Guide du Mali : Arts et culture
La concession et l'habitat traditionnel. La structure de base de l'habitat en Afrique est la concession, qui dépasse largement le simple volume construit. La concession est le droit d'installation sur la terre donné traditionnellement par le chef des terres. Unité d'habitation et d'exploitation économique, la concession peut abriter et nourrir plusieurs personnes (la famille élargie aux grands-parents, frères, enfants, différentes femmes dans les sociétés polygames). La case (ou les cases, carrées ou rondes) est le lieu couvert pour dormir et pour entreposer les affaires de la famille. Mais la concession comporte aussi l'environnement immédiat : espace réservé à la cuisine, auvents pour s'abriter du soleil, espace où l'on mange, abri pour les animaux, greniers pour protéger la récolte. La concession est isolée ou groupée avec d'autres pour former un hameau, souvent entouré d'une palissade ou d'un mur. En ville, la concession est plus étroite et s'adapte aux conditions du milieu urbain plus dense. Il est fort étonnant de constater qu'au sein d'une même ethnie, la concession, la case et le grenier présentent de nombreuses similitudes tant au niveau des formes adoptées qu'au niveau de l'organisation. Cela est d'autant plus visible qu'il est aisé de distinguer une ethnie d'une autre par son architecture au sens large. Ainsi, d'une région à l'autre du Mali, on peut voir des villages d'une extrême diversité de styles et qui frappent en même temps par une grande homogénéité " stylistique ".
L'architecture traditionnelle est particulièrement représentée dans le monde rural, car en ville elle a adopté des formes plus modernes et, il faut bien le dire, d'une terrible banalité. S'il existe des différences de style d'une ethnie à l'autre, toutes les formes d'habitat traditionnel présentent quelques caractéristiques communes. Suivant les ethnies, l'habitat est en terre, en bois ou en paille. On bâtit les cases, soit en superposant des briques de terre qui sont ensuite recouvertes (ou non) d'un enduit également en terre (banco), soit en accumulant des couches successives de terre, en hauteur et en largeur, selon le principe des constructions en pisé. La toiture est soit en terre posée sur une charpente en bois (toitures plates), soit en paille posée également sur une charpente en bois. Les greniers sont soit intégrés dans la construction et font partie du bâtiment, soit construits à l'extérieur et forment un édifice à part.
A l'est du delta intérieur du Niger, l'habitat dogon est probablement l'un des plus spectaculaires. Chaque village a une architecture spécifique et regroupe divers éléments de l'architecture locale : guina (maison du chef), toguna (case à palabres), maison du Hogon (chef spirituel), case des femmes menstruées, sans oublier les greniers traditionnels et leurs toits coiffés de chaume. Le bâti est réalisé en banco, une brique crue d'argile mélangée à de la paille et à du sable qui s'intègre harmonieusement à l'environnement naturel.
La ville de Ségou est reconnue pour la qualité architecturale de ses maisons et pour la beauté de ses jardins. Une des spécificités des constructions est la couleur rouge brique du banco. Généralement ocre, ce n'est pas la qualité de la terre qui diffère mais le fait que les habitants de Ségou adjoignent du karité dans la préparation du banco.
Au nord du pays, dans la région du Sahel, les cases peules à une pièce sont réalisées par superposition de nattes sur une charpente en bois complexe et formant une sorte de dôme. Cet habitat nomade est destiné à être déplacé facilement. Les Touareg vivent dans des tentes en peau de chèvre, également démontables et transportables.
Architecture coloniale. Pour assurer les prestations de l'administration coloniale et organiser le commerce avec la métropole, de nombreux bâtiments publics, commerciaux et résidentiels ont été construits au XIXe siècle et au cours de la première moitié du XXe. Plusieurs petites villes possèdent encore un noyau administratif colonial, en particulier la ville de Kayes. Figée dans les pierres de taille, la cité du Rail abrite plusieurs bâtiments, sur lesquels on peut lire la date de la fabrication (souvent fin du XIXe siècle). A Ségou, le visiteur pourra également contempler de beaux édifices datant de l'époque coloniale. Ces grandes demeures de style soudanais et cubique servent aujourd'hui de bâtiments administratifs.
Architecture moderne. Apparue en Afrique principalement à partir des années 1960, cette architecture éclectique présente parfois des éléments empruntés à l'architecture traditionnelle, mais, le plus souvent, le style dominant en est le tape-à-l'oeil (en témoigne la tour couronnée de la BCEAO à Bamako, de style néo-kitsch soudanais). Quelques rares bâtiments modernes administratifs ou quelques sièges de banques présentent une certaine qualité architecturale, mais le pays ne possède pas vraiment de bâtiments audacieux. La construction du nouveau quartier d'affaires ACI 2000 à Bamako laisse cependant promettre des innovations architecturales plus audacieuses que les édifices existants.
Architecture religieuse. Dans plusieurs régions du pays, on peut admirer de très belles petites mosquées bâties en terre et réalisant une intéressante synthèse entre l'architecture traditionnelle et les normes architecturales imposées par les lieux de culte. Plusieurs édifices spectaculaires méritent une visite : la superbe mosquée de Djenné, classée au patrimoine mondial de l'Unesco et plus grande construction en terre au monde, le tombeau des Askia à Gao, la mosquée de Komoguel à Mopti et la mosquée Djingareiber à Tombouctou.
Le Mali est réputé à travers le monde pour la richesse, la diversité et la qualité de son artisanat. Il se caractérise par sa profusion de masques rituels, de statuettes... Ces objets ont traditionnellement des fonctions religieuses ou magiques.
Néanmoins, la plupart de ceux que l'on trouve aujourd'hui ont comme principale destination les intérieurs des maisons occidentales. Chaque région du pays possède un artisanat spécifique. Ainsi, la région de Mopti est réputée pour l'artisanat peul, composé de couvertures en laine et en coton confectionnées avec des bandes assemblées entre elles par les tisserands, de chapeaux en cuir portés par les bergers ressemblant étrangement aux chapeaux chinois et de toutes sortes de bijoux (colliers, boucles d'oreilles, bagues...). Les forgerons travaillent le cuivre, l'argent et l'or. Très habiles, ils font de magnifiques parures et des gris-gris. Parmi les pierres ornementales associées aux métaux, la plus commune est l'ambre. Dans les régions du nord du pays (Gao, Kidal et Tombouctou), l'artisanat touareg domine. Cette ethnie guerrière s'est spécialisée dans la confection d'armes. De spectaculaires sabres et couteaux sont proposés aux visiteurs. Les lames sont finement travaillées et les manches en bois d'ébène sont incrustés de motifs en cuivre, en bronze et en argent. Les bijoux touareg (colliers, bagues, croix d'Agades) en argent et ornés d'agates ou d'ébène sont également magnifiques.
