Guide de Split et sa région : Arts et culture
La Croatie présente un paysage architectural varié. Un certain nombre de villes conservent des traces de l'architecture antique, comme Zadar où l'on voit bien le tracé du cadastre romain, Split et le palais de Dioclétien ou encore Pula et son amphithéâtre construit sous Vespasien. Les premiers siècles de notre ère ont laissé en Croatie plusieurs monuments dont de grandes églises à triple abside comme la Sainte-Trinité de Split qui date du IXe siècle. L'architecture romane est très présente avec des variations selon les régions et même au sein d'une même ville : à Zadar, la cathédrale manifeste une influence toscane tandis que la basilique Saint-Chrysogone témoigne de l'influence lombarde. La Renaissance connaît le succès de l'école dalmate d'architecture qui prône des constructions n'utilisant qu'un seul type de pierre avec une technique d'assemblage sans mortier. La cathédrale de Šibenik, par exemple, est construite sur ce modèle. C'est sur la côte dalmate que l'on trouve le plus de constructions de ce type. Au contraire, le baroque s'exprime davantage dans le nord-ouest du pays et notamment dans la région du Zagorje et à Varaždin. Au XIXe siècle, avec l'essor de l'urbanisation, les plus grandes villes voient la construction de bâtiments typiques de l'historicisme, notamment Zagreb. Le style Sécession s'illustre dans le bâtiment des archives de Zagreb édifié par Rudolf Lubynski. Finalement, le modernisme au XXe siècle prend la forme du fonctionnalisme qui se dégage des motifs et des partis académiques ; c'est encore à Zagreb que l'on trouve les plus beaux exemples de ce type d'architecture.
Les longs-métrages croates n'ont jamais connu de grand succès, sans doute en partie à cause des contraintes imposées par le régime communiste, à part quelques bons films, comme Lisice (Les Menottes pour sa version française, le titre croate signifiant également " Les Renards ") de Krsto Papić. En revanche, le cinéma croate a connu son heure de gloire à travers les films d'animation de l'école de Zagreb, dont les dessinateurs étaient connus dans le monde entier dans les années 1950. On peut citer Dušan Vukotić (1927-1998) qui reçut un Oscar en 1963 pour son film Surogat ou encore Zdenko Gašparović et son chef-d'oeuvre, Satiemanija (1978). Ces dernières années, quelques films se sont démarqués sur la scène internationale. En 2006, le film Sarajevo, mon amour remporte un vif succès autant auprès du public que de la critique. Il remporte de nombreux prix dont l'Ours d'or du meilleur film au festival de Berlin. Les films sortis en 2009 sont Metastaze de Branko Schmidt et Vjerujem u anđele de Nikša Sviličić. Les films sortis ces dernières années sont encore fortement marqué par le drame de la guerre comme Crnci (The Blacks) avec Ivo Gregurević et Neka ostane među nama (Juste entre Nous) de Rajko Grlić et Ante Tomić.
Il s'agit d'une des écoles les plus cotées au monde grâce à la qualité artistique de ses productions. Un des fondateurs de l'école, Dušan Vukotić, fut le premier artiste étranger à être récompensé par un Oscar dans la catégorie des dessins animés, en 1961, pour son film Ersatz, Le substitut (Surogat). C'est pourquoi le festival international du film animé de Zagreb est l'un des plus connus du monde entier, et qu'un grand nombre des dernières productions est réalisé dans les studios de la capitale.
A l'origine de la littérature croate se trouve la première écriture slave : le glagolitique, créé par deux moines grecs, saint Cyrille et son frère saint Méthode, au IXe siècle. La traduction des Ecritures en slavon a incité les prêtres à créer une littérature religieuse en slavon croate, des romans populaires, chroniques, textes apocryphes, et à rédiger des textes publics dont le plus célèbre est la Plaque de Baška, du XIe siècle. Pourtant, l'évangélisation de la Croatie fut presque essentiellement l'oeuvre des clergés franc et italien, et c'est donc le latin qui s'imposa progressivement comme la langue de culture. La première véritable oeuvre littéraire à proprement parler est celle de Marko Marulić (1450-1525), humaniste originaire de Split dont les traités, écrits en latin, connurent un succès européen. Son oeuvre la plus réputée est l'épopée religieuse Judita (1501). Marulić est considéré comme le père de la littérature croate. Mais des poètes écrivirent également en langue slave aux XVe et XVIe siècles, sous l'influence du pétrarquisme, surtout en Dalmatie et à Dubrovnik. Les plus importants sont Džore Držić (1461-1501) et Šiško Menčetić (1457-1527).
