Découvrez le Botswana : Population

D'une superficie de 581 730 km², le Botswana est l'un des pays les moins densément peuplés au monde, enregistrant à peine 4 habitants par kilomètre carré. En 2023, sa population atteint environ 2,6 millions, dont la majorité est concentrée dans le sud-est du pays, notamment autour des villes de Gaborone et de Francistown. De nos jours, seuls environ 30 % des habitants vivent encore dans les campagnes. En outre, le taux d'alphabétisation est exemplaire sur le continent, atteignant près de 90 %. Des Tswana aux Khoisan, en passant par les Herero, le Botswana abrite une mosaïque culturellement riche où vivent harmonieusement plusieurs groupes ethniques. Il compte en plus une population minoritaire de Blancs botswanais, citoyens du pays, dont l'origine vient du Royaume-Uni et des Pays-Bas. Quelques expatriés étrangers travaillent, quant à eux, sur le territoire. Retour sur ces habitants aux profils si différents qui peuplent le pays.

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Les Batswana, l’ethnie majoritaire du pays

Botswana signifie « terre des Tswana ». Les Batswana, le nom que les Botswanais se donnent, sont stricto sensu les membres de groupes ethniques tswana, des peuples de langue bantoue originaire d’Afrique du Sud. Depuis la constitution de la nation et la domination des autres peuples par les Tswana, les citoyens du Botswana sont tous devenus des Batswana, quelle que soit leur origine ethnique. Bien que la délimitation des frontières établies pendant la période coloniale ait concentré les trois quarts des Tswana en Afrique du Sud, ce peuple demeure encore le plus représenté au Botswana, où il englobe plus de 80 % de la population. La langue parlée par les Tswana est le tswana ou setswana, qui est devenu naturellement la langue nationale du pays à l’indépendance. Traditionnellement, la structure sociale était jadis dominée par le kgosi (chef) et les membres de sa famille. Le kgosi représentait l’autorité suprême, ce qui lui octroyait des droits, mais aussi des obligations considérables : il était le chef de l’armée, décidait des lois, dispensait la justice, planifiait les activités économiques, contrôlait la distribution des biens et des richesses… De nos jours, la plupart des anciens pouvoirs des kgosi ont été transférés vers l’État. Les chefs ont toutefois une fonction qui reste primordiale pour la communauté villageoise, où ils continuent à jouer le rôle de guide et à dispenser la justice, notamment pour le partage du bétail et la répartition des terres. Pour les Tswana, la terre appartient à la communauté et il n’y a pas de propriété privée. Pour venir s’établir dans un village, il convient de faire sa demande au chef et ce dernier décidera en kgotla si une portion de terre peut être allouée à l’étranger et laquelle.

Les Bakalanga, un peuple d’agriculteurs

Les Bakalanga forment le deuxième plus grand peuple du Botswana. Ils constituent un sous-groupe des Shona du Zimbabwe, dont la langue est très proche de la leur. Leurs ancêtres vivaient entre les rivières Shashe et Ramokgwebane, il y a environ 1 000 ans, et descendaient de peuples originaires de Toutswemogala et des environs de Mapungubwe. La délimitation artificielle des frontières pendant l’ère coloniale scinda la tribu des Bakalanga en deux et les contraignit à vivre à 75 % environ au Zimbabwe et pour le reste au Botswana. Aujourd’hui, ils occupent principalement l’est du pays mais leur adaptabilité leur a permis de s’installer peu à peu sur une grande partie du territoire, comme dans la région du corridor Est. On distingue trois groupes principaux : les Balilima, les Banyayi et un métissage de Bapedi, Basotho et Batswana. À l’origine, les Bakalanga ne vivaient pas comme aujourd’hui dans de grands villages, mais dans de petits hameaux établis près d’une colline, d’une vallée ou d’une clairière. Ces hameaux regroupaient généralement vingt à trente familles, dont la tâche première était de cultiver les champs de sorgho, de millet, de melons et de légumes. Contrairement aux Tswana, la propriété de la terre chez les Bakalanga était un facteur essentiel du pouvoir et de l’influence de la famille. L’importance de l’agriculture était telle que la dot se payait en pièces agricoles forgées. Le bétail, en revanche, n’était investi d’aucune valeur symbolique et servait de source de lait et de protéines, ainsi qu’aux sacrifices religieux.