Les Touareg travaillent aussi le cuir de chameau et de chèvre et confectionnent ainsi de jolis coussins, des boîtes et des coffres colorés. Ils peuvent, si vous le demandez, fabriquer des boîtes pour vos cassettes et vos disques.
Quant à l'artisanat du pays Dogon, celui-ci est constitué de portes sculptées, de statues en bois, en terre ou en bronze et de masques rituels. Ces objets font d'ailleurs référence à la cosmogonie dogon. Les femmes portent des pagnes indigo aux motifs variés.
Ségou est célèbre pour son marché de poteries en terre cuite. La fabrication et la cuisson de ces poteries sont traditionnelles. Vous pourrez ainsi ramener des jarres, des canaris, des vases, des assiettes, etc., pour un prix dérisoire.
L'artisanat bambara - et sénoufo - offre surtout des statues et des masques en bois dont les célèbres masques tyiwara représentant une antilope mâle ou femelle.
Le marché des artisans de Bamako offre au visiteur un éventail de l'artisanat de toutes les régions du Mali. Vous pourrez aussi vous y faire fabriquer des chaussures et des sacs à main sur mesure en cuir de varan, de crocodile...
Tous les lieux touristiques disposent de marchés, d'échoppes où vous pourrez trouver de magnifiques objets. Vous y découvrirez aussi de nombreux instruments de musique comme le djembé, la kora, le balafon, le tamani. Vous pourrez ramener du Mali de magnifiques statues en ébène (penseurs, femmes filiformes) et des jeux traditionnels (awélé). Les bijoutiers du marché et de la ville peuvent, d'après une photographie, réaliser le bijou de vos rêves pour un prix défiant toute concurrence.
Le bogolan. En ameublement ou en décoration, le bogolan, issu d'une technique de teinture traditionnelle de l'Afrique de l'Ouest, est aujourd'hui très utilisé. C'est le créateur malien Chris Seydou, disparu en 1994, qui a remis au goût du jour ce tissu, en l'intégrant dans ses collections de haute couture. Le bogolan est très apprécié et recherché au Mali. Bogolan signifie littéralement en bambara " résultat que donne de l'argile sur du tissu ". Cette technique ancestrale est propre au peuple mandé. Selon la légende, une femme aurait tâché son pagne teint au n'galama avec de la boue par accident. Elle tenta alors de le nettoyer, mais s'aperçut que la boue avait teint le tissu. Plusieurs ethnies pratiquent encore cette technique : les Dogon, les Bobo, les Sénoufo, les Malinké, les Minianka et les Bambara.
Chaque tenue était destinée à un usage particulier, compréhensible par un code de couleur et de formes. La technique de fabrication comprend plusieurs étapes. Le filage du coton est le travail des femmes, assises par terre. Le tissage est lui, réservé aux hommes, travaillant en groupe et en plein air. La couture de l'étoffe, longue de 27 m, se fait à la main. Une fois la cotonnade blanche obtenue, les dessins en matériaux végétaux et minéraux sont le travail des femmes. Les artisanes utilisent de nombreux instruments : kalama (pour tracer les lignes), des spatules en métal, des tiges de mil, des plumes, des brosses, des rôniers et des pots à couleurs. Dans un premier temps, il faut préparer le tissu à la teinture, en alternant lavage et trempage. Puis on plonge la cotonnade blanche dans une teinture végétale appelée " n'galama ", faite des feuilles de l'arbre Anogeissus Leiocarpus, afin de fixer les couleurs. Après ce premier bain de trempage, le tissu est séché au soleil. La boue (provenant du Niger ou des marigots) préalablement fermentée, est ensuite appliquée sur le tissu. On le sèche une seconde fois au soleil avant de le laver. Un dessin noir sur fond jaune apparaît alors. Avec de l'eau de Javel ou un savon corrosif, certaines parties du dessin sont éclaircies, d'autres sont de nouveau teintes par décoctions de végétaux ou de minéraux. Des dessins en bogolan ornent les pagnes maliens. Ils sont portés par les femmes et divisés en cinq parties qui racontent chacune une histoire en bogolan. Il couvre le corps féminin du nombril aux chevilles. La tradition précise que les histoires protègent les femmes qui les revêtent. Le bogolan contemporain a fait son apparition dans les beaux-arts.
Le tilbi. C'est un boubou brodé à la main. Celui qui commande un tilbi doit nourrir l'artisan pendant toute la durée de sa confection (soit 3 ans en moyenne). Autant dire une pièce chère et extrêmement rare. Vous pourrez en découvrir un très beau spécimen au Musée national de Bamako.
Les magnifiques boîtes en cuir ciselé et bijoux en argent touareg.
Les bogolans de Ségou qui sont certainement les plus beaux du pays, avec des nouveautés et des motifs de plus en plus modernes.
La maroquinerie de Bamako principalement travaillée au centre artisanal de la capitale, avec ses sacs à main aux formes originiales, mais aussi ses chaussures et sandales colorées.
Les sculptures en bois d'ébène.
Les poteries de Ségou (jarres, canaris, assiettes, petits récipients et décoration).
Les pagnes multicolores. Ce sont ces étoffes aux mille nuances dans lesquelles Maliens et Maliennes font faire leurs vêtements. On les trouve sur tous les marchés et dans tout le pays. Le plus souvent portés en boubous, ces tissus peuvent aussi inspirer de nombreuses créations (nappes, draps rideaux, décoration).
Le beurre de karité. Voilà un produit qui n'a plus besoin de prouver ses bienfaits : crèmes hydratantes, baumes à lèvres, savons... Un séjour au Mali est l'occasion de faire le plein dans les nombreuses coopératives de karité de la ville. A tester : la cuisine au beurre de karité !
Le cinéma malien est, avec le cinéma burkinabé, un des plus célèbres et des plus primés d'Afrique subsaharienne. L'histoire du cinéma malien démarre avec la décolonisation. A l'instar de son homologue burkinabé, il représente souvent un village africain sous influences urbaines, où tradition et modernité s'affrontent. Ce cinéma, profondément enraciné dans sa culture ancestrale, sait aussi être à l'écoute de la société contemporaine comme en témoigne son engagement politique ou social. Il est à la fois le reflet d'une Afrique spécifique, celle de la brousse, mais il présente aussi des aspects réellement universels.
Deux réalisateurs ont particulièrement contribué à la renommée du Mali. Il s'agit de Souleymane Cissé et de Cheick Oumar Sissoko.
