Guide de La Palma : Histoire

Chronologie
Chronologie canarienne

3 000 ans av. J.-C. > arrivée probable des premiers Guanches.

IIe siècle av. J.-C. > l'astrophysicien Ptolémée fait passer le méridien 0 par l'île d'El Hierro

600 > des navigateurs phéniciens et carthaginois repèrent les îles Canaries.

1200 > des navigateurs génois, portugais et catalans parcourent les eaux canariennes.

1312 > le Génois Lancelot Maloisel (Lancelotto Malocello) débarque sur Lanzarote alors qu'il était parti à la recherche des frères navigateurs et marchands Vandino et Ugolino Vivaldi.

1344 > Luis de La Cerda reçoit du pape le titre de roi des îles Canaries

1402 > le Normand Jean de Béthencourt annexe Lanzarote au royaume de Castille.

1405 > Jean de Béthencourt annexe également Fuerteventura, puis El Hierro.

1445 > le Portugais Hernán Peraza occupe La Gomera.

1479 > les Canaries sont attribuées aux Rois catholiques.

1483 > conquête de Gran Canaria par les troupes espagnoles de Juan Rejón.

1492 > Christophe Colomb s'élance vers l'ouest depuis les Canaries.

1492 > conquête de La Palma par Alonso Fernández de Lugo.

1496 > conquête de Tenerife par Alonso Fernández de Lugo non sans avoir essuyé une défaite humiliante à Acentejo deux ans auparavant face au chef guanche Benchomo, y perdant la majeure partie de son expédition.

1852 > établissement du statut de port franc.

1900 > mise en place d'un gouvernement autonome et des cabildos insulares.

1927 > les Canaries deviennent deux provinces espagnoles.

1936 > Francisco Franco est gouverneur militaire des îles. Coup d'Etat militaire contre la République et début de la guerre civile.

1939 > dictature militaire dirigée par Franco.

1975 > mort de Franco et mise en place de la monarchie constitutionnelle de Juan Carlos Ier (Constitution en 1978).

1982 > les Canaries deviennent l'une des dix-sept Communautés autonomes d'Espagne.

1985 > le Parlement autonome rejette l'adhésion à l'Union européenne et obtient un statut particulier provisoire.

1991 > les îles Canaries sont la première Communauté d'Espagne à interdire le spectacle des corridas par la Ley Canaria de Protección de Animales. Et sera suivie par la Catalogne... en 2011.

1993 > les Canaries sont déclarées Réserve de la biosphère de l'Unesco.

7 juillet 1994 > régime fiscal très favorable.

30 décembre 1996 > la réforme du statut, également approuvée par une loi organique, constitue un pas en avant considérable en matière d'autogouvernement avec l'incorporation d'améliorations fondamentales qui reconnaissent les Canaries comme un territoire insulaire éloigné, faisant ainsi d'elles la Communauté la plus singulière et la plus différenciée de toutes celles qui constituent l'Etat espagnol.

Décembre 2001 > les îles perdent le statut de port franc.

Janvier 2002 > comme dans tous les pays de l'Union européenne, l'euro devient l'unique monnaie des Canaries.

2003 > Maria del Mar Julios est, depuis 2003, la première vice-présidente du gouvernement autonome des Canaries.

Mars 2004 > attentats à Madrid : 191 morts. Le gouvernement de droite de José Maria Aznar perd les élections et les socialistes remportent les élections législatives.

2006 > 500e anniversaire de la mort de Christophe Colomb.

2007 > les élections municipales (dans l'ensemble du pays) et régionales (dans treize des dix-sept Communautés autonomes dont les Canaries) ont eu lieu le 27 mai 2007. Le parti socialiste (PSOE) a réussi à se placer en position d'exercer le pouvoir dans le cadre de coalitions avec les partis régionalistes et nationalistes aux Canaries.

2008 > inauguration du télescope Magic 2 au laboratoire d'astrophysique de La Palma, en présence du prince Felipe d'Espagne.

2009 > le plus grand téléscope du monde a été inauguré à l'observatoire Roque de los Muchachos sur l'île de La Palma le 24 juillet 2009 en présence du roi d'Espagne Juan Carlos.

2010 > les Espagnols sont sacrés pour la première fois champions du monde de football en Afrique du Sud contre les Pays-Bas (1-0). Le Canarien Pedro Rodriguez fait partie de la sélection officielle.

2011 > les élections régionales et municipales se sont tenues en mai. Le président sortant du Gobierno des Canaries Paulino Rivero (CC), candidat à sa propre succession, est réélu.

