis aux poètes de se libérer. Verlaine et Rimbaud ont ainsi marqué leur passage dans les Ardennes, une route balisée y évoque leurs pérégrinations. De la maison natale de Rimbaud, à Charleville, au musée qui se consacre à son oeuvre et sa vie, on ira aussi à Roche voir le lavoir où il écrivit Une Saison en enfer. A l'entrée du cimetière de Charleville se trouve une boite à lettres de la Poste, jaune, mais à l'effigie de Rimbaud. Les lettres seraient archivées au musée. Mais l'Aube a aussi hébergé le père de Flaubert qui délaissa son Rouen de prédilection plusieurs fois, pour prendre le cadre de Nogent-sur-Seine, notamment dans l'Education sentimentale. Emile Coué est aussi né dans la cité des templiers. Quant à Abélard et Héloïse, c'est au Paraclet (10) qu'ils se réfugièrent.
www.chateaudecirey.com (Voltaire)
www.charleville-mezieres.fr/Culture-patrimoine-et-jumelages/Rimbaud-et-Charleville-Mezieres/Les-musees (Rimbaud)
www.musees-langres.fr (Diderot)
A Essoyes, dans l'Aube, on cultive la vigne et le souvenir des Renoir. C'est dans cette petite commune, village natal de sa femme, que le peintre Auguste Renoir s'est installé vers 1882. Il achète la maison où il réside tous les ans, de mai à octobre et adopte ce pays de campagne et de coteaux plantés de vignes qui lui a inspiré plusieurs toiles. Après de nombreux appels à souscription, la maison renaît de ses cendres, tel un phénix. C'est désormais plus qu'une maison, un véritable centre culturel, qui vous est ouvert. Mais l'Aube est aussi la terre d'asile de Camille Claudel à compter de 1876. En 2014, on a célébré les 160 ans de la naissance de l'artiste. Elle y impressionne déjà Alfred Boucher, sculpteur lui aussi. C'est ainsi qu'elle fit ses premiers pas artistiques dans la ville, travaillant notamment le marbre et la terre glaise. On comprendra aisément que la ville ait choisi de mettre en avant un pôle de sculptures, à travers cette triade : Paul Dubois (dont le père fut maire de Nogent mais surtout sculpteur, qui désormais habille les couloirs du Louvre et du Quai d'Orsay), Alfred Boucher et Camille Claudel. Son premier musée mondial a désormais ouvert ses portes. L'environnement lumineux rend un bel hommage à la sculptrice, mais a aussi été partenaire du centenaire Rodin. Le patrimoine artistique ne saurait s'affranchir des ressources religieuses. La région Champagne-Ardenne s'enorgueillit de posséder le plus grand nombre de vitraux anciens d'Europe, datant du XIIIe au XIXe siècle. Linard Gonthier et la famille Vinum, maîtres verriers, ont contribué à leur conservation. Un conservatoire du vitrail, la Cité du vitrail, aux côtés de l'Apothicairerie et des canaux, permet de charmer les yeux des visiteurs au-delà des nombreuses églises troyennes. Vouée à s'étendre jusqu'à 2 000 m², elle sera un échantillon louable des 9 000 m² de baies vitrées et savamment travaillées que compte l'Aube.
Cité du vitrail, à l'Hôtel-Dieu-le-Comte, à Troyes. Horaires : ouvert du mardi au dimanche de 9h30 à 19h. Entrée libre.
Rappelons tout d'abord que le fondateur du cours Simon, René Simon (1898-1971), est né dans l'Aube. De nos jours, c'est la talentueuse actrice Clothilde Hesme, née à Troyes dans l'Aube en 1979 et qui a reçu le César du meilleur jeune espoir féminin en 2012, qui honore la région. Autres personnalités : Tex, présentateur de télévision français, ainsi que Cendrine Dominguez, mais aussi la miss Méteo devenue actrice depuis, Pauline Lefèvre, tous sont enfants du département. Le comique Raphaël Mezrahi aussi et Jean-Marie Bigard, en 1954. Gérard Klein, révélé dans la série L'Instit, est quant à lui originaire de Romilly-sur-Seine. Bon, Michel Laroque, l'amoureuse de M. Baroin, est certes une pièce rapportée, mais elle fait à la ville l'honneur d'une présence régulière.