Finye (Le Vent), deuxième long-métrage de Souleymane Cissé, sorti en 1982, raconte le déroulement d'un soulèvement étudiant contre l'autorité militaire qui tient le pouvoir dans le pays. Il a été couronné aux festivals de Carthage, de Ouagadougou et de Cannes ; en outre, il a été salué par des centaines de milliers de spectateurs africains et français. Yeelen (La Lumière) est son film le plus connu. Cette grande fresque mythologique a également obtenu en 1987 le prix spécial du jury au festival de Cannes. Enfin, Waati (Le Temps), sorti en 1995, a aussi obtenu un succès populaire. Finzan, de Cheik Oumar Sissoko (ministre de la Culture de 2002 à 2007), tourné en 1989, est une dénonciation de la condition de la femme africaine dans les villages. Dans ce film, le cinéaste s'insurge contre la pratique de l'excision. Le meilleur film de Cheick Oumar Sissoko est certainement Guimba (1995), qui dénonce les abus de pouvoir des dirigeants politiques, à une époque où l'Afrique se débarrasse petit à petit de ses dictateurs. Ce film a été sélectionné au festival de New York et primé au Fespaco. La Genèse est un succès également. Inspiré de la Bible, il a été tourné dans les fabuleux paysages des canyons de la région de Hombori. Son dernier film, Battù, sorti en 2000 avec Danny Glover, raconte l'histoire d'un homme politique trop ambitieux, en proie à une révolution politique et sociale. Parmi les autres films célèbres, on peut retenir Faraw (Mère de sable), d'Abdoulaye Ascofare, qui retrace la lutte d'une mère voulant empêcher sa fille d'aller travailler pour un étranger, et Taafe Fanga (Le Pouvoir du pagne), d'Adama Drabo, qui relate la prise de pouvoir des femmes dans le pays Dogon grâce à un masque, au grand dam des hommes. Ce film a été primé au Fespaco de 1997. A ces productions s'ajoutent des films et productions étrangères qui ont connu un succès d'estime : Feel like going home de Martin Scorcese (2004), qui s'interroge sur la parenté existante entre le griot du Mali et le chanteur de blues apparu à la fin du
XIXe siècle dans le sud de l'Amérique ; le film Bamako (2006) du Mauritanien Abderrahmane Sissako, qui met en scène le procès de la société civile contre la Banque mondiale... dans la cour d'une concession. Aujourd'hui, comme ses homologues africains, le cinéma malien doit faire face à de nombreux problèmes dont le principal est la difficulté à conquérir un public africain qui n'a pas les moyens de financer son cinéma. Cela oblige les réalisateurs à s'exporter pour ne pas disparaître, l'obligeant de ce fait, dans une certaine mesure, à s'adapter aux critères des marchés sur lesquels il est le plus distribué. Heureusement de nombreux films sont aussi financés par des crédits publics délivrés dans le cadre d'accords de coopération. 80 % des chefs-d'oeuvre africains auraient été financés par des structures extra-africaines.
On peut dire que les Africains ont le rythme dans la peau, et le Mali n'échappe pas à la règle. Du petit enfant qui pose ses premiers pas aux anciens, tout le monde sait remuer son derrière. La danse est partout, dans les maquis et les boîtes de nuit, mais aussi dans les familles, les fêtes et cérémonies comme les mariages, les baptêmes, les traditionnelles danses des masques. Chaque musique traditionnelle a sa danse, lourde de symboles et de sens.
Au commencement, il y a eu le verbe : la parole est ici un art majeur. La parole commence avec la palabre, ce rite qui peut faire asseoir un groupe d'anciens pendant un mois sous l'arbre à palabres dans le but de résoudre un conflit. Ces joutes oratoires sont tout à la fois un loisir, un art de vivre et un véritable sport national.
La culture au Mali est essentiellement orale. La tradition orale est un enseignement qui se transmet de génération en génération au sein d'une famille, d'un village, d'une ethnie, d'une région. Il y a peu d'écrits anciens sur l'histoire du Mali.
Néanmoins un certain nombre d'éminents marabouts de Djenné et de Tombouctou ont rédigé des manuscrits en langue arabe entre le Moyen Age et le XVIe siècle. L'Afrique du Sud, consciente de l'inestimable richesse pour l'humanité que représentent ces manuscrits, conservés au centre Ahmed Baba de Tomboutou, a ainsi décidé de financer avec d'autres bailleurs de fonds leur sauvetage : locaux aménagés, numérisation... Les premiers écrits en langue française proviennent des premiers missionnaires. Les langues nationales ne s'écrivent que depuis très peu de temps. Le principal moyen de communication a donc jusqu'à maintenant été oral. Cette " littérature " revêt un caractère très populaire, car elle est destinée à un groupe et elle reflète la mémoire collective. Mais l'oralité a permis à chaque individu de connaître l'histoire de son peuple et la généalogie de ses ancêtres. L'histoire du Mali se mêle aussi aux nombreux contes et légendes. Grâce à la tradition orale, il a été possible de retranscrire les épopées des héros des empires du Mali. La connaissance se transmet de père en fils, mais il s'agit surtout du travail du griot, conteur spécialisé, et dans une moindre mesure du chef du village.
La littérature orale est source d'inspiration pour les écrivains maliens puisqu'elle véhicule la culture et la civilisation maliennes. Les thèmes les plus fréquents de la littérature écrite sont la vie quotidienne, la culture, les contes et les épopées. De nombreux écrivains ont contribué aux lettres de noblesse de la littérature malienne. Parmi eux, citons Amadou Hampaté Bâ, qui a consacré sa vie à décrire les traditions culturelles du pays ; les oeuvres d'Issa Baba Traoré dépeignent encore la culture malienne, mais de façon plus engagée. Quant à Yambo Ouologuem, il a été récompensé en 1968 par le prix Renaudot grâce à son ouvrage sur la condition des Noirs opprimés, Le Devoir de violence. Massa Makan Diabaté a vu son oeuvre entière saluée par le premier prix littéraire de la Fondation Léopold Senghor à Dakar en 1987. Parmi ses oeuvres principales, citons Le Boucher de Kouta, Le Coiffeur de Kouta et La piqûre de guêpe. N'oublions pas les poètes comme Fily Dabo Sissoko (La Savane rouge) et Hamadoun Ibrahima Issébéré (Les Boutures du soleil).
