Guide de La Palma : Festivités

Les fêtes sont si nombreuses qu'en passant d'une île à l'autre on pourrait presque en voir une par jour dans l'année. Il s'agit principalement de fêtes religieuses, qui témoignent du maintien aux Canaries d'une foi catholique typiquement espagnole, avec tout ce qu'elle implique de faste. Toutes les fêtes religieuses sont en même temps des fêtes populaires, où la religion espagnole permet l'expression des traditions canariennes les plus profanes. C'est à travers la fiesta que les Canarios ont su préserver leurs traditions sans nostalgie ni désuétude : celles-ci n'ont en rien été modifiées par les touristes qui, d'ailleurs, participent rarement aux fêtes. C'est pourtant l'occasion de rencontrer des Canariens, d'écouter de la musique et d'assister aux danses les plus traditionnelles, aussi bien lors de concerts que durant les défilés où la foule est de la partie.

Les fêtes canariennes les plus typiques sont les innombrables romerías, pèlerinages en l'honneur de la Vierge et/ou du saint du jour et du lieu, patronne ou patron de tout le village ou d'une corporation. Aux balcons des maisons ou même de certains clochers, les couleurs des drapeaux espagnols et canariens brillent. Chaque famille expose sur sa façade une composition de costumes et d'objets traditionnels, à forte valeur symbolique et identitaire : feuilles de palmier, fruits et légumes, pain, poteries, outils agricoles, etc. Dans les rues ainsi décorées, les grandes statues du saint et de la Vierge, parées de leurs plus beaux atours - mitre, crosse et calice en argent pour le saint, couronnes d'argent pour la Vierge et pour l'Enfant Jésus dans ses bras - sont promenées sur leurs chars fleuris et couverts de pourpre.

La plupart des processions commencent ainsi vers midi, après un office religieux, et les statues ne sont ramenées que le soir à leur église. Ces convois sont très longs et lents, et les processionnaires sont nombreux. Le défilé est ouvert par les cavaliers et les cavalières, adultes ou enfants sur des poneys, puis viennent les musiciens, orchestres à cordes (guitares, timples, etc.) et fanfares de tambours et de cuivres, suivis ou précédés de danseurs et danseuses. Après le passage des statues religieuses, le défilé reprend un caractère profane : des dizaines de chars en bois, couverts de paille, décorés de feuilles de palmiers et tirés par des boeufs se succèdent ; certains, chargés d'enfants, imitent les caravelles de Christophe Colomb, toutes voiles blanches dehors et étendards colorés au vent. Sur le char le plus regardé se trouve la Romera Mayor, reine de la fête élue quelques jours auparavant pour sa beauté et celle de son costume, entourée de ses dames d'honneur qui ne sont autres que ses anciennes concurrentes. Dans un autre char passe la reine des enfants et ses dames d'honneur.

En marge des romerías, les élections de miss locales en costume traditionnel sont très populaires dans tout l'archipel. Les occupants des chars jettent de la nourriture aux gens qui les regardent passer de chaque côté de la rue : morceaux de pain, petites pommes de terre arrugadas recouvertes d'une fine pellicule de sel, et même morceaux de viande et saucisses grillées sur les barbecues des chars. Le jeu consiste à bien lancer ou à bien attraper ! Mais on ne lance pas les verres de vin qui se remplissent et se vident devant les tonneaux posés à l'arrière des chars. Chacun apporte les produits de sa ferme, son pain, son vin, ou amène son troupeau de moutons qui défile au grand complet. En marge de la procession, des dégustations de vins, de fromages et des concours de cuisine canarienne ont lieu.

Les plus importantes réunissent des fêtards de tous les coins de l'archipel. Tous ceux qui défilent, mais aussi les très nombreux spectateurs qui se joignent au défilé, revêtent le costume traditionnel propre à chaque île : vestes rouges brodées et élégants feutres noirs pour les hommes de Tenerife, robes rayées et corsages rouges pour leurs compagnes, robes unies aux couleurs vives tournoyant autour des Lanzarotaises coiffées de chapeaux de paille, etc. La tradition reste bien vivante, et les jeunes - également ceux des grandes villes - sont nombreux à venir défiler et danser vêtus des costumes patiemment brodés par leurs mères. L'une des plus belles romerías de l'archipel est celle de San Benito Abad, qui a lieu à la mi-juillet à La Laguna à Tenerife. La procession est la première journée durant laquelle on sort la statue du saint du petit ermitage qui, lui, est dédié au nord de la ville. Puis s'ensuit une semaine d'effervescence religieuse, marquée par une première procession honorant l'image du saint.