Pierre Dac, célèbre pour ses beaux mots comme " rien ne sert de courir si on n'est pas pressé ", est né à Châlons-en-Champagne. Michel Creton, acteur notamment dans Max et les Ferrailleurs, avait vu le jour en Haute-Marne. Yves Simon, qui composa la musique de Diabolo Menthe, est né à Choisel (52). Et les festivals ne sont pas en reste avec Les Enfants du Cinéma, en début d'année à Charleville-Mézières, et le festival Première marche à Troyes qui célèbre le court-métrage. En outre, Troyes a été le site de tournage des films Ami-Ami, Un Peuple et son Roi ou encore Sans Famille... et cette année, Thierry Lhermitte a tourné, sur Troyes et Vatry, Poivre et Sel, son nouveau métrage.
L'architecture champenoise. Au Moyen Age, l'habitat traditionnel champenois se caractérise par des constructions à pans de bois et dites à colombages. En général, le colombage désigne une maison sans étage, contrairement à la maison à pans de bois, une technique qui se justifie par le manque de pierres dures dans le sous-sol de la région. Les bâtisseurs puisèrent donc dans les ressources de bois de chêne des forêts du Der et de l'Argonne. Jusqu'au XVe siècle, on construisit ainsi deux types d'assemblages : le style vertical, qui domine jusqu'au XIXe, équilibre pans de bois et remplissage, et le style horizontal.
Des constructions sont composées de solives, de poteaux porteurs et de poutres savamment agencées. Le colombage consiste ainsi en une ossature de bois qui permet de soutenir l'ensemble. Le remplissage s'effectuait en pisé, hormis pour certaines constructions dotées de planches en bois engagées dans des rainures entre chaque pan de bois, un mode qu'on rencontre généralement dans des cloisons intérieures. Au XVe, les maisons sont pour la plupart étroites et hautes, les façades montrent des pignons élancés, comme à la maison Clémangis à Châlons-en-Champagne, qui présente également deux faces sur encorbellement et une toiture souvent avancée en auvent. Au XVIe siècle, la décoration évolue avec l'apparition de la croix de Saint-André, par la suite les maisons s'élargissent, les façades se décorent de multiples croix, puis les têtes de poutre à leur tour sont sculptées. Au XVIIe, le décor à base de motifs disparaît, même si le pan de bois subsiste dans ce type de construction encore un siècle. Ensuite, déprécié, il disparaît sous du staff, un enduit à base de plâtre, ou du crépi. De nombreuses façades ont ainsi mal vieilli. Désormais réhabilité, le patrimoine champenois montre fièrement ses pans de bois, comme à Troyes qui garde un riche patrimoine de toute beauté, avec un poutrage apparent et coloré dans diverses rues. A Troyes, il reste partout dans la ville historique des témoignages de ces bâtisseurs du Moyen Age : des poutres sculptées (notamment dans la rue François-Gentil), des pignons à encorbellement, c'est-à-dire avec une avancée de bois courbée, des cours intérieures pavées... Levez le nez, empruntez ces ruelles tortueuses, vous admirerez cet ensemble médiéval qui côtoie des hôtels particuliers de style XVIe siècle et Renaissance.
Cependant, la plupart de ces maisons se touchant, Troyes redoute plus que tout un incendie tel celui de 1985 qui décima la plupart des bâtisses du quartier Saint-Urbain. Deux immeubles d'habitations du XVIe siècle, 14 magasins, soit 10 000 m² de plancher, partirent en fumée, sans que les pompiers, dont les lances gelaient sous la température descendue jusqu'à moins 25 °C, ne purent grand-chose.
Si vous vous rendez à Troyes, rue Kléber, une maison jaune, typique des maisons à colombages de la ville, penche au point de nous faire croire qu'elle va s'effondrer.