Aujourd'hui, Moussa Konaté (Le Prix de l'âme, Ils ont assassiné l'espoir) est considéré comme le plus grand écrivain contemporain. Dans ses romans, ses poèmes et ses pièces de théâtre, il dissèque les problèmes de la société, le poids des traditions, et milite pour la condition des femmes. Il a écrit également plusieurs romans policiers. A ce titre, nous vous conseillons la lecture de L'Empreinte du renard, paru aux éditions Fayard Noir en 2006, où le commissaire Habib mène une enquête passionnante au pays Dogon.
Amadou Hampaté Bâ. " En Afrique, un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle ". Cette phrase d'Amadou Hampaté Bâ résume parfaitement sa préoccupation essentielle. Il a voué la majeure partie de son existence à recueillir et à transcrire le patrimoine culturel malien, alors uniquement véhiculé par l'oral. Bien sûr, il est l'auteur de très beaux romans, distincts de cet autre travail, mais c'est néanmoins cette quête qui caractérise le mieux son oeuvre. Ecrivain d'origine peule, Amadou Hampaté Bâ est né en 1901 à Bandiagara (chef-lieu du pays Dogon). Son père meurt alors qu'il est âgé de deux ans. Sa mère se remarie avec un chef de village. Amadou fréquente alors l'école primaire française pendant la colonisation. Parallèlement à son enseignement scolaire, il reçoit une éducation spirituelle coranique grâce à son oncle Tierno Bokar Tall, qui lui apprend le respect des traditions. Amadou Hampaté Bâ occupe aussi de nombreux postes administratifs ; ainsi il est interprète pendant la colonisation, puis devient directeur des sciences humaines à l'université de Bamako. Il est également chargé de recherches à l'Institut français d'Afrique noire auprès de Théodore Monod, qui lui obtient une bourse de l'Unesco, dont il devient ensuite membre. Amadou Hampaté Bâ est à l'origine de la transcription des langues nationales comme le fulfuldé (peul). En effet, il met au point deux alphabets, l'un en arabe, l'autre en latin. Le dernier a été accepté et reconnu pour la transcription. Amadou Hampaté Bâ, décédé en 1991, est considéré comme l'un des plus grands écrivains africains. Les principaux titres de son oeuvre sont : L'Etrange Destin de Wangrin (1973), L'Eclat de la grande étoile (1974), Rituel (1974), Amkoulell, l'enfant Peul, mémoires (1991), Aspect de la civilisation africaine (1994), Oui mon commandant (1994), publiés à titre posthume.
La presse écrite joue un rôle indéniable, en particulier auprès des élites. Néanmoins, le fait qu'environ 70 % des Maliens soient analphabètes l'empêche d'être le principal média du pays en terme d'audience, d'où une influence limitée. Trois quotidiens nationaux se partagent les étals : le journal Les Echos, lancé en 1989 par un certain Alpha Omar Konaré (devenu en 1992 président de la République du Mali), le bi-hebdomadaire L'Observateur (fondé en 1992) et Info Matin, créé en 1998.
La radio est le média le plus adapté grâce à son faible coût et à cause de l'importance du taux d'analphabétisme. En 1991, au moment de la chute du régime de Moussa Traoré, les radios libres sont apparues. Aujourd'hui, on en compte plus de 120. Elles s'expriment souvent dans les langues vernaculaires. Une liberté d'expression exemplaire en Afrique. A ces médias locaux, il faut rajouter l'influence des médias étrangers, principalement français. En ce qui concerne la radio, Radio France Internationale (RFI) diffusée en ondes courtes depuis Paris, bénéficie d'une assez large audience. Néanmoins, étant donné qu'une large partie de la population ne parle pas le français, son influence en sort diminuée. Elle permet à la population de recevoir des informations de qualité, avec un angle de vue différent de celui des médias locaux.
La télévision est apparue au Mali en 1983 (RTM devenue ORTM en 1992). L'Office de radio et télévision du Mali (ORTM - www.ortm.net) en a la charge. Cette chaîne n'est pas un exemple de représentativité et d'objectivité. Les journalistes et techniciens qui y travaillent sont tous fonctionnaires, donc mal payés. Cette situation ne favorise guère la motivation et le respect de la déontologie.
En 2004, une nouvelle chaîne de télévision privée, Africable Network, a fait son apparition sur les télévisions.
En dehors de ces chaînes, quelques milliers d'abonnés ont le privilège de pouvoir zapper. En plus de la chaîne ORTM, ils peuvent recevoir grâce à un bouquet Canal Horizons (filiale de Canal + pour l'étranger), TF1, France 2, Canal France International (CFI), la chaîne marocaine 2M, MCM Africa, CNN, TV 5 et des chaînes spécialisées (une dizaine en tout). Une plus large partie de la population reçoit TV 5 seulement (90 000 environ), qui diffuse des émissions de ses partenaires nationaux (France télévision, RTBF, TSR et CTQC) et ses propres programmes.
Les griots ont, jusqu'à récemment, été les seuls dépositaires de l'héritage musical malien, chargés de perpétuer sa tradition. Ils se transmettent également, de génération en génération, des instruments sacrés, ayant appartenu à des personnages célèbres. L'importance de leur rôle peut être perçue dans l'incident qui eut lieu dans les années 1970, entre le Mali et la Guinée.
Traditionnellement, les griots du Mandé, Guinéens et Maliens, doivent veiller à tour de rôle sur le balafon sacré du roi magicien Soumangourou Kanté qui vivait au milieu du XIIe siècle. Quand la mort du dépositaire guinéen survint, face au refus de ses compatriotes de restituer l'objet, il fallut des trésors diplomatiques de la part des dirigeants pour éviter un conflit entre les deux pays, chaque faction de griots appelant à la guerre au nom de l'histoire.
Musique contemporaine. Le Mali est reconnu à l'étranger pour la qualité de son cinéma, de sa photographie et de sa littérature. Mais sa musique a un rayonnement inégalé. Sa richesse provient, avant tout, de la diversité des peuples et de la mosaïque de cultures qui composent le pays. Cette diversité peut se mesurer dans le décalage qu'il peut y avoir entre Tinawiren et Salif Keita. Le premier est une formation de musique touareg originaire de l'Adrar des Ifoghas. Le second propose une musique teintée de sonorités rock et de mélodies mandingues. Son leader, Salif Keita, est un albinos descendant de l'empereur fondateur de l'empire du Mali. Le classique mandingue demeure l'une des musiques les plus sophistiquées qui soient, aussi contrôlée et magistrale que l'opéra.