Des origines à nos jours

Les Canaries étaient connues du monde occidental dès l'Antiquité. La mythologie grecque, transmise par les poètes Homère ou Hésiode, en fit tour à tour le lieu des Champs Elysées et du jardin des Hespérides. D'autres y virent plus tard les restes de l'Atlantide, le continent englouti évoqué par Platon dans le Timée et le Critias. Les Phéniciens, puis les Carthaginois, les Egyptiens et peut-être les Grecs naviguèrent le long des côtes d'Afrique, ils aperçurent probablement l'archipel, mais ne s'y embarquèrent pas.

Les Romains en firent les îles Fortunées au-delà des colonnes d'Hercule, l'actuel détroit de Gibraltar. L'historien Pline l'Ancien, mort à Pompéi en 79 apr. J.-C. lors de l'éruption du Vésuve, évoque dans son Histoire naturelle une expédition envoyée vers les îles, au début de notre ère, par le roi maure Juba II. Les Guanches élevaient alors de nombreux chiens de grande taille. Les Maures en ramenaient quelques spécimens ; du latin canis (chien), Pline dérive le nom Canaria, qui ne désignait sans doute que Gran Canaria, avant de s'appliquer à tout l'archipel.

L'île qu'il nomma Pluvialia (du latin pluvia, la pluie) pourrait être La Gomera ou El Hierro, tandis que Nivaria (du latin niva, la neige) est certainement Tenerife, l'enneigement hivernal du Teide n'ayant pu que frapper, même de loin, les premiers navigateurs. Fuerteventura et Lanzarote étaient alors appelées îles de Pourpre, en raison de la présence sur leurs sols d'orseille, ou orchilla en espagnol, une plante dont on tirait une teinture pourpre pour les textiles. Au Moyen Age, les Canaries étaient connues des Arabes qui avaient alors envahi toute l'Afrique du Nord, mais ne s'étaient jamais aventurés sur le mystérieux archipel.

Avant la conquête espagnole, les Canaries étaient habitées par les Guanches. Le terme guanche dérive d'un nom lui-même guanche, wanchinet ou gwanchinet, composé de wa ou gwa, qui aurait signifié " homme ou fils ", et de chinet, qui était alors le nom de Tenerife. Le toponyme Chinet, signifiant alors " grand volcan ", assimilait l'île au Teide, comme sous l'Antiquité romaine. Le mot guanche aurait donc eu le sens de " fils de Tenerife " et ne s'appliquerait au sens strict qu'à l'ancienne population de cette île.

Une autre thèse avance que ce sont les explorateurs portugais et génois qui, lorsqu'ils arrivèrent aux Canaries à la fin du XIIIe siècle et rencontrèrent des populations, leur donnèrent alors le nom de Guanche, de gwan chin, " les enfants du grand volcan ". Ils désignent les premiers habitants de Tenerife. Cependant, on a aujourd'hui pris l'habitude de désigner ainsi l'ensemble de la population préhispanique de l'archipel. Ce terme générique pose problème car il ne prend pas en considération les différences existant entre les populations de chaque île, différences accentuées par un étonnant manque de communication entre elles, pourtant si proches.

Aujourd'hui, aucun témoignage ni aucune fouille archéologique n'a fait état d'embarcations, et il semble que les Guanches n'étaient en rien des marins. Pourtant, il n'y a que par la mer que l'on peut atteindre les îles. La théorie la plus plausible, au vu de la proximité de la côte marocaine, est qu'ils soient originaires du nord-ouest de l'Afrique et sans doute des Berbères, comme les actuels Kabyles d'Algérie ou encore les Touareg. Cependant, le courant et les vents alizés auraient tout aussi bien pu les faire venir de la péninsule Ibérique. Les dernières démonstrations du navigateur et archéologue Thor Heyerdahl tendraient cependant à relativiser le fait que, durant l'Antiquité et selon les techniques de confection des embarcations connues de l'époque, il n'aurait pas été impossible pour les descendants des Guanches de provenir de contrées lointaines : le mystère demeure entier à ce jour..

Origine des peuplements Guanches. On peut supposer que le peuplement des Canaries se soit effectué en deux vagues distinctes, pouvant aussi bien venir d'Afrique du Nord que d'Europe. Les futurs Guanches ne sont peut-être pas arrivés aux Canaries avant 3 000 ans, mais leur immigration avait sans doute pris fin en l'an mille avant notre ère. Bien que la langue guanche se soit diluée dans plusieurs dialectes propres aux îles et se soit mélangée aux toponymes repris par les colons espagnols et aux canarismes, on peut aisément l'apparenter à la langue berbère. C'est en tout cas l'hypothèse la plus souvent retenue, une hypothèse qui se conforte dans certaines caractéristiques de ses deux peuples.