Les églises fortifiées. La Thiérache ardennaise, à l'ouest du département - une région de collines et de bocage où se retrouvent volontiers les amateurs de calme et de nature -, vécut des temps plus difficiles. Zone frontalière, elle fut le témoin de nombreuses luttes au cours de l'histoire. Dès lors, religion et stratégie belliqueuse forment une alliance pour préserver les communes. Les villageois, pour se protéger, se réfugiaient dans les églises, des édifices auxquels vinrent ainsi s'ajouter des fortifications, entre 1550 et 1700, tant pour résister aux invasions qu'aux pillards. Ainsi, l'église donnait asile et permettait de résister aux sièges des assaillants. Véritables refuges, en Thiérache, une quinzaine d'églises de ce type est à voir, entre Aouste, Prez, Liart, Signy-Le-Petit, Rouvroy-Sur-Audry, Rumigny... A Aouste, l'église Saint-Rémy est caractéristique, elle présente un extérieur robuste, la tour carrée est consolidée par des contreforts en pierre. Elle disposait d'un puits (aujourd'hui muré) et d'une vaste cheminée qui complétaient le dispositif. De Charleville-Mézières à la limite du département de l'Aisne, on emprunte une route balisée. Une boucle de 150 kilomètres, entre les forêts de Signy-l'Abbaye, emmène le visiteur à la rencontre de ces églises fortifiées métamorphosées en petits châteaux, au point de transformer les chapelles en donjons !
Les fortifications. Le territoire de Champagne-Ardenne ne manque pas d'imposantes fortifications. La ville de Langres et ses 4 kilomètres de remparts donnent un bel exemple d'architecture militaire du XIVe siècle. Rocroi témoigne de l'urbanisme militaire et de l'art de Vauban, qui apporta sa touche à cette cité en étoile, au XVIe siècle. Une ville qui fut le témoin d'une terrible bataille en 1643. Un peu plus à l'est, à Sedan, un géant surplombe la ville : la plus imposante forteresse d'Europe due à Errrad donne à découvrir salle de garde, bastions... Elle est organisée autour de deux portes, l'une du côté du Luxembourg, et la seconde du côté de la Champagne. Depuis 1424, date de sa construction, jusqu'en mai 1940, où les Allemands contournèrent la ligne Maginot, des pages d'histoire ont été écrites ici : 7 niveaux, 35 000 mètres carrés, il se visite à son rythme. Souvenir de la Seconde Guerre mondiale, la ligne Maginot fut le dernier bastion de cet ouvrage de défense. Des forteresses il y en a d'autres, comme Villy, et son dernier fortin de la ligne Maginot, Rocroi, et sa citadelle en étoile construite en 1555, dont les fortifications ont pratiquement gardé leur état primitif. Un urbanisme intra-muros unique en France !
Les forts détachés. On dénombre huit forts qui sont implantés aux alentours de Langres. Pour la plupart à visiter uniquement sur demande, ils respectent des architectures différentes : par exemple, ceux de Peigney et de La Bonnelle sont en forme de trapèze, celui de Cognelot est polygonal, Montlandon qui appartient à un privé mais est très bien préservé est sous forme de trapèze ainsi que celui du Plesnoy, celui de Dampierre est triangulaire et encore propriété de l'Etat. La région est ainsi empreinte d'histoire, et rend compte du camp retranché qu'était la cité. Le fort de la Pompelle de Reims n'est pas en reste : appartenant au chemin de mémoire, vous pouvez le visiter, vous glisser dans ses galeries, et ainsi vous projeter dans une époque mouvementée.
La région est riche d'artistes. A Reims, rendez-vous au monument de l'Armée noire, réplique de la sculpture de Paul Moreau-Vauthier détruite sous l'Occupation qui a trouvé sa place sur un socle légendaire. En effet, le socle précédent se trouve en quelque sorte au coeur de l'arche, tandis que l'armature plus moderne permet de faire revivre l'oeuvre, commémorant ainsi la guerre 1914-18 avec un fort symbolisme. La Fileuse, friche artistique à Reims, accueille désormais les artistes en résidence.
A Troyes, des personnages de bronze ont pris domicile dans la ville. Lili vous accueille, coiffée d'un majestueux chapeau, oeuvre du sculpteur hongrois András Lapis, dont on peut croiser la " jumelle ", rue Bonaparte à Paris, dans une pose plus méditative et l'amour est célébré par deux oeuvres. L'arbre d'amour, oeuvre des compagnons du devoir marnais, planté aux abords de la nouvelle cité du vitrail et le Coeur de la ville, inondant de ses lumières le canal dès la tombée de la nuit, quai Dampierre. L'hôpital de Troyes s'ouvre sur un portrait en métal de Simone Veil, juste à l'entrée. On se souvient que le sculpteur aubois Jean-Paul Méline avait rendu hommage à l'Abbé Pierre les années précédentes, sur le même procédé.