Trait d'union entre l'Afrique noire et blanche, le Mali a su produire une musique qui lui est propre. Elle fait aujourd'hui la renommée du pays sur les scènes musicales des capitales du monde. Depuis quelques années, des stars mondiales viennent à Bamako enregistrer des morceaux avec les artistes maliens. Ainsi Ry Cooder a travaillé à plusieurs reprises avec Ali Farka Touré, Manu Chao a produit l'album Dimanche à Bamako d'Amadou et Mariam, Bjork a collaboré avec Toumani Diabaté...
La musique malienne s'inspire d'abord de son riche passé historique. Elle est aussi influencée par l'art oratoire des griots et utilise les nombreux instruments de musique traditionnels, auxquels certains groupes ajoutent une connotation plus moderne en y associant des guitares électriques. D'ailleurs, ce sont ces artistes qui font la gloire de la musique malienne à travers le monde. Cette richesse est aussi le résultat d'une volonté politique. A l'indépendance des pays de l'Ouest africain, dans les années 1960, les chefs d'Etats des pays non alignés se rendent des visites. On danse beaucoup. Il faut des orchestres. A Bamako, sont créés successivement l'Orchestre national A, l'Orchestre national B, le Badema, le Rail Band du buffet-hôtel de la Gare... Sur le modèle de la Guinée de Sekou Touré, Modibo Keita crée au début des années 1960 les Semaines de la jeunesse, qui deviendront les Biennales de la musique, véritable moment national qui nécessitait à chaque fois trois mois de préparation. Tremplins pour les groupes locaux, elles leur permettaient de se faire connaître dans tout le pays. A partir de thèmes traditionnels collectés par la radio ou enregistrés par l'Ensemble instrumental (un orchestre rassemblant les meilleurs musiciens traditionnels), chaque groupe concoctait son propre arrangement électrique.
C'est ainsi que naquit le " folklore électrisé " : africain par le répertoire, populaire parce que joué sur des instruments qui portaient loin. Il deviendra le pain quotidien de la variété africaine que l'Occident découvrira dans les années 1980 : Rail Band, Ambassadeurs, Kanaga, Super Biton...
Parmi les plus connus des musiciens maliens, on peut en citer quelques-uns. Toumani Diabaté, issu d'une grande famille de griots est un immense joueur de kora. Salif Keita, dont nous avons parlé plus haut, est un des plus prestigieux. Cet ancien du Super Rail Band de Bamako a collaboré avec de grands artistes africains et occidentaux. Oumou Sangaré, dotée d'une voix limpide et d'une présence altière est la chanteuse malienne la plus connue. Son style, typique de la région du Wassoulou est assez proche du blues également. Rokia Traoré, découverte RFI 1997, et Habib Koité, qui allie avec talent le rock et les musiques des différentes régions du Mali, ont su concocter des formations acoustiques attachantes très populaires en Occident. Les griottes Amy Koita, Fantani Touré, Djeneba Seck et Nahawa Doumbia sont également des artistes originales. Nahawa Doumbia, griotte au répertoire assez traditionnel, s'éloigne avec le temps de ce registre pour aborder des rythmes inédits tirant vers le funk. Il faut aussi parler de Mama Sissoko, virtuose du n'goni (petite guitare), et musicien du célèbre Super Biton de Ségou, de 1973 à 1989. Et puis il y a aussi les guitaristes : le duo non-voyant Amadou et Mariam, Lobi Traoré. Quant à Ali Farka Touré, décédé en mars 2006, il était considéré comme le plus grand bluesman. Il réussit à mêler la musique du Nord (très proche du blues, c'est vrai) aux purs rythm'n'blues, donnant ainsi naissance à de superbes ballades. Son album le plus connu, Talking Timbuktu, a été enregistré avec Ry Cooder (à qui l'on doit aussi le fameux album de musique cubaine Buena Vista Social Club). On ne peut pas parler de musique malienne sans évoquer Boubacar Traoré dit Karkar. C'est le maître incontesté du blues malien. Sa musique, pleine de sentiments, sait toucher les coeurs. Rap et surtout reggae sont également des formes d'expression montantes. Enfin, l'émission Case Sanga a fait récemment son apparition sur le petit écran. Basée sur le concept de télé-réalité, cette " Star Academy " africaine révèle les jeunes artistes issus du Mali et des pays limitrophes. L'émission, qui fait un tabac, bat des records d'audimat.
Instruments. La musique au Mali offre une grande diversité selon les régions et les ethnies. L'inventaire des instruments de musique permet de s'en persuader.
Le djembé, le balafon et la kora sont les instruments les plus prisés. La flûte est surtout répandue chez les peuples nomades touareg et peul. Les Touareg et les Songhaï jouent de la guitare (djidiga) et du violon (imzad). Les griots malinké utilisent surtout la kora, possédant jusqu'à vingt-quatre cordes, le n'goni, sorte de banjo, et le violon. A Bamako, profitez de l'incroyable concentration d'excellents musiciens, assez unique en Afrique de l'Ouest. Des orchestres aux influences très variées et de très grande qualité se produisent dans un certain nombre de clubs.
Le tam-tam, ou djembé, est l'instrument le plus répandu. En forme de calice taillé dans du bois de qualité (linguè, sounsoum, djala, guèlen...), il est réalisé à partir d'une peau de chèvre tendue sur un fût de bois, tressée en cordes de nylon et fermement tenue par trois cerclages métalliques. Il peut avoir autour de la partie en peau deux oreilles en métal, munies de petits anneaux en fer qui forment un bruiteur. Sa taille est variable, mais en moyenne, l'instrument mesure entre 50 cm et 60 cm de hauteur pour un diamètre de 30 cm à 40 cm. Le djembé est très populaire, en Afrique comme en Occident, et constitue un élément essentiel de la musique traditionnelle. De nombreux pays s'en disputent l'origine. Mais les historiens s'accordent à dire que c'est au Mali que le djembé aurait été créé. Il serait le descendant d'un instrument très populaire sous l'empire du Mali, le djidoudoun. Un jeune homme de Kita aurait tenté de retrouver ses sonorités en taillant un nouvel instrument dans un arbre, jusqu'à retrouver la même musique. Le nouvel instrument ainsi créé s'appelait djimé et, au cours du temps, s'est transformé en djembé. Il occupe encore aujourd'hui une place centrale dans la pratique sociale des peuples au Mali. On en joue lors des nombreux rites de passage (baptêmes, mariages, circoncisions...), lors des récoltes et des fêtes religieuses. Traditionnellement, la musique de djembé, rythmée par les battements de mains des femmes et les voix de choristes, se compose de trois instruments : le gros djembé, le petit (qui accompagne) et un petit tambour cylindrique (pour les basses). Le tamani est un petit tam-tam que l'on place contre l'aisselle. Les variations de son se font selon les pressions exercées par le bras.