Agriculture et artisanat guanches. Les Guanches ne connaissaient pas la charrue, mais cultivaient des céréales (orge, froment) et des légumes secs. La farine des grains d'orge grillés donnait le gofio, cette pâte très nourrissante qui reste aujourd'hui le plat le plus typique des Canaries. Ils pratiquaient, comme les Berbères, l'élevage de chèvres, qui leur fournissaient l'essentiel de leur viande et du lait dont ils tiraient du beurre. Ils élevaient aussi le mouton et le porc. En outre, la cueillette (fruits, champignons) et la pêche côtière constituaient un complément important de leur alimentation. Ils habitaient principalement des abris-sous-roche plus ou moins creusés et aménagés, comme, encore aujourd'hui, certains paysans de Gran Canaria. Cet habitat troglodytique et surtout leur habillement réduit à des peaux de chèvre cousues sont tout ce qu'a retenu d'eux l'imaginaire moderne, notamment touristique, qui les assimile aux hommes de Cro-Magnon. Comme ces derniers, les Guanches ignoraient l'usage du fer : les conquistadores eurent pourtant du mal à venir à bout de leurs armes de bois et de pierre taillée, de leurs lances (añepas) à la pointe durcie à la flamme ou prolongée d'une lame de pierre volcanique effilée et coupante. Ils faisaient également des poteries, sans l'aide d'un tour, selon une technique encore utilisée aujourd'hui par les Berbères.

En outre, ils maniaient avec dextérité le bâton, ou palo, qui leur servait pour les activités de pastorage et s'affrontaient le cas échéant en joutes.

Structure sociétale guanche. Chaque tribu avait à sa tête un monarque, appelé mencey à Tenerife, guanarteme à Gran Canaria ou roi par les conquistadores, bien qu'il soit plus judicieux de parler de chef. En dessous de celui-ci et de sa femme, de sa famille et de l'assemblée d'anciens qui le conseillait, la société était hiérarchisée en deux principales classes : les nobles et la plèbe. Catégorie à part, les prêtres semblent avoir eu le pouvoir d'anoblir n'importe quel plébéien.

Les momies constituent l'une des principales traces de la culture guanche qui sont parvenues jusqu'à nous. Les corps étaient enduits de beurre, séchés au soleil, puis embaumés et ensevelis dans des grottes semblables à celles qu'habitaient les vivants, ou plus rarement, à Gran Canaria et peut-être aussi à Tenerife, dans des tumuli. Moins élaborée que celle des anciens Egyptiens, cette technique de momification n'a su conserver les restes antérieurs au Xe siècle de notre ère ; ceux qui sont postérieurs sont aujourd'hui exposés dans les musées de Las Palmas de Gran Canaria et de Santa Cruz de Tenerife.

Les Canaries restèrent oubliées du monde chrétien jusqu'à la fin du XIIIe siècle, date à laquelle des navigateurs génois, portugais et catalans commencèrent à parcourir ses eaux. En 1312, le Génois Lancelot Maloisel, appelé Lanzarotto Malocello par les Espagnols, débarqua sur l'île. Elle deviendra ensuite Lanzarote. Par la suite, d'autres explorateurs vinrent du Portugal et de Majorque.

En 1344, Luis de La Cerda, prince sans terre apparenté à la famille royale de Castille, reçut du pape le titre de roi des îles Canaries, bien que la conquête n'en fût pas encore véritablement commencée. L'hypothétique roi ne mit cependant jamais les pieds sur ses terres, et le titre passa à un Normand, Robert de Bracamonte, qui n'en profita pas davantage. La conquête ne débuta réellement qu'en 1402, quand Jean de Béthencourt, cousin de Bracamonte, annexa, en compagnie du Castillan Gadifer de La Salle, Lanzarote au royaume de Castille. Précurseur de Christophe Colomb, il fit ensuite reconnaître par Henri III, roi de Castille, son titre de souverain des Canaries jusqu'alors théorique. En 1405, il annexa également Fuerteventura, puis El Hierro, mais échoua face aux Guanches lors de sa tentative de conquête de Gran Canaria et de La Palma. Par la suite, les Portugais disputèrent en vain les îles aux Castillans, qui étendirent leurs conquêtes en 1445, lorsque Hernán Peraza, l'un des prétendants à la charge de Béthencourt occupa La Gomera.