A Langres, on célèbre Denis Diderot, avec l'ouverture d'une Maison des Lumières, où l'on peut se confronter notamment au buste de bronze de l'Encyclopédiste, signé Houdon ou à la toile impressionnante de Van Loo qui rend hommage au philosophe. Au sein de huit salles, vous retrouverez tout le brillant esprit de ce siècle de lutte contre l'intolérance.
A Reims, une sculpture dénommée Ball Machine a été offerte à l'hôpital américain afin que les enfants puissent s'évader ludiquement, l'espace d'un instant.
Le Graal. Souvent confondue avec Troie, Troyes a, elle aussi, ses légendes auxquelles Ulysse n'a rien à envier. Chrétien de Troyes fut le premier à mentionner le terme de " Graal " qui à lui seul laisse présumer des trésors qu'abrite l'Aube. Selon lui, ce sont les Templiers qui étaient les gardiens du Graal, et les Templiers, la région en regorge, de Payns à la forêt d'Orient... d'ailleurs, cette dernière porte aussi le nom de forêt du Temple. Dense, elle était gardée par diverses commanderies à son orée, et il était aussi difficile d'y pénétrer que d'en sortir. Un nid à légendes, en somme...
L'origine de Reims. S'il est indéniable que Rome doit son nom à Romulus, on s'interroge encore sur celui de Reims. Et si Rémus y était pour quelque chose ? Parole royale : Louis XIII, lors de son sacrement à Reims, n'affirma-t-il pas que " Les gens de Remus, hors de la cité boutés/Fondèrent Reims, la cité où nous sommes " ? En effet, certains affirment que Rémus fonda la ville de Reims, dont la renommée traversa les frontières pour atteindre les oreilles de son frère. Celui-ci, jaloux de Reims et lassé des railleries sur Rome, décida de se venger par un fratricide. Le fronton de la porte de Mars, dans le prolongement de l'avenue de Laon, ne porte-t-il pas une représentation des deux frères allaités par la louve ? Nous ne casserons pas le mythe, mais la louve, lupa en latin, désignait aussi les péripatéticiennes...
Les Dames de la Meuse. Situé à Laifour (Ardennes). Entre Laifour et Revin, la Meuse creuse profondément le massif ardennais. Sur sa rive gauche, à la sortie d'un méandre, se dressent trois imposants rochers couverts de hêtres... L'origine de ce lieu est racontée par une ancienne légende : au temps des Croisades, le seigneur de Hiergues avait trois fils : Héribrand, Geoffroy et Vauthier. Il décida de les marier aux trois filles du seigneur de Rethel, Hodierne, Berthe et Ige. Peu après leur mariage, les trois jeunes chevaliers partirent en croisade pour aller libérer la ville de Jérusalem. Se sentant trahies, les trois soeurs ne tardèrent pas à remplacer leurs maris absents en recevant dans le lit conjugal trois autres chevaliers. Au moment précis où les croisés libérèrent Jérusalem, Dieu punit les trois soeurs de cet adultère en les changeant en ces trois gros rochers, les condamnant ainsi à regarder passer les voyageurs sur le fleuve pour l'éternité.
Les monstres marins. Les Ardennes abritent d'ailleurs nombre de créatures aquatiques : entre la " trécouche ", un énorme crustacé à écailles avec d'énormes pattes qui a la réputation d'enlever les enfants, le " carnabot " mi-humain, mi-marin, qui guérit les panaris, ou encore le " mawhot ", un lézard qui hante les rives de la Meuse pour empêcher les enfants de s'en approcher, gardons-nous de traîner la nuit...
La Peût-Bête, c'est-à-dire le Diable, enlevait les enfants. On dit que les habitants d'Aujeures, en Haute-Marne le pétrifièrent en une statue toujours visible sur la place du village. Aujourd'hui, cette sorte de dragon de pierre crache non plus des flammes, mais de l'eau !