Le balafon, ce xylophone, dont l'étendue musicale est de trois octaves, est constitué de bois et de calebasses. Il aurait été offert, selon la légende, aux hommes par les génies. On le rencontre surtout dans la moitié sud du pays. Un châssis bas soutient 17, 19 ou
21 lames de bois de longueur décroissante. Le musicien frappe à l'aide de deux baguettes (entourées de caoutchouc aux extrémités), sur ces lames de bois qui font résonner les membranes placées sur les trous des calebasses. Il existe deux sortes de balafons : le grand (balaba) et le petit (bala nin). La pratique de cet instrument est réservée aux hommes, qui accompagnent le claquement des mains des femmes. La musique du balafon est la musique populaire par excellence. On en joue à l'occasion des mariages, de la circoncision mais également de l'excision.
La kora est l'instrument de musique des griots. La kora, sorte de harpe, est spécifiquement mandingue. On en retrouve les premières traces dès la fin du XVe siècle en Afrique sahélienne. Selon la légende, la première kora est l'instrument d'une femme-génie qui vivait dans une grotte en actuelle Gambie. Un des chefs de guerre les plus importants de l'époque fut subjugué par la douceur des sons qui émanaient de l'instrument et le vola pour le donner au griot de son village. L'instrument passa de père en fils et fut ainsi progressivement introduit au Mali. La kora est composée d'un manche central cylindrique en acajou ou en bois de santal avec 21 cordes de nylon, réparties sur deux rangées parallèles. L'une de ses cordes est plus grosse que les autres et appelée ainsi la mère corde. La caisse de résonance est une grande calebasse que recouvre une peau de chèvre. Deux baguettes sur le dessus permettent au musicien de tenir l'instrument. Il joue avec le pouce et l'index de chaque main.
Une petite sélection de disques que vous trouverez chez les grands disquaires de votre pays.
Habib Koité and Bamada : Muso Ko (WMD), Ma Ya.
Boubacar Traoré : Sa golo (Label bleu), Sécheresse.
Ali Farka Touré : The River (World Circuit), Talking Timbuktu avec Ry Cooder (Paris Texas) {CNHCD}, In the Heart of the Moon avec Toumani Diabaté (World Circuit).
Vieux Farka Touré : The Secret (Six Degrees Records)
Oumou Sangaré : Worotan, Ko Sira (Night and day), Divas du Mali (Harmonia Mundi), Moussolou (Night and Day).
Salif Keita : Folon (Mango), The Mansa of Mali (Mango), Salif Keita 69-80 (Musisoft), M'Bemba (EMI), Anthology (Universal).
Toumani Diabaté : Djelika, Kaira (Hamonia Mundi), Nouvelles anciennes cordes (Ryko/Harmonia Mundi), Ali et Toumani (en duo avec Ali Farka Touré).
Nahawa Doumbia : Yaala (Cobalt-Mélodie).
Rokia Traoré : Bowmboï, Wanita Tchamantché (Harmonia Mundi).
Mama Sissoko : Amours Jarabi (Mélodie).
La nouvelle de son décès sur les radios du Mali a été suivie d'une minute de silence à Bamako. Ali Farka Touré, véritable monument du patrimoine musical malien, s'est éteint le 6 mars 2006, des suites d'un cancer. Il partageait sa vie entre ses deux grandes passions : la culture de ses terres de Niafunké, son village natal à 200 km de Tombouctou, et sa production musicale. Signe absolu de reconnaissance envers le pays qui l'a vu naître, Ali Farka Touré n'avait jamais choisi l'exil vers l'Occident. Malgré cela, cet autodidacte, qui n'a jamais connu les bancs de l'école, possédait un parcours riche de succès internationaux. Très tôt, Ali se passionne pour les instruments traditionnels : le gurkel, le njarka ou la flûte peule n'ont bientôt plus de secrets pour lui. L'artiste commence alors à composer des mélodies traditionnelles. Mais c'est sa rencontre et son amitié avec l'écrivain Amadou Hampaté Bâ qui va définitivement sceller son destin et faire naître son amour pour l'écriture. Après l'indépendance du Mali, en 1960, Ali arrête les petits boulots pour se consacrer uniquement à la musique. Avec son groupe, la Troupe 117, il roule sa bosse pendant plus de dix ans aux quatre coins du pays et la notoriété commence à poindre. Influencé par la musique noire américaine, Ali se lance dans une carrière solo. En 1976, à 37 ans, il sort son premier disque intitulé Farka. Enorme succès : la vedette se retrouve sur le devant de la scène. Cet engouement dépasse rapidement les frontières du Mali et du continent africain. Les années 1980 et l'enthousiasme pour la World Music portent l'artiste vers les plus grandes scènes européennes. Lors d'un festival au stade de Wembley, Ali joue devant une audience de 18 000 personnes. Le chanteur se rapproche de l'univers du blues et forme un duo avec le guitariste américain Ry Cooder. Leur album Talking Timbuktu, sorti en 1993, décroche le Grammy Award, récompense suprême de l'industrie musicale. A la fin des années 1990, Ali prend du recul. Malgré la composition de deux autres opus, son âme de paysan le pousse à s'éloigner de la chanson pour se consacrer à l'agriculture dans son village. Sa dernière composition, In the Heart of the Moon, enregistrée à Bamako avec Toumani Diabaté, s'impose comme un chef-d'oeuvre du patrimoine musical malien. Ses concitoyens lui voueront pour longtemps un culte mérité.
Art pictural. Le Mali n'a pas eu de véritable tradition d'art pictural avant l'indépendance. Depuis, les choses ont un peu changé, notamment grâce à la création de l'Institut national des arts (INA).
Abdoulaye Konaté, un ancien élève de cette école, et Amaguihere Dolo sont les deux figures marquantes sur la scène de la création contemporaine au Mali. Le premier est un artiste reconnu internationalement pour ses installations et ses grandes tapisseries parsemées de gris-gris. Le second est sculpteur. On citera aussi les peintures naïves de David Coulibaly, les travaux sur bogolan d'Ismaël Diabaté et de Boubacar Doumbia, ou encore les objets (luminaires, couverts) réalisés par les designers Cheick Diallo et Aziz Diop. Bien qu'il ne soit pas malien, on est obligé de mentionner les travaux du peintre espagnol Miquel Barcelo, notamment ses Impressions d'Afrique (1988-1995).
