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Architecture vernaculaire

Les habitations de l’âge du fer reposaient sur de solides bases de pierre et consistaient en des huttes aux murs de boue et au toit de chaume supporté par des rondins, sans aucune ouverture autre qu’une porte d’entrée très basse. Les ruines de Mmamagwa datent de cette période. Le site archéologique de Dombashaba démontre, lui, une parfaite maîtrise de l’architecture en pierre sèche consistant en un ingénieux assemblage de pierre réalisé sans mortier. Vous pourrez y observer des murets délimitant des zones d’habitations privées et des restes de sols composés à l’époque d’un mélange de terre, de bouse de vache et d’argile. Sur ce site, comme sur celui de Majojo, la résidence du chef, le kgosi, se situe en haut d’une colline. L’architecture tswana est l’héritière directe de ces traditions. Si chacune des tribus de ce grand peuple possède des traditions architecturales propres, il est malgré tout possible de dresser un portrait de l’habitat tswana. Les villages sont le symbole d’une organisation sociale très codifiée maintenant une limite bien définie entre espaces publics et privés. Ils se composent de différentes propriétés, elles-mêmes faites de plusieurs unités d’habitations. Ces propriétés sont entourées d’une enceinte pour préserver l’intimité, tandis que chaque unité est reliée aux autres par un petit mur d’adobe. Les habitations sont des huttes rondes, baptisées rondavelles, que l’on reconnaît à leur toit de chaume de forme conique. La structure est en bois, tandis que les murs sont le plus souvent réalisés en briques de boue moulées à la main. Ces derniers sont alors enduits d’un mélange de terre et de chaux, qui sera ensuite peint et décoré selon des motifs locaux appelés lekgapho. La cour à l’avant des huttes ou lolwapa est l’élément central de chaque propriété. Les différentes propriétés sont organisées autour du cœur du village : le kgotla, lieu servant tout à la fois de conseil de village, de cour de justice et de lieu de rencontre. C’est là que se trouve la résidence du kgosi. Des exemples de cette architecture vernaculaire ont été reconstitués au musée national de Gaborone et au musée Phuthadikobo de Mochudi, la ville ayant également conservé son cœur originel avec son kgotla où l’on peut découvrir les ruines de la résidence du kgosi ainsi que deux silos à grains, éléments clés pour ce peuple de cultivateurs.

Héritage colonial

L’architecture de la période coloniale alterne entre une extrême simplicité des formes et des matériaux – les édifices étant le plus souvent faits de terre et d’adobe, comme le montrent bien « le Village » de Gaborone où l’on peut encore observer le premier fortin de terre et le poste de police et le kgotla de Kanye avec les bureaux tribaux datant tous du XIXe ou du début du XXe siècle – et une architecture plus européenne notamment pour des édifices comme les écoles, églises et administrations. Les Anglais ont employé le très éclectique style victorien que l’on reconnaît à son emploi de la brique rouge et à ses édifices aux allures de forteresses gothiques. Les plus étonnants témoins de ce style sont les ruines de la London Missionary Society à Old Palapye. L’influence néerlandaise se lit, elle, dans les édifices de style Cape Dutch, que l’on reconnaît à leurs murs à pignons d’une blancheur immaculée ou décorés de couleurs claires, à leurs toits à quatre pans faits de tôle ondulée peinte en rouge et à la présence fréquente de véranda sur la façade avant. Le Phuthadikobo Museum de Mochudi est le plus célèbre des représentants de ce style. La présence néerlandaise se lit aussi dans l’importance donnée aux églises, souvent blanche et d’une grande sobriété de style. La période coloniale a également vu le développement de villes industrielles et minières. Francistown a connu un boom extraordinaire avec la première ruée vers l’or du continent africain, tandis que Labatse possède la plus ancienne route goudronnée du pays, réalisée en 1948 à l’occasion d’une visite royale ! Les zones rurales voient également se développer de vastes ranchs souvent imaginés comme de véritables palais.

Botswana contemporain

Après son indépendance, le Botswana a vu se multiplier les réalisations modernistes aux volumes simples et sans ornementation, faisant la part belle au béton. L’Assemblée nationale de Gaborone est l’un des représentants les plus célèbres de ce mouvement. Avec son vaste plan rectangulaire et ses arcades en béton d’un blanc immaculé, impossible de la manquer. La Trinity Church de Gaborone est aussi un modèle de modernisme. Cette période s’accompagne également d’un renouveau urbanistique avec le développement de la nouvelle Gaborone autour de son Mall, centre économique de la ville, et ses grandes places bordées des édifices clés de la cité, mélanges de verre, d’aluminium et de béton. Les quartiers résidentiels fleurissent également avec le développement d’habitations de type bungalows, suivant un plan rectangulaire et utilisant principalement le ciment et le béton. Des villes nouvelles apparaissent autour de gisements de diamant nouvellement découverts, telle la ville d’Orapa. La plupart de ces villes sont sécurisées par des enceintes. De manière générale, le Botswana a connu une croissance urbaine très forte à partir des années 1990, cette dernière s’étant faite de façon un peu anarchique avec le développement de bidonvilles autour des villes et villages urbains. Aujourd’hui, la capitale tente de retrouver une cohérence urbaine, autour notamment du Central Business District, dont la skyline ne cesse de se transformer avec l’apparition d’édifices toujours plus hauts, telles les i-Towers. Mais Gaborone a également fait le choix d’une architecture verte et durable comme le montre bien le projet du Botswana Innovation Hub imaginé par l’agence américaine SHoP, spécialisée dans les technologies vertes et créatrice d’une couverture énergétique pensée pour un minimum d’impact sur l’environnement. Une réflexion que l’on retrouve dans les éco-lodges qui se développent dans les grandes réserves naturelles. Durabilité, usage de matériaux naturels et locaux, respect de la nature, tels sont les maîtres mots du Sandibe Okavango Safari Lodge, sans doute l’un des plus beaux du pays. Entre tradition et innovation, le Botswana n’a pas fini de se réinventer !