De la Champagne aux Ardennes, le patois local a comme partout pris place. On plaisante beaucoup sur les " a " des Aubois qui ont tendance à former un son grave plutôt proche du " o " et les Ardennais mangent non pas des quetsches, mais des " couaches ", des prunes, quoi ! A l'image du vocabulaire du Québec, les Ardennais ont leur forme de langage : ici, on use du " si il ", on " est darne " ou " vanné " (fatigué), mais on prend vite une " lichette " de vin plutôt qu'une " bibine " (mauvais alcool), soit une petite gorgée. Le patois ardennais se rapproche un peu de celui du Nord. Pour chipoter un tantinet, ajoutons que la langue parlée dans les Ardennes du Nord diffère un brin de celle parlée dans les Ardennes du Sud ! La vie se passe " piam piam " dans cette région champardennaise : le calme s'impose mais on se fend quand même la " margoulette " (la figure) ! Et si vous êtes cafteux, arrêtez-vous prendre un kawa dans un troquet ! Attention, à la pointe de Givet (08), on s'essaie aussi à la langue wallonn. Pour les passionnés, " Les Ramounis ", sorte de petite troupe amateur, jouent des saynettes dans la pure langue ardennaise !
A lire : Mon patois d'Ardenne en 40 histoires, éditions de la Société des écrivains ardennais, 105 pages, 15 € (CD inclus).
L'ardoise ardennaise. La pierre de l'Ardenne, c'est le schiste. Dès le Paléolithique, l'homme de Néandertal a recouru à l'ardoise pour élaborer quelques-uns de ses outils. Ce n'est que vers le XVIIIe siècle que l'exploitation débuta réellement. Cinq bassins ont produit l'ardoise dans les Ardennes : les plus anciens sont Fumay et Monthermé, puis suivirent Rimogne, Deville et enfin Haybes. La diversité de coloris de l'ardoise ardennaise est unique : grise, bleue, rose, verte, violette. On ne tire plus l'ardoise du fond actuellement, les fosses ont fermé, la dernière en 1971. Deux musées situés sur d'anciens sites d'extraction perdurent la mémoire de cette longue histoire minière et la transmettent aux visiteurs. Toutefois, à Harcy, une ferronnerie relance la production en 2011 afin de produire de l'ardoise sous la forme de poudre : il faut en effet savoir qu'on y recourt pour le bitume, les insecticides, ou encore les peintures. Vous pouvez visiter le musée de l'Ardoise, à Fumay (08) ✆ 03 24 41 10 25. Vous pouvez aussi participer en septembre à la Randonnée de l'ardoise (VTT, 4X4, moto enduro, moto route ou même à pied) !
L'argile, une tradition auboise. La qualité de l'argile, présent dans le sous-sol de l'Aube fit naître rapidement de nombreux sites potiers dans le département. Des fouilles archéologiques mirent à jours des fours gallo-romains au-dessus de Nogent, à Villenauxe et Chaource. Durant la période médiévale, tuiles et carreaux étaient fabriqués notamment dans les abbayes cisterciennes de Champagne.
Bonneterie. Implantée à Troyes depuis le XVIe siècle, la bonneterie sera être une nouvelle chance pour la cité. À la fin du XVIIIe siècle, la fabrication des bas et bonnets de coton prend une forme industrielle. L'hôtel de Mauroy, qui accueille les enfants pauvres et abandonnés au sein d'une institution, leur procure du travail sur des métiers de bonneterie. La formule, qui préfigure l'usine, fera recette. Au début du XIXe siècle, cette activité a pris une forme industrielle. La région jouit d'une main-d'oeuvre qualifiée et bon marché, d'une production de qualité et de techniciens qui perfectionnent sans cesse les métiers. Si la bonneterie est aujourd'hui en retrait, elle a durablement imprimé sa marque à la ville. Troyes reste, la capitale de la bonneterie, secteur qui occupe encore le premier rang de l'activité régionale.
