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Un pays en voie de modernisation

Une grande partie de la culture au Botswana a été construite au fur et à mesure via les us et coutumes du groupe tribal majoritaire, les Tswana. L’élevage est l’une des valeurs identitaires qui caractérise le pays et sa population. Un atout économique qui fait du Botswana un exportateur important et de grande qualité de viande bovine en direction des pays d’Europe. Les cultures tribales minoritaires ne sont pas en reste puisqu'elles ont, elles aussi, réussi à faire partie intégrante de la culture dominante, comme en témoignent les méthodes de pêche des Bayei aujourd’hui pratiquées et reconnues par la plupart des Botswanais. Ces dernières décennies, la culture occidentale s’est immiscée subrepticement au sein des us et coutumes plus traditionnels hérités du mode de vie tribal. La télévision, le développement du tourisme, l’accès à la technologie et aux biens de consommation importés d’Afrique du Sud creusent l'écart entre les différentes classes sociales. L’occidentalisation touche de plein fouet les zones urbaines délaissant rituels, croyances et savoir-faire traditionnel au profit d’un mode de vie consumériste. Certains aspects de la culture issus des croyances tribales sont aujourd'hui en danger. L’accès à la technologie n’a pas cependant eu que des effets négatifs, puisque de nombreuses infrastructures ont permis d’améliorer la qualité de vie des habitants.

L’éducation, une priorité gouvernementale

Depuis son indépendance en 1966 et la découverte de diamants générant de nouvelles sources de revenus pour l’État, le gouvernement a fait d’importants efforts pour garantir le droit de l’éducation à tous ses citoyens, consacrant près de 10 % de ses dépenses publiques à l’éducation nationale. L’école étant gratuite, quasiment tous les enfants à partir de sept ans vont à l’école primaire. Cependant, quelques frais inhérents à la scolarisation doivent tout de même être portés par la famille, notamment pour celles vivant dans des petits villages qui doivent installer une partie de leurs membres en ville avec les enfants. À la fin de l’école primaire, une sélection s’opère avec un examen dont seuls ceux avec des notes élevées accèderont au secondaire. Les frais de scolarité commencent alors à voir le jour, accompagnés d’un système de bourses pour les moins favorisés. Durant trois ans ans, les élèves étudient au community junior school, l’équivalent du collège français, et passent au terme de ce cursus un autre examen. Les plus performants d’entre eux peuvent aller ensuite au senior secondary school, qui correspond au lycée français, mais sur deux ans seulement. Il s’agit, bien sûr, de la voie « royale » pour ensuite aller à l’université. Des technical colleges, équivalent des CAP et autres enseignements plus techniques, accueillent le gros des collégiens qui y trouveront une formation appliquée et plus orientée professionnellement. Les plus brillants partent étudier à l’université du Botswana dont le siège se trouve à Gaborone ou à l’étranger, sur bourses gouvernementales ou étrangères, notamment aux États-Unis, en Angleterre ou en Afrique du Sud. Mais à l’inverse de nombreux pays africains, une fois leurs études terminées, les Botswanais rentrent dans leur pays, souvent pour fonder des entreprises.

La place de la femme

Dans cette société traditionnellement patriarcale, la place des femmes se résumait à l’origine à celle de femme au foyer. Peu de droits leur étaient accordés, et elles étaient sous les ordres du chef de famille. Pourtant, dans ce pays qui se modernise, les mœurs tendent à changer, et il faut attendre 2004 pour que la loi sur l’autorité maritale soit enfin abolie. Plus tard, en octobre 2012, c’est une autre victoire pour la gent féminine lorsque la Cour constitutionnelle fait jurisprudence en autorisant aux femmes d’hériter. Auparavant, selon une loi coutumière inscrite dans la Constitution, seuls les hommes d’une famille avaient tous les droits de succession lors du décès d’un père ou d’un mari. Mais les mentalités évoluent peu à peu, tout comme le rôle de la femme au sein de la société. Avec des taux de scolarisation et d’alphabétisation plus élevés chez les femmes, le Botswana fait d’ailleurs office d’exception en Afrique. Celle-ci est liée au rôle central accordé à la femme dans la gestion du foyer et des affaires domestiques. Ici, peut-être plus qu’ailleurs en Afrique, s’applique le proverbe : « L’homme décide le jour ce que la femme lui a suggéré la nuit. » Par ailleurs, la parité au sein du gouvernement et des grandes entreprises s’impose peu à peu et les femmes ministres ou directrices se comptent en nombre important. On estime d’ailleurs que près de 35 % des entreprises sont dirigées par des femmes entrepreneures, celles-ci étant soutenues par le gouvernement. D’ailleurs, pour trouver l’équilibre entre vie de famille et vie professionnelle, près de la moitié des femmes utilisent des contraceptifs afin de maîtriser leur fécondité.

