Les musiques traditionnelles

Bien que les traditions musicales botswanaises soient nombreuses, deux se distinguent par leur importance. La première est le dithlaka. Pratiqué collectivement, le genre voit chaque musicien jouer d’un tuyau en cuivre possédant une note unique. En groupe, tout le monde exécute sa note à un rythme différent, dirigé par le muklaba, sorte de chef d’orchestre veillant à l’harmonie de l’ensemble. Les tailles de dithlaka et le style d’arrangement varient d’un village à l'autre.

L’autre musique traditionnelle emblématique du Botswana est la musique tswana.

Musique cérémoniale, dense et intense, la musique tswana est reconnaissable par la symétrie de ses mesures, ses chants à l’unisson et son format « appel et réponse ». La musique tswana permet également de croiser quelques instruments typiques du pays comme le segaba, un instrument à cordes frottées, et le setinkane, un lamellophone, sorte de piano à pouce qui ressemble à la mbira. Côté percussions, on peut y entendre le moropa, un tambour, le lepapata, une corne d’antilope, ou encore des applaudissements servant d’accompagnement rythmique. Des groupes parmi les plus fameux du pays – tels que Culture Spears ou Matsieng – ont joué (ou se sont inspirés) de la musique tswana et méritent amplement une écoute.

Si elle a toujours été populaire, la musique traditionnelle a cependant connu deux pics au Botswana : le premier à la fin des années 1960 lorsque la radio publique mène un vaste projet de collecte des sons traditionnels dans tous les villages du pays avant de les diffuser tous les dimanches matin. Le second pic a lieu entre 2005 et 2010, période à laquelle l’industrie musicale du Botswana se structure et connaît un véritable essor. Durant cet épisode, la musique traditionnelle traverse un nouvel âge d’or en étant massivement commercialisée et en bénéficiant d’une large place sur les stations de radio du pays.

Un rendez-vous très attendu des amateurs de musiques botswanaises est le Maitisong. Ce festival, qui a lieu chaque année au théâtre de Gaborone durant une dizaine de jours, permet à de nombreuses troupes locales et de toute l’Afrique de se produire dans de bonnes conditions. Une bonne occasion de voir évoluer une foule d’artistes, venus de tous horizons. Le théâtre du même nom (Maitisong Theatre) propose à l’année des concerts de gospel, kwaito ou afro-pop ainsi que des comédies musicales.

Le rock

Avec la popularité de la chaîne musicale américaine MTV puis le développement d’Internet, une scène rock solide et dynamique s’est constituée au Botswana. Fait mal connu, le pays adore même le heavy metal et a même cultivé quelques stars du genre comme les pionniers Metal Horizon (qui a vu le jour en 1993) et Wrust. Ce dernier, groupe des années 2000, a fait pas mal d’émules au sein de la jeunesse, trouvant dans son death metal le véhicule idéal pour se révolter contre l’ordre établi. Wrust a ouvert la voie à des groupes aujourd’hui célèbres comme Crackdust au style particulièrement agressif et Overthrust, apprécié pour ses performances et tenues scéniques (cuir noir intégral, bandanas, ceintures, chapeaux de cow-boy, etc.).

C’est d’ailleurs ce dernier groupe qui organise chaque année le fameux Winter Metal Mania Fest à Ghanzi, la plus grande réunion de fans de metal du pays. Une ambiance déjantée que l’on retrouve au Rockers Studio Shop de Maun, petite échoppe où se fournir aussi bien en albums de groupes internationaux et locaux qu’en accessoires essentiels pour rocker. Si jamais vous avez besoin d’une combinaison de cuir gravée ou de santiags de cow-boy, ne cherchez plus !

Le jazz

Au même titre que chez le voisin sud-africain, le jazz est au Botswana une esthétique incontournable. D’ailleurs, le jazz « sud-af » est une plus grosse influence ici que le standard américain, une particularité qui s’explique non seulement par la proximité géographique des deux pays mais aussi par la présence, autrefois, de pionniers comme Hugh Masekela. Poussé à l’exil par l’apartheid, ce jazzman mythique d’Afrique du Sud trouva au Botswana un pays de cœur où il influença durablement la scène locale. La chose s’entend aussi bien dans la musique de Socca Moruakgomo, le maestro botswanais de la trompette, que chez des artistes plus récents comme l’excellent pianiste Bokani Dyer.

Aussi, n’oublions pas de mentionner la gumba-gumba qui, en mélangeant musiques zouloue et tswana modernisées au jazz traditionnel, est un pur produit botswanais.

À Gaborone, Botswana Craft accueille régulièrement de très bons concerts de jazz lors de ses Mascom Live Sessions, et à Maun, l’International Arts Festival compose une très bonne programmation faisant la part belle au jazz. Un temps fort pour la ville, voire le pays.