La coutellerie de Nogent. A l'origine, la coutellerie se développe à Langres ; signalons d'ailleurs que le père de Denis Diderot fut coutelier. Puis, petit à petit, les couteliers de Langres émigrèrent à Nogent, qui connaît ses heures de gloire au XVIIIe et XIXe siècles ; à cette époque, la région nogentaise comptait 6 000 ouvriers. Cette activité ancienne de coutellerie et cisellerie haut de gamme est aujourd'hui complétée de l'estampage pour l'automobile, l'outillage main et l'instrumentation médico-chirurgicale. Nogent est actuellement le premier site français de production de ciseaux. C'est donc dans tout le Bassigny que vous pourrez trouver des artisans couteliers, jusque dans les plus petits villages.
Le cristal de Bayel. Au carrefour de la Lorraine et de la Bourgogne, Bayel, dans le département de l'Aube, connaît le travail du verre depuis l'an 1300. Le soufflage à la bouche, la taille et la gravure à la main, la gravure au sable et à l'acide, satinage, dorure, dépôt de platine, émaillage, autant de techniques pour parler de la magie du cristal, un art entretenu par les savoir-faire des maîtres verriers. Au XVIIe siècle, sur les conseils de Colbert, le maître verrier Jean-Baptiste Mazzolay quitte l'Italie et vient s'installer en 1666 à Bayel, où tous les atouts pour travailler la verrerie (privilège nobiliaire) se trouvent réunis : un château, du sable, de l'eau et du bois. Depuis cette date, les feux n'ont jamais été éteints, relancés énergiquement par Alexis Marquot en 1853.
La fonte d'art. En Haute-Marne et plus particulièrement dans la région de Saint-Dizier, l'abondant minerai de la permet, du XVe au XIXe siècle, l'essor de la ville et de sa population grâce à la sidérurgie. Le déclin de cette activité au début du XXe siècle n'empêche pas la ville et ses environs de s'illustrer dans le domaine de la fonte d'art. Avec l'avènement de l'art nouveau, Hector Guimard coule ses créations dans les fonderies de Saint-Dizier, qui devient berceau de la fonte d'art. En 1900 il crée des fontes ornementales, qui se redécouvrent aujourd'hui au gré d'un circuit qui suit ses pas dans la ville. Le patrimoine métallurgique s'illustre aussi sur la " route du fer ", on y trouve ainsi le haut-fourneau de Dommartin-le-Franc et les anciennes fonderies du Val-d'Osne...
Métallurgie et coutellerie. Au XIIe siècle, les moines de Clairvaux fondent leurs forges à Wassy, la vallée de la Blaise est en effet une très vieille région métallurgique. L'industrie du fer se développe, encouragée par les monastères, dans la forêt du Der et celle d'Othe. Au XIVe siècle, la coutellerie et de grandes maisons apparaissent à Langres, de nombreux artisans s'installent à Nogent, illustrant le dynamise de ce secteur au XIXe siècle, la coutellerie fine, la ciselure haut de gamme, la fabrication d'instruments médicaux et chirurgicaux, des outils... Aujourd'hui des ateliers subsistent à Nogent, Biesles... Dans les Ardennes aussi la métallurgie est présente, l'industrie de la clouterie, puis de la boulonnerie dans la région de Bogny-sur-Meuse, la ferronnerie à Nouzonville, la fonderie à Revin...
Le Point de Sedan. Dans les Ardennes, l'industrie drapière de Sedan remonte aux guerres de Religion. La manufacture du Point Sedan, atelier d'Art, inscrit au Patrimoine industriel national et faisant partie des richesses françaises s'est vu contrainte de fermer à son tour ses portes en 2008. Cette manufacture datant du XVIe siècle offrait une prestation unique au monde, produisant des tapis de laine sur canevas de lin. Les grands de ce monde ne s'y trompaient d'ailleurs pas, puisque parmi ses plus célèbres clients, on peut citer : le pape Pie XII, le général de Gaulle, le président J.-F. Kennedy, la duchesse de Windsor... C'est donc tout un pan de l'histoire artisanale et culturelle de la région qui s'étiole au fil des départements. Avec le XVIe siècle, Troyes développe ses activités autour de la draperie et du velours, la bonneterie apparaît avec bonnets et bas tricotés à la main. Au XVIIIe siècle, les métiers à tisser font leur apparition et les bas de Troyes sont très prisés au XIXe siècle, l'activité de la bonneterie se développe dans tout le département de l'Aube.