Photographie. Pendant près de 15 ans, Seydou Keita (1921-2001), a photographié dans son petit laboratoire les habitants de la capitale malienne. En 1960, l'indépendance est proclamée. Il doit alors travailler pour le gouvernement et cache près de 7 000 négatifs dans son jardin. Sa rencontre avec un photographe français, André Magnin en 1990 marque le début de sa carrière internationale : ses portraits s'exposent d'abord à la Fondation Cartier de Paris puis au Guggenheim de New York. Il est sans conteste l'un des plus talentueux photographes portraitistes du monde, et il est parvenu à fixer les images d'une société malienne en mutation à la veille de son indépendance. La précision et le savoir-faire sont l'apanage de celui qui laissa son nom à de nombreux prix de meilleur portraitiste et à qui l'on doit sûrement l'essor de la photographie malienne.
Avec l'organisation de la Biennale de la photographie, Bamako s'est imposée au fil des années comme la capitale de la photographie africaine. Alors que la vieille génération des photographes maliens (Seydou Keita, Malick Sidibé, Abderrahmane Sakaly) a acquis une reconnaissance internationale avec des oeuvres orientées vers le portrait, le témoignage voire le reportage, on voit poindre depuis quelques années une nouvelle génération qui s'adonne à une vraie photographie de création (Alioune Bâ, Youssouf Sogodogo, Amadou Traoré, Mamadou Konaté). Leurs travaux, très appréciés, ont tous fait l'objet de publications. De plus, Bamako peut s'enorgueillir d'abriter une très dynamique galerie de photographies.
Par Claude Gabarrot.
Dogon. Chez les Dogon, l'origine des masques est liée à l'apparition de la mort chez les hommes. L'ancêtre Dyongou Serou fut le premier mort humain. Son culte est célébré par la société des masques, uniquement masculine. La mort de Dyongou Serou est rappelée par la cérémonie du sigui qui a lieu tous les soixante ans et dure sept ans. Celle-ci est célébrée dans les villages dogon par des danses, exécutées par les hommes et les garçons. Après la circoncision, le jeune est initié aux masques par ses aînés. Au bout d'un ou deux ans, il choisira celui qui lui convient le mieux. Les masques sont portés depuis l'âge de 15 ans jusqu'à la maturité. Les Olubaru, chefs de la société des masques, assurent la continuité des connaissances traditionnelles, mais les jeunes ont un rôle important car de leur danse dépend l'efficacité du rituel. En outre, les masques sont réalisés par les danseurs eux-mêmes. On en distingue deux types : les masques cagoules en fibres tressées et ceux en bois. Marcel Griaule a répertorié soixante-dix-huit types de masques. On peut les classer en six catégories représentant des mammifères, des oiseaux, des personnages dogon ou étrangers, des reptiles, des sauriens... Chaque masque est la propriété d'un individu qui le taille lui-même.
Le masque s'inspire d'un modèle prototype, mais chacun y ajoute sa touche personnelle quant à la forme, aux couleurs et aux accessoires. Il existe aussi une grande variété dans l'esthétique des masques. Jusqu'à présent, le peu d'intérêt des masques dogon auprès des collectionneurs tient au fait qu'ils ne sont pas anciens et qu'ils ont été réalisés par des non-professionnels. Ce qui est important, c'est que le masque soit fait dans les règles, car sa fabrication obéit à un rituel rigoureux. D'abord, il faut collecter tous les matériaux nécessaires à la confection des costumes de danse, composés de jupes noires, jaunes et rouges, de bracelets de poignets, de coudes et d'ornements de chevilles. Pour tailler le masque en bois, les jeunes recherchent un bois tendre, facile à sculpter. Le masque est ensuite peint avec les couleurs traditionnelles qui sont le rouge, le noir et le blanc, obtenues à partir de produits naturels, mais les peintures modernes utilisées de nos jours permettent d'élargir la palette des couleurs utilisées. Un masque bien sculpté, bien peint et qui danse bien sera remarqué par les spectateurs. De plus, sa " beauté " sera garante de l'efficacité de sa fonction. Les masques trop vieux ou en mauvais état, malgré de nombreuses réparations, sont abandonnés. Ce sont de tels masques qui se sont retrouvés sur le marché de l'art à partir des années 1970.
A l'exception de certains (kanaga, satimbe et sirige), la plupart ne dépassent pas 50 cm de haut : ce sont des masques faciaux. Le danseur, donc le masque, a une chorégraphie propre. Il est accompagné par les chants des spectateurs, sans oublier la musique des tambours. Les sorties de masques sont des cérémonies liées à la mort mais qui contribuent à la vie de la société dogon.
Bambara. Les Bambara, peuple cultivateur proche de la nature, cherchaient à contrôler les forces mystérieuses de la brousse par un système complexe d'appartenance à des confréries ou des sociétés secrètes. Les six principales sociétés d'initiation sont le N'Tomo, le Komo, le Nama, le Kono, le Koré, le Tyiwara.
Société N'Tomo. Dans la société N'Tomo, les garçons et les filles suivent un apprentissage qui va les conduire à la circoncision et à l'excision. Les aînés de l'association, dissimulés par des costumes surmontés de masques à visage humain, dansent pour les fêtes des récoltes et toutes les cérémonies de purification nécessitant des sacrifices ou des libations de bière de mil. Les cornes surmontant les masques indiquent les différentes caractéristiques humaines. Les masques surmontés de 4 cornes représentent le sexe féminin. Le masque de sexe masculin possède trois cornes. Le masque à six cornes, masculin, symbolise les six sens de l'homme nécessaires pour connaître le monde. Le masque à 7 cornes représente la dualité masculine et féminine (4 + 3) et, par extension, le mariage. Ces masques sont souvent incisés par des scarifications traditionnelles et sont taillés dans des bois durs. Ils peuvent avoir de part et d'autre du visage des appendices qui rappellent les masques kpélié des Sénoufo.
Société Korè. La société Korè est la plus puissante des sociétés. Elle est présente au sud de Ségou jusqu'à Sikasso. Après sept années pour arriver à l'initiation, certains jeunes continuent leur initiation pendant encore sept ans, afin d'atteindre la sagesse suprême grâce à l'enseignement des anciens. Cette société est placée sous l'égide d'animaux de la brousse : la hyène, le lion, l'éléphant, le phacochère, l'antilope dont on retrouve les caractéristiques sur les masques. Ceux-ci sont décorés des scarifications traditionnelles et sont exécutés dans des bois durs.
Société Kono. La société Kono, située dans le nord-ouest du territoire Bamanan, est souvent dirigée par un griot qui essaie d'inculquer à ses membres le sens moral, afin de bien choisir entre le bien et le mal. Cette société est caractérisée par le masque-éléphant, aux oreilles repliées, symbole d'intelligence et de force. La patine croûteuse de ce masque indique qu'il a reçu de nombreux sacrifices lui donnant une grande puissance. La couleur grise caractéristique vient des ablutions de kaolin. Comme les autres, ce masque est en bois dur et lourd.