La conquête espagnole. Il fallut aux troupes espagnoles de Juan Rejón cinq ans, de 1478 à 1483, pour conquérir les deux royaumes guanches de Gran Canaria, celui de Gáldar, à l'ouest, et celui de Telde, à l'est. Les premiers succès espagnols sur Gran Canaria éliminèrent définitivement les Portugais de la conquête des îles et, dès 1479, les Canaries furent attribuées aux Rois catholiques, tandis que les autres archipels macronésiens et, surtout, les côtes africaines revinrent au Portugal. Dès lors, les Espagnols se tournèrent vers l'Amérique, et c'est depuis les Canaries qu'en 1492 Christophe Colomb s'élança vers l'ouest. L'archipel deviendra alors le passage obligé de tous les conquistadores du Nouveau Monde.

La même année, l'Andalou Alonso Fernández de Lugo, gouverneur des Canaries, se contenta plus modestement de l'île de La Palma. Tenerife restait à conquérir ; les Guanches y résistèrent, infligeant aux Espagnols une lourde défaite en 1494. Les indigènes étaient divisés en neuf royaumes ; certains menceys (rois) se rangèrent du côté d'Alonso Fernández de Lugo, qui mit fin à la conquête de l'archipel en 1496, en venant à bout de Bencomo, mencey de Taoro (aujourd'hui la vallée de La Orotava).

Les suites de la colonisation. Les premiers contacts des Guanches avec le monde chrétien furent violents, et les indigènes des îles, quand ils avaient réchappé des combats, étaient réduits en esclavage. Deux papes successifs interdirent ces pratiques au milieu du XVIe siècle. La plus grande partie de la population guanche fut rapidement convertie, suivant les exemples du baptême de ses chefs, et assimilée aussi bien culturellement qu'ethniquement par la population espagnole. En conséquence, la culture des premiers Canariens, à part quelques legs agricoles et linguistiques, disparut rapidement. Aux XVIe et XVIIe siècles, de nombreux sujets castillans, principalement andalous, basques et galiciens, colonisèrent les îles et développèrent la culture de la canne à sucre et des vignobles réputés.

Cette économie florissante et le passage des galions ramenant l'or du Nouveau Monde attirèrent sur les eaux canariennes de nombreux pirates ou corsaires portugais, anglais et hollandais (certains se mêleront ensuite à la population canarienne). De 1730 à 1736, puis de nouveau en 1824, Lanzarote fut le théâtre de violentes éruptions volcaniques. En 1797, l'amiral Nelson tenta de prendre Santa Cruz de Tenerife, mais échoua face aux troupes du général Gutierrez ; son bras droit fut emporté par un boulet au cours du combat. A partir du milieu du XIXe siècle, l'archipel acquit peu à peu son autonomie économique, administrative et politique. En 1852, le statut de port franc fut établi.

Les Canaries sous le franquisme. Au début du XXe siècle, on instaura un gouvernement autonome et des cabildos insulares ; un régime économique et fiscal spécifique fut également mis en place. Enfin, en 1927, les Canaries devinrent deux provinces espagnoles. Elles connurent en quelque sorte les tout premiers soubresauts du franquisme. En 1936, Franco est gouverneur militaire des îles. C'est dans la forêt de la Esperanza, sur les crêtes de Tenerife, qu'il prépara l'invasion de l'Espagne depuis le Maroc. Après une guerre de trois ans, Franco dirigea une dictature militaire pendant près de quatre décennies. Aux Canaries, il est courant de voir des plaques ou des noms de rue rappelant le franquisme. Les avenues del Generalisimo ou Franco sont nombreuses. Après la mort de Franco (1975) et la mise en place de la monarchie constitutionnelle de Juan Carlos Ier, les Canaries devinrent, en 1982, l'une des dix-sept Communautés autonomes d'Espagne. En 1985, le Parlement autonome rejeta dans un premier temps l'adhésion à l'Union européenne pour préserver l'agriculture de l'archipel. Puis au bout de longues négociations, il obtint un statut particulier provisoire.

Au sein de l'Union européenne. L'accord obtenu permet aux Canaries de faire partie de l'Union européenne avec le reste de l'Espagne tout en restant en dehors de son territoire fiscal comme l'a confirmé une direction européenne de 2006 l'excluant du régime de TVA harmonisée. Depuis leur rattachement à l'UE, les Canaries ont bénéficié d'une aide spéciale d'un montant de 2,8 milliards d'euros pour accélérer le développement économique et social.

L'art pariétal chez les Guanches

Les Guanches ont également laissé des gravures rupestres : on retrouve les mêmes motifs de spirales dans plusieurs abris sous roche de La Palma et au Lomo de Los Letreros sur Gran Canaria. Si des pétroglyphes semblables ne se retrouvent que dans certaines cultures d'Europe de l'Ouest, d'autres gravures d'El Hierro et de La Palma figurent des signes qui tendent vers une écriture, semblable à d'autres trouvées en Afrique du Nord, mais qui ne sera sans doute jamais déchiffrée.