La vannerie. Situé au sud du département de la Haute-Marne, le pays de Fayl-Billot est au coeur d'une tradition : la vannerie. On y cultive l'osier dont les brins servent à la fabrication de plus de 800 articles : paniers, malles, présentoirs, objets décoratifs, huches à pains ou hottes de vendangeurs. Aujourd'hui encore, les artisans travaillent l'osier comme au XVIIe siècle : ni la machine, ni le robot, n'a remplacé la main de l'homme. Le vannier est l'un des rares ouvriers qui produit une matière - l'osier - et la façonne de son origine à son destin final. L'école nationale d'osiériculture et de vannerie de Fayl-Billot, installée depuis 1905, propose des formations préparant au travail de l'osier : un cas unique en France. Les habitants de Fayl-Billot apprennent peu à peu l'art de la vannerie, qui prend tout son essor au XIXe siècle. On compte à cette époque plus de 600 vanniers, et la culture de l'osier couvre 500 ha. La récolte traditionnelle se pratique à la serpette, chaque brin étant coupé le plus près possible de la souche. Triés en fonction de leur taille, les brins d'osier " vert " sont mis en bottes. On dispose les bottes par rangs de taille, les grandes au nord et les plus petites au midi, pour obtenir un ensoleillement maximum. Décortiqués après la remontée de sève du printemps, les brins d'osier blanchis sèchent durant deux jours au soleil et demeurent encore quatre mois au sec. La fin de l'été arrive et après un long travail, l'osier peut enfin être tressé.
Des fonderies ardennaise et haut-marnaises réputées ont fait la renommée de la région. Demeurent de vieilles usines du XIXe et du début du XXe siècle, des cheminées de brique que l'on aperçoit de loin, au fil des villes et des communes, des quartiers ouvriers aux maisons alignées... Sedan et Charleville sont devenus historiquement et industriellement les deux pôles magnétiques des Ardennes avec une centaine de fonderies de fer, de fonte et d'acier. La plupart d'entre-elles fondent notamment la fonte pour fabriquer des appareils de chauffage et de cuisine, qui constituent une des productions emblématiques du département. Les établissements Deville à Charleville, Faure et Arthur-Martin à Revin étaient les fers de lance de cette activité. De nombreux sites ont été rasés, d'autres sont en friche mais présentent encore des vestiges remarquables comme l'usine Thomé-Cromback à Nouzonville construit en 1930 par l'architecte Chansoux sur des plans ramenés de Philadelphie. A travers toutes ces fonderies, la clouterie, la boulonnerie et la ferronnerie tiennent une haute place. A Nouvion-sur-Meuse, résiste la dernière usine de quincaillerie de France.
En 1856, la Haute-Marne, se place au premier rang des départements pour la production de fonte et de fer en assurant 20 % de la production nationale. Le département est aussi le berceau incontestable de la fonte d'art avec les usines du Val d'Osne et de Sommevoire. Rasée en 1980, la fonderie des Ardennes, dans la rue du Bois-d'Amour, a laissé place à un terrain qui va devenir à terme des jardins communaux. Le haut fourneau de Vendresse (Ardennes) est inscrit au supplément des monuments historiques depuis 1972. Il a cessé ses fonctions dans les années 1870 et a été reconverti depuis en site culturel. Vous pouvez aussi choisir de suivre la Route du Savoir Fer...
La Route du Savoir Fer :
Domaine du Haut-Fourneau
Rue du Haut-Fourneau
08160 Vendresse
A partir de 39 €.
La ville de Bar-sur-Seine est célèbre, tout comme la région, pour ses verriers, fleurons de l'industrie locale à une époque. Elle est notamment le refuge de la verrerie de Bligny, qui a déménagé. En cette terre de champagne, la verrerie des Frères Viard devint célèbre. Le maître verrier Marinot y a également installé un atelier. Il y teste les inclusions, les jeux d'émail, et fut salué par l'exposition internationale des Arts décoratifs de 1925. Il réinvestit ses voyages au sein de son art et a réalisé près de 2 500 pièces, soufflées ou non, délaissant l'émail pour illluminer le verre. Un livre est mis en avant avec la parution de l'ouvrage Cage en verre d'Olivier Adam et Philippe-Emmanuel Champain.
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