Guide du Pakistan : Jeux, loisirs et sports
En 2013, Samina Baig a 22 ans. Elle devient la première Pakistanaise à avoir marché sur le " toit du monde ". C'est avec son frère Mirza qu'elle a décidé de se lancer dans cette aventure sportive et symbolique : gravir l'Everest pour promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des femmes. Leur façon à eux de remettre en question le système patriarcal qui règne au Pakistan. " Ici, on dit aux femmes ce qu'elles ont ou non le droit de faire. Le message que nous avons voulu faire passer, c'est qu'elles sont capables de tout. Elles ont simplement besoin d'encouragements et de soutien. Si une femme peut escalader une montagne, alors elle peut tout faire ", explique Samina.
À 18 ans, elle se lance, sans entraînement, dans l'ascension d'un sommet de 6 400 m dans le massif du Karakorum, dans le nord du pays : le Chashkin Sar, qui, depuis, porte son nom. Puis, le frère et la soeur enchaînent les ascensions, entraînement grandeur nature de leur rêve, l'Everest. Chaque année, ils grimpent des sommets parfois vierges et souvent à plus de 6 000 m.
Lorsque la célébration du 60e anniversaire de la première ascension de l'Everest approche, Mirza soumet sa soeur à un entraînement intensif : deux heures de course par jour, des tests d'endurance, puis deux mois dans les montagnes de Shimshal Pass, près de leur village natal, à la frontière chinoise. " Un entraînement difficile et très technique. Nous avons escaladé des glaciers, passé nos nuits sous la tente par - 40 °C dehors, se souvient-elle. Je suis tombée malade, le matériel était lourd et parfois je n'avais plus envie de monter, mais, malgré les difficultés, j'ai apprécié l'entraînement, car je savais que nous le faisions pour accomplir notre rêve. "
Le 1er mai 2013, l'aventure commence à Katmandou. " Tu ne portes pas de burqa ? ", s'étonnent alors quelques-uns de ses compagnons d'expédition. Pas de burqa, mais un drapeau pakistanais dans son sac, qu'elle compte bien planter au sommet. L'ascension est difficile, mais Samina est déterminée. " À aucun moment je n'ai pensé à abandonner. Je vivais ma passion et, surtout, je disais au monde entier que les femmes sont capables de tout. La complicité que j'ai avec mon frère m'a aussi beaucoup aidée à faire face aux difficultés. Il m'encourageait et m'a donné la force d'aller au bout. Il me disait : "Tu ne fais pas ça pour toi, mais pour les femmes et pour ton pays''. "
Le 19 mai, à 7 h 40, Samina atteint la cime enneigée. " Ce que j'ai ressenti là-haut est difficile à décrire. La vue était fantastique. Les larmes roulaient sur mes joues, j'étais si fière de représenter mon pays... J'ai pensé aux Pakistanaises, à toutes celles qui n'ont pas accès aux besoins les plus élémentaires, comme l'éducation. Puis j'ai planté mon drapeau et je me suis dit : "Maintenant, il était temps de redescendre !" ", Samina a planté son drapeau à côté de celui de l'Inde, déployé par deux soeurs membres de l'expédition. Un geste symbolique fort, puisque ces deux pays sont en conflit depuis l'indépendance du Pakistan en 1947.
L'ancien Premier ministre Nawaz Sharif et le président ont fait d'elle un " symbole du talent et du grand potentiel des Pakistanaises ".
Cricket. C'est de très loin le sport le plus populaire du pays ! Les Pakistanais commencent à jouer au cricket dès leur plus jeune âge et s'entraînent absolument partout : dans des stades mais aussi dans la rue, sur les toits ou sur des terrains vagues. Tous les matches sont suivis religieusement par la population pakistanaise et les joueurs de cricket sont de véritables stars dans leur pays ! Imran Khan, notamment, ancien capitaine de l'équipe nationale de 1982 à 1992, qui a mené son équipe vers la victoire de la Coupe du monde de 1992 - la première et la seule victoire du pays en coupe du monde, est devenu Premier ministre du Pakistan depuis le 18 août 2018.
Le cricket, sport d'origine anglaise qui a fait par la suite des émules au sein de l'ancien Empire britannique, oppose deux équipes de onze joueurs et qui se joue avec des battes en bois, des balles et des guichets. Il se divise en deux manches, durant lesquelles tous les joueurs des deux équipes doivent se succéder comme batteur à la défense des guichets. Seul de son équipe sur le terrain, le batteur frappe une balle que les joueurs de l'équipe adverse doivent rattraper à la volée. Selon les variantes, un match de cricket peut durer plusieurs jours. En 1939, le match qui opposait l'Afrique du Sud à l'Angleterre a duré... neuf jours ! La naissance du cricket moderne est estimée au milieu du XIXe siècle mais ses origines remonteraient au XIIIe siècle. D'abord pratiqué par les classes populaires et méprisé par l'aristocratie, cette dernière finit par l'adopter aussi. Aujourd'hui, le cricket est une véritable passion pour des millions de Britanniques mais aussi pour les habitants des anciennes colonies de l'Empire britannique : le Sri Lanka, l'Australie, l'Inde et le Pakistan. En 2015, un match entre l'Inde et le Pakistan a rassemblé un milliard de téléspectateurs, c'est dire l'importance de ce sport dans le sous-continent indien ! Entre ces deux pays, le cricket a d'ailleurs parfois joué un véritable rôle politique, qui a donné naissance à l'expression " diplomatie du cricket ". En 1978, c'est notamment grâce aux " cricket series " que l'Inde et le Pakistan ont renoué le contact après dix-sept années de tensions.