Société Komo. La société Komo (ne pas confondre avec la société Kono citée ci-dessus) regroupe l'ensemble des circoncis après avoir suivi une initiation. Le komo intervient dans la vie de ses membres : naissance, circoncision, mariage, funérailles, culte des ancêtres. Elle joue un rôle important dans la vie agricole (pluie, rites agraires). Le komo est le dépositaire des croyances traditionnelles, des règles de solidarité entre ses membres. C'est un soutien puissant de l'organisation sociale des Bambara. Les masques ont la forme des visages humains ou animaux : panthère, cigogne, aigle, éléphant, vautour. Un masque est souvent agrémenté d'éléments empruntés à plusieurs animaux : cornes de buffle et mâchoires de crocodile. Le bois est peint de couleurs blanche, rouge et noire. Il est exécuté de façon à effrayer les futurs initiés car on doit redouter la face du masque qui reflète le visage des ancêtres. Leurs porteurs sont revêtus de costumes chargés d'amulettes. Les sorties du Komo sont accompagnées de rythmes joués par des tambours, accompagnés de flûtes et de cloches.
Société Tyiwara. La société Tyiwara est tournée vers l'agriculture. Sa particularité est d'admettre les femmes car celles-ci s'investissent largement dans les cultures. Les danseurs sont coiffés d'un cimier sur lequel est fixée une sculpture en bois représentant une antilope à figure d'homme ou de femme qui, d'après la tradition, apprit l'agriculture aux hommes. Connues dès le début du XXe siècle, ces sculptures, qui ne sont pas des masques, sont devenues très recherchées et donc très chères.
Sénoufo. Les Sénoufo occupent le nord de la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Burkina Faso et le sud du Mali. Groupés autour de Sikasso, ce sont de grands agriculteurs qui exploitent une région agricole par excellence grâce à la pluviométrie et aux sols fertiles. De nombreux masques rituels, dont les plus expressifs sont les " cracheurs de feu ", qui mêlent traits de l'homme et de l'animal, interviennent lors des funérailles comme le masque kponingo. Les masques-casques, simples ou doubles, représentent des têtes d'animaux fantastiques. Les masques faciaux, dont certains rappellent la forme d'une tortue, encadrent un visage d'homme, fournissant encore un mélange de motifs anthropomorphes et zoomorphes, typiques de l'art sénoufo comme le masque kpélié. Certains masques-heaumes sont la propriété de la société du Poro (cette institution est le pilier de la vie communautaire chargée de l'initiation et de la formation des jeunes garçons ; elle vise à former un homme social accompli et intégré dans la société). Intervenant à l'occasion de grandes funérailles, ils sont, en fait, de véritables statues portées sur la tête. Toujours dépourvues de bras, elles sont généralement par deux, l'une femme et l'autre homme, et sont caractérisées par leur cou et leur torse en anneaux.
Le théâtre malien s'inspire également de la tradition et retrace les grandes épopées des héros des empires du Mali, les légendes et les contes historiques. En pays Bambara, on pratique traditionnellement le koteba. Cela signifie le " grand escargot ". Cette appellation est issue des cercles tracés autour des percussionnistes par les danseurs hommes et femmes, chacun des deux groupes tournant en sens inverse et évoquant l'escargot par ce mouvement en spirale.
Cette forme de spectacle est jouée à la nuit tombée par les villageois, après l'engrangement des récoltes. Elle se déroule en deux parties. La première partie de la soirée est consacrée à la danse et dure jusqu'à l'épuisement des participants. Ensuite commence la partie proprement théâtrale. Il s'agit essentiellement d'improvisations. Le jeu, mené par les jeunes (dans le cadre des associations villageoises), repose sur l'observation du village et de ses dysfonctionnements. Les saynètes satiriques qui en résultent ont pour fonction, au-delà du fait de distraire (elles sont souvent burlesques), de désamorcer les tensions entre les habitants. Les comportements répréhensibles comme la paresse, l'appétit du gain, l'avarice et le charlatanisme sont tournés en dérision. On peut tout dire tant que l'on n'humilie personne. A chacun de se reconnaître dans les personnages stéréotypés de ces pièces cathartiques. Dans le Mali contemporain, ce style perdure.
Lorsqu'ils se produisent dans les villages et les quartiers des grandes villes, ils ne représentent plus les habitants en particulier mais des scènes de vie qui sont transposables dans tout le pays. Le rôle de ce théâtre dit " utile " est de véhiculer des messages auprès des populations villageoises. Il sensibilise la population à des problèmes comme l'excision, le sida ou encore l'hygiène alimentaire. Le plus connu de ces apôtres de la pédagogie est la troupe qui sévit plusieurs fois par jour sur les écrans de télévision. D'autres troupes, plus urbaines, présentent des spectacles en langue française. Ces pièces, plus esthétiques, se limitent malheureusement souvent à quelques représentations au Centre culturel français et drainent un public moins important en nombre. On peut citer l'acteur Guimba qui excelle dans les deux styles.
On évoque souvent à propos de ce théâtre utile le nom de Philippe Dauchez (1900-1984), compagnon d'Albert Camus puis de Jean Dasté, fondateur du Théâtre national du Cameroun. Arrivé en 1979 au Mali, il a longtemps enseigné à l'Institut national des arts de Bamako. Traditionnellement, les représentations du koteba sont inaugurées et closes par une marionnette, qui symbolise le kono, cet animal mythique représenté par un grand oiseau multicolore. Les spectacles de marionnettes sont d'ailleurs nombreux et populaires chez les Bambara et les pêcheurs bozo et somono. Les deux troupes les plus populaires sont le groupe Sogolon et Yaya Coulibaly.
Enfin signalons que l'acteur malien Bakary Sangaré a été élu pensionnaire de la Comédie-Française (Fables de La Fontaine, Le Tartuffe, La Nuit des Rois...). Il est le premier acteur africain à entrer dans la prestigieuse et tricentenaire troupe française. Après des études au Mali et à Paris, Bakary Sangaré travaille régulièrement au théâtre avec Peter Brook, notamment pour Le Mahabharata en 1986, Carmen en 1988, La Tempête (1990-1991), Le Costume (2000) et avec Gabriel Garran. Au cinéma, on a pu le voir dans Samba Traore d'Idrissa Ouedraogo, Trouble every day, Les Marins perdus de Claire Denis, et Les Sentiments de Noémie Lvovsky.
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