Les San, premiers habitants d’Afrique australe

Appelés également « Bushmen » ou « Basarwa », les San vivent principalement au cœur de la région du Kalahari. De nombreuses fouilles archéologiques font remonter à plus de 40 000 ans la présence de cette tribu sur ces terres arides, et plusieurs vestiges archéologiques et peintures rupestres attestent qu'ils occupaient toute l'Afrique australe, à l'aube de l'humanité. Faisant partie du groupe ethnique des Khoisan, regroupant aussi les Khoi, les San indiquent leur appartenance à un clan selon le dialecte qu'ils parlent. Il n'y a donc pas un, mais plusieurs peuples san. Il existe une douzaine de dialectes parlés par cette tribu, qui appartient à une famille linguistique particulière, le langage à clic. Ces sons, qui se produisent avec la langue ou les lèvres, se montrent difficiles à prononcer pour le touriste de passage, et sont symbolisés à l'écrit par différents signes, tels que les « ! », « / », ou encore les « // ». Outre leurs dialectes, les San fascinent aussi par leur mode de vie traditionnel de chasseurs-cueilleurs, totalement intégré à la nature. L'habitat se résume à des huttes simples faites de branchages et d'herbes séchées, qui sont construites autour d'un point d'eau. L'organisation sociale du peuple est non hiérarchique, et si chaque clan a son leader, il n'est pas au-dessus des autres. Le code de conduite, transmis oralement, est fondé sur le contact pacifique et l'amitié. Le partage est un devoir, ainsi que le mariage interclanique qui renforce les liens entre les différents groupes. La propriété n'existe pour ainsi dire pas et ce qui est au clan appartient à chacun et vice-versa. Ainsi, la nourriture quotidienne – cueillette assurée par les femmes et les enfants et petits gibiers chassés par les hommes – est partagée équitablement en famille. Peuple sédentaire, les San connaissent parfaitement leur environnement, des plantes cosmétiques aux comportements et traces des animaux. On estime qu'un adulte, vivant suivant le mode de vie ancestral, connaît plus de trois cents plantes et toutes leurs utilisations !

Les Khoï, un peuple sédentaire hiérarchisé

Les Khoï font partie de la famille linguistique khoïsan. Ils partagent donc une origine commune avec les San, ainsi que le morphotype caractéristique : petite stature, peau cuivrée et ridée, pommettes saillantes et face aplatie, notamment. Comme on l’a vu, il y a plusieurs peuples khoïsan et à l’intérieur des Khoï plusieurs peuples et clans. La distinction entre Khoï et San n’est donc pas tranchée et l’héritage culturel commun est fort. Pourtant, il apparaît que les Khoï sont aujourd’hui mieux intégrés à la société botswanaise. Ainsi, le long de la rivière Boteti, on sait désormais que plusieurs villages khoï sont restés relativement autonomes malgré l’arrivée des agriculteurs bantous et que leur relation fut d’ailleurs faite d’échanges pacifiques. Cela tient sans doute au fait que les Khoï étaient à la fois plus sédentaires que les San et également éleveurs. Ainsi, lorsque les Bantous arrivèrent, ils ont considéré que les San n’occupaient aucun territoire alors que les Khoï marquaient leur présence par leur bétail. En outre, l’organisation sociale des Khoï est plus hiérarchique. Le bétail est le patrimoine d’un Khoï et de sa famille. À l’inverse des San, les Khoï considèrent la propriété, qui assoit donc le statut social et qui se transmet. Ce qui se partage chez les San s’achète chez les Khoï. Ce faisant, l’économie se développa sur le principe de la richesse matérielle. Le bétail n’était donc pas consommé, sauf en de rares occasions qui permettaient d’ailleurs au propriétaire de faire valoir son statut social. Des villages khoï se développèrent peu à peu avec des chefs et des leaders concentrant les richesses pour les mener. Leur mode de vie reste cependant proche de celui des San, ils sont également chasseurs-cueilleurs en plus d’être éleveurs.

Les Herero, les protégés des Tswana

Ce peuple d'éleveurs, probablement originaire d'Afrique centrale, a suivi une migration vers le sud-ouest pour s'installer vers le XVe siècle dans l'actuelle Namibie. La présence conséquente des Herero au Botswana date de la colonisation allemande en Namibie. Dès le milieu des années 1800, le chef herero Maherero et le chef tswana Letsholathebe signèrent une convention selon laquelle chacun des deux peuples se ferait un devoir d'offrir l'asile à l'autre en cas de nécessité. Cet accord ne fut pas conclu pour rien et profita quelques années plus tard au clan des Herero. En effet, à la fin du XIXe siècle, les Allemands prirent le contrôle du sud-ouest de l'Afrique et commencèrent à confisquer les terres des Herero. Ces derniers s'insurgèrent violemment contre cette pratique et massacrèrent plusieurs centaines d'Allemands. Cette riposte ne fut pas sans irriter les colons qui, par la suite, les exterminèrent systématiquement ou les mirent en camp de concentration. Pour fuir les persécutions, de nombreux Herero gagnèrent l'Afrique du Sud, tandis que d'autres profitèrent de l'accord signé avec les Tswana pour venir s'installer au Botswana. Ils se fixèrent alors dans la région du lac Ngami ainsi que dans les environs de Ghanzi et de Shakawe. Dépossédés de tout dans l'aventure, les Herero furent dans un premier temps en situation difficile dans leur nouvelle terre d'asile. Avec le temps, grâce à leur courage et à leur détermination, ils regagnèrent progressivement leurs troupeaux, retrouvèrent un statut social honorable et redevinrent les excellents éleveurs qu'ils étaient fondamentalement. Ils modifièrent également leur mode de vie au contact des Batswana, devenant alors autant agriculteurs qu'éleveurs. Ils se fixèrent définitivement dans la région et se considèrent aujourd'hui comme Botswanais.