Près de Gáldar, dans le nord-est de Gran Canaria, des peintures rupestres aux motifs géométriques ont aussi été découvertes. Beaucoup de gravures ont malheureusement été effacées par l'érosion, quand elles n'ont pas, plus récemment, été détériorées par des touristes (qui gravent par exemple leurs noms sur la roche en imitateurs peu respectueux des Guanches) ou même volées... Outre les quelques sites préservés de La Palma et d'El Hierro, on en apprendra beaucoup sur les Guanches en visitant le Musée canarien de Las Palmas de Gran Canaria, et le Musée archéologique de Santa Cruz de Tenerife.

Béthencourt, un conquistador français au service de la couronne de Castille

Le premier conquistador des Canaries n'était pas espagnol mais français. En 1402, Jean de Béthencourt, natif du pays de Caux, conquit Lanzarote pour le compte du royaume de Castille, puis, près d'un siècle avant Christophe Colomb, se fit nommer roi des îles Canaries par Henri III de Castille, lésant son associé castillan Gadifer de La Salle. En 1405, le Normand s'empara de Fuerteventura et d'El Hierro sans difficulté majeure, mais échoua face aux Guanches sur Gran Canaria et La Palma. Béthencourt fit venir dans les îles conquises des colons espagnols mais aussi normands. Lui-même et son neveu Maciot, qui fut après lui un vice-roi incompétent, ont visiblement eu une descendance nombreuse. En effet, nombre de personnalités canariennes ont porté, et bien des Canariens portent encore, le nom de Béthencourt, avec ou sans particule, et avec une orthographe plus ou moins hispanisée. De cette expédition en a été tirée une chronique d'époque : Le Canarien.

L'influence de Cuba et du Venezuela

A la suite du Grand Colón (don Cristóbal), tous les colons espagnols partant pour l'Amérique latine passèrent par les Canaries, et, dès le XVIe siècle, de nombreux Canariens quittèrent leur archipel pour s'établir au Nouveau Monde. Ce sont des Canariens qui fondèrent Montevideo, la capitale de l'Uruguay, aussi bien que la ville de San Antonio, au Texas. Jusqu'à nos jours, l'émigration canarienne fut particulièrement importante vers le Venezuela, Cuba et la République dominicaine.

Au XIXe siècle, le départ des Canarios pour l'Amérique latine est lié à l'exode rural : la plupart des émigrants sont des paysans des îles les plus pauvres, en particulier de La Gomera, dont le dépeuplement se poursuit aujourd'hui, ou d'El Hierro.

Certains reviennent riches, les pauvres ne reviennent pas. Beaucoup s'établissent définitivement outre-Atlantique, mais conservent des liens avec leur île natale et reviennent périodiquement visiter leurs parents. En retour, les Canariens organisent des voyages pour visiter leurs parents cubains et vénézuéliens. Aux Canaries, on appelle le Venezuela : la huitième île.

On pourra assister à des concerts en plein air, en particulier à La Gomera. Outre quelques restaurants sud-américains, certains restaurants canariens, en particulier à La Gomera, mais aussi à Tenerife, proposent des plats latino-américains. Le plus courant est le très commun (mais peu coûteux) riz à la cubaine (arroz a la cubana) : du riz à la tomate, un oeuf au plat et une banane frite. On pourra aussi goûter aux raviolis vénézuéliens (ça existe !), et, dans le sud de Tenerife, à une autre spécialité vénézuélienne, les arepas. Ce sont de petites galettes de maïs fourrées de viande de boeuf, de poulet ou de fromage.

La huitième île des Canaries introuvable

Pendant plusieurs siècles a été cherchée la fameuse et mystérieuse huitième île des Canaries, appelée Isla de San Brandán, île de Saint-Brendan en français, nommée d'après le moine Irlandais de l'abbaye de Clonfert (près de Galway) ayant vécu au VIe siècle et qui aurait dressé une description de cette île fantôme entourée d'un brouillard mystique. Cette terre continuera d'apparaître sur les cartes jusqu'au temps de Christophe Colomb et sera l'objet de missions par des navigateurs portugais et espagnols. Plusieurs témoins oculaires pendant la colonisation espagnole parleront d'une terre visible à l'ouest en quelques rares occasions depuis El Hierro et La Palma. Quelques expériences rapportées de marins portugais, espagnols et français continueront d'entrenir la certitude de son existence jusqu'à nos jours. Et qui sait, peut-être vous aussi apercevrez-vous l'île fantôme de Saint-Brendan ?

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