A La Laguna et à La Orotava sur Tenerife, les plus importantes célébrations de la semaine sainte ont lieu vers fin mars-début avril. Au cours de plusieurs processions, en particulier la procesión magna du vendredi saint, des chars, appelés pasos, défilent, portant les statues des scènes de la Passion. Le jeudi saint, l'ouverture des portes des sacristies permet de jeter un coup d'oeil sur les trésors les plus rutilants de l'Eglise canarienne.

Autre témoignage de la dévotion des habitants de Tenerife, la romería de la fameuse Vierge de Candelaria, le 15 août, attire des pèlerins de tout l'archipel, dont de nombreux jeunes alors en vacances. Le pèlerinage commence la veille, le 14 août, et beaucoup se rendent alors à Candelaria à pied, empruntant les anciens sentiers de pèlerinage qui relient tous les coins de Tenerife à la plage de sable noir de Candelaria, où certains passeront la nuit à la belle étoile. Cette romería se déroule dans le cadre inesthétique de la cathédrale de Candelaria. Le décor de la romería de San Roque, qui a lieu également dans le courant du mois d'août, à Garachico, dans le nord de Tenerife, est nettement plus émouvant.

Sur Gran Canaria, la romería de Candelaria a pour équivalent le pèlerinage de la Vierge du Pin (Virgen del Pino), le 8 septembre à Teror. La nuit précédant la fête, des milliers de pèlerins convergent de tous les coins de l'île vers la basilique de Teror. Certains sont de simples fêtards amateurs de promenades nocturnes, tandis que les plus dévots, suivant la tradition, marchent sur leurs genoux, accomplissant ainsi une promesse ou remerciant la Vierge d'une faveur accordée. Chacun apporte les produits de son village : fruits et légumes pour les agriculteurs, poissons pour les pêcheurs, objets artisanaux ; autant d'offrandes à la Vierge, dont la statue est acheminée sur le parvis de la basilique à l'occasion de la fête.

La romería de la Virgen del Carmen, la sainte patronne des pêcheurs, n'est pas une procession ordinaire. Célébrée dans de nombreux ports de pêche de l'archipel, elle est particulièrement spectaculaire à Puerto de la Cruz à Tenerife. Bien que ce port - autrefois celui de la vallée de La Orotava - soit devenu l'une des premières stations balnéaires des Canaries, la présence du tourisme n'a en rien modifié les traditions festives de ses habitants. Au contraire, les nombreuses célébrations religieuses et les feux d'artifice qui les suivent tout au long de l'année, presque chaque soir en été, font le bonheur des Canariens qui y participent et des touristes qui y assistent. Le 16 juillet en fin d'après-midi, il y a foule dans les rues du centre-ville et sur le petit port de pêche : les spectateurs s'entassent sur les balcons des immeubles et sur les hauts murs du port, tandis que les véritables acteurs de la fête (hommes, femmes, enfants, vieillards) attendent le grand moment à côté de leurs barques colorées. On patiente tant bien que mal en traînant à l'eau ceux, plus ou moins habillés, qui sont encore secs, au milieu de grands cris, rires et explosions de pétards. Cependant, à quelques rues de là, on a sorti la statue de la Vierge de son emplacement monacal et on la promène lentement à travers les rues bondées. Sur le port, la tension est extrême lorsqu'apparaît, au-dessus des têtes, la Vierge précédée du saint patron local San Telmo. Ils défilent sur la place, puis, tandis que la tension monte encore d'un cran, on les fait descendre sur la plage. Cette fête chrétienne a des relents de paganisme. Les pêcheurs, selon leur habitude, ne se privent pas de lancer des plaisanteries à la Vierge lorsqu'elle passe parmi eux.

" Elle n'est pas légère ! ", disent les hommes qui la portent et, entrant dans l'eau jusqu'à la taille, ils l'embarquent sur l'un des bateaux de pêche, au milieu des cris et des éclaboussures. Toutes les embarcations de la plage sont mises à l'eau, y compris le scooter des mers, le pédalo ou le kayak.