Les musiques actuelles

À l’instar de beaucoup d’autres domaines, les musiques actuelles botswanaises se nourrissent d’influences sud-africaines et congolaises. Du premier – en plus du jazz – le Botswana a pris le kwaito. Ce genre originaire des townships de Johannesburg dans les années 1990 est le cousin local du hip-hop, une sorte de house très ralentie, gorgée de basses et langoureuse sur laquelle quelqu’un rappe. Bien qu’elle syncrétise un large pan de l’histoire musicale sud-africaine – le marabi des années 1920, le kwela des années 1950 ou encore les traditions mbaqanga –, le kwaito a largement conquis le cœur des Botswanais, développant dans le pays une scène copieuse et prolifique. Les stars locales du kwaito se nomment Mapetla, Skazzo, Ghavorrou encore P-Mag. Si le genre décline ces jours-ci, chaque nouvel album des stars du genre est accueilli avec toujours autant de ferveur.

L’autre grand courant des musiques modernes botswanaises, c’est le kwasa-kwasa. Originaire de la République démocratique du Congo, cette sorte de rumba lente au rythme saccadé et entraînant est aujourd’hui profondément ancrée dans le paysage musical du Botswana. Il est incarné sur place par des stars comme Franco Lesokwane et son groupe Franco and Afro Musica, Alfredo Mos ou encore Jeff Matheatau.

Comme rien ne se perd et que tout se transforme, certains artistes ont fusionné kwaito et kwassa-kwassa pour donner naissance au bien nommé « kwaito-kwassa ».  Typique du Botswana, le genre apporte les tempos plus rapides et plus insistants du kwaito aux mélodies et phrasés du kwasa-kwasa. Le genre comporte une star dont la renommée dépasse les frontières du pays : Vee Mampeezy (aussi connu sous son nom civil Odirile Vee Sento). Rapidement d’autres artistes du genre comme Slizerou Skeat lui ont emboîté le pas.

Le Botswana n’a pas échappé à la déferlante hip-hop et nourrit une scène locale bien installée. Dès les années 1990, le genre est déjà grand public et des pionniers comme Cashless Society ouvrent la voie à plusieurs générations d’artistes tels que les stars locales Scar et Kast, réputés pour la qualité de leur plume. Le pays porte aussi une variante du hip-hop qui lui est propre, le motswako, mélange de rap en langues locales (setswana, sesotho, zoulou ou afrikaans selon l’origine du rappeur) et anglais. Plusieurs artistes ou collectifs comme Zeus ou HHP se sont illustrés dans le domaine et ont attiré un public nouveau vers le hip-hop.

Pour satisfaire une envie de goûter au hip-hop local, le bar Blue Note à Gaborone est tout indiqué.

La danse

Ici aussi, tout commence avec le peuple san. Pour lui, la danse est rituelle. Jadis, elle servait à guérir, ou à célébrer autour du feu une chasse réussie ou un événement heureux. Les danses sont rythmées par les chants des femmes et les célèbres clics des hommes et chacune d’elles conte une histoire. Danses intenses, elles mènent généralement à la transe.

Une autre danse très courante au Botswana est le borankana. Aussi appelée phathisi, elle est généralement exécutée par la tribu Bakwena, traditionnellement par les personnes âgées et les plus jeunes. Reconnaissable par les cordelettes qu’elle impose de porter aux jambes, cette danse se pratique en demi-cercle de deux lignes et obéit à rythme fixé par des sifflets et tapements de mains. Le setapa, quant à lui, est une danse traditionnelle de la tribu Bangwaketse (le village de Kanye et régions environnantes) et voit un groupe de personnes taper des pieds au rythme de la chanson qu’elle accompagne. Composées d’un mélange égal d’hommes et de femmes, les troupes portent généralement des coquillages bruns aux pieds qui émettent un son en dansant. Autre tradition du Botswana, le tsutsube est une danse de transe pratiquée par les San. Citons également le ndazola, appartenant quant à lui aux traditions du peuple kalanga.

Si tomber sur un boma, réunion des membres du village, est une des meilleures occasions d’admirer les danses et chants botswanais, quelques rendez-vous permettent d’avoir un panorama intéressant sur le domaine. À commencer par le Kuru Dance Festival, rendez-vous culturel majeur du Botswana se tenant annuellement depuis 1997. Rassemblant des centaines de Khoïsan venus de tout le Botswana – et même parfois de Namibie et d’Afrique du Sud –, le festival dure deux à trois jours et consiste en de nombreuses danses, jeux et repas traditionnels. Autre événement important, le Dithubaruba Cultural Festival célèbre la culture de Bakwena à Ntsweng, dans la région de Molepolole. Au programme : danses, chants, artisanat et dégustation de plats traditionnels. Dans un esprit similaire, le Mmakgodumo Heritage & Cultural Festival valorise la culture Ngwaketse à Kanye, en conviant cuisine, poésie, chants et danse traditionnels. Enfin, chaque 1er juillet, Sir Sereste Khama Day,la fête nationale, offre via ses grandes célébrations son lot de danses traditionnelles.