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Le dromadaire, roi du désert

Autrefois, le dromadaire était le bien le plus précieux des peuples nomades, leur signe de richesse. C’est un animal peu exigeant et on ne peut plus utile. Il assurait le transport, fournissait le lait, voire la viande dans les cas d’extrême disette. Malgré la sédentarisation de la population, et la disparition progressive des caravanes de sel, remplacées par des camions, plus rentables, le dromadaire reste très présent. Chaque année, après la saison des pluies (durant laquelle il peut ne pas pleuvoir), les dromadaires se ruent sur les feuilles et plantes fraîchement poussées. Les mâles dromadaires, alors fort bien nourris, entrent dans une période de rut assez spectaculaire. Leur obsession est alors unique : féconder le plus de femelles possible. Ils ne se consacrent qu’à cette quête et en oublient de se nourrir pendant parfois deux mois ! Les bergers, pour calmer leurs ardeurs, doivent soit les attacher, soit les charger au maximum pour « canaliser » leur énergie.

Pas de grands mammifères sauvages

Il est loin le temps où les habitants de la région gravaient sur la roche les silhouettes de girafes, lions, éléphants ou d’autres espèces de grands mammifères si représentatives de l’Afrique dans l’imaginaire européen. Pourtant, les récits de la fin du XIXe siècle vantent encore la richesse de la faune locale. Si la chasse n’est plus pratiquée, le climat a changé et l’aridité a contraint nombre de ces espèces à fréquenter d’autres zones. Djibouti compte tout de même de très intéressantes espèces, faciles à approcher (si elles sont diurnes) car non chassées depuis longtemps. Bien qu’ils ne soient pas farouches, ces animaux sont assez discrets, surtout pendant la journée lors des grandes chaleurs. Les hyènes (rayées ou tachetées), les chacals (communs ou à dos noir) et les petits fennecs sont les plus importants des prédateurs. On les rencontre un peu partout, sur le Grand Bara, autour du lac Abbe par exemple. Ils se nourrissent de rongeurs, de gazelles, de phacochères. Les guépards et les panthères, jadis nombreux autour du Moussa Ali, dans les Mablas, ont en revanche disparu.

Des oiseaux en pagaille

Plus de 340 espèces séjournent sur le territoire djiboutien ou le traversent. Les trajets et randonnées dans les zones semi-désertiques vous permettent d’apercevoir quelques passereaux, tourterelles ou oiseaux coureurs. Les oiseaux sont encore plus nombreux dans les forêts et jardins du nord du pays (Goda, Mablas, le Day). On y verra de nombreux rapaces, des passereaux colorés, des tisserins, des calaos bruyants. Citons aussi quelques noms joliment poétiques comme le pigeon de Bruce, le moudrerolle de paradis, le zosterops à flanc jaune, le pic cardinal, l’outarde arabe, le barbican à tête noire, le gonolek... Les quelques zones humides constituent des points de rencontre très fréquentés. La zone la plus riche reste sans doute la plaine de Doda au nord. Ses pâturages subviennent aux besoins alimentaires de très nombreuses espèces. Djibouti voit aussi transiter les flux migratoires de volatiles qui chaque année relient l’Eurasie à l’Afrique. Enfin, deux espèces endémiques d’oiseaux portent des noms qui ne manquent pas de noblesse : le francolin de Djibouti et le beaumarquet de Djibouti. Le premier est une espèce forestière également appelée poule du Day, ou francolin du Day, devenu symbole national depuis qu’il orne les pièces de 250 francs. Les Afars l’appellent koukaéyta. Le francolin vit dans la forêt du Day et des Mablas. L’espèce est toutefois très menacée par la disparition du couvert végétal, ce qui la rend vulnérable aux prédateurs tels que le caracal, l’aigle ou le varan, friand de ses œufs. Autre nom d’oiseau unique à Djibouti : le beaumarquet de Djibouti, appelé aussi beaumarquet melba, est un passereau de la famille des estridées. On le trouve dans les monts Mablas notamment.

Zones désertiques : épines et opportunisme

"Le Petit Prince a demandé : « Les épines, à quoi servent-elles ? ». Le pilote égaré, trop occupé, lui a d’abord répondu : « Les épines, ça ne sert à rien, c’est de la pure méchanceté de la part des fleurs. » Le Petit Prince ne l’a pas cru, et il a eu bien raison. « Je ne te crois pas ! Les fleurs sont faibles. Elles sont naïves. Elles se rassurent comme elles le peuvent. Elles se croient terribles avec leurs épines... »". (Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, 1943).