Le mariage, une tradition en perdition

Traditionnellement, les hommes de l’ethnie tswana sont polygames et l’ensemble des membres de la famille vivait dans la même concession. Aujourd’hui,  cette pratique tombe en désuétude au profit de la monogamie qui l’a quasiment remplacée. Cependant, avec l’évolution des mœurs, les Botswanais se marient de moins en moins. La raison ? Le mariage coûte cher, vous répondra-t-on ! De ce fait, si les gens se marient, ce n'est généralement pas avant trente ans. D'autant plus que la culture et les mœurs botswanaises acceptent sans grande difficulté les relations et même les enfants hors du mariage. Le mariage coûte si cher parce que le futur marié doit payer une dot à la famille de sa bien-aimée. La dot se paie traditionnellement en vaches mais il est courant qu'elle soit en pulas aujourd’hui. Le gouvernement a désormais fixé un plafond maximal à cette dot de 12 000 BWP (900 €) pour favoriser le mariage. S'ajoutent à cette dot les frais de la cérémonie traditionnelle, mais également de la cérémonie « blanche » à l'occidental dont raffolent les jeunes femmes botswanaises aujourd'hui. Un financement important que seule une partie de la population peut se permettre.

Les San, un peuple discriminé

Comme beaucoup de peuples premiers, les San connaissent un sort peu enviable. Leur territorialité souple et peu marquée leur fut rapidement contestée avec l’arrivée des agriculteurs, bantous dans un premier temps, puis blancs à partir du XVIIe siècle. Au fur et à mesure que les autres peuples s’étendaient, les San furent confinés dans les terres les plus hostiles, inhabitables pour les autres. Ce faisant leur sort fut dramatique. Chassés de leur territoire où leur préséance fut largement ignorée, des groupes san et khoi tentèrent de résister. Menant des guérillas, armés de leurs flèches empoisonnées, ils essayèrent de contrer les raids des colons qui les considéraient comme de la vermine. De nombreux chasseurs furent purement et simplement massacrés, d’autres furent envoyés en prison. Les enfants étaient souvent réduits en esclavage dans les fermes et les femmes pouvaient être victimes de viol ou amenées à la prostitution. En outre, dans les territoires colonisés, la chasse leur fut interdite sous prétexte que le gibier appartenait désormais à la couronne d’Angleterre. Rapidement les San, qui n’avaient plus de territoire, furent réduits à l’état de mendiants et, l’alcool aidant, ils perdirent tous les vestiges de prestige social et sombrèrent. Aujourd’hui, le quotidien d’une grande partie de la population san est bien triste et leur mode de vie traditionnel n’existe pour ainsi dire plus. Très rares sont les San qui vivent encore selon ce mode de vie dans la réserve du Kalahari central. Désœuvrés dans les villes comme Ghanzi ou dans les villages de relocalisation, nombreux sont ceux qui meurent à petit feu par alcoolisme. La prostitution n’est pas inexistante et l’intégration dans la société botswanaise peu aisée. Les San qui souhaitent mener une existence moderne au Botswana peuvent le faire, même s’il est vrai qu’ils partent avec un handicap certain, compte tenu de leur situation de pauvreté générale. Les San qui souhaitent vivre un mode de vie plus traditionnel, mêlant souvent les avantages de la modernité, peuvent également le faire en travaillant sur des concessions privées ou dans des aires communautaires. En outre, plusieurs firmes pharmaceutiques utilisent et rémunèrent les connaissances des San pour développer de nouveaux remèdes : la griffe du diable contre l’arthrose, par exemple. De même, la rencontre des voyageurs avec un groupe san implique des revenus apportés par le visiteur, qui sont redistribués au sein du groupe.

Le sida, un fléau pour le pays

Outre l’éducation, la construction d’un système de santé efficace fut l’un des enjeux majeurs du gouvernement à l’indépendance. Ainsi, un réseau d’installations de soins de santé primaires s’est développé dans tout le pays, intégrant hôpitaux, cliniques, postes de santé et points mobiles. Dans le système de santé publique, les soins primaires sont même gratuits pour tous les citoyens botswanais, ce qui favorise l’accès à la santé aux populations les plus démunies. Cependant, à la fin des années 1990, le pays est durement touché par l’épidémie de sida, enregistrant l’un des taux d’infection les plus élevés au monde. L’espérance de vie, de 67 ans en 1991, chute à 40 ans en 2000 et le Botswana plonge dans l’une des plus grandes crises sanitaires de son histoire. Face à l’urgence nationale, le gouvernement met en place différents programmes afin de lutter contre la propagation de l’épidémie. En 2002, le Botswana devient ainsi le premier pays africain à distribuer gratuitement des médicaments antiviraux à ses citoyens. Deux ans plus tard, des dépistages de routine sont mis en place à l’hôpital, afin de permettre à la population de détecter la maladie le plus rapidement possible. Pourtant, avec un taux de prévalence d’environ 22 % en 2016, le pays est loin d’avoir mis un terme à la menace que représente l’épidémie du sida pour la santé publique. Mais la volonté du gouvernement est forte et celui-ci multiplie les stratégies, entre campagnes de prévention et traitements généralisés pour les personnes vivant avec le VIH. Aujourd’hui, le préservatif n’est d’ailleurs plus un accessoire tabou et l’on en vante même les mérites sur les panneaux publicitaires. Les pharmacies rivalisent de choix et de modèles fantaisistes, les boîtes de nuit sont pourvues de guichets automatiques, et dans les offices de tourisme et toilettes publiques, ils sont distribués gratuitement. De plus, depuis 2019, le Botswana a étendu la gratuité de son traitement antiviral aux résidents étrangers. Une décision saluée par l’ONU qui y voit la détermination d’un gouvernement à mettre tout en place pour riposter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie d’ici 2030.