Au XVIe siècle, le poète majeur est Dinko Ranjina (1536-1607), qui a également rédigé des vers en italien. Enfin, Marin Držić (1508-1567) écrit à cette période des pièces de théâtre dont, par exemple, Adonis ou Skup, qui sont encore jouées aujourd'hui. Pour le XVIIe siècle, il faut citer Ivan Gundulić (1589-1638) et son long poème épique Osman (1638) ainsi que son Ode à Dubrovnik Dubravka (1628). Dans le nord de la Croatie, Petar Zrinski (1620-1671) et Fran Krsto Frankopan (1643-1671) laissent des essais de grande valeur. Le mouvement illyrien donne une impulsion à la littérature croate. Parmi les auteurs qui adoptent le dialecte chtokavien figurent Stanko Vraz (1810-1851), Petar Preradović (1818-1872) et surtout Ivan Mažuranić (1814-1890). Pour la première partie du XIXe siècle, retenons les noms des romanciers August Šenoa (1838-1881) dont les romans historiques L'Or de l'orfèvre (1871) et La Révolte des paysans (1877) font figure des premiers grands romans croates, Eugen Kumičić (1850-1904), Ante Kovačić (1854-1889) et Ksaver Šandor Ðalski (1852-1935). Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les plus grands sont sans doute le poète Silvije Strahimir Kranjčević (1865-1908) et son Moïse et le dernier Adam, l'auteur de pièces de théâtre Ivo Vojnović (1873-1914), originaire de Dubrovnik, et Antun Gustav Matoš (1873-1914), poète et grand critique littéraire. Parmi les " modernes " figurent le poète Tin Ujević (1891-1955) (La Lamentation du serf, Le collier), Antun Branko Šimić (1898-1925) ou encore Dobriša Cesarić (1902-1980). Citons également le poète et romancier Janko Polić Kamov (1886-1910), auteur notamment de L'Insulte et Le Papier chiffonné, qui a fait à pied le voyage de Zagreb à Paris. Parmi les écrivains croates encore vivants, citons Vesna Parun, née en 1922 et auteure d'Aubes et tempêtes (1947), L'Olivier noir (1955) et d'autres romans, Radovan Ivšić, né en 1921, connu notamment pour Le Roi Gordagane (1943) et Le Puits dans la tour (1967), ainsi que Predrag Matvejević, né en 1932, à qui l'on doit Bréviaire méditerranéen (1992) ou Epistolaire de l'autre Europe (1993). Les meilleurs livres sortis ces cinq dernières années sont : Miljenko Jergović, Dvori od oraha ; Zoran Ferić, Anđeo u ofsajdu ; Robert Perišić, Užas i veliki troškovi et Boris Dežulović, Christkind. Le roman autobiographique Hotel Zagorje de l'auteure Ivana Bodrožić-Simić paru en 2010 est un best-seller. Le roman décrit la vie des réfugiés de guerre croates en Croatie.
Pendant une dizaine d'années, sous la présidence de Franjo Tuđman, la presse était sous la coupe du gouvernement. Pendant la guerre, les chaînes de télévision et radios publiques étaient utilisées comme moyens de propagande. Depuis la fin des conflits, et surtout le changement au pouvoir aux élections de 2000, les médias sont autonomes et indépendants.
Chaque région possède son quotidien régional : Slobodna Dalmacija pour la Dalmatie, Novi list pour la région du Kvarner, les autres - Jutarnji list et Večernji list - sont publiés à Zagreb. En plus des journaux locaux, on trouve facilement dans les villes touristiques la plupart des journaux étrangers : italiens, allemands, anglais et même français. Ils peuvent cependant parfois arriver avec quelques jours de retard.
Plusieurs programmes d'informations quotidiens en langues étrangères sont diffusés durant la saison touristique : sur le premier programme de la radio croate HRT 1 (fréquence 92.1 Mhz), des informations en anglais sont diffusées chaque jour. Sur HRT2 (98.5 Mhz), les actualités en croate seront suivies de rapports du HAK sur la circulation routière en anglais, allemand et italien du 1er juin au 20 septembre. Plusieurs fois par jour sont émises dans ces mêmes langues des informations pour les plaisanciers. Toutes les heures sont diffusés sur ce même programme, en alternance, des flashs d'actualités et des informations sur la situation routière en direct des studios : du programme 3 de la radio bavaroise, du programme 3 de la radio autrichienne, de la RAI 1 et de la radio britannique Virgin. Pour ce qui est des autres programmes, le choix est large.
Les trois chaînes publiques diffusent de nombreux programmes étrangers. Les films sont en version originale sous-titrée en croate.
Les premières cultures apparaissent sur le sol croate au néolithique et à l'énéolithique (l'âge de cuivre). C'est pendant l'Antiquité que la Croatie développe des liens forts avec les cultures méditerranéennes grecques (les colonies grecques sur les îles). Pendant l'Empire romain, la Dalmatie était une province romaine avec comme centre administratif Split (Salona). Après la chute de l'Empire romain, la Dalmatie tombe sous l'influence culturelle de l'Empire byzantin.