Les Bakgalagadi, un peuple minoritaire

Établis d’abord en Afrique du Sud, dans la région du Transvaal, les Bakgalagadi se déplacèrent vers l’ouest aux environs des années 1700 et vinrent s’installer dans l’actuel Botswana aux abords du Kalahari. Des conditions de vie difficiles et l’invasion répétée de leurs territoires par des peuples plus puissants entraînèrent une diminution importante des membres. Ne comptant plus désormais qu’environ 80 000 individus, dont la plupart ont été intégrés à d’autres groupes dominants, les Bakgalagadi vivent pour l’essentiel dans la région du Kalahari. Leurs dialectes sont plus proches de la langue sotho que de la langue tswana. Les Bakgalagadi font partie des peuples minoritaires du Botswana à l’instar des Bayei, Hambukushu, Basubiya ou encore des San. En outre, comme pour les San, leur intégration à la société dominante tswana est historiquement et géographiquement moins forte. Ces peuples du Kalahari sont isolés, loin des territoires traditionnels des Tswana, et force est de constater que si la Constitution ne fait pas de différence entre les ethnies qui composent la nation, leurs réalités économiques diffèrent singulièrement. Les Bakgalagadi sont donc plus pauvres que les Tswana en moyenne. Leur environnement aride les prive du potentiel de développement des autres régions. Le gouvernement prend d’ailleurs en compte ces conditions plus difficiles et des programmes sociaux sont mis en place pour les moins favorisés.

Les peuples des rivières

Les Basubiya, les Bayei et les Hambukushu ont commencé à s'établir au Botswana vers les années 1600, dans la région du Zambèze. Leurs villages sont établis au bord des cours d'eau, et tous trois vivent avant tout de la pêche, qui constitue l'activité majeure des hommes. Ils pratiquent un peu l'agriculture, élèvent un nombre limité d'animaux domestiques et complètent leur régime alimentaire des produits de la chasse et de la cueillette. Les maisons de ces trois peuples sont semblables, faites de roseaux et de chaume. Cependant, ces groupes ethniques possèdent leur propre histoire et leur culture. Les Basubiya sont un peuple partagé entre le Botswana, la Namibie et la Zambie qui connut son heure de gloire dans les années 1700 et 1800. Ayant défait les Bayei qui occupaient également le bassin du Zambèze et de la rivière Chobe, les Basubiya gardèrent une certaine autorité sur les Bayei qui partirent vers le delta de l'Okavango. Leur capitale était alors basée à Luchindo, près de l'actuel Ngoma. Leur suprématie n'eut qu'un temps et les Balozi dont la capitale était Katima Mulilo, aujourd'hui à cheval entre Caprivi et la Zambie, firent fuir les Hambukushu vers Linyanti et le delta de l'Okavango et incorporèrent dans leur empire les Basubiya. Leur intégration fut si forte qu'à la chute de l'Empire lozi en 1865, les Basubiya restèrent attachés à ce peuple, si bien que dans le Botswana actuel, les Basubiya se trouvent bien isolés dans ce qu'on appelle la Chobe Enclave. Leurs familles sont souvent partagées entre les trois pays. Agriculteurs des plaines alluviales, les Basubiya suivent la montée et la descente des eaux des grands cours d'eau pour cultiver et élever leur bétail. Quant aux Bayei, originaires d'Afrique centrale, ils arrivèrent au Botswana au XVIIe siècle et établirent leur capitale à Diyei, sur les bords de la rivière Kwando. Arrivés dans la région du delta, les Bayei y trouvèrent les River Bushmen ou Banoka, l'un des peuples khoï, et établirent avec eux des liens pacifiques. Excellents pêcheurs, les Bayei introduisirent de nouvelles techniques de capture, qui furent largement adoptées par les autres habitants de l'Okavango. Les Bayei apportèrent notamment au delta son fameux mokoro qu'ils poussent debout à l'arrière de l'embarcation grâce à de longs bâtons adaptés à ces eaux peu profondes. Également originaires d'Afrique centrale, les Hambukushu vinrent, par vagues, s'installer dans la région du fleuve Okavango : la première grande migration eut lieu au milieu du XIXe siècle, lorsque les chefs hambukushu commencèrent à collaborer avec les marchands d'esclaves noirs venus d'Angola. À la fin du XIXe siècle, d'autres Hambukushu s'enfuirent du sud de la Zambie en raison de l'oppression que leur faisaient subir les Lozi, puis plus récemment, dans les années 1960, au moment de la guerre civile en Angola, quelque 4 000 Hambukushu ont trouvé refuge au Botswana, dans la région de Gumare et d'Etsha.C'est ainsi que se constituèrent les camps de réfugiés poétiquement nommés Etsha 1, 2, 3, 4, 5, 6… Contrairement aux Bayei, les Hambukushu ont finalement élu domicile dans la région du Panhandle, c'est-à-dire là où les eaux de l'Okavango sont plus profondes et où les terres sont moins sujettes aux crues. Agriculteurs, ils ont défriché les bords du fleuve et fait pousser mil, maïs, canne à sucre et pastèque. Également éleveurs et pêcheurs, ils ont exploité à la fois la rivière et les terres alentour. Comme les Bayei, les Hambukushu utilisent le mokoro mais, contrairement aux premiers, ils le propulsent en pagayant.