San Telmo a pris place à bord d'un autre esquif, et la flottille au grand complet emmène sa Vierge et son saint faire un tour au large, lumières allumées parce que la nuit tombe. Cela se terminera beaucoup plus tard, à terre, à grand renfort de vin et de bière.

Une autre fiesta à ne pas manquer est la Fête-Dieu (Corpus Christi), célébrée le deuxième dimanche de juin aussi bien à Gran Canaria qu'à Tenerife, mais particulièrement spectaculaire sur cette dernière à La Orotava et La Laguna, ainsi qu'à Mazo, sur l'île de La Palma. A cette occasion, on compose d'extraordinaires tapis multicolores de fleurs, mais aussi, à Tenerife, de sables volcaniques naturellement colorés ou, à défaut, de sels et de sciures artificiellement colorés.

La place de l'hôtel de ville de La Orotava est célèbre pour ses gigantesques tableaux de sable descendu des crêtes de l'île et de la caldera de Las Cañadas. Places et rues sont couvertes de motifs décoratifs, symboliques ou figuratifs, reprenant l'imagerie religieuse traditionnelle. On admirera moins leur esthétique très catholique que le savoir-faire dont témoignent ces oeuvres éphémères, bientôt dispersées par le passage de la procession.

Certaines fêtes catholiques ont intégré des traditions guanches. Ainsi, le 4 août, la Descente du rameau (la rama) attire de nombreux Gran-Canariens, en particulier des jeunes, à Agaete. Il s'agit d'aller chercher une branche de pin dans les hauteurs du village puis de la descendre jusqu'à la côte et d'en frapper la surface de la mer, demandant ainsi la pluie aux dieux guanches. Le lendemain a lieu la romería de Notre-Dame-des-Neiges (Nuestra Señora de las Nieves), dont la statue ne regagnera sa chapelle que le 17, avec de nombreuses offrandes.

En marge de ces innombrables fêtes religieuses à l'aspect souvent profane se perpétuent de nombreuses fêtes également traditionnelles mais purement profanes. Ainsi, durant la nuit du 29 novembre, la fiesta de San Andrés, sur la côte nord de Tenerife, est l'occasion d'ouvrir les portes des caves pour goûter le vin nouveau. Les rues pavées et pentues d'Icod de los Vinos deviennent alors d'étonnantes pistes de ski pour les jeunes qui s'adonnent au jeu des planches, vertigineuses glissades sur des planches graissées.

Certaines fêtes profanes ont même un petit côté gentiment anticlérical. Ainsi, le 10 septembre, les habitants de San Nicolás de Tolentino sur Gran Canaria célèbrent lors de la fête de la Mare (fiesta del Charco) l'excommunication de leurs ancêtres - en 1766, l'évêque des Canaries fut choqué de voir les hommes et les femmes de ce village se baigner nus dans une mare !

La fête profane la plus populaire reste le carnaval, célébré aussi bien à Tenerife qu'à Gran Canaria. Le carnaval de Santa Cruz de Tenerife, réunissant l'élégance vénitienne et la fièvre brésilienne, est fameux pour sa grande parade (corso) du mardi gras qui attire des centaines de milliers de Canariens et de touristes dans l'avenida de Anaga. Le mercredi des Cendres, les très solennelles funérailles de la Sardine ont aussi lieu sur la plaza de España : une sardine de dimension peu ordinaire y est incinérée en grande pompe.

Profanes ou religieuses, les fêtes sont aussi l'occasion de manifestations sportives traditionnelles, en particulier de compétitions de lutte canarienne. Bien que des sports de combat similaires soient pratiqués en Europe comme en Afrique, la lucha canaria est d'origine guanche. Dans les compétitions actuelles, la lutte oppose deux équipes de douze, chaque lutteur disputant trois combats individuels et devant en remporter deux pour apporter un point à son équipe. Le premier qui touche le sol a perdu.

Une variante moins pratiquée est le juego del palo (jeu du bâton), également d'origine guanche : les combattants sont alors armés de bâtons de près de 2 m de longueur. On en verra des démonstrations, en compagnie bien sûr de combats de lucha canaria, le 5 octobre à Agüimes, sur Gran Canaria, lors de la fête de Nuestra Señora del Rosario. On en verra encore plus fréquemment à Fuerteventura où ces deux sports restent très populaires, ainsi qu'à Tenerife lors de certaines fêtes.

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