Du VIIIe au Xe siècle, un courant indépendant croate prend forme. Pendant le haut Moyen Age et à l'époque paléochrétienne, on construit de petites églises aux plans divers (la plupart du temps un plan ovale ou en crucifix avec un dôme). L'intérêt de cette époque est surtout porté sur la décoration en pierre - le pleter croate (ornement en forme d'entrelacs). Pendant l'époque romane, apparaissent des basiliques à plusieurs nefs avec des absides (cathédrales de Rab, Zadar et Trogir), et aussi les fameux portails de la cathédrale de Split (porte en bois réalisée par le maître Buvina) et de Trogir (porte de maître Radovan).
Le gothique est surtout présent du XIIIe au XVe siècle au nord de la Croatie (construction de la cathédrale de Zagreb). La Dalmatie est influencée par Venise. Le développement du style gothique rayonnant dont le représentant le plus célèbre est Juraj Dalmatinac. Cet artiste a construit à Split, Dubrovnik, Zadar et son oeuvre la plus connue est la cathédrale de Sibenik, que l'Unesco a consacrée comme faisant partie de l'héritage mondial. Pendant la renaissance, à Dubrovnik, on construit des palais, knežev dvor (le palais du comte), des fontaines.
À partir du XVIIe et jusqu'au XVIIIe siècle, le baroque se développe au nord du pays (Zagreb, Varaždin, les châteaux de Hrvatsko Zagorje), et l'on assiste à l'apparition de la peinture illusionniste.
Le début du classicisme se situe au XIXe siècle et l'apparition des meubles et décorations bidermajer (style propre a l'Empire austro-hongrois). Le représentant de la période est Vjekoslav Karas. A la deuxième moitié de ce siècle, on assiste à l'apparition de la peinture historique, étroitement liée avec le renouveau de la conscience nationale (Quiquerez, Mašić, Iveković). Vlado Bukovac représente les nouvelles tendances (Zagrebačka šarena škola) et influence la formation de la sécession croate (Čikoš-Sesija, Crnčić).
Au XXe siècle, la Croatie suit la mode artistique européenne. Les originaires du modernisme croate sont des peintres éduqués à Munich (Račić Kraljević, Becić). Les oeuvres d'Ivan Meštrović, artiste croate renommé, datent de cette période. Pendant l'entre-deux-guerres, la Croatie connaît un développement d'expressionnisme et de cubisme (Tartaglia, Šulentić, Gecan). Après la guerre, l'école de l'art naïf est fondée à Hlebine. Au début des années 1950, on assiste au développement des tendances abstraites, vers 1960 débute l'époque de la " seconde avant-garde ". Aujourd'hui, le développement artistique suit les tendances mondiales.
Vlaho Bukovac (1855-1922). Né à Cavtat, au sud de Dubrovnik, Vlaho Bukovac émigre tôt aux Etats-Unis avec son oncle qu'il suit ensuite au Pérou où il dessine quelques portraits avant de prendre des cours de peinture à San Francisco. De retour à Dubrovnik, l'évêque Strossmayer l'encourage et lui donne une bourse pour aller à Paris où Bukovac fréquente les ateliers de Tcheramok et de Cabanel. Son tableau Montenégrine atteint un petit succès. Il retourne ensuite à Zagreb avant d'être nommé professeur à Prague.
Josip Račić (1885-1908). Ce peintre de génie, mort à 23 ans, a séjourné à Paris quelque temps en 1908. Son tableau le plus célèbre est Le Pont des Arts.
Ivan Meštrović (1883-1962). Berger, le sculpteur Ivan Meštrović s'est formé à Split, où il fréquente l'atelier de Bilinić, et a d'abord exposé à Vienne avant de se rendre à Paris en 1908-1909. Il se lie d'amitié avec Rodin. Ses sculptures ont été exposées à deux reprises au musée Rodin.
Le folklore croate emprunte aux différentes influences qui se sont exprimées dans les Balkans, entre l'Europe centrale, la Turquie et la Méditerranée. En témoignent aujourd'hui les nombreux festivals folkloriques, comme le festival annuel de tambura d'Osijek. La tambura est un instrument à cordes d'origine turque ; c'est l'instrument traditionnel le plus répandu en Croatie et dans la diaspora croate. Citons aussi le lirica, sorte de violon que l'on pose sur son genou, instrument typique de la Dalmatie et le sopila, hautbois typique de l'Istrie. Les danses traditionnelles débutent généralement par des mouvements lents, accompagnés de chants qui s'interrompent au fur et à mesure que la danse s'accélère. La ronde initiale peut se séparer pour laisser les couples se former et exécuter des figures classiques. Les festivals sont aussi l'occasion de découvrir les costumes traditionnels que l'on ne porte plus qu'à cette occasion. On distingue trois grands types de costumes. Le costume de l'Adriatique se caractérise par les pantalons larges et le long bonnet de toile rouge pour les hommes, tandis que les femmes portent une jupe plissée et sont coiffées d'une longue écharpe qui se porte différemment selon que la femme est mariée ou non. En Pannonie, le costume est en toile de coton avec une broderie bleue, noire ou rouge. Enfin, le costume dinarique est en laine pour l'essentiel avec des parures ; les hommes portent le gilet et une grosse ceinture de cuir où sont placées des armes.
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