Les citoyens blancs, une communauté bien intégrée

Lorsque Seretse Khama et ses compagnons politiques fondèrent le Parti démocratique du Botswana, leur mouvement était clairement multiracial. Le mariage mixte de Seretse allait déjà dans ce sens. Bien que le Botswana n’ait jamais été une colonie, les Blancs – Anglais ou Boers déjà présents dans le pays et occupant souvent des postes importants – furent bien accueillis dans les sphères du pouvoir. Hommes d’affaires influents ou cadres de l’administration, ils furent invités à rester et devinrent donc botswanais. S'il n’y avait pas de pression politique forte pour cette intégration des Blancs, la stratégie du Parti démocratique était judicieuse. Ce faisant, le Botswana pouvait profiter de l’expérience de ces résidents de longue date et du réseau de leurs relations avec l’ancien protectorat britannique ou la République sud-africaine. Ainsi, un petit nombre de familles blanches prirent la nationalité. Elles résidaient dans le pays depuis plusieurs générations et leurs enfants allaient rester au Botswana. Leur avenir était d’ailleurs enviable, car la plupart d’entre eux bénéficiaient de situations avantageuses qu’ils pouvaient transmettre à leurs enfants. Ces derniers étaient souvent éduqués hors du pays, en Angleterre ou en Afrique du Sud, d’où ils revenaient pour reprendre l’affaire familiale. Cette réalité s’appliqua à tous les domaines économiques, y compris le tourisme. Les citoyens blancs du Botswana ont donc véritablement cette double culture ou plus exactement une culture originale hybride, se sentant fortement botswanais tout en ayant conscience de leur différence et des avantages encore réels que leur confèrent leur couleur de peau et leurs relations familiales avec l’Occident. Le niveau de vie des citoyens blancs est de fait singulièrement plus élevé que celui de la moyenne des Botswanais. Ils sont nés dans le pays, parlent souvent le setswana, ont généralement de solides compétences dans l’exercice de leur métier, il n’y a aucune raison de remettre en cause leur légitimité.

Les travailleurs expatriés, une présence infime

Présents dans de nombreux secteurs de l’économie du Botswana, ainsi qu’en tant que membres des corps diplomatiques des pays avec lesquels le Botswana a une relation privilégiée, ils habitent en majorité dans la région de Gaborone. La plupart de ces expatriés proviennent d'Europe ou d'Afrique du Sud. Ils viennent pour la plupart avec une firme multinationale mais aussi dans le cadre de missions chrétiennes, par exemple. Quant aux Chinois, ils construisent des infrastructures, comme des routes goudronnées ou des écoles, en échange de pouvoir monter une entreprise. Ils sont de plus en plus nombreux, ainsi que les Indiens, qui viennent s'installer en famille. Dans l'industrie du tourisme, le nombre d'expatriés a tendance à diminuer. Les Botswanais sont de plus en plus qualifiés pour les remplacer dans les postes de management, et sont déjà omniprésents parmi les salariés. Les guides sont exclusivement botswanais, et le diplôme des pays voisins n'est pas convertible. Ainsi un guide sud-africain, par exemple, aura beaucoup de difficultés à s'insérer sur le marché botswanais.

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