En mai 2015, le Pakistan a reçu le Zimbabwe à domicile. Un grand évènement pour le pays qui n'avait plus accueilli de matches internationaux sur son territoire depuis 2009, date à laquelle un commando armé avait attaqué le bus de la sélection nationale sri-lankaise à Lahore. Si les rencontres professionnelles restent encore très rares dans le pays, vous pourrez tout de même voir à quoi ressemble un match en vous rendant dans des stades le dimanche par exemple.
Hockey sur gazon. C'est le sport national du pays, mais il est beaucoup moins populaire que le cricket. Il est ainsi très rare de voir des Pakistanais jouer au hockey. Mais l'équipe pakistanaise a connu son âge d'or. Elle est l'une de celles à avoir remporté le plus de championnats internationaux. Elle a gagné quatre fois les championnats du monde, un record encore inégalé. Pourtant, pour la première fois en 2014, l'équipe n'a pas réussi à se qualifier pour la coupe du Monde.
Squash. C'est l'un des sports dans lequel les Pakistanais brillent le plus. Ces cinquante dernières années, un petit village situé près de Peshawar, où il n'y a pourtant aucun court de squash, a vu naître six champions du monde ! Le maître incontesté de toute l'histoire de ce sport reste Jahangir Khan qui a remporté pas moins de six fois le championnat du monde de squash (1981, 1982, 1983, 1984, 1985, 1988). Il est aujourd'hui président de la Fédération mondiale de squash. Ce sport est apparu avec les Anglais, qui, pour tuer le temps lorsqu'ils surveillaient la passe de Khyber, improvisèrent des terrains de squash basiques.
Polo. Le polo est pratiqué en Inde depuis les temps médiévaux. C'est au cours d'un match de polo à Lahore que le fondateur du Sultanat de Delhi a trouvé la mort, empalé sur le pommeau de sa selle. Au XVe siècle, Babur, le premier empereur Moghol, popularise ce sport à travers le sous-continent. Aujourd'hui, il est pratiqué surtout dans le nord du pays. Chaque année se tient le festival de Shandur, qui, à plus de 3700 m d'altitude, est le plus haut au monde !
Kabaddi. Le kabaddi se joue entre deux équipes qui se positionnent chacune d'un côté du terrain. Un joueur, le raider, se dirige dans le camp adverse où il doit toucher un joueur ou plus. Il a ensuite trente secondes pour retourner sans se faire attraper à son tour par ses adversaires. S'il y parvient, il marque le point. Sinon, c'est l'autre équipe qui le remporte. Durant ces trente secondes, le raider doit retenir sa respiration et, pour prouver qu'il ne respire pas, doit souffler " kabaddi, kabaddi " !
Lutte. La lutte, qui était extrêmement populaire il y a quelques décennies, a perdu du terrain face à d'autres sports comme le cricket. Aujourd'hui, vous pourrez encore voir quelques lutteurs s'entrainer à Lahore mais le manque de moyens investis dans cette discipline ne leur permettra bientôt plus d'en vivre.
Cerfs-volants. Le cerf-volant est très populaire, surtout chez les enfants. Jusqu'en 2007, un grand festival de cerf-volant qui célébrait l'arrivée du printemps avait lieu chaque année à Lahore. Lors du Basant, comme il était appelé, les habitants grimpaient tous sur leurs toits et le ciel de Lahore se colorait de centaines de cerfs-volants. Le festival a depuis été interdit pour tout un tas de raisons de sécurité. Certains compétiteurs attachaient des morceaux de verre à leur fil pour couper ceux de leurs adversaires et il arrivait que ces fils endommagent les installations électriques, ou pire, blessent ou tuent des personnes. Certaines personnes tombaient de leur toit, d'autres recevaient des balles tirées en l'air lors des célébrations.
Depuis 1936, les meilleures équipes de polo de Gilgit et de Chitral s'affrontent sur les hauts plateaux de Shandur. Les matches se déroulent sur un terrain ceinturé de montagnes spectaculaires et qui s'élève à quelque 3 700 mètres d'altitude ! Le tournoi est généralement organisé durant le mois de juillet et attire de très nombreux supporters prêts à parcourir de longues distances pour venir encourager leurs équipes.
Partout, vous pourrez facilement jouer au cricket, sur des terrains dédiés ou improvisés, avec les habitants. Dans les grandes villes, vous aurez souvent la possibilité de faire du cheval, du golf ou du vélo par exemple. Le Nord du pays est idéal pour les activités de montagne : escalade, randonnées, rafting, trekking, etc. Enfin, à Karachi, il est possible de faire de la plongée.
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