Ici, les conditions de vie sont extrêmes et la flore, comme les animaux et les hommes, doit s’y adapter. A cause de la chaleur, les plantes se défendent contre l’évaporation des maigres ressources en eau. Les épines, dont la surface est plus réduite, remplacent les feuilles. C’est l’une de leurs armes. Les mimosacées, qui constituent une grande partie des arbres de Djibouti, se défendent ainsi, avec des épines de toute taille, minuscules ou longues, vernissées ou brutes. Les acacias, les mimosas et les gommiers sont les principaux épineux du pays. L’acacia, véritable symbole de cette vie en milieu dit extrême, se rencontre sur tout le territoire. Sa forme (qui varie selon les espèces), ses épines, son « alliance » avec des insectes et des bactéries qui, dit-on, assurent sa protection contre les herbivores, témoignent de sa faculté d’adaptation. Les graminées poussent dans les mêmes zones caillouteuses que les épineux. On peut voir aussi des tamaris, euphorbes, ricins et une unique et très rare espèce d’orchidée (région d’Ali Sabieh). Djibouti se caractérise aussi par des espaces où la végétation est totalement absente : sel du lac Assal, argile du Grand Bara. D’autres zones d’apparence désertique sont en revanche en attente ; de nombreuses plantes y vivent à l’état de graines... qui guettent la moindre pluie ou rosée pour germer.

Le Day, forêt d’exception

Le Day est une forêt primaire (dite également « fossile ») qui nous permet de nous imaginer la flore qui couvrait la région mais aussi les montagnes d’Arabie ou du Sahara... il y a 4 000 ans. On y a recensé plus de 360 espèces de plantes les plus variées, qui s’y plaisent en raison de la fraîcheur et de l’humidité retenue par les reliefs. Certes, on ne parle pas de forêt équatoriale mais de paysages verdoyants qui contrastent fortement avec le reste du pays. Ici abondent les jujubiers, ficus, oliviers sauvages, genévriers géants (le genévrier du Day), figuiers étrangleurs ou dragonniers à l’allure si particulière (visibles aussi autour du mont Arrey près d’Ali Sabieh). Le rarissime palmier de Bankoualé (Livistona carinensis), visible au fond des oueds qui serpentent autour de ce village des monts Goda, est une espèce tout aussi rare que spectaculaire. En vous promenant dans cette zone, vous ne pourrez pas manquer cet arbre de 20 m de haut, droit comme un i, au tronc fin, et seulement coiffé d’une touffe de feuilles ébouriffée. On ne le trouvait que dans trois sites à travers le monde : El Mintaq dans l’Hadramaout (Yémen), Carin (Somalie du Nord) et Bankoualé. A présent qu’il a disparu des deux premiers lieux, les monts Goda constituent son dernier refuge. On en compte quelques centaines de spécimens.

Oasis de vie

Les zones marécageuses autour du lac Abbe, du marécage de Kalo, des Allols, dans la plaine de Doda sont des oasis de vie pour la faune sauvage (oiseaux en grand nombre) et le bétail. Ces zones inondées durant des périodes plus ou moins longues servent de pâturages pour les troupeaux de chèvres et les dromadaires. Dans les Allols, on citera la présence de l’arbuste Hyphaena thebaica (palmier doum), dont on fait les toukoul (huttes des nomades) et le vin de palme.
Dans les zones cultivées du pays, on admirera des plantes dont les noms font rêver les Européens. Dans les jardins des petites oasis des monts Goda poussent bananes, papayes, mangues, tomates, piments, citrons verts et palmiers. Ambouli, à la sortie de Djibouti-Ville, constitue en quelque sorte la zone maraîchère de la capitale. On y trouve des fleurs (jasmin, khadi, hibiscus...) colorées et odorantes. Dans des carrés de terre, fruits et légumes poussent sous les palmiers.
N’attendez pas à Djibouti de vastes palmeraies comme en Tunisie ou au Yémen. Mais on pourra profiter de l’ombrage des palmiers à Dikhil (une palmeraie très ancienne) ou Loyada (en bord de mer). La moitié de la surface totale de terre arable du pays se trouve à l’est et au nord d’Obock, dans une région malheureusement difficile d’accès et peu développée.

Les mangroves, zones fragiles

Il s’agit d’un groupement de végétaux principalement ligneux, qui se développent dans la zone de balancement des marées des côtes basses des régions tropicales. Les quatre principales zones de mangroves à Djibouti se situent à l’ouest de Djibouti-Ville, le long de la côte, autour des îles Musha, à Godoria (à 25 km au nord d’Obock), considérée comme la plus belle, à Khor Angar et Ras Siyan (entre Obock et la frontière érythréenne). Ces forêts mi-aériennes mi-amphibies sont essentielles pour la faune sous-marine et insulaire (oiseaux, crabes, rats, insectes). L’entrelacs des racines des diverses espèces de palétuviers est une source de nourriture inépuisable, un lieu d’habitat et de reproduction prisé. Ces zones fragiles doivent absolument être protégées, car ici se perpétuent (tout comme les récifs coralliens) une bonne partie des espèces sous-marines.

Biodiversité marine : un trésor à protéger

Avec près de 890 espèces animales et 17 espèces végétales, les fonds marins sont d’une richesse exceptionnelle. Mais Djibouti, bien que relativement peu touché par rapport à d’autres régions du monde, n’échappe pas à la tendance générale. Environ 40 % des océans et des mers sont directement impactés par les activités humaines ou induites par l’homme (blanchiment des coraux, réchauffement et acidification des océans, épuisement des ressources marines, pollution, etc.). Conscient de la richesse de ses eaux marines, le gouvernement de Djibouti travaille depuis quelques années avec les partenaires de développement (notamment le PNUD) pour la mise en œuvre de politiques et de programmes de protection de sa